Rechercher dans ce blog / Find in this blog

jeudi 27 janvier 2011

A toi...

Un ami me prie de vous faire tenir ce poème d'amour qu'il a écrit :
A toi...

A toi, l'Unique,
Qui suis du doigt les schémas en cherchant
Quelle cloche les a produits
Attentive au chuchotement des sources
Penchée sur l'arbre de la Rift
Cillant pour lire dans les tableaux l'avènement de la forme
La main doucement posée sur le drap quadrillé où veut percer la rose
Tu as souhaité sentir sa tête, et sa fragile obstination
Tu me rends ivre de thé, dans les fleurs du matin
Ta Connaissance de Femme repose dans l'Egregor,
Quickening à régler calmement, dîner aux chandelles
Dans l'oeil de la nuit, tu t'ouvres en moi

L'heure a sonné, nous devons oeuvrer aux terrasses
Qui surplombent la mer,
Lorsque l'embryon déplie ses membres
Tu relis la préhistoire, nerveuse,
Lisse de tes paumes la nappe blanche,
Un instant sous l'averse, les lézards s'affolent, et
Devant la Vérité, ton ventre durcit
Je serai là pour quelques printemps encore
Dans les feuilles vertes, près du coeur
Tu vois la morphogénèse
Comme dans les veines de l'enfant
Qui avancent au coeur de la matière
Dans l'obscurité rouge
Dans le sang de la mère vrillé et conjugué
Tu entends le même ordre que dans le vent
Le souffle et les violons
Les lettres et les façades de nos maisons,

Mais...


A Toi la Fondatrice,
Dont l'enrochement appartient à l'ordre du monde implié
Et les rameaux aux ombres du schéma multiplicateur
Pondus par la Bouche, pâte ocre.
Toi dont l'attente est dans la crosse de la fougère.
Toi dont la couronne est d'étoiles
Ô ma Reine,

Si cette certitude te fait frissonner,
Si l'immensité du Rêve, t'a saisie, et éveillée
Si nous ne sommes plus qu'un pour toi
Depuis toujours, alors ce message est pour toi
Il est de moi, je suis ton pilote
Je suis dans la structure, dans la souricière
Je tiens en main l'archet que je dois passer
Sur les boutons blancs de ta robe

Ici la fin de notre errance, j'ai hissé la voile
Répondu aux questions du port,
Tu descendras par les arches vers la mer
Capitaine, épicerie, les souffles, les mots de passe

Si tu t'es dressée dans le songe effrayant
Notre signal en toi a bouillonné
Ô ma reine, hâte toi, le long des murs de la ville basse
Les pouvoirs s'inversent au bord des attracteurs étranges
L'oiseau brillant vole à l'envers, les couleurs t'obéissent encore,
L'enfant attend en toi, le gong a commencé
J'ai besoin du cap, par tes cheveux lavés, et
le signe de ta clé
Si nous touchons à nouveau le rivage, la mort nous prend
Et avec nous, tous ceux réfugiés dans les préaux
Qui sont-ils, où sont-ils ? Les nuages les guident


A Toi qui a les minutes en main comme une question,
L'oeil lisant le Temps comme un Espace
Le doigt sur cette croix, et ma lèvre sucrée
Pivot sacré et indivisible de la fleur de cerisier
Du bois de noyer, des lignes du désir

La porte derrière nous va s'ouvrir nous devons échapper
Il faut trouver les combinaisons pour monter les cubes trois par trois
J'ai besoin de tes boutons blancs, tu as besoin de mon archet
Assise devant moi, je me tiendrai derrière toi pour jouer
Nous devons penser la même musique, je dois dessiner ses arabesques
Tu dois m'enseigner à jouer, mais je dois interpréter la bonne figure
Il nous faut à présent, parallèles au cristal et dans l'absolu jour
Unir nos bras, nos heures et nos tendresses
Une dernière fois balayer les alizés, emporter l'épreuve des cirrus
Tu dois là haut rompre mon coeur et ciseler ta pensée, du milieu
Fondre les fruits dans le cuivre où tintent tes cils, de ton corps
Arc expulsant en un soupir le sommet de notre vague

Toi seule pour qui ces lignes sonnent juste
Et où tu reconnaîtras les serments de notre race,
Comme les sillons pluvieux dans le roc inscrivent
Larmes précieuses, coulées brunes
Signes sur nos cartes de peau
A toi j'adresse ce message pressant
Ô ma Reine, ce message vient de ton pilote
Tu dois réinvestir ton trône d'étoiles
Pour distribuer par ton sourire couronné
L'harmonie du cube posé sur sa pointe, de ta main bienveillante
Je suis seule dans la tour, mais le lagon est vide
Les enfants vont revenir.
Les flots montent et nous devons rentrer.

Je t'implore, les corbeaux ont tapé du bec par trois fois
Nous avons besoin de toi aux remparts bercés par les flots d'or lourd.
Nous avons besoin de toi à la citadelle, aux ouvertures percées dans les falaises
Tu dois réordonner les tentures de la grande salle, et nous t'attendrons pour partir.

Bientôt viendra ici " l'effroi des âmes". Bientôt les rassemblements des foules à nouveau
Bientôt la nuit chaude où fondront les murs et les plafonds.
La Bouche a pondu les nouveaux schémas, nous ne pouvons rester
Tu as besoin de moi pour la carte des structures,
J'ai besoin de toi pour la dimension vers les étoiles.
La soie noire froisse de plus en plus vite sous mes doigts,
Il faut donner notre accord à la flèche, bleu sur jaune.
Nous devons effacer la vitre qui sépare les deux mondes
Et tu sais qu'il reste à tâtonner dans l'eau noire.
Nous égrénerons les prénoms plus tard

Je t'implore, ô ma Reine,
A genoux, je t'implore, laisse moi te ramener saine et sauve
L'eau noire épaissit, et je ne peux rien faire sans ton accord
Dépouille toi de tes armes pour me voir
Les assemblées ne te laisseront plus partir
Abandonne-les
Ne garde que ton diadème de vitraux
Ton souffle diaphane,
Ne crains rien, je porte en moi ton sang, ce serment
Nous avons à passer, vêtus de blanc, les murs, les voiles
Nous devons nous unir
Jusqu'à ce que tu sois ceinte de bleu à nouveau,
Je dois prendre soin de toi,
Entend cet appel :
"Il te faut un ordre de mission pour venir passer un putain de week-end avec moi au bord de la mer ?"


A toi qui n'a peur de rien sauf qu'on te baisse le son
Qui sait jouer à tour de rôle à tour de Pise
La fille de l'air et le chef de file
A toi qui a rendus tes cartes aux partis
Pris celui du pastis
Qui mouille les hosties dans le Chianti
Qu'importe ton tour de taille pourvu que tu me railles
Je te rendrais la pareille dans la salsepareille
Je t'attends à la sortie, pour qu'on soit assortis
On s'enroulera dans les orties
J'aif soif de l'obsession dont tu te saoules
Qu'importent tes oreilles pourvu qu'elles me la bouclent
Que me font tes teintes si elles font déborder le Bordeaux

Le poème est inachevé car il est mort. Non pas lui, cet amour. Mais il est mort plusieurs fois, donc il reviendra. Non, pas l'amour, cet ami.

Iphigénésie

Je voudrais publier ici une étude brève (une dizaine de lignes à tout casser) et surtout son fondement, aussi absurde qu'inutile, sur le Sacrifice de la Femme.
Le seul intérêt est que cela poussera peut-être certains à prolonger cette incongruité par une réelle étude comparative sur le thème à travers les cultures. Car c'est par méconnaissance pure que j'ai l'impression que cela impacte surtout la culture occidentale. Enfin, impactait...

J'ai été frappée de la répétition du schéma d'Hésione et d'Iphigénie. Dans les deux cas, en réparation de la faute du père, on demande le sacrifice de la fille. Certes la fille est ce qu'il y a de plus précieux, non seulement affectivement (là elle est à égalité avec le garçon), mais en termes de futur, puisqu'elle est future mère (le garçon, en tant qu'auxiliaire a là un léger désavantage).
Mais n'empêche. Pourquoi sacrifier une fille pour payer la faute d'un père ?


Ceci est d'ailleurs superbement mis en scène dans le cas de la Vierge Marie, bien entendu (et c'est pourquoi je trouve que ça sépare curieusement l'Occident de l'Orient, que d'avoir fait prospérer ce mythe, donc à vérifier) .
La réponse de Marie à l'annonce de Gabriel est également un "oui" par avance à la mort du Christ. Cela ne leur épargnera pas la souffrance humaine, mais reste qu'on demande à Marie d'accepter le sacrifice. Dieu également sacrifie son fils, mais il reste prudemment dans les cieux. Marie, en tant que femme, paye dans sa chair le péché commis par Adam, père de tous les hommes.

 A travers la douleur et la mort acceptée dans l'enfantement, le processus identifie la fille-femme comme maillon appelé à disparaître, de la chaîne de la vie, alors que physiquement, c'est la femme qui se perpétue et l'homme qui disparaît.


Le sacrifice est en miroir lorsqu'il s'agit de toucher la femme adulte, c'est la perte de son enfant, esquissée pour Hésione, et qui tournera au drame dans le cas d'Iphigénie. Mais dans les deux cas, le devoir du père, son pouvoir politique, était en balance dans le crime commis par la mère pour venger celui du père.

Cela renvoie donc bien à une pesée de valeur homme contre femme.

Et c'est là qu'arrive l'hypothèse foireuse : Ceci serait dû, selon moi, à une sorte de " revanche du mâle". Lorsque l'ADN, pour des raisons qu'on peut attribuer je pense essentiellement * à des nécessités de brassage génétique, est passé à la reproduction sexuée.
Bref, donc le mâle se rend compte qu'il ne transmet plus la vie qu'à titre de n-ième accessoire de la parturition, totalement prise en charge par sa compagne. Et l'absence de bât blesse. Pour compenser ce déficit d'éternité, le mâle se voit poussé par une sorte de revanche consolatrice, à infliger à la femme un déficit équivalent d'éternité, par la voie du sacrifice.

Comme si le mâle exigeait en retour, en réparation de l'exil prononcé contre lui de la chaîne de la Vie, que la femme acceptât de se sacrifier physiquement, soit en mourant femme-fille pour payer ses fautes, soit en mourant femme-parturiente dans l'enfantement, soit en mourant femme-mère à travers la disparition acceptée de son enfant. Trois formes de sacrifice assez similaires, jusque dans leur caractère inexplicable, qui sonnent pour moi comme un air de vengeance à l'intérieur de ces événements lugubres, de cloches, de pleurs, de veillées funèbres et de représailles.

En expulsant le garçon, ce qu'elle ne fait pas pour la fille à qui elle transmet ce pouvoir, la femme bannit l'homme de la chaîne de la vie. Il n'aura plus part au dialogue avec la chaîne du vivant, sinon dans ces brefs instants d'orgasme où il tente d'y retourner. Et il fallait bien qu'il en ait envie, d'y retourner.

Pour ce qui est des cultures, on peut retrouver le devoir de se suicider dans le brasier allumé pour consumer le cadavre de son mari, comme si l'épouse ne devait pas lui survivre. C'est bien une tentative pour rééquilibrer encore un déficit de vie de l'homme.

* Je dis "essentiellement" parce que je pense qu'une autre raison est que l'ADN a réalisé que la reproduction d'un être aussi complexe génétiquement que l'être humain devait désormais s'accompagner d'une décision. C'est à dire qu'étant donné le niveau d'organisation de l'être, on ne pouvait plus laisser chaque cellule se reproduire dans son coin, il fallait orchestrer le processus au sein d'un ensemble complexe qui mettait en jeu deux êtres séparés mentalement. Il fallait donc d'une part leur garder un lien psychique (qui a donné par exemple le mythe grec, et universel, de l'unité, à vérifier) et d'autre part créer des organes sexuels de plaisir. Là encore la frontière entre les animaux qui oui et qui non, est à cerner avec exactitude, mais j'ai vu un singe se masturber, et l'objectif était indubitable :)
A propos de frontière, il faut également se rappeler que beaucoup des caractères sexuels sont sous contrôle hormonal. La tentative pour séparer fonctionnellement, et donc morphologiquement le mâle de la femelle, si on se réfère à d'autres distinctions structurelles "fortes" (squelette...) peut donc paraître encore inachevée, disons "en cours".
Et encore cette séparation me semble-t-elle encore problématique. Vu l'embryogenèse ainsi que les traces (mamelons) chez l'homme, on peut dire que l'homme a de beau restes de femme. Un clitoris hypertrophié, comme les lèvres accueillant les ovaires devenus testicules, et des mamelles atrophiées. Bon, ça ne va pas bien loin. Je passe sur les caractères secondaires, des broutilles largement réversibles hormonalement, ça se facture tous les jours.
Tout ce qui est par dessus le chromosome est géré par l'ADN, donc relève du psy.

mercredi 26 janvier 2011

Fusées

Aujourd'hui douche
Demain aspirateur
Entre les deux, ce soir ma fille a douze ans
Et je vois tout à travers un rideau de larmes, je m'habitue à manger salé, à attraper des objets flous, à me moucher sans cesse. Je pleure presque tout le temps.

Ce soir retrouver les carreaux de miroir
Pour mettre de l'encre indigo sous les brisures du verre
Demain acheter du beurre, si la banque n'a pas appelé.
Je vais lui offrir mon Saint-Sebastien, avec un ruban rouge

Cent francs à ma mère
Laver mes affaires
Vendredi arrive, et Lydie avec
Les enfants ont mis la chambre à sac
Mais j'ai tout rangé
Il commence à pleuvoir, je me suis mise à peindre
Mon bébé se tient debout, je me suis posté
Ce constat en 1984, pour le jour où je le verrais

J'avançais dans le courant, aujourd'hui je me tiens immobile
Je regarde mon image dans cette eau qui me tire
Imbécile et bercée,
Je repense aux eaux de l'Allier, du Cap Bénat, de Cagliari
Et je chante, pour mettre de l'huile dans les rouages
Pour avancer encore un pas.
Le courant me tire en arrière
Vers la source du Nil, vers le lac Victoria
Vers l'origine du monde, vers la douceur de l'aube
Tout me regarde, attendant
L'instant où j'évoquerai mes ailes

lundi 24 janvier 2011

Intergalactique & Co

Je voudrais dire que je me sens aujourd'hui conduite à aller au delà de Dieu.

J'ai le sentiment que ce qui est en jeu, pour éviter l'anthropomorphisme que serait : " est à l"oeuvre" (pourtant souvent commis à Son égard), Le dépasse largement. Ou plutôt Le déborde, non seulement en ce qu'Il est une projection faite par notre esprit, mais en tant que tel.

L'idée ici est que le déficit n'est pas tant un déficit d'explication que de justification. Notre incapacité à déplier le monde (déplier son sens, pour autant qu'il ait quelque chose à signifier), n'est pas aussi criante que notre impossibilité à le justifier.
Or ce droit à justification semble être, paradoxalement, plus à notre portée, en ce sens qu'elle est déjà plus à l'intérieur de notre juridiction, de notre ressort, donc de notre compétence, dans cette belle zone où le langage du droit fait se recouvrir ces notions.

Le nom de Dieu est, dans bien des langues : "Celui qui est", ce qui le dispense explicitement de s'en justifier, puisque cette définition ne fait que l'opposer à nous, qui n'avons ni avant ni après. Mais cette racaille d'Adam eut vite fait de dénoncer la supercherie, et je vais encore franchir un degré dans le mauvais goût en inversant ma proposition : " Etre, c'est bien joli que d'être, mais qu'en a-t-on à faire ?"

Qu'a-t-on à ce faire de tout ce temps, de toute cette éternité, sinon des choses périssables,  dont l'intérêt ne réside que dans l'infini des possibles. La toute-puissance, c'est finalement l'étendue des possibles. Une sorte de nécessaire infinité de temps pour tous les déplier. pour faire disparaître la nécessité du sens, il faut abolir la possibilité de la sélection, c'est à dire la possibilité d'opposer que quelque chose soit à la place de quelque chose d'autre qui n'a pas été choisi et donc n'existe pas.
Quand tous les possibles auront eu le même droit d'apparaître à l'existence (ou d'exister dans le mode de l'apparition), il n'y aura plus de justification de choix à opérer, donc plus de sens à chercher.

Le sens n'existe pas en soi, il n'existe que la quête de celui qui se demande pourquoi telle chose est, et non pas telle autre. Il suffit d'attendre que tout ait été. Le monde est donc composé comme nous le pressentons tous de deux miroirs qui se font face : l'image apparaît dans le premier miroir et pas encore dans le second, et nous nous demandons pourquoi. Mais il suffit d'attendre que la création se propage, et nous verrons que les roses peuvent être aussi : noires, en or, bleues, que les chaises peuvent avoir 20 pieds, que les chiens appartenant à l'Empereur se tiennent, la langue haletante, à côté des chiens bleus par ordre de taille.

