Une fois de plus, Bruno Dufour-Coppolani nous a gratifié d'une de ses délicieuses conférences, je dis "conférence" parce que le sujet en était " L'art peut-il être populaire ?" *, et " délicieuses " parce que ce qui en fait le charme, outre les grumeaux ** d'érudition qu'on trouve habituellement dans ce genre de communication, il y avait encore cette sauce chaleureuse de celui qui va chercher en soi avec lucidité et humanisme.
Bruno a une manière bien à lui de rendre vivante une conférence d'Histoire de l'Art, en y injectant de sa vie propre, de son équilibre, et on se retrouve à son corps défendant à réfléchir sur l'art. Ah, non revenez gamins, je rigolais.
Bref et donc, cette fois-ci je pensais à Icare le héros tragique, figure de l'artiste. Icare vole entre le faire qui sera indéfaisable sinon par la catastrophe, vers le soleil, s'éloignant d'un autre "faire", celui qui l'alourdit.
Une fin plus lente, sans doute. Une fin consensuelle (il est admis qu'il est préférable de faire durer sa vie le plus longtemps possible).
Là j'établis un lien entre interpréter et défaire.
Créer " along the tide", si je peux me permettre cet aphorisme hardi, c'est à dire créer " pas trop loin de ce qui est admis", en restant sourd aux appels du grand large, des sirènes, qui invitent à s'enfoncer un peu plus dans l'eau, ou vers le soleil, vers les extrêmes, l'absolu, parce qu'on sent que "c'est" là-bas. Quoi ? Rien. Mais c'est là-bas qu'il faut chercher.
Quand on sait qu'il n'y aura pas de réponse. Ni ici-bas, ni dans l'au-delà, mais que c'est vers là-bas qu'il faut chercher.
Qui a échappé à cela ? Ou plutôt, qui en a réchappé ? Qui sont ceux qui, saisis par cela, ont décidé de rebrousser chemin ?
Qui a dit des choses comme : " Je me suis senti frôlé, et j'ai rebroussé chemin".
Ceux dont on peut " défaire " la création sans trop de mal, l'ensemble étant ficelé à, et avec son époque, comme un paquet cadeau, le truc qu'on peut poser sous le sapin.
Et puis, les autres, allés rageusement serrer le noeud jusqu'au bout. Au bout de nulle part, dont l'oeuvre est absolue, se regarde sans mot dire, ou se déplie en d'infinis murmures amis, c'est tout un. C'est au choix.
Et ceux qui hésitent, qui se trempent pour se ragaillardir la cire, sans doute. Ceux qui trempent un orteil dans l'eau froide, et retournent sur le sable chaud, qui supportent encore de parler.
Mais... ceux qui se brûlent les ailes, qu'on repêche, qu'on recoud, à qui on donne, et métadonne, et qui retombent pour de bon...
* Petite précision, le sujet, et surtout le mot " populaire" devait s'entendre au sens anglo-saxon de célèbre, ce qui était un peu maladroit compte tenu de l'existence de sens déjà associé à " art populaire", mais bon...
L'idée était de comparer les différentes phases de la reconnaissance, sa mise en place par l'artiste pouvant devenir une stratégie (Courbet initiant le marketing du scandale, devenu aujourd'hui le mainstream de l'affaire)
Une autre idée intéressante, bien qu'elle se discute, est que Bruno pose que l'auto reconnaissance par l'artiste de son œuvre est un préalable à l'enclenchement du mécanisme de reconnaissance par les autres, reconnaissance dont l'extension à des cercles plus larges fera passer l'oeuvre du statut de résultat d'une pratique artistique à celui du champ de l'art, lui permettant de tenir une place plus ou moins grande dans l'Histoire de l'Art.
** Comme il me disait avec modestie ne pas être historien de l'art, je lui rétorquai que sa culture y suppléait. Pour associer le Jansénisme à Soulages, il faut avoir un petit fonds, tout de même.
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dimanche 7 avril 2013
jeudi 4 avril 2013
Acta, fabula est
Y'a trop de trucs trop dars, au sommaire de Fabula.
Comme les latinistes, même en désordre, nous interpellèrent, voici :
Marie Joséphine Anatole Louise Élisabeth de Riquet de Caraman-Chimay, comtesse Henry Greffulhe, immortalisée sous le nom de comtesse Greffulhe
Marcel Proust l'aperçoit à un bal chez la princesse de Wagram le 27 juin 18929*. Il est aussitôt fasciné et en fait le principal modèle du personnage de la duchesse de Guermantes.
C'est chez Robert de Montesquiou, lors d'une réception donnée pour Delafosse, qu'il l'approche vraiment. La comtesse a alors trente-quatre ans et elle est au sommet de sa beauté. Elle l'acceptera plus tard dans son salon, mais elle le fit pour faire plaisir à Robert de Montesquiou, car elle ne l'appréciait pas spécialement au début.
Elle déclara à la fin de sa vie : "Ses flatteries avaient un je-ne-sais-quoi de collant qui n'étaient pas de mon goût et il y avait cette absurdité à propos de ma photographie qu'il réclamait par l'intermédiaire de Robert (...) La dernière fois que je l'ai vu, c'était au mariage de ma fille, où là encore il a mentionné ma photographie, c'était fatigant ! Guiche [son gendre] était vraiment dévoué à Proust. Je ne l'ai pas vu, après qu'il fut devenu le génie que Robert avait prédit"
Marcel, le collant, c'est Greffulhe qui l'a dit !
* Je laisse la coquille, ça fait un joli scénario de film.
Grandes nouvelles
Ce matin j'ai fait un truc de ouf, tenez-vous bien : j'ai acheté (oui, acheté, en solde, en promo l'occasionne fait la larronne mais bon...), j'ai acheté, donc, des patins en plastique de rechange pour les pieds de ma table à repasser, laquelle en avait perdu deux pendant le déménagement.
Et je le prouve :
Elle est pourrie d'ailleurs ma table à repasser, comme toutes les tables modernes, qui ne sont plus de vraies planches mais des merdes en tôle ajourée, ce qui fait qu'on n'appuie sur rien.
