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vendredi 3 août 2018

La connerie se porte longue, cette année.


 Pas comme les jupes de ces dames, qui ont décidé d'être l'égales des hommes, même dans la connerie, et donc se foutent sur la gueule comme leurs homologues masculins. Apparemment on n'a pas encore trouvé de traitement pour passer du genre con au genre intelligent.

D'ailleurs à ce dossier je vais verser quelques extraits de notre ami Antonin Artaud, tirés du Théâtre et son double, pratiquement toute la préface, de sa plume.







 Et que le livre s'ouvre sur Cagliari m'est une douceur, bien sûr. J'amène cette préface au dossier de ma défense contre ceux qui m'accusent de ne pas exposer au faible motif que je ne veux pas participer de cette mascarade.

Je veux montrer par là que le motif n'est pas faible, parce que la mascarade n'est pas innocente. Car bien au contraire,  le crime est de poids. 

Il n'est pas de peu de poids que le circuit des expositions se déroule dans un silence tacitement convenu. Les dossiers de candidatures ont été inspectés, ne vous inquiétez pas, il n'y aura pas de vague, dit l'exposant à son autorité de tutelle. 

Et l'artiste dans son dossier rassure l'exposant :" Regardez mes œuvres comme elles sont paisibles. Rassurez bien l'état et les collectivités, il n'y aura pas d'émeute, pas de remise en question.

Les touristes défileront sagement devant mes œuvres, les retraités s'étonneront à peine (il est normal, après tout, que l'art soit "inhabituel"), les adultes auront occupé les enfants pendant une après-midi de vacances, les enfants n'auront "pas levé le nez de leur téléphone".

Mais tout le monde s'en fout, chacun a pris sa part, chacun a fait son boulot, on ne peut accuser personne de rien, les extincteurs sont bien remplis, les lumières des issues de secours scintillent dans le silence. Personne ne bouge. Le diaporama sur les vieux métiers de la pêche tourne en boucle dans la salle voisine, tout le monde s'en fout de ce qu'était Regnéville au siècle dernier. L'important c'est d'avoir un forfait 4G pas cher. 

Il n'est pas de peu de poids que le circuit de l'art soit devenu un maillon silencieux qui tourne dans l'huile de l'animation des territoires.Il n'est pas anodin que l'art à son tour soit devenu un rouage comme un autre du marché, et fonctionne selon les mêmes règles.

Ce n'est pas tant que l'art soit resté jusque là ce qui justement, comme le sacré, ne peut servir dans une médiation d'argent. Du temps des Sumériens, vous proposez de leur acheter une statuette de dieu, on vous fouette et on vous jette dehors, au mieux. Au pire, impie, vous périssez dans d'atroces souffrances.

Non, ce n'est pas cette "désacralisation" de l'art dont il parte, c'est pire.C'est une déracination, un arrachement de la plate de sa terre originelle, la culture populaire. Et là, je me sépare de lui.Autant le discours sur la spiritualité est éternel, autant celui sur les foules qui goûtent le théâtre daté et insoutenable.

Le tournant est ici, page 115 : "On doit en finir avec cette idée des chefs-d’œuvre réservés à une soi-disant élite, et que la foule ne comprend pa, et se dire qu'il n'y a pas dans l'esprit de quartier réservé comme il y en a pour les rapprochements sexuels clandestins.

Déjà, le ton comminatoire n'augure rien de bon, et malheureusement, ce ton sera conservé dans la suite des pages, entachées de "on doit", de "il faut"...

Ensuite plus personne n'ignore que pour goûter certaines des productions d'une élite, il faut en connaître les règles, et qu'il n'y a rien là d'immoral. On peut connaître le Théâtre Balinais par ses sons et ses couleurs, on peut aussi mettre des noms sur les dieux et les ombres, et goûter l'intrigue, pour ceux qui le souhaitent, à moins bien sûr que le commissaire au théâtre s'en offusque et vous envoie au goulag.

Enfin, le plus drôle est qu'Artaud ne réalise même pas que s'il goûte ces chefs-d’œuvre, quoi qu'il en dise, c'est parce qu'il est équipé des règles de l'élite. Personne n'a dit que les foules sont incapables de comprendre, on a dit qu'elles n'ont pas bénéficié de l'éducation pour le faire. Mais bon, il est excusable de tenir en 1930 un discours qui fleure bon les années 60, c'est déjà pas mal. 

Mais il reste ce fil conducteur, que je ne lâcherai pas, car il semble bien nous relier à l'autre bord d'un gouffre. En fait de plusieurs gouffres. Je pense que depuis des temps immémoriaux, une entreprise de "déshumanisation" est à l’œuvre, au sein de l'humanité même. On pourrait dire que le camp de la raison affronte celui du coeur, et que ce dernier perd du terrain. 

Car le cœur, c'est une certaine vision de l'esprit par l'esprit, c'est ce qu'il considère se devoir à lui-même pour respecter ses plus hauts attributs. Et la raison, c'est une autre vision de l'esprit par lui-même, et ce qu'il considère devoir protéger, c'est la sécurité.
La sécurité d'on ne sait quel trésor de biens et d'argent. Que cette réserve de grain soit à l'abri de murs épais, en prévision d'on ne sait quelle catastrophe. Et des gardes armées aux portes. Et surtout, qu'on ne demande pas la raison de tout cela. Le garde tire, et ne discute pas. 

On me dira que "c'est bien gentil", mais que des millions de gens au terrasses des cafés discutent de choses inutiles, répètent les mêmes projets et les mêmes propos. Justement, j'y reviens. C'est inoffensif. Non offensif. Ciseaux à bouts ronds, fleurets mouchetés, instruments patauds aux extrémités de plastique rose épaissies, l'occident vit dans une bouée pastel d'où il déguste son soda parfum préféré, au frais, en regardant, gratuitement sur Internet, des chatons tomber du canapé.

Il faut n'être surtout rien, ni homme ni femme, ni blanc ni noir. Pourquoi pas. Le problème c'est que nous partageons l'appartement avec des gens qui ne sont pas du tout dans cet état d'esprit. Et qui se sentent habités par la mission de détruire cette engeance de fiottes. 

On aura compris les motivations de l'urgence à inculquer le "vivre ensemble" que semblent du coup éprouver les gouvernements des dites populations de fiottes 'nous).