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samedi 7 janvier 2017

Mille et une façons d'être coincée

Certains des individus qui font partie de ce qu'on appelle l'homme (au masculin) voient parfois le sexe comme une arme; ou disons l'usage de l'outil en métaphore de la guerre. Ainsi le vainqueur sodomise-t-il le vaincu, quelle que soit la part que ce dernier met de soumission ou de plaisir, ou de mélange des deux, dans l'accomplissement. Donc, consenti ou pas, le vainqueur sodomise le vaincu.

La femme, qui ne dispose pas a priori de quoi sodomiser, n'a guère, topologiquement parlant, d'autre choix que la position du vaincu, quelle que soit la part de plaisir associée à la soumission. Son parcours de vainqueur ne dure que le temps qu'elle peut faire durer son " non " et les conditions auxquelles elle l'assaisonne. Et même si, contrairement aux apparences, elle reste intacte.

Sachant qu'une autre limite que celle du viol borne son " non ", c'est que, pour peu enviable que sa place paraisse, en période de disette, il s'en trouvera toujours d'autres (femmes) pour la lui prendre. Ce " non " qui lui servait de monnaie d'échange perd alors de sa valeur, rétrogradant la femme qui en use au rang de second choix.

Bien. Je continue en fait ma collection de " Sinon en se radicalisant...", qui fait, que les choses étant ce qu'elles sont, se situer dans le cadre des rapports hétérosexuels traditionnels revient un peu à s'empêtrer dans une aporie. Je pense que c'est ce que pressentent certaines femmes qui baissent les bras, ou font demi-tour devant le combat.

Mais également que cette barrière peut motiver une accélération de certaines autres pour franchir l'obstacle. Comme une fusée doit aller suffisamment vite pour s'arracher de l'orbite d'une planète qui l'attache dans son champ de gravité, il y a peut-être un moment où l'homosexualité s'impose aussi comme un moyen de faire baisser le nombre des variables. 

Bien. Ceci dit, je m'aperçois que je me complique la tâche, mais c'est normal, c'est dans mon contrat. 

" Marrant de faire aujourd'hui le départ entre ce qui était confondre son histoire et celle du monde (ne pas savoir s'en dépêtrer), ce fatras de texte, et tout de même, au milieu de, dans et derrière tout cela, les éléments qui sont restés depuis. La question devient du coup, quel est le départ possible entre des deux faits, non incompatibles, disons dans quelles proportions... " est un commentaire qui devenait trop long pour cette vidéo.

N'empêche que la question se pose.  Comment être (devenir, rester) une femme depuis l'intérieur de la Femme ? la société nous propose diverses solutions selon les cultures. La maternité en est une communément adoptée.

Prenons le motif de la rue en n&b dans mon oeuvre. Maintenant que je la vois en rétrospectif, est-ce que je me dis " Tiens, ce motif était déjà là, et il est aujourd'hui encore là, donc...", ou bien est-ce que je me dis " Pour des raisons x, il s'est trouvé là, mêlé aux briques de fondation, donc il s'est trouvé mêlé à l'histoire, donc en réutilisant la matière, en regardant ces pièces, ou encore en bâtissant par dessus, je me suis trouvée le réemployant, et se dessine alors la lignée, faisant d'une ligne (deux points de présence) une lignée, puis une destinée, assignant un rôle à ce qu'on retrouve, mais par le simple fait qu'il était là. 

Peu importe, en fait, ce qui m'intéresse, c'est que l’œuvre foisonne et produit désormais ses propres thèmes de réflexion. J'espère que c'est l'annonce de la phase III du délire, la seule où je serai véritablement heureuse comme Bouillavec.


Autre chose, les mots-clés qui ont amené les visiteurs sur le Pêle-Mêle : " serviette de plage swag ", " porno chic"... :) Remarque, c'est le truc à faire, tu prends les mots clés les plus demandés sur G, avec les trends, et tu en farcis tes pages :D

D'ailleurs, c'est marrant aussi ça :


J'ai eu une erreur là-dessus comme si j'avais fait une tentative pour surimposer une chose sur la même, déjà existante, a day around the night quoi. Ce concept sur lequel la vilaine Guillemette avait récidivé, mais j'y reviendrai, ne croyez pas.



" Un mois quotidien... Seigneur, donnez-nous notre mois quotidien".

Non, en fait ça a l'air simple dit comme ça, mais la situation est compliquée. Je dirais qu'elle se complexifie de jour en jour, pour des raisons très simples. Elles se déposent en nous, jour après jour.

Elles se déposent en tas bien ordonnée, mais n'empêche que je suis coincée. Elles n'augmentent pas en écheveau, non, elles se déposent bien par catégories. Elles dessinent leur catégories sans problème. N'empêche. Même si elles se posent de façon bien rangée, bien ordonnées, ces questions, elles posent problème.

En plus l'ami Kwarkito m'a remis une couche avec sa photo. On m'avait demandé de faire une sélection de films pour les vacances. Ce serait projeté à des jeunes. Ce que je voulais qu'ils voient. En fait, ça s'est soldé par rien. Nada, nichts, que dalle. Un temps, je fus (aspect sécant) agitée par la nécessité qu'ils voient les Marx, les Tati, les ceci, les cela, je n'en ai plus rien à faire. 

N'espérez pas que je me range à un quelconque prêche sur la nécessité de ceci ou de cela, ou sur le diagnostic de dépression ou ceci ou cela. Il n'y a aucune raison de ne pas dynamiter ces situations à la con par le rire, pour se dégager du piège où des années d'abdication et de passivité nous ont menés.

Et même il y a des tas de raisons sociales de le faire. On me dira de me taire, comme d'ab, et de simuler. Je résume maintenant cela par " l'effet Père Noël ". Il faut avoir l'air toujours tralala youpi comme disait une de mes ex (pour ceux qui ne le sauraient pas encore, je préfère les femmes, en plus, mais bon, inutile de m'envoyer des propositions de ce côté là non plus). 

Et ce essentiellement pour que les jeunes croient le plus longtemps possible au Père Noël. Franchement, aussi jeune que je me remonte, j'ai toujours aimé les gens dépressifs, ils sont vraiment chiants, et le ciel paraît plus bleu quand on les quitte. Les gens heureux m'intriguent je me demande toujours où ils trouvent matière à se réjouir dans leur vie de merde. Et lorsque j'ai compris que c'est parce qu'ils sont aveugles et sourds, je sors de leur vie sans qu'ils s'en aperçoivent. 

Eh bien non, au contraire, il ne faut pas laisser les jeunes dans le désespoir que le monde ce n'est que ça, que c'est limité à ce que les vieux cons ont construit, le parpaing, le mousseux et le plastique, le chiant. Oui, il y a la pierre, le bois, le rire et le bon vin, c'est une question d'endroit, et surtout de gens. Il suffit de se barrer de ce voisinage, et le monde redevient normal.

De toute façon, il n'y a de vrai éclat de rire que dans le malheur. Quand tu vois ce genre de scène, par exemple. La misère de la scène initiale constitue l'explosif auquel le rire de BP mettra feu. Bon so much pour celui là, j'ai l'impression d'avoir tourné une scène où je jouais à la fois les mousquetaires et les soldats du roi, épuisant.

L’œuvre frissonne, elle est rude, la toile contre ma peau. Mais j'aime ça. Évidemment, vous n'avez qu'une moitié. Et encore une moitié. Un morceau, une tesselle. D'un autre côté, cela m'est égal. Ton regard me tue. Cela ne sert à rien, il n'y a plus de remède. A un moment, ç'aurait été la foule. Puis un fan club, puis toi. 

Maintenant rien. Attendre. Tergiverser. Donner le change. L'art de l'esquive, je suis passée maître (j'ai bien été maître de conférence). Reste à passer les degrés suprêmes, devenir réellement invisible. L'aboutissement ultime.

Et puis un truc curieux. Je tombe sur cette image :



Assortie de ce texte :

 Nature in her forge

(Roman de la Rose vv. 15897-15905: 'Nature, whose thoughts were on the things enclosed beneath the sky, had entered her forge, where she was concentrating all her efforts upon the forging of individual creatures to continue the species. For individuals give such life to species that, however much death pursues them, she can never catch up with them.' – transl. F. Horgan) 

Roman de la Rose, Bruges ca. 1490-1500 (BL, Harley 4425, fol. 140r)

Et là, comme un éclar, la certitude d'au moins la possibilité de l'existence de ceci. Sinon, avouons-le, de l'existence. De quoi ?

D'un univers où le processus ici décrit concourt à la réalité que nous vivons. Mais comment cela " concourt " ?

C'est à dire que le monde que nous vivons est bien le produit du processus décrit par cette image et ce texte. Mais, il y a un processus de " rattrapage". La conscience de cet état de fait nous serait insupportable. Epistémologiquement, même à la plus haute antiquité, il nous aurait été insupportable de prendre pour réalité que ce genre (avec une moue) de processus pût donner du monde naturel en sortie.

L'autre type de rattrapage est pire encore, si l'on veut. Il consiste à dire que tant que cette dame n'arrive pas à forger correctement les enfants et les espèces, un autre mécanisme, plus raisonnable, vient en secours.

Je sais combien cela peut avoir l'air sauvage, comme pensée. Mais cela ne m'étreint pas avec cette force s'il n'y a quelque chose à trouver. Vous pouvez vous rasseoir.