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vendredi 26 mai 2017

Fouillis en vrac

Une peu de conscience réflexive ne fait de mal à personne, surtout lorsqu'il s'agit des autres. Je voudrais donc vous signaler cet article https://blog.monolecte.fr/2017/04/19/agents-de-dispersion/  d'Agnès Maillard, qui soulève quelques questions sur l'édition numérique. 

J'ai perdu tous mes posts sur Webzinemaker, et je n'ai de Silentcamp que les sauvegardes moisies qu'autorisait Dotclear. Je dois les remonter depuis 2012. J'ai sauvé de rares poèmes de mon amie Dehors. Elle avait écrit ces textes sur un site de rencontre par affinités édité par le journal Le Parisien. Ce site permet aux membres de publier des écrits en guise de critique littéraire, lesquels prennent souvent la forme de créations pures. Lorsqu'elle a supprimé son compte, a disparu en même temps la possibilité d'accéder à ses écrits.

Il est difficile à l'heure actuelle de savoir si d'autres poèmes d'elle ont été récupérés. Il n'est pas impossible qu'elle même l'ait fait. Mon ami John Moullard, immense plasticien du XXIIIème siècle, a récemment perdu quelques pièces magnifiques. Le Fernand Chocapic semble définitivement sauvé des eaux, Dieu soit loué (à la journée, toute éternité commencée est due) J'ai aimé ça., et je secoue un peu le cocotier blogueur, par exemple chez mon ami Alen Leoz,  pour savoir ce qui retient les auteurs de sauvegarder leurs œuvres, que ce soit sur papier ou autre. Ou ce qui les y pousse.

Curieusement, je trouve moins de gens préoccupés du papier que je l'anticipais.

Tout cela pose plus généralement la question de la sauvegarde volontaire ou non, de la pensée à l'heure où sa trace se laisse sur des mémoires électroniques, sur des supports dont l'auteur n'a pas le contrôle, et selon des processus qui échappent à toute règle hormis le bon vouloir du tenancier du site.

On peut dire en ce sens qu'une personne qui a sa propre instance Wordpress ou autre, à une adresse dont elle possède le nom de domaine, sur sa propre machine dont elle paye l'hébergement dans un data-center privé voit le risque diminuer, si elle fait des sauvegardes correctes.

Je découvre avec amusement les fausses dates de naissance que je donnais lors de la création de mes blogs, pour faire croire à Google que j'étais majeure. Je me souviens d'un compte supprimé pour avoir mis la vraie date par erreur après plusieurs articles.

Les jeunes qui n'ont rien à foutre de tout cela, créent une douzaine de faux comptes Youtube comme un rien,  juste pour pourrir quelques instants un pote de quelques commentaires assassins.  Les jeunes sont joueurs, ils ont vu qu'on leur proposait un grand jeu vidéo où ils doivent sauter par dessus les étoiles mangeuses d'accès s'ils veulent avoir leur contenu. Ils sont devenus très forts. Moi-même à l'occasion je n'hésite pas à utiliser quelque logiciel contre des gens qui prétendent s'approprier l’œuvre de Léonard ou autres génies ayant produit pour l'humanité (1) avant que l'arrière-grand mère de leur arrière-grand mère ait songé à naître, n'est-ce pas.

Sur l'article d'Agnès Maillard, si on veut répondre, la machine écrit "Veuillez renseigner les champs marqué par  " "

Vous avez sûrement remarqué que les formulaires en ligne  vérifient de façon de plus en plus drastique les choses fantaisistes qu'on mettait en matière d'adresse mail. Combien de temps encore pourrons-nous tromper la machine sur qui nous sommes réellement ?

Mais que veut dire finalement sauvegarder ? Les archivistes savent que cette petite question soulève des tonnes de réflexions philosophiques.  

Sauvegarder pour qui et pourquoi ? Les questions percolent par les nouveaux canaux. En admettant qu'on n'ait plus accès à la philosophie grecque, ils la redécouvriront dans d'autres termes. Si après tout cela empêche que dans le temps d'une seule vie, on arrive comme on a pu le faire au temps des livres à l'autre bout des terres habitées, cela n'est peut-être pas plus mal. 