Car je suis une frénétique repasseuse, moi, Madame. Parce que quand vous repassez du lin, t'as intérêt à le repasser mouillé, sinon macache ouallou pour le défroisser.
Donc les pièces de lin que je teins, je dois les repasser au sortir du bain de rinçage, enfin juste essorées, quoi.
Sinon je voulais dire une chose à propos des images et autres musiques que j'utilise dans mes oeuvres, c'est à dire ma liability warranty policy en matière de copy fraud, droits d'auteur et autres DRM de MRD, à savoir la suivante :
J'en profite pour dire que je suis scandalisée par les droits d'auteur de m... que la RMN et autres mettent sur les peintures. Je ne suis pas sûr que Léonard soit d'accord pour que ces gens se réservent les droits sur son oeuvre. Donc déjà au départ c'est du vol.
Ensuite l'art, la culture, comme les données et le reste, sont publics. Donc c'est encore du vol de biens publics. Dire comme le font ces gens d'une oeuvre : " Vous n'avez plus le droit de la photographier " ET " si vous voulez la reproduire, il faut payer", c'est du vol : soit on est vendeur de photos de qualité et on laisse les gens prendre les leur, soit on est service public d'exposition d'art (comme il me semblait qu'était un musée public), et on laisse les photographes travailler. C'est donc trois fois du vol, cela l'a toujours été et le sera toujours.
Donc tout est à moi, je pique tout ce que je veux et j'en fais ce que je veux. Si je vous admire, je vous en ferai éventuellement part, afin de vous associer à la fortune de votre oeuvre. Si vous admirez une de mes oeuvres signée par un autre, c'est bien, c'est que vous avez du goût.
Si vous êtes incapables de me l'attribuer, c'est que vous êtes inculte, et le dommage est pour vous. This is your loss.
Donc ne m'em...ez plus avec les droits d'auteur. Je prends ce que je veux, la ragazza ladra, ah ah :D
Enfin on suppose, je crois, qu'il y auraient des mots qui nous feraient du bien. On suppose qu'il y aurait quelqu'un pour les dire.
Mais non.
Et ces mots enfuis laissent derrière eux un tel vide, un silence tel qu'il m'empêche de parler.
Le vide central après l'explosion, le vide primordial. J'y reviendrai. Mais plutôt le vide de l'indéfaisable. Je m'explique : Lorsque vous faites un feu de cheminée, vous mettez du papier, du petit bois, du bois plus gros, et enfin les bûches.
Si une fois les bûches enflammées, vous vaporisez de l'eau sur le feu, ces dernières vont s'éteindre. Si vous éteignez les bûches, vous ne pourrez plus les rallumer, parce que le petit bois est brûlé. Ce qui fait défaut aujourd'hui dans l'espace, signale la trace de la façon dont les choses ont pu s'ordonner dans le temps.
Autre image pour mes jeunes amis :on ne trouve pas de diamant naturel à l'air libre. Il est dans une gangue rocheuse, veine elle-même enfouie dans la terre banale. Cette image m'est venue en écoutant un album de Zappa que je laboure depuis vingt ans. Les morceaux que j'aimais dès le début m'ont poussé à prendre connaissance des autres morceaux, qui me paraissaient moins attrayants.
Ils étaient plus difficiles d'abord, tout simplement, et ce sont maintenant mes préférés. Plus riches, mais d'une richesse plus hermétique, plus rêches à l'approche, ils font maintenant mes délices. Cette apparente âpreté cachait un trésor.
Mais il m'a fallu écouter du Zappa pendant des années pour apprécier telle chute, telle reprise. Et je pense qu'il en fut de même pour la composition. J'espère qu'il a levé sa plume à ce moment en disant : " Ah je n'en suis pas mécontent, de celle-là". (Zappa écrivait tout)
Et je le prouve :
Elle est pourrie d'ailleurs ma table à repasser, comme toutes les tables modernes, qui ne sont plus de vraies planches mais des merdes en tôle ajourée, ce qui fait qu'on n'appuie sur rien.
Car je suis une frénétique repasseuse, moi, Madame. Parce que quand vous repassez du lin, t'as intérêt à le repasser mouillé, sinon macache ouallou pour le défroisser.
Donc les pièces de lin que je teins, je dois les repasser au sortir du bain de rinçage, enfin juste essorées, quoi.
Sinon je voulais dire une chose à propos des images et autres musiques que j'utilise dans mes oeuvres, c'est à dire ma liability warranty policy en matière de copy fraud, droits d'auteur et autres DRM de MRD, à savoir la suivante :
J'en profite pour dire que je suis scandalisée par les droits d'auteur de m... que la RMN et autres mettent sur les peintures. Je ne suis pas sûr que Léonard soit d'accord pour que ces gens se réservent les droits sur son oeuvre. Donc déjà au départ c'est du vol.
Ensuite l'art, la culture, comme les données et le reste, sont publics. Donc c'est encore du vol de biens publics. Dire comme le font ces gens d'une oeuvre : " Vous n'avez plus le droit de la photographier " ET " si vous voulez la reproduire, il faut payer", c'est du vol : soit on est vendeur de photos de qualité et on laisse les gens prendre les leur, soit on est service public d'exposition d'art (comme il me semblait qu'était un musée public), et on laisse les photographes travailler. C'est donc trois fois du vol, cela l'a toujours été et le sera toujours.
Donc tout est à moi, je pique tout ce que je veux et j'en fais ce que je veux. Si je vous admire, je vous en ferai éventuellement part, afin de vous associer à la fortune de votre oeuvre. Si vous admirez une de mes oeuvres signée par un autre, c'est bien, c'est que vous avez du goût.
Si vous êtes incapables de me l'attribuer, c'est que vous êtes inculte, et le dommage est pour vous. This is your loss.
Donc ne m'em...ez plus avec les droits d'auteur. Je prends ce que je veux, la ragazza ladra, ah ah :D
Enfin on suppose, je crois, qu'il y auraient des mots qui nous feraient du bien. On suppose qu'il y aurait quelqu'un pour les dire.
Mais non.
Et ces mots enfuis laissent derrière eux un tel vide, un silence tel qu'il m'empêche de parler.
