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mardi 24 décembre 2019

Donner son consentement à la loi ?

J'ai parlé de logique raisonnable du crime, et de non-respect du contrat social, pour en venir à une fusion de ces deux propos.

Lorsque je disais "En quoi suis-je concerné la loi ?", je veux dire que la société a bien plus intérêt à ce que chaque individu se sente concerné par la loi, et donc, l'ayant intégrée et acceptée, se mette à l'appliquer de lui-même.
Elle a bien plus intérêt à cela, c'est à dire à avoir avec tout individu des intérêts convergents, que le contraire. le contraire, c'est que chaque individu se dit :" La loi n'est pas pour moi, elle n'a pas été pensée pour moi, je ne suis pas d'accord avec elle, et on ne me forcera pas à vivre selon une règle avec laquelle je ne suis pas d'accord, c'est du despotisme, et ma rébellion est légitime".
Eh oui, une société qui fabrique un individu se vivant comme un résistant au nazisme ne peut continuer à bêler qu'il faut des règles et du vivre-ensemble qu'en cautionnant les populismes informatiques. Elle ne fait que se diriger vers un "law enforcement" que les caméras de surveillance totalitarisent à vitesse V. C'est ce que vous faites tous actuellement, avec cette solutréanité qui fait votre charme. 

Pour revenir à la logique  raisonnable du crime, je vais prendre une image. 

1 - Vous êtes dans la rue, sur un trottoir, et tout à coup sur le trottoir d'en face, un type fait un brusque écart, semble courir dans la rue, s'arrête, repart en hâte, puis fait demi-tour pour regarder le magasin où il a brusquement changé de direction. Vous pensez qu'il est fou. 

2 - Vous êtes dans la rue, sur un trottoir, et tout à coup sur le trottoir d'en face, un type fait un brusque écart, semble courir dans la rue, s'arrête, repart en hâte, puis fait demi-tour pour regarder le magasin où il a brusquement changé de direction. Vous pensez qu'il a de bons réflexes et que ce sportif vient de se tirer d'un mauvais pas. 

La différence, c'est que dans le deuxième cas, vous avez vu que la vitrine a pris feu par accