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dimanche 16 décembre 2018

Lèvres arabes

Plus encore que ce trait de kohl naturel qui donne à leurs yeux une terrifiante beauté, ce qui me séduit chez les hommes de la Méditerranée, c'est leur bouche, et plus particulièrement les lèvres. Nulle par ailleurs sur la planète on ne trouve ce mélange de volupté et d'intelligence, cette forme qui invite au plaisir de la parole.

Prenons par exemple cette image. C'est avec elle, parce qu'on ne voit presque que les lèvres, mais on les voit tellement, que j'ai pris conscience de cela.



Bien que coupée et saturée, la photo du visage laisse passer la courbe gourmande d'une bouche qu'on situe entre le Liban et la Libye. Mais cela pourrait être grec, sarde, égyptien tout aussi bien. Est-ce parce que l'écriture fut inventée là-bas, est-ce parce qu'on y murmurait les premiers mots sur l'argile, puis le papyrus, à l'ombre des eaux chuchotantes des rares irrigations ?

Cette bouche me donne l'impression d'être faite pour parler des choses importantes de la vie, des sentiments, des événements humains, et non comme les minces fentes européennes, de sommes d'argent et de leur pouvoir d'achat de machines-outils. 
On sait sans conteste d'où viennent ces bouches. De pays pauvres où l'on retourne les choses toute la journée autour d'un café. 



Ces pays pauvres où la guerre et son cortège de cruautés d'un autre âge hélas sévissent, ces "pauvres" qui connaissent encore le prix du bien le plus précieux, le temps de la vie, et que la misère de la hâte productiviste n'a pas encore atteints.


Si je me garde d'oublier les femmes, c'est  pour montrer bien sûr que Mère Nature leur a donné de quoi figurer au côté de leurs hommes,


 



 

 


 mais aussi pour revenir aux yeux, chercher la source de ces regards où l'âme déborde, 


fût-ce par sa langueur, 



cette magie secrète d'un visage qui se donne à lire,

 

celle que, sans aucun doute, les cinéastes italiens ont cherché chez leurs actrices.



Je serais tentée de dire que, de Claudia Cardinale




à Agostina Belli, par exemple


Parfum de Femme, 1974

 se dessine un chemin qui, loin de confesser la tendance, témoignerait au contraire d'un refoulement toujours plus fort de l'attirance amoureuse pour le sud et l'est, désormais assumée par les femmes seules.



Claudia Cardinale lors de la première de La Panthère rose en1963.

Un peu comme si la femme à la valise, la femme de pêcheur d'Aci Trezza , c'était la fille du bled dont il faut se débarrasser, afin que l'icône italienne soit plus proche de canons américains, pourtant perméables à ce désir ?

Claudia Cardinale sur le tournage de Il était une Fois dans l'Ouest 1968






mercredi 12 décembre 2018

Perinde ac cadaver

Si, si, j'entends les rumeurs dans la foule. Si, si j'entends ça et là les murmures de réprobation qui courent comme la risée sur la crête de la vague. Si, si vous dodelinez. Tout ça parce que vous vous dites "La Natacha, elle nous fait sa vieille réac, y'a un fonds de facho qui sommeille en elle, le cachalot, la cachottière, le clan la cagoule, les Jez, et puis quoi encore".
Eh bien non. Non, vous vous méprendez. Au contraire, c'est une théologie de la libération que je vous vante, et sans faire ma Zarathoustrate, faut que je vous en repasse une couche sur l'éducation non-sentimentale. 
Il faut bien garder présente à l'esprit une sorte de mètre-étalon : De même que l'eau n'ira pas plus haut que la plus petite planche d'un baquet, de même, le niveau de démocratie d'un pays n'ira pas plus haut que le degré d'éducation de ses citoyens.
Et par éducation, j'entends évidemment les humanités. On n'a rien à foutre de la physique, et il fait meilleur vivre dans une démocratie d'aborigènes que dans un Reich des stations orbitales. D'ailleurs il n'y a qu'à s'aventurer dans la jungle de la Gnose de Princeton pour voir le degré de déconnade que peuvent atteindre des scientifiques incultes qui se piquent de philosophie. On a le bon goût des gueules de bois des partouzes immondes que sont devenues leurs fêtes d'étudiants.
Bien.