Le vide central après l'explosion, le vide primordial. J'y reviendrai. Mais plutôt le vide de l'indéfaisable. Je m'explique : Lorsque vous faites un feu de cheminée, vous mettez du papier, du petit bois, du bois plus gros, et enfin les bûches.
Si une fois les bûches enflammées, vous vaporisez de l'eau sur le feu, ces dernières vont s'éteindre. Si vous éteignez les bûches, vous ne pourrez plus les rallumer, parce que le petit bois est brûlé. Ce qui fait défaut aujourd'hui dans l'espace, signale la trace de la façon dont les choses ont pu s'ordonner dans le temps.
Autre image pour mes jeunes amis :on ne trouve pas de diamant naturel à l'air libre. Il est dans une gangue rocheuse, veine elle-même enfouie dans la terre banale. Cette image m'est venue en écoutant un album de Zappa que je laboure depuis vingt ans. Les morceaux que j'aimais dès le début m'ont poussé à prendre connaissance des autres morceaux, qui me paraissaient moins attrayants.
Ils étaient plus difficiles d'abord, tout simplement, et ce sont maintenant mes préférés. Plus riches, mais d'une richesse plus hermétique, plus rêches à l'approche, ils font maintenant mes délices. Cette apparente âpreté cachait un trésor.
Mais il m'a fallu écouter du Zappa pendant des années pour apprécier telle chute, telle reprise. Et je pense qu'il en fut de même pour la composition. J'espère qu'il a levé sa plume à ce moment en disant : " Ah je n'en suis pas mécontent, de celle-là". (Zappa écrivait tout)
mercredi 27 mars 2013
FRAC, Rennes et médiation
Nous fûmes (c'est du belge) de retour au FRAC de Rennes à l'architecture corbusienne en diable, n'est-ce pas.
La nouveauté c'est Cady Noland. L'exposition est réalisée par les étudiants de la filière exposition de Rennes II, ce qui explique le choix de l'artiste. Cady Noland a décidé à la fin des années 90 d'arrêter de diffuser son travail.
L'expo invite par là à une réflexion sur ce qu'est exposer. Et à réaliser qu'exposer fait partie de l'art, puisque c'est une rencontre entre l'artiste, le public, et cette tierce partie qu'est le " monstrateur". J'emploie délibérément des gros mots parce que je suis énervée par cette phrase de la plaquette explicative : " Cady Noland fait partie de ces artistes pour lesquel-le-s (sic) il y a bien assez d'images et d'objets dans le monde".
Le désir de faire dans le " n'oublions personne des minorités opprimées " politiquement correct commence à nous amener aux frontières du grotesque*. Et c'est encore une insulte à l'art pariétal. Bien.
Une partie de l'exposition est présente dans les locaux de l'université, ce qui correspond bien à cette idée de fragmentation. Pour tout voir, on doit se déplacer d'un lieu à l'autre, ce qui sied je trouve à l'oeuvre de Cady Noland.
Donc en ce sens, c'est une excellente chose. Cela nous conduit bien évidemment à reparler de Renée Lévi (autre artiste exposée au FRAC), puisque la charmante guide qui commentait ce jour là pour un groupe a bien voulu nous donner à voir à quel point l'accrochage était ici important, et donc l'oeuvre comme " chevillée " au lieu, constituant l'acte de monstration.
C'est essentiel, crucial. Il faut le faire. C'est un parti-pris courageux, car je pense qu'une moitié de l'assistance a franchi le pas du rejet a priori vis-à-vis de cette oeuvre. Je me demande si, en ce qui concerne l'autre moitié, il ne faut ** pas qu'au préalable, on leur eut délivré une première couche de médiation, pour éviter que la seconde ne passe pour une justification.
En ce qui me concerne, c'est loin de sauver totalement l'oeuvre, mais bon...
C'est curieux, encore une fois, ce qui me met sur mes gardes, ce sont les chiffres. "Cent vingt dessins", "22 mètres de long", et surtout le plexi d'exactement 64 centimètres, même s'il donne les lignes par le bord. Dès qu'une oeuvre se caractérise par des tonnes, des mètres, des mètres cubes, je me dis que les acteurs de l'expo ont raté des choses qui se sont passées dans les années 70.
C'est peut-être là finalement, ce qui manque, le point aveugle qu'on traîne sur la moitié de siècle précédente, qui fait qu'on commence seulement à " digérer " le début du XXème siècle, et que tout ce qui est après est ignoré. Enfin, disons, non pas ignoré, mais sujet à redite dans que personne ne bronche.
J'ai revu les vidéos d'Esther Ferrer. C'était une façon de performer quelque chose sur son travail. L'aspect qui m'a semblé ressortir cette fois plus fortement, c'est la séquence.
Je pense par exemple au moment dans Las Cosas, où elle enlève et remet ses chaussures, les étapes de cette séquence étant interrompues par le mouvement de divers objets, et même par son changement de côté de la table.
J'ai du coup revu La première demie-heure sous cet aspect, les mains retournées, les drapeaux blancs, tout cela a résonné avec ce que Guillaume, mon fils caché, a écrit ici. Il y a bien, par l'inscription dans le temps de ces " passages " d'un état des choses à un autre, la fixation de décisions, donc de choix, cf. Nicolas Bourriaud.
Petit voyage sans alexandrin.
* Je ne nie pas que ça pose problème parfois, mais il y a pire. Là il y avait " pour qui".
** Pour les nouvelles qui seraient déroutées, j'aime à employer " falloir " en son sens premier de " manquer". le sens de la phrase est donc ici : " je me demande s'il ne manque pas qu'on leur eut délivré (au préalable)..."
La nouveauté c'est Cady Noland. L'exposition est réalisée par les étudiants de la filière exposition de Rennes II, ce qui explique le choix de l'artiste. Cady Noland a décidé à la fin des années 90 d'arrêter de diffuser son travail.
L'expo invite par là à une réflexion sur ce qu'est exposer. Et à réaliser qu'exposer fait partie de l'art, puisque c'est une rencontre entre l'artiste, le public, et cette tierce partie qu'est le " monstrateur". J'emploie délibérément des gros mots parce que je suis énervée par cette phrase de la plaquette explicative : " Cady Noland fait partie de ces artistes pour lesquel-le-s (sic) il y a bien assez d'images et d'objets dans le monde".