Cela nous conduit à la frénésie de numérisation qui saisit plusieurs institutions artistiques ou culturelles. C'est très bien. On peut regretter qu'il s'agisse souvent de fantômes d'un savoir mort. (Sans parler des millions investis par le MCC dans des scans de masse, confiés bien entendu au prestataire le moins disant par des gens qui ne savent pas qu'il y a des qualités de DVD qui diffèrent selon le prix. Moins cher, toujours moins cher pour la culture. On scanne telle tapisserie en 40 milliards de pixels, mais on ne sait plus faire un colophon, et on s'habille d'élasthanne pondu par l'usine de la planète. C'est très bien d'admirer des savoir-faire qu'on détruit encore plus vite que les espèces animales dont nous sommes. Tout ça parce qu'on n'a plus le temps. 

Speed-dating, ça me rappelle que les anglais disaient un " rendez-vous " pour différencier une rencontre amoureuse d'un appointment avec le dentiste. Maintenant c les djeunz qui disent " le premier date ". Ah ah ah. Ils en font des modes d'emploi sur les rézosocio, c'est l'industrie du datagramme au service du sexe numérique.


C'est devenu LE leitmotiv. On n'a plus le temps. Pourtant, depuis le temps que les machines nous promettent de nous en faire gagner, on devrait en avoir à revendre. Ah mais le temps de quoi faire, voilà la question. Peut-être qu'en consacrant les 150 par mois qu'ils passent devant la télé à apprendre la broderie, on aurait encore de beaux vêtements à se mettre...

Donc, on laisse la production aux machines, parce qu'elles travaillent sans se poser de questions, mais du coup il faut bien occuper les gens, donc les coller devant un écran de leur naissance à leur mort. La matrice, le jeu vidéo ultime, etc. tout cela est connu.

Ce qui est surtout intéressant dans tout cela, c'est le consensus. J'entendais à la radio un journaliste s'exclamer " Vous vous rendez compte, si on faisait ainsi telle chose, on pourrait augmenter le PIB de 150 milliards d'euros". Ils avaient tous les yeux brillants de gourmandise. Ils ont défailli d'émotion à l'idée. En réalité, personne n'a rien à foutre d'augmenter le PIB, ça ne sert que des dividendes en accélérant la destruction. Mais c'est un donné immédiat de la conscience. 

Si nous étions au XVIIIème et qu'on dise " Ah, magnifique, ce procédé va nous permettre d'accélérer la traite des noirs et de déporter 150.000 esclaves de plus", tout le monde applaudirait. Si on sortait cela aujourd'hui, tout le monde hurlerait. On vient de larmoyer potilicorrectement sur le sujet dans les quartiers chics de la capitale. (2)
Mais c'est exactement la même chose. Augmenter le PIB n'est pas un bien en soi, mais plutôt une simple option de politique économique. Seulement tellement intégrée dans le consensus qu'elle en est " hors critique". Cela fait des millions d'esclaves industriels dans les pays " émergents " qu'on prend soin de maintenir la tête sous l'eau pour qu'ils acceptent leur exploitation. 

Le type qui proposait de taxer le travail des robots pour augmenter le revenu des gens a fait 6 % 94 % préfèrent qu'on taxe le travail humain pour aider les robots à rester " compétitifs". Les vendeurs de moulinex à machines outils fabriquant des cartes à puces pour chaînes de montage de voitures doivent s'en pisser sur les transistors de rire.

A propos de radio, je vous recommande l'émission des Pieds sur Terre consacrée à Tefal. Edifiant... 