Ces saines bases posées, disons que plus un citoyen est éduqué, plus il est en mesure de prendre en compte finement les enjeux de la démocratie. Je le redis. Plus un être est civilisé, plus fine est sa mesure des enjeux de la démocratie. Et notamment du plus précieux d'entre eux, l'endroit où se situe la frontière entre moi et les autres. Voilà, ça y est, je vois des têtes qui se relèvent, des regards qui s'illuminent. 

Ah c'est sûr qu'il fallait suivre depuis quelque temps, c'est pas comme la saison 45 de Games of Gondorf, où le magicien protège des nains contre les vilains musclés qui veulent leur foutre leur bouclier sur la gueule, tout ça pour leur voler la pierre violette, qui leur avait été confiée il y a 25 millions d'années, et qui donnera à l'élu qui saura la retirer de la gueule du dragon le pouvoir de congeler l'univers comme un paquet de haricots de chez Picard, le tout dans des grognements de gourf, des ahanements de Rank.. Ben non...

Donc on se répète encore, parce que je ramasse la guimauve comme un Hulot à la plage. Plus un individu est éduqué, et mieux, conscient de cette frontière, d'où elle passe, de qui sont les autres et pourquoi, de ce qu'on lui demande et pourquoi, de qui est ce "on", et ce qu'il a en échange, de là plus et mieux il s'engagera dans le contrat social, et mieux la démocratie fonctionnera. Voilààààà, on y arrive, voilààà.

J'ai donc d'abord montré en quoi la frontière entre moi et les autres est problématique. Je n'ai pas résolu la question, j'en ai soulevé les bords hors du sable pour qu'on la voie mieux. Ensuite j'ai montré en quoi le problème du consentement à la loi est un problème de démocratologie en soi, une question interne dont la démocratie doit s'emparer pour survivre hors des répits de glorieuses post-war à croissance à deux chiffres, car il n'est pas sûr qu'il y en ait de nouveau.

Alors, allez-vous me dire, on fait quoi ? Eh bien on ne fait rien, ou on faiblit, comme vous voulez. Je vous ai montré également qu'on ne peut rien faire, mais il faut expliquer pourquoi, c'est le paradoxe de la souche, de la pelle et de la motte, que je m'en vais vous narrer tout à l'heure. Encore une question d'échelle.


Les Jez sinon le Bronx

Suite donc à cet article, http://nahatzel.blogspot.com/2018/12/pas-plus-haut-que-le-bord.html vous allez cesser de me dire "Très bien mais alors qu'est-ce qu'on fait ?" après mes articles. Puisque je réponds : "On ne fait rien, parce qu'il n'y a rien faire d'une part, et d'autre part, quoi qu'on fasse, on ne fait rien". Bien.

Je vais examiner aujourd'hui un n-ième facteur de blocage qui vient rendre la transition pénible, c'est celui du consentement. J'avais abordé cette question sous le titre provocateur de "En quoi suis-je concernée par la loi ?", avant de conclure, avec Locke ou Hume, je ne sais plus lequel, que l'adhésion supposée à la loi est inique. 

Mais le mot de "consentement" a connu une nouvelle vogue depuis qu'un certain nombre d'infortunées, on pourrait presque les appeler des Justine, on dû se faire violer à plusieurs reprises par un voyou connu pour ces méfaits avant de cesser de se rendre dans sa chambre. On a peu entendu parler de celles qui n'ont pas obtenu de rôle dans les films, pour s'en être abstenu. Bien. 

Le consentement est un acte d'adoucissement de la relation au monde qui entre en conflit avec la vie en communauté. Si un pays demande à ses recrues leur consentement pour aller se faire trouer la peau, le succès sera sans doute mitigé. Si on demande à la plupart des gens leur consentement à aller travailler en échange de leur salaire, on risque d'instituer rapidement le revenu universel. C'est en somme le "I'd prefer not to" de Bartleby, vu du côté anticipation, et comme on dit maintenant "concertation". 