Le désir de faire dans le " n'oublions personne des minorités opprimées " politiquement correct commence à nous amener aux frontières du grotesque*. Et c'est encore une insulte à l'art pariétal. Bien.
Une partie de l'exposition est présente dans les locaux de l'université, ce qui correspond bien à cette idée de fragmentation. Pour tout voir, on doit se déplacer d'un lieu à l'autre, ce qui sied je trouve à l'oeuvre de Cady Noland.

Donc en ce sens, c'est une excellente chose. Cela nous conduit bien évidemment à reparler de Renée Lévi (autre artiste exposée au FRAC), puisque la charmante guide qui commentait ce jour là pour un groupe a bien voulu nous donner à voir à quel point l'accrochage était ici important, et donc l'oeuvre comme " chevillée " au lieu, constituant l'acte de monstration.
C'est essentiel, crucial. Il faut le faire. C'est un parti-pris courageux, car je pense qu'une moitié de l'assistance a franchi le pas du rejet a priori vis-à-vis de cette oeuvre. Je me demande si, en ce qui concerne l'autre moitié, il ne faut ** pas qu'au préalable, on leur eut délivré une première couche de médiation, pour éviter que la seconde ne passe pour une justification.

En ce qui me concerne, c'est loin de sauver totalement l'oeuvre, mais bon...
C'est curieux, encore une fois, ce qui me met sur mes gardes, ce sont les chiffres. "Cent vingt dessins", "22 mètres de long", et surtout le plexi d'exactement 64 centimètres, même s'il donne les lignes par le bord. Dès qu'une oeuvre se caractérise par des tonnes, des mètres, des mètres cubes, je me dis que les acteurs de l'expo ont raté des choses qui se sont passées dans les années 70.
C'est peut-être là finalement, ce qui manque, le point aveugle qu'on traîne sur la moitié de siècle précédente, qui fait qu'on commence seulement à " digérer " le début du XXème siècle, et que tout ce qui est après est ignoré. Enfin, disons, non pas ignoré, mais sujet à redite dans que personne ne bronche.
J'ai revu les vidéos d'Esther Ferrer. C'était une façon de performer quelque chose sur son travail. L'aspect qui m'a semblé ressortir cette fois plus fortement, c'est la séquence.
Je pense par exemple au moment dans Las Cosas, où elle enlève et remet ses chaussures, les étapes de cette séquence étant interrompues par le mouvement de divers objets, et même par son changement de côté de la table.
J'ai du coup revu La première demie-heure sous cet aspect, les mains retournées, les drapeaux blancs, tout cela a résonné avec ce que Guillaume, mon fils caché, a écrit ici. Il y a bien, par l'inscription dans le temps de ces " passages " d'un état des choses à un autre, la fixation de décisions, donc de choix, cf. Nicolas Bourriaud.
Petit voyage sans alexandrin.
* Je ne nie pas que ça pose problème parfois, mais il y a pire. Là il y avait " pour qui".
** Pour les nouvelles qui seraient déroutées, j'aime à employer " falloir " en son sens premier de " manquer". le sens de la phrase est donc ici : " je me demande s'il ne manque pas qu'on leur eut délivré (au préalable)..."
mercredi 20 mars 2013
ISO 8859 Retroactive fit
" Peu importe ce qu'elle fait, du moment qu'elle le fait bien", telle était la devise de Saint-Donatien, qui se retira dès l'âge de 16 ans dans l'ouest de l'érémitisme, et vêtu dès lors d'un manteau en peau de sauterelle, décortiquant les chameaux.
J'ai donc choisi ceci, de la charmante Sumiyo Toribe :
Parce que c'est bien pratique pour illustrer les propos de Blanchot sur Hölderlin, dans la ligne : " Le poète est second par rapport au poème", qui doit préexister dans son essence, le poète le réalisant ensuite.Pour pouvoir ainsi " cerner le blanc", et même s'il y a eu des croquis préparatoires, il faut bien que le plan général de l'oeuvre préexiste à son exécution.
Cela vient s'ajouter aussi aux réflexions sur l'antémémoire et le "search for meaning", évoqués dans ce billet.
J'ai donc choisi ceci, de la charmante Sumiyo Toribe :
Parce que c'est bien pratique pour illustrer les propos de Blanchot sur Hölderlin, dans la ligne : " Le poète est second par rapport au poème", qui doit préexister dans son essence, le poète le réalisant ensuite.Pour pouvoir ainsi " cerner le blanc", et même s'il y a eu des croquis préparatoires, il faut bien que le plan général de l'oeuvre préexiste à son exécution.
Cela vient s'ajouter aussi aux réflexions sur l'antémémoire et le "search for meaning", évoqués dans ce billet.
dimanche 17 mars 2013
samedi 16 mars 2013
Il en faut pour tous mes goûts
Je sais, vous allez me dire, c'est un intello etc. Tant pis. Comme chacun sait, moi je n'ai pas un type d'homme, j'en ai plusieurs.
A propos d'homme intelligent, je remercie au passage mon ami de toujours d'avoir bien voulu compléter mon billet par le sien. Et pour avoir ajouté la majuscule à l'initiale du second prénom, ce qui ne fait que répéter l'insolente invite du titre, vous serez fouetté, mon bon.
A propos d'homme intelligent, je remercie au passage mon ami de toujours d'avoir bien voulu compléter mon billet par le sien. Et pour avoir ajouté la majuscule à l'initiale du second prénom, ce qui ne fait que répéter l'insolente invite du titre, vous serez fouetté, mon bon.
samedi 2 mars 2013
Corps de ferme, animal third party, Esther Ferrer
Ce titre rutilant puisque " toutes les versions sont valables, y compris celle-ci", pour dire que j'aimerais reparler d'Esther Ferrer, notamment de son expo au FRAC de Rennes, qui m'a bien secouée.
Parler de la performance a quelque chose de totalement irrelevant, mais bon, allons-y, maintenant que je l'ai annoncé, me voilà maligne, sur scène...