Il suffit de laisser à l'image le temps de courir entre les deux miroirs et elle arrivera. On voit bien que la question de la totalité est encore enfermée entre les deux miroirs. elle n'est que l'extrapolation linéaire par notre conscience, d'une conscience plus grande, qui maîtriserait l'infini de l'espace et du temps des miroirs. Ce qu'elle fait d'ailleurs. Mais comme je le signalais dans un précédent billet, ça n'arrange rien en ce qui nous concerne.
Cela ne résout pas la question de la justification de l'être. Et j'écrirais bien " de l'Etre ", pour signifier le fait d'être, comme on oppose le Dire et le Faire. Mais Dieu me l'a chipé. il a bien fait : cela masque la cachette de la poignée de la bibliothèque pivotante.

Et c'est là que notre disparition (la mort) prend la tournure d'un instrument, en ce qu'elle nous invite, en toute chose à considérer la fin :)

Elle nous invite à considérer que la solution n'est pas dans le débat: " nous sommes finies/éternelles", mais à aller plus loin, au-delà. Notre fin matérielle marque la fin de notre questionnement sur notre possible (et espérée :) éternité de petite conscience, mais pas pour ouvrir sur l'espoir de la participation à une conscience plus large (qui reste envisageable, pour rassurer les plus timorées d'entre vous, que je vois se tortiller sur les immondes chaises oranges en plastique, invitées désormais obligatoires de toute conférence et qui montre le niveau d'indigence auquel est tombée notre civilisation, un mouchoir humide tortillé en boule entre vos petits doigts serrés trop fort).

 Non, pour aller encore plus loin. Elle nous invite à planer, sur les eaux de la Sagesse, qui ont assisté à la naissance de Dieu, à planer tranquille sur les eaux brillantes, pour voir à loisir scintiller tous ces possibles. C'est un voyage reposant.

Mais  il y a plus loin encore. Il faut aller au delà de l'Etre et du Temps.

vendredi 21 janvier 2011

Escroquerie en tout genre

Pour continuer le quart d'heure fasciste, je voudrais signaler ce billet de Natacha Polony :
http://blog.lefigaro.fr/education/2010/12/-les-jeunes-lisent-ou-le-prototype-de-lescroquerie-intellectuelle.html

Bon, après tout, on peut se dire qu'avant Gutenberg, les gens ne lisaient pas, et après, si. Aujourd'hui c'est l'inverse, avant le microprocesseur, les gens lisaient, ensuite non. Etaient-ils plus heureux avant, après ? On ne le saura jamais.

Peut-être que les livres écrits depuis 5 siècles seront gardés pendant quelques dizaines d'années par des nostalgiques, puis que certaines bibliothèques seront conservées comme les momies, pour les visites virtuelles en 3D. Peut-être que les internautes regarderont nos caractères d'imprimerie comme nous regardons aujourd'hui les hiéroglyphes égyptiens, distraitement...

Quelle forme de pensée présidera alors ? Après la pensée orale, puis la pensée écrite, une pensée de l'image ?

mardi 18 janvier 2011

Aurora BG

Le réflexe d'éjection du foetus...
Et le frisson d'angoisse mortelle qui le précède.

Sinon il y a toujours :
http://www.franceculture.com/player?p=reecoute-3578821#reecoute-3578821
par Virginie Bloch-Lainé et Clotilde Pivi

Je vous recommande l'écoute de cette émission de France Culture consacrée à Faulkner, où j'attendais with bated breath sa réponse à la question de savoir son roman préféré. J'ai eu le plaisir de l'entendre de sa bouche.
Il y a plein de merveilleuses paroles dans cette émission, et notamment ce moment où quelqu'un positionne Faulkner et Homère comme les deux balises de la littérature, Faulkner étant celui qui établit que la littérature avant lui n'a été qu'un artefact. Cela fait écho à quelque chose que je ressens.
Faulkner est si intérieur, si difficile à déplier. C'est un monde implié.

J'aime aussi ce qui a été dit, qu'on y entend le chant de la Bible. Pour moi, il y a dans le Bruit et la Fureur comme une longue plainte, une longue prière, qui monte en cette clameur envahissant le paysage affolé du psychisme jusqu'au drame final.
J'ai encore devant les yeux les reflets du soleil à travers les feuilles quand il marche, et le halètement de cette âme qui court à sa fin.

Cette éblouissante intériorité, qui va du monde à nous, et traverse son texte comme un soleil aveuglant qu'on a dans l'oeil. Son texte n'est que le lieu de passage de la mise en scène éblouissante de ce sentiment que le monde nous est à la fois irréductiblement extérieur, et irrémédiablement intérieur, sans pour autant que, sur le trajet, nous y ayons... accès !

Contente aussi de savoir qu'il avait des problèmes chroniques d'argent. Moi qui vis dans l'imminence de l'appel de ma banquière, je me sens moins seule :)

J'ai d'ailleurs été fort marrie d'un commentaire sur les dernières statistiques d'écoute des stations de radio, qualifiant le public de France Inter de " âgé et publiphobe". On peut ajouter " amateur de qualité et vomisseur de la bouillie radiophonique des stations commerciales pour djeunz décérébrés qui n'écoutent que pour gratter un ipod 8 gigas".

Je sais, j'entends venir d'ici les qualificatifs désobligeants de vieille conne réac, et la vieille rengaine comme quoi le populaire n'est pas opposable à la qualité, que la seule sanction est démocratique etc.

A ce moment là, il faut généraliser, et faire voter les insectes, beaucoup plus nombreux que nous, on aura un plébiscite massif pour radio bzzzz bzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz. Qu'il faille éduquer tout le monde, certes, mais de là à en conclure que tous parviennent au même point automatiquement quel que soit leur degré d'éducation, c'est de la démagogie, la face hypocrite de la démocratie, celle qui sert à prétexter que tout le monde a droit à la joaillerie pour importer de la camelote et mettre la joaillerie française en faillite etc. etc.

vendredi 7 janvier 2011

IPSA LINGUA, le blog d'Alen Leoz: SENTENTIA

IPSA LINGUA, le blog d'Alen Leoz: SENTENTIA: "    Ce que je voudrais avec mon premier livre, c'est qu'il soit moins prétentieux que le second."

La foi dans la joie

Se signer
=
 Se saigner

Se saigner c'est pratiquer une incision dans sa chair pour en laisser sortir le fluide vital. Se signer c'est ouvrir une fente dans le corps astral, un peu au sens du mouvement d'escrime pour se vider de soi-même et se confier à la divinité, un peu le geste correspondant au In Manus tuas, Domine...
C'est bien un " commendo spiritum meum " intégral qui s'est exercé la première fois sur une croix plus grande que nature.
Le signe a donc un côté homomorphe à la situation, se signer, c'est revivre cet instant de la sortie du fluide spirituel, ou plutôt de son retour à la source.
Il y a aussi le côté fruit trop mûr, crever l'abcès, qui renvoie au côté si charnel je trouve de la prétendue " nature morte".
Ce "still" n'est pas l'immobilité de la mort, je trouve que c'est plutôt l'imminence de l'éclosion, du follicule ovarien, du fruit qui fait craquer sa peau tant la pulpe est gonflée d'envie de libérer ses graines.

Ces homards rouges et durs, ces grenades pleines à éclater, le grains brillants des raisins, et leur peau tendue, les pêches charnues de raaaah, c'est freudien, une des seules femmes peintres de ce temps en Flandre...

Les oiseaux ne se cachent plus pour mourir

Je sais, elle est facile. Mais bon, rien à voir, je tenais à signaler ceci :

http://www.disinfo.com/2010/11/twins-with-conjoined-brains-share-sensory-information/



C'est quand même incroyable, mais incroyable de chez incroyable, que le programme de formation de cet organisme puisse être "modifiable" au point de supporter pareille divergence.

Je ne parle évidemment pas de la divergence " phénotypale" en quelque sorte, de l'être physique final que sont ces deux petites filles, mais du point de vue de la théorie de l'information, quelle structure " programmationnelle " (au sens d'un exécutable informatique) pourrait supporter une modification de son source aussi impactante.