Dans le cyber-espace, personne ne vous entend blogger. Tant que j'ai l'élan d'avoir enfoncé tous ces truismes ouverts, je vais poser une question : " Où est le discours entre les hommes et les femmes ? "

J'y reviendrai, donc. Ce tapis de feuilles mortes fut là pour dissimuler le piège de la Naissance de l’Écriture du Désastre.  Nous sommes, mais ne l'avons nous pas toujours été, en attente. Avant de partir, nous reviennent ceux qui ont été là-bas, au pied de la falaise, aux frontières du désastre. Le désastre n'a pas de majuscule, il ne commence pas, il était là avant l'écriture, et il y est toujours, dedans comme en dehors. La pensée et l'écriture. Donc, avant que de nous lever, nous voyons passer ceux qui reviennent.

Moi j'ai essayé de mettre des images pour sauver du désastre. Je fais allusion à un blog duquel j'étais la seule lectrice autorisée. Google a sucré ce blog (3). Peut-être à cause des photos.

Mais elle n'avaient rien de plus gore que ce à quoi Google offre accès en un click. Hypocrisie

Du fait que c'était hébergé sous leur égide, au nom du Cloud ?. Peut-être. Mais tout de même. Je m'interroge Ont-ils demandé leur avis à un francophone, qui, épouvanté, a corroboré les impressions du robot détecteur de fente apparente ? J'aimerais tant le savoir.

J'aimerais savoir si c'est le discours qui a " enfoncé le clou ". Si c'est le cas, cela signifie que le potentiel terroriste de cette poésie est passé à la lecture. C'est à dire que ces images somme toute innocentes se sont révélées plus qu'obscènes à la lecture de leur commentaire. Si c'est le cas, j'en suis très fière.

Ici aussi je suis chez G et je dois être prudente. Je dois me fondre dans le chaos numérique. Tenter cet exploit que survivent en libre accès des propositions indécentes. Il est d'ailleurs notable que la veille de la descente de la gestapo G-zie, je parlais d'aller me faire héberger dans l'oignon. Est-ce que cela a influé ? Enfin, en tout cas c'est fait, j'ai une BBS là-bas maintenant.
Rudimentaire, mais je pense qu'ils auraient du mal à la faire supprimer. En revanche, je n'ai aucun espoir sur sa durée de vie, ce qui nous ramène au début.

Faudra-t-il désormais compter uniquement sur des exemplaires papier qui circulent sous le manteau entre amis pour avoir à la fois un minimum de liberté d'expression et un minimum de sécurité et de pérennité ? Si c'est le cas, on revient en 1943, quoâââ.

(1 ) Je sais bien que ces gens travaillaient sur commande, mais il a été de tout temps admis qu'au bout d'un moment, le savoir doit retomber sans droits de douane dans les mains du peuple et nourrir la création nouvelle.

Il n'est peut-être pas étranger d'ailleurs non plus à ma désactivation  ce fait que je me tamponne des droits d'auteur et autres DRM hurlés par G-reich. La plupart de mes vidéos sont en accès privé, et si un gars se prétend propriétaire de Bach au prétexte qu'il a réussi à faire interdire toutes les autres performances, c'est que le problème est dans sa tête de nazi, pas dans la mienne. S'il n'en reste qu'une à jouer du Bach sans payer qui que ce soit, ce sera moi.Et c'est itou pour les autres compositeurs, et ça vaut également pour les reproductions de tableaux, de vidéos, de sculptures etc.  Je pille, je vole, j'éparpille. Et pourquoi pas interdire aux autres le blue, ou les carrreaux, ou la syllabe " de " ? Non, mais cette brevetomanie devient pathologique.

(2) C'est comme le terroriste qui vient de tuer 22 personnes. Je pense qu'il a son cierge dans toutes les capitales du monde, où au prétexte de faire des " taskforce " contre la " lâcheté  abominable", on va enfin pouvoir remplir les rues de policiers, de militaires et de barbouzes comme Pinochet ni aucun dictateur ou junte n'aurait osé en rêver. Si des fois un working-poor (nouveau mot pour " prolétaire")  se rebellait contre la flexisécurité qui permet de l'exploiter légalement branche par branche.

(3) ¨Pour ceux qui ont accès aux archives, il s'agissait de Juegos y Regalos, devenu Defixiones Tabella, en accès fermé également.