Il faut la voir explorer :
- La liberté : par rapport à un comédien, "guidé " dans son parcours, dans les lacs du texte, dans l'épaisseur de la distanciation consentie par son théâtre, elle est libre. Elle décide du texte, de l'agencement, de la durée, de l'expression, et même de ce qu'elle décide.
- La séquence : dans quel ordre placera-t-elle les choses, le sens que prend la succession et les enchaînements, jusqu'à la fin (panneau " The End"). Actions écrites sur les cartes, dont l'ordre est confié au hasard jusqu'à " Las Cosas", sa performance à Berne, où elle décide de tout.
- Le défaire : on efface la silhouette au mur, on décolle les bandes adhésives.
- L'ordre spatial des choses: Canon pour 4 chaises, une table et un ventilateur.
Elle épelle l'alphabet de la création dans l'instant même, et en même temps que la création. La création consiste à en explorer les règles. Elle touche donc au coeur du processus créatif.
Sans accessoire, puisqu'avec n'importe quel accessoire (casque, chou, bougie...), avec un fil, son corps, elle effectue, elle " performe " * la mesure ici-et-maintenant de l'espace et du temps explorés tant qu'ils sont " encore chauds", tant qu'ils sont toujours, et juste jusqu'à la fin de la performance, le temps et l'espace de la création.
Sans accessoire donc, sans toile, sans peinture, sans pinceau, sans autre outil que son corps et le temps de sa vie, elle va chercher l'essence même du processus créatif, elle va toucher l'essentiel, ce que donnait Bourriaud comme définition de l'art moderne, elle nous donne à voir l'instant où elle " fixe ses décisions ", dans le temps et l'espace.
Et pourtant la densité créative qu'elle délivre est aussi lourde que si elle sculptait sous nos yeux une statue de marbre. Elle sculpte quelque chose d'immatériel, mais qui est en chacun de nous, lourd, présent. Son geste nous habite, nous sentons son enfant bouger en nous.
Son parcours " remonte à la source", dans un espace virtuel et pourtant bien réel, qu'elle balise avec son corps, avec ses gestes, avec sa façon de découper le temps. Elle occupe un espace qui est en nous, c'est notre temps qu'elle suspend et qu'elle ordonne. Son parcours nous emmène, nous prend par la main pour cheminer entre ses balises, pour nous faire toucher, dans notre intériorité, la source de l'acte créatif, sa décision de faire, d'arrêter de faire, de reprendre, de finir.
Ce qui est également magnifique, c'est la cohérence de sa démarche tout au long de sa vie. Il faut faire le tour de l'exposition, dans l'ordre chronologique, prendre le temps de regarder chaque vidéo, puis recommencer au début. On verra alors le début après la fin.
On verra alors cette inscription en gros sur son corps : " intime et personnel", à Genève en 2011, puis on verra ensuite les actions corporelles de 1975. Devant une fenêtre, elle prend les mesures de distances séparant des points de son corps, note le chiffre sur une étiquette, puis s'appose cette étiquette sur la peau, à l'endroit mesuré.
Et puis on comprendra ce geste qu'elle a, encore jeune, de tendre un fil en haut d'un escalier, et celui de mesurer l'intérieur d'un wagon. Les gestes tardifs éclairent ces premières actions, les expliquent, et leur donnent sens. C'est cela qui m'a donné l'impression que l'oeuvre n'a pas de sens en soi, mais que le miracle réside dans le fait qu'une seconde oeuvre, même plus tardive, viendra rétroactivement lui donner du sens.
C'est précieux, cela : quelque chose qui n'a pas de sens, et qui en prend un lors de l'apparition d'une autre chose, laquelle n'existait pas encore lorsque la première chose a été créée. L'objet et le regard à égales distances du sens.
Et puis, tellement émouvant, à quel point d'un bout à l'autre de sa vie et de ses créations, elle est " dedans". Imperméable au regard des badauds, à tout ce qui n'est pas la construction de son oeuvre, l'habitant, au point de se dépouiller de ses habits pour signifier ce qu'il y a à regarder, nous forcer à chercher ailleurs ce mur habituel soudain disparu, à chercher du regard sa cathédrale.
Des rues de Saint Sebastien aux wagons, aux salles, au murs, aux corps des autres, elle a balisé l'espace du monde entier, elle y a dessiné une oeuvre immense, qui nous apprend à regarder autour de nous, elle a patiemment écrit les premières règles du jeu " habiter le monde", c'est comme à chaque construction circulaire, reliée les yeux, plein d'énormes.
Bibliographie :
Google est votre ami, dont cela, signé d'un Guillaume Désanges récemment vilipendé par paris art mais bref, ce n'est pas le sujet.
* Il semble que le sens anglais du mot se soit perdu en route, récupéré par le vocabulaire sportif pour en faire le volet artistique des aventures à la Koh Lanta, à en juger par des expressions comme : "
" Que seriez-vous prêt à faire pour... "
"...a été l'auteur d'une performance artistique et physiquement éprouvante..."
On confond Jackass et Jackass...
jeudi 28 février 2013
Icare fourvoyé
Stagiaire Nom | Stagiaire Prénom | Référence |
Randalou | Pelline | Jet Konyman |
Chérel | Marie-Thérèse | Jet Kosset |
Loffre | Arnaud | Jet Konyman |
Iacoub | Marc | Jet Kosset |
Outrequin | Renée | Jet Konyman |
Chérel | Gérard | Jet Kosset |
Pourcello | Luis | Jet Konyman |
Saint-Leu | Brigitte | Jet Konyman |
Fontani-Banille | Laurent | Jet Kosset |
Laroche | Gilbert | Jet Konyman |
Bon, c'était histoire de restituer l'ambiance des " one, two, three"de Philip Glass, en introduisant un peu de chaos.
Mais d'où vient cette voix ? A qui appartient-elle ?
Comme à chaque construction circulaire,
reliée les yeux, plein d'énormes
Ne fus-je pas si contente une fois de plus de France Sculpture, lorsque cette émission me dit que la plasticité morphologique du cortex est une sorte de témoin de (c'est moi qui utilise ces mots) la " socialité intériorisée de l'individu".