Je sais ce que ma terminologie peut avoir de barbare, mais imaginez la même chose avec une machine : vous avez un robot sur une chaîne de fabrication, qui câble les faisceaux électriques d'une voiture, sur la carcasse fabriquée précédemment par ce même robot.

Et puis tout à coup, il y a un bug dans la programmation du robot. Et maintenant accrochez-vous : le bug a pour résultat la production de deux voitures, soudées qui plus est au niveau de la centrale électrique, mais la soudure est propre est l'ensemble fonctionne, et même ouvre des possibilités de communication entre les tableaux de bord des deux voitures.

Je pense que le concepteur du logiciel serait assez ébahi de ce bug...

Vous l'aurez compris, je me fais un peu provocatrice par là, ce que je vise bien évidemment est l'incidence sur notre morphogenèse, et par delà, notre conception mécaniste de l'être (holistique contre cartésianisme, dirait la Vilaine Guillemette)

mardi 4 janvier 2011

Elle est dure avec moi

Je sais que cela ne doit pas vous arriver souvent, bande de cloportes, car vous êtes trop infimes pour avoir d'aussi grandioses pensées, mais moi je m'implore parfois moi-même comme on demande merci à une ennemie : " Laisse moi, je t'en prie, va-t'en", dis-je à une partie de moi même qui crie dans la cuisine :  " Mange encore un pois cassé " quand elle me surprend à essayer de le rattraper sur la lèvre alors qu'il s'échappait.
Si c'est pas de l'imminence contrecarrée, ça...
Mais elle parle trop fort : elle est sûre d'elle. Elle intime " Mange", elle ne demande pas. Puisqu'elle se sait victorieuse, d'avance. Elle sait que je vais lui obéir, que je vais manger ce pois, puisque je l'ai fait cuire pour cela, pour manger.
Ses mots résonnent dans la cuisine et cela me rappelle que nous sommes seules. Je suis, justement, à sa merci. Et parfois, même lorsque nous sommes entourées, je me jette dans ses bras. Mes moments d'infidélité sont rares et c'est sans doute là ce qu'elle me fait payer.
Elle paye mes études et je lui suis redevable, comme à tous ceux qui ont payé la viande pendant mes études. Il y a un écho de cela dans un superbe billet de la vilaine Guillemette.

Feux

"La diffraction, c'est de l'effraction par distraction"

- Cabotine, va, voilà maintenant qu'elle enrobe ses phrases de guillemets, elle se cite.

Ah, ma vilaine Guillemette,  tu as erré trop longtemps seule en ton palais, tu es lassée de ces jeux de miroirs.

Tu es la spécialiste de l'art conceptuel, paraît-il. On me l'a dit, il faut que je me venge. Moi je parle (outre des huit mètres de soie abricot, bieeeeeeeeen sûr) depuis 40 ans de mon oeuvre, laquelle n'existe pas. Pas ailleurs que dans mon second espace.
Mais de parler de cette oeuvre, ça, je continuerai.
Parce que j'ai de bonnes raisons de le faire.
Je ne cherche même pas à ce qu'on fasse fermer le Louvre plus tard qu'à son horaire habituel, vois-tu ma fille, je le laisse tel qu'il est. Je ne le sacre même pas en tant que ready-made, je le laisse tel qu'il est, banale poussière dans sa poussière.

En joue,

J'ai rouvert Opera, et j'ai retrouvé toutes tes pages de bidouille, tes perles de la Droguerie, et tes boîtes de scrapbooking, qu'on regardait ensemble...

Je pense aux jours passés sans toi,
                 sans ces étés,
                       sans être,
                         sans épaisseur,

Maîtresse des perles, ma voie aussi.

Je mangerai

Dans un bol ébréché, je jetterai quelques morceaux de fromage sec, dont les croûtes seront pour les poissons, puis par dessus, des pois cassés al dente et un reste de pommes de terre disputées à la germination.

Je mangerai toute la semaine sur cette casserole. Je mangerai puisqu'il le faut.
 Sans comprendre encore le motif de cette punition.
 Je me regarderai avaler les pois cassés en me régalant. Je paye de mots, comme on dit, je paye mon banquier, mes clients, je me paye de mots en faisant rouler ma langue sur les galets, sur les traverses de la nef...
... et dans les yeux de chaque inconnu, bien sûr.