Sans concertation, il se trouve que le canard n'a pas donné son consentement pour être abattu  le dimanche matin pour désennuyer un ivrogne qui ne veut pas partager le ménage avec sa femme, et qui a trouvé pour seul justificatif que "ça pullule". Sans concertation, il se trouve que la société de chasse a vendu à ce brave homme un droit sur la vie de ce canard, droit qu'elle ne détient pas. Elle n'a pas créé la vie de ce canard, ne l'a pas achetée et n'en est pas héritière. Elle n'a donc pas de titre de propriété sur la vie du canard. Elle ne saurait donc le transférer, le céder ni le vendre. Donc la chasse est non fondée en droit. 

En revanche, si je tue le chasseur, on me dit que la loi s'applique à moi. Or, cf. à nouveau le débat Locke-Hume, je n'ai jamais donné mon consentement à être concerné par la loi. Des pays où l'on force les filles à être mutilées sexuellement, les petits garçons à se prostituer, on dit que les coutumes sont iniques puisque les gens concernés sont manipulés avant d'avoir pu donner leur consentement. Mais il en fut de même pour nous tous, citoyens français. La loi s'est appliquée à nous à notre naissance avant même que nous puissions comprendre ce que c'était qu'y donner son consentement. 

Alors ? Alors plus nous allons augmenter, à titre individuel, le droit au consentement, pour le plus grand confort de chacun, plus nous allons enrayer la mécanique du consentement tacite qui reliait le canard au porc, et le général à ses soldats, à savoir, si tu acceptes le rôle, c'est que tu couches en échange, et si tu es français, c'est que tu es d'accord pour aller te faire trouer la peau à Verdun.

On voit que ça coince. Je sens que vous avez des grains de sable dans les dents, on dirait la figue de Ponge.

Plus l'individu sera "entitled", à titre individuel, à envoyer chier son supérieur au motif "qu'il n'est pas là pour souffrir, ok ?", plus il se sentira fondé à rester sous la couette quand il est malade, légitime dans son droit au logement, droit à une alimentation saine et équilibrée, droit à l'Internet au débit, à la dernière version de Callof et à une prime binouze le vendredi, plus il deviendra dur de lui demander de se lever le matin pour aller se faire chier dans les frimas à pelleter de la terre gelée.

Demandez à certains corps de métier la peine qu'ils ont à recruter. Déjà dans les abattoirs, ce sont les tchèques ou les hongrois qui viennent faire le boulot que les français "ne veulent plus faire", comme on dit par ici. 
Et un abattoir, ça pue autant que sent bon votre plat aux lardons. Non, en fait beaucoup plus.Sans compter les hangars où ils élèvent les porcs, où croupit la pisse de porc.

Alors ? Alors vous allez me dire que le terme "consentement à l'impôt " suffit à montrer  que le nécessaire sacrifice peut être enseigné et accepté. Soit, alors c'est une question d'éducation, j'accepte. Je pense que le pouvoir a trop intérêt à gouverner des ignares pour risquer de les laisser apprendre quoi que ce soit en la matière. En tout cas il reste qu'on ne m'a jamais enseigné quoi que ce soit en la matière, et je dirais même qu'on s'est bien gardé de le faire.

Pourquoi ? Parce qu'il y a bien des chances que les gens répondent "non". Non, je ne veux pas aller à l'armée, non je ne veux pas payer l'impôt, non, je ne donne pas mon consentement à ce que les lois françaises me concernent. Là, on est bien embêtés. Et si on suit ce raisonnement, on ne peut demander le consentement du citoyen à s'estimer concerné par les lois.
Donc la loi doit s'appliquer de façon inique, elle doit s'abattre sur le justiciable, et ne lui laisser que de longues possibilités de recours et de modification.

Mais cela aussi s'enseigne. Disons se transmet. Jusqu'à ce que la notion de sacrifice soit intégrée. comme les marques de fouet dans la peau. Que celle de bien commun percole jusqu'à ce que l'individu se dissolve dans le collectif.
Une dissolution consentie, une humiliation de l'individu, un retour à la terre, ma disparition en tant que feuille individuelle pour augmenter l'humus, afin que le bien commun grandisse, bref, les Jésuites.

samedi 8 décembre 2018

Pas plus haut que le bord

Avant que d'attaquer un nouveau sujet, je voulais répondre à une de vos questions qui ne manquera pas de surgir à la lecture de cet article,  question qui est :" D'accord, et maintenant qu'est-ce qu'on fait ?". 