Sinon, j'ai réalisé une chose à propos du mythe d'Icare, disons un aspect qui ne m'avait jamais sauté aux yeux, et que je n'ai pas trouvé dans mes (très brèves) recherches. C'est celui du faire et du défaire.
Ce qui est interdit à Icare, c'est de revenir en arrière. C'est à dire de défaire, comme on démonte pièce à pièce une machine qu'on a montée et qui ne donne pas satisfaction.
Je veux dire par là que son retour, qui peut être vu comme un trajet inverse, comme un parcours dans l'autre sens, quelque chose de purement topologique donc, peut aussi être vu comme une impossibilité à gérer la déconstruction de son invention.
Il a assemblé les plumes avec de la cire, mais la chaleur peut dissoudre l'assemblage de telle sorte que celui ne puisse plus être reconstruit, et pire, de telle sorte que le chemin inverse, celui de la déconstruction, ne puisse plus être parcouru " en douceur", au même rythme que la construction. C'est une catastrophe, un raccourci vers un état sans que les étapes soient gérables dans l'ordre inverse.

Pour le dire autrement : Ces étapes, et l'ordre dans lequel elles ont été opérées, est un chemin impossible à parcourir en arrière (la redescente douce est interdite, condamnée par la chute brutale). Mais cette image topologique peut servir d'allégorie, cette schématisation graphique peut représenter cette pensée que le faire et le défaire empruntent chacun leur chemin de pensée.
Que ces deux chemins se superposent n'est pas une évidence, un donné. La façon de construire est un programme qui contient les possibles du défaire, qui les préserve.
C'est bien sûr contenu dans l'interprétation habituelle du mythe, je dirais au sens : " Méfions-nous de ces notions de progrès que nous laissent nos pères, sont-ils durables, ces progrès, ou bien la décroissance ne saura-t-elle être, à la façon dont ce fut construit, qu'une chute brutale ? ".
Mais ce qui m'intéresse bien plus est que la topologie puisse servir une fois de plus à des représentations des schémas de pensée.
Vous allez me dire que la représentation se loge nécessairement dans l'espace de l'espace. Oui, mais il faut bien que je fasse mes outils. J'en suis au moustérien, moi.
Tant que je suis dans l'autopromotion, je signale que la complexité du labyrinthe est résolue par une pelote de fil. Encore une complexité intellectuelle qui se rabat dans l'ordre de la simplicité topologique, et via le textile, en plus, que demande le peuple.
lundi 25 février 2013
Anne Beck & Darina Karpov @ Pierogi
J'aime bien ça :
et ça :
d'Anne Beck à la galerie Pierogi.
D'ailleurs, leur expo de Darina Karpov n'est pas mal non plus.
et ça :
d'Anne Beck à la galerie Pierogi.
D'ailleurs, leur expo de Darina Karpov n'est pas mal non plus.
mercredi 20 février 2013
Madeleine sur madeleine
Si vous espériez du grivois, c'est raté. C'est pour dire que j'avais complètement oublié cet aspect de la Madeleine, qui est qu'elle convoque, non pas telle portion du monde (stock) mais quelque chose qui se déplie comme des vagues, des cercles concentriques englobant à la fin tout le village.
Et je rends grâce, une fois de plus à France Culture, de me l'avoir rappelé au cours de cette émission, riche, admirablement confuse, qu'il me reste à réécouter pour la déplier.
A propos de ce mot, je note qu'il n'a jamais été fait emploi au cours de l'émission de l'expression " univers implié" (David Bohm), ni même du mot " implié", dont j'attendais l'apparition avec gourmandise, les yeux brillants. C'est pourtant explicitement à ce cadre général que Rupert Sheldrake himself renvoie pour y situer sa théorie de la causalité formative (les champs morphiques). Voir cette note. Il me semble qu'il y là un prolongement intéressant de l'idée du pli leibnizien.
Et je rends grâce, une fois de plus à France Culture, de me l'avoir rappelé au cours de cette émission, riche, admirablement confuse, qu'il me reste à réécouter pour la déplier.
A propos de ce mot, je note qu'il n'a jamais été fait emploi au cours de l'émission de l'expression " univers implié" (David Bohm), ni même du mot " implié", dont j'attendais l'apparition avec gourmandise, les yeux brillants. C'est pourtant explicitement à ce cadre général que Rupert Sheldrake himself renvoie pour y situer sa théorie de la causalité formative (les champs morphiques). Voir cette note. Il me semble qu'il y là un prolongement intéressant de l'idée du pli leibnizien.
vendredi 15 février 2013
Poincaré, Perelmann...
... et Mlle Valisa Plume sont dans un bateau
J'ai un peu honte parce que je vais (encore) dire des choses idiotes en apparence. Des évidences. Et pourtant elles me semblent toucher à quelque chose de si profond que je me sens poussée à le faire.
Les voici donc. Elles sont symbolisées par 3 images de structure identique : la structure est composée de l'image à gauche d'un être vivant ou d'un objet, et à droite de deux images qui représentent des composants de l'image du premier.
Le flou de l'image de gauche est là pour signifier qu'on prend l'objet ou l'être, et qu'on le décale brusquement vers la droite (translation linéaire). Les images de droite sont les objets résultant de cette translation, un résultat bien sûr imaginaire puisque :
1) On ne peut pas décaler vers la droite une valise pleine de façon à retrouver ensuite à gauche le tas de vêtements qu'elle contenait, et la valise vide.
Il faut défaire la valise.
De même on ne peut :
2) Décaler un oiseau de façon à récupérer l'ensemble de son plumage en forme d'oiseau.
Ceci est un schéma pour les besoins d'une démonstration, ne touchez pas aux animaux, ce sont des êtres vivants comme vous.
3) Déshabiller une personne de façon à retrouver ses vêtements d'une part, et son corps de l'autre.
Notez au passage, afin que je me sois pas fatiguée à prendre ces trois exemple en vain, alors qu'un seul eût pu me suffire, notez que suis allée depuis l'objet inanimé vers le corps humain, en passant par l'animal.
C'est à dire depuis un ordre structurel "simple", vers ce qu'on pourrait appeler un raccourci de l'embryogenèse.
Mais de ce point de vue là, il n'y a pas finalement de structure plus simple que d'autre. Le vivant obéit à cette simple loi.
Cela dit, on pourrait étudier, et je suis preneuse de vos conclusions, si dans l'ordre de la complexité, le cas de l'oiseau est plus facile (on peut le vider).
De même l'argument est spécieux me direz-vous, puisque les vêtements ont été faits pour s'adapter au corps, se boutonner, s'enlever.
J'attends vos objections avec une impatience gourmande.
Mais alors, allez-vous me dire, de qui vous recommandez-vous, sur quoi vous appuyez-vous, pour vous autoriser à nous asséner ces évidences ?
Sur le fait que des gens très bien, comme le mathématicien français Henri Poincaré, et un non moins très bien Russe, Monsieur Grigori Perelmann plus récemment, se sont penchés sur des problèmes de cette nature.
Témoin cette image :
que j'ai trouvée ici.
Bien, me direz-vous, et où est le problème ? Ce qui me pose problème, c'est que sous le nom " Topographie d'un oiseau", ça ne s'invente pas, on trouve ce genre d'image :
C'est à dire que le langage nous présente un monde sur lequel il a opéré des manoeuvres qui sont en réalité impossibles. Le langage ne se présente pas comme ayant opéré ces manoeuvres sur le monde, il ne se présente pas du tout, puisqu'il se veut transparent.
Le langage, malgré ce qu'il prétend, ne nous présente pas le monde tel qu'il est fait, puisqu'on ne peut le défaire.
C'est là sa fonction, me direz-vous. Oui, mais il faudrait réfléchir, maintenant que nous avons cette conscience, à des moyens de ne pas " laisser couler " dans l'esprit de l'enfant le monde formaté par les taxinomies du langage sans lui fournir également les moyens de prendre du recul par rapport à ce mensonge.
Bien sûr, la personne le prendra tout seul, le recul, avec le temps, des rencontres, et de l'éducation. Mais on peut sans doute faciliter et accélérer cette prise de conscience longue, solitaire, semée d'embûches, afin de lui permettre, et à tous, de profiter d'une plage de vie plus longue avec une conscience plus large.
J'ai un peu honte parce que je vais (encore) dire des choses idiotes en apparence. Des évidences. Et pourtant elles me semblent toucher à quelque chose de si profond que je me sens poussée à le faire.
Les voici donc. Elles sont symbolisées par 3 images de structure identique : la structure est composée de l'image à gauche d'un être vivant ou d'un objet, et à droite de deux images qui représentent des composants de l'image du premier.
Le flou de l'image de gauche est là pour signifier qu'on prend l'objet ou l'être, et qu'on le décale brusquement vers la droite (translation linéaire). Les images de droite sont les objets résultant de cette translation, un résultat bien sûr imaginaire puisque :
1) On ne peut pas décaler vers la droite une valise pleine de façon à retrouver ensuite à gauche le tas de vêtements qu'elle contenait, et la valise vide.
Il faut défaire la valise.
De même on ne peut :
2) Décaler un oiseau de façon à récupérer l'ensemble de son plumage en forme d'oiseau.
Ceci est un schéma pour les besoins d'une démonstration, ne touchez pas aux animaux, ce sont des êtres vivants comme vous.
3) Déshabiller une personne de façon à retrouver ses vêtements d'une part, et son corps de l'autre.
Notez au passage, afin que je me sois pas fatiguée à prendre ces trois exemple en vain, alors qu'un seul eût pu me suffire, notez que suis allée depuis l'objet inanimé vers le corps humain, en passant par l'animal.
C'est à dire depuis un ordre structurel "simple", vers ce qu'on pourrait appeler un raccourci de l'embryogenèse.
Mais de ce point de vue là, il n'y a pas finalement de structure plus simple que d'autre. Le vivant obéit à cette simple loi.
Cela dit, on pourrait étudier, et je suis preneuse de vos conclusions, si dans l'ordre de la complexité, le cas de l'oiseau est plus facile (on peut le vider).
De même l'argument est spécieux me direz-vous, puisque les vêtements ont été faits pour s'adapter au corps, se boutonner, s'enlever.
J'attends vos objections avec une impatience gourmande.
Mais alors, allez-vous me dire, de qui vous recommandez-vous, sur quoi vous appuyez-vous, pour vous autoriser à nous asséner ces évidences ?
Sur le fait que des gens très bien, comme le mathématicien français Henri Poincaré, et un non moins très bien Russe, Monsieur Grigori Perelmann plus récemment, se sont penchés sur des problèmes de cette nature.
Témoin cette image :
que j'ai trouvée ici.
Bien, me direz-vous, et où est le problème ? Ce qui me pose problème, c'est que sous le nom " Topographie d'un oiseau", ça ne s'invente pas, on trouve ce genre d'image :
C'est à dire que le langage nous présente un monde sur lequel il a opéré des manoeuvres qui sont en réalité impossibles. Le langage ne se présente pas comme ayant opéré ces manoeuvres sur le monde, il ne se présente pas du tout, puisqu'il se veut transparent.
Le langage, malgré ce qu'il prétend, ne nous présente pas le monde tel qu'il est fait, puisqu'on ne peut le défaire.
C'est là sa fonction, me direz-vous. Oui, mais il faudrait réfléchir, maintenant que nous avons cette conscience, à des moyens de ne pas " laisser couler " dans l'esprit de l'enfant le monde formaté par les taxinomies du langage sans lui fournir également les moyens de prendre du recul par rapport à ce mensonge.
Bien sûr, la personne le prendra tout seul, le recul, avec le temps, des rencontres, et de l'éducation. Mais on peut sans doute faciliter et accélérer cette prise de conscience longue, solitaire, semée d'embûches, afin de lui permettre, et à tous, de profiter d'une plage de vie plus longue avec une conscience plus large.
Lait quand tu nous tiens...
" L'alezan vrai", se disait l'Emir Reggiano, " se reconnaît à son piquant". Isabelle ou isatis, la motte est friable dans son eau laiteuse et bleutée.