Ma réponse sera aussi une façon de séculariser le débat lancé par cet article de mon éminent confrère John Moullard. Si John est perdu dans les élucubrations délirantes de son cerveau enfiévré par les vapeurs de l'alcool, vous savez que j'ai à cœur de ramener le débat à l'intérieur d'un cadre pragmatique. 

Je ferai la transition avec une petite anecdote tirée du film Le Père Noël est une Ordure, au cours duquel un des protagonistes dit à l'autre qui lui verse à boire : "Pas plus haut que le verre, Radan"  (Le "verre à dents"). Ce dernier s'appelle en effet Radan Preskovic.

Si l'on voulait "faire masse" de l'espace-temps fictionnel et de celui de notre "réalité", nous nous frotterions à une rupture qui est de l'ordre de celle d'une "mise en abîme". Le spectateur regarde la scène de haut, depuis son balcon. Ainsi les auteurs ont-ils prénommé Monsieur Preskovic " Radan", au moins en partie si ce n'est uniquement pour que ce dernier puisse faire l'objet d'une apostrophe de type "... le verre, Radan". 

Dans la réalité, on peut faire de même, et prénommer son fils Radan, l'offrant ainsi en holocauste sur l'autel de la rigolade, à quelques uns qui sauront en profiter. Mais on me concédera que la plupart du temps, le jeu de mot est opportuniste, et que les parents ne prénomment pas leur enfant dans ce but. 

Qu'est-ce à dire ? C'est à dire que l'auteur d'un scénario seul prépare le futur, il le "préfigure", il le "moule". Le monde fictionnel va "molding the way ahead", disais-je. Le deux univers sont temporellement inversés. Je m'explique.

Dans l'univers du film, vous rencontrez un type qui s'appelle Radan, et cela vous donne l'occasion de faire le jeu de mot. "Radan" est premier, cause initiale qui vous permet de faire le jeu de mots, second, postérieur.
Dans l'univers de la personne qui écrit le script du film, le nôtre donc, le jeu de mots est premier; puis Radan est posé en second, lors de l'écriture de la réplique qui indiquera son prénom, avant l'écriture du jeu de mots, qui jouera sur la précédente.

Une étape de plus, un recul dans la pyramide des causalités, et le processus temporel s'inverse. Imaginons que le comédien oublie la réplique de la pierre d'attente, par exemple imaginons qu'il accueille M. Preskovic à la porte au début du film, et que le comédien dise "Je m'appelle Monsieur Preskovic" au lieu de dire :" Je m'appelle Radan Preskovic" (réplique de nommage). Alors le jeu de mots tombe à l'eau. Le comédien qui lui donne la réplique, Thierry Lhermitte je crois, aura même intérêt à le supprimer, et à dire "Pas plus haut que le bord du verre". En effet, dire "Pas plus haut que le bord du verre, Radan", tomberait ici à l'eau.

La réplique de nommage doit être première. Mais pour celui qui écrit le script, c'est le besoin du jeu de mots, la nécessité que le jeu de mots ait un impact, qui contraint la réplique de nommage à exister avant lui. Donc le futur contraint le passé à exister. Il le conforme à ses besoins.

Fidèle à ma promesse de plonger le débat dans un cadre pratique, je vais prendre l'exemple suivant, lequel a pour objet de montrer, pour revenir aux courants de John Moullard, qu'en matière économique comme en tout, l'éducation est la porte de toutes les autres vertus, et cela parce qu'un autre courant veut qu'en matière de business, la prime est au mal.

Imaginons un restaurateur de Bayonne qui met à son menu des pibales. Comme plusieurs de ses confrères, il est victime de l'épuisement de matière première. La pibale vient à manquer, tuée par la surpêche et la pollution, comme tout ce que l'homme touche. Le restaurateur supprime donc la pibale de son menu, mais quelques mois plus tard, à sa grande surprise, ses confrères ont remis ce plat à succès dans leur carte.
Ses confrères se fournissent en civelles, alevins d'anguilles frauduleusement pêchés dans les estuaires plus au nord, et les font passer pour des pibales. Si le restaurateur consciencieux avait l'ombre d'une intention de renoncer à ce traffic, tout le corps social le pressera d'y céder. Les autres le font, il ne va pas rester seul dans son restaurant désert pendant que les autres se remplissent les poches, sa femme, ses enfants, ses amis, le percepteur et d'autres s'emploieront à le faire revenir sur sa décision : lui aussi fera du trafic, il n'a pas le choix.

Il y en a un qui a le choix, c'est le consommateur. Si on l'avait éduqué à distinguer les goûts, si on l'avait éduqué à se renseigner sur ce qu'il mange, il aurait été chez le restaurateur honnête, qui aurait été récompensé de son attitude.

La morale de cette minuscule histoire est que le pouvoir de décision et de changement n'est pas donné à ceux qu'on pense, mais qu'il est dans les mains de ceux au bénéfice de qui ce service est organisé. Plus les clients des restaurants seront éduqués en gastronomie, plus ils permettront aux restaurateurs un exercice sophistiqué de leur métier. Bien.

Nous allons maintenant passer à l'échelle au-dessus, ou plutôt en dessous. Car souvenons-nous que tout n'est qu'une question d'échelle. Si vous raisonnez en termes de santé publique, vous tiendrez pour une assistance au décès plutôt précoce, de façon à libérer les ressources de la planète pour les jeunes générations, sans compter les innombrables autres motifs. Maintenant si on vous tend le couteau et qu'on vous dit :" Be my guest, massacre les premiers", et qu'il vous faut maintenant choisir une personne à tuer de sang-froid, vous allez avoir du mal. Vous avez changé d'échelle, vous êtes passés de l'échelle "vue satellite", à l'échelle "pieds sur terre".

Donc reprenons l'exemple de notre restaurateur, mais à une grande échelle. Nous allons considérer la Révolution Française, puis la WWII.

Imaginez qu'on vous demande d'établir un plan pour faire en sorte que la Révolution Française n'arrive pas. Vous devez produire une liste d'actions qui seront exécutées selon vos ordres : untel fait ci, un autre ne fait pas ce qu'il a fait, etc. On embauche ensuite des figurants, on rejoue le scénario selon votre script, et on voit si vous parvenez à éviter le bain de sang.

Il est vraisemblable que vous allez vous effondrez sous le poids de la combinatoire des actions. En effet, si vous modifiez une journée d'un acteur, il faut modifier non seulement, et de façon cohérente, l'emploi du temps de tous les gens rencontrés par lui ce jour là, mais encore les actions de la veille non prolongées, les actions du lendemain non mises en route etc. Et donc modifier l'emploi du temps de la veille pour les gens rencontrés ce jour là, bref, il est peu probable que vous finissiez la première journée du premier acteur.

Et d'ailleurs, quand la situeriez-vous ? Quel jour décideriez-vous de commencer à modifier les évènements ? Et pour qui ?

Par qui commencer, le matin de ce jour, quelle action ne pas lui faire faire pour empêcher la Révolution ?

Prenons maintenant le même exemple avec WWII. Vous devez empêcher cette guerre de se produire, et donc lister toutes les actions que les gens feront au lieu de celles qu'ils ont faites. Empêchez-vous le père et la mère de Hitler de se rencontrer, par exemple ? Pas facile, il faut modifier tout un tas de choses...

Alors comment expliquez-vous, et j'en viens là à mon point principal, comment expliquez-vous qu'en ce qui concerne la situation actuelle du monde, chacun ait un avis sur qui doit faire quoi pour éviter les catastrophes à venir ?

Comment expliquez-vous qu'on étale aisément sur la table qu'il est impossible à un restaurateur de changer sa carte, qu'il est hors de vue de changer quoi que ce soit aux événements passés en raison d'une intrication indémêlable de tous les acteurs et de tous les facteurs, mais que tout le monde ait un avis simple sur ce qu'il faudrait faire aujourd'hui ?

Je vous laisse méditer là-dessus, sachant que la clé, c'est l'échelle. Plus on éduque les citoyens, plus on donne à une société les moyens de partager des clés à une large échelle. J'y reviendrai.