Le mouvement des villes (un signal urbain qui s'impose par son caractère expérimental), un hennissement, un panache de fumée.
Elle montre son amour. Le palais agacé, vous attendez la fraîcheur de l'aube. Mais rien ne vient.
La position des jambes.
La forme des coques, quand le crépuscule est violet, je l'imprime dans le papier.
L'or des huiles me tient lieu de souvenir et de voyages.
Le mouvement des villes (un signal urbain qui s'impose par son caractère expérimental), un hennissement, un panache de fumée.
Elle montre son amour. Le palais agacé, vous attendez la fraîcheur de l'aube. Mais rien ne vient.
La position des jambes.
La forme des coques, quand le crépuscule est violet, je l'imprime dans le papier.
L'or des huiles me tient lieu de souvenir et de voyages.
vendredi 8 février 2013
Exercice d'arithmétique et d'orthographe populaire
Énoncé :
Paul a deux frères, Jean et Jacques. Jean a une soeur, Madeleine.
Chacun des frères et soeurs de Paul a deux parents, qu'il voit régulièrement, mais qu'il considère très différemment de la façon dont son frère ou sa soeur considère ses propres parents.
Madeleine et Jean sont mariés et ont eu des enfants. Jaques est homosexuel mais élève les enfants de son ex-concubine, et Paul a de multiples liaisons mais n'a pas d'enfant.
Chacun des conjoints du premier cercle des relations de Paul, Jean, Jacques, et Madeleine ont au moins deux enfants qui sont dans la même situation de famille.
Question : Sachant que chaque soeur de Jacques aurait besoin de deux psys pour résoudre les problèmes qui lui furent posés par ses frères dans son enfance, et que chacun des frères de Madeleine nécessiterait à lui seul trois psys pour résoudre les problèmes qui lui furent posés par son éducation*, combien faut-il de psys pour prendre en charge la population mondiale ?
Justifiez votre résultat par une brève explication.
* Saint Borat, délivrez-moi de la tentation d'ajouter " On pourra retrancher les violeurs sépharades du Tadjikistan dans les arrondis".
Paul a deux frères, Jean et Jacques. Jean a une soeur, Madeleine.
Chacun des frères et soeurs de Paul a deux parents, qu'il voit régulièrement, mais qu'il considère très différemment de la façon dont son frère ou sa soeur considère ses propres parents.
Madeleine et Jean sont mariés et ont eu des enfants. Jaques est homosexuel mais élève les enfants de son ex-concubine, et Paul a de multiples liaisons mais n'a pas d'enfant.
Chacun des conjoints du premier cercle des relations de Paul, Jean, Jacques, et Madeleine ont au moins deux enfants qui sont dans la même situation de famille.
Question : Sachant que chaque soeur de Jacques aurait besoin de deux psys pour résoudre les problèmes qui lui furent posés par ses frères dans son enfance, et que chacun des frères de Madeleine nécessiterait à lui seul trois psys pour résoudre les problèmes qui lui furent posés par son éducation*, combien faut-il de psys pour prendre en charge la population mondiale ?
Justifiez votre résultat par une brève explication.
* Saint Borat, délivrez-moi de la tentation d'ajouter " On pourra retrancher les violeurs sépharades du Tadjikistan dans les arrondis".
samedi 2 février 2013
Huile, quand tu nous tiens...
"Le Grec naturel, ça se cuisine mieux façon Annonciation, se disait l'Archimandrite Patriarchos ", songeais-je en suivant un camion de 22 immatriculé cochon.
Vous voyez déjà la laiteur bleutée, caractéristique de cette fraîcheur acide qui se lève à l'approche du fromage carré, comme l'aube mord ta lèvre mauve. Et pourtant c'est l'huile dorée qui baigne ses rivages.
Vous avez déjà comme un halo à l'intérieur de la bouche cette fraîcheur transparente, d'une aube bleue translucide, laiteuse et son piquant sur la langue, le blanc abrupt vous piquera, adouci, oh oui si adouci par la rondeur de l'huile.
Impossible or liquide, parviendras-tu à adoucir la brûlure des pays secs, la Macédoine, à poser sur mon front bleu un doigt d'ombre céramique, de cette eau à peine teintée d'une rigueur douceâtre, peureuse de son lait ?
Il suinte du pavé, témoin de biques rudes, une rosée qui pique déjà ton palais, à voir gigoter dans le plastique troué, un faux lait. Traître.
Heureusement, en suspension dans l'ambre archisolsticiale, quelques brins d'aromate promettent une auréole à la liturgie de la dégustation de fromage sec. Ils arrondiront la descente du ciel acide, où baignent la Vierge et l'Enfant.
Bergers d'Anatolie, accordez moi de vous serrer les coudes pour faciliter l'oecuménisme, la sortie 30 arrive.
Vous voyez déjà la laiteur bleutée, caractéristique de cette fraîcheur acide qui se lève à l'approche du fromage carré, comme l'aube mord ta lèvre mauve. Et pourtant c'est l'huile dorée qui baigne ses rivages.
Vous avez déjà comme un halo à l'intérieur de la bouche cette fraîcheur transparente, d'une aube bleue translucide, laiteuse et son piquant sur la langue, le blanc abrupt vous piquera, adouci, oh oui si adouci par la rondeur de l'huile.
Impossible or liquide, parviendras-tu à adoucir la brûlure des pays secs, la Macédoine, à poser sur mon front bleu un doigt d'ombre céramique, de cette eau à peine teintée d'une rigueur douceâtre, peureuse de son lait ?
Il suinte du pavé, témoin de biques rudes, une rosée qui pique déjà ton palais, à voir gigoter dans le plastique troué, un faux lait. Traître.
Heureusement, en suspension dans l'ambre archisolsticiale, quelques brins d'aromate promettent une auréole à la liturgie de la dégustation de fromage sec. Ils arrondiront la descente du ciel acide, où baignent la Vierge et l'Enfant.
Bergers d'Anatolie, accordez moi de vous serrer les coudes pour faciliter l'oecuménisme, la sortie 30 arrive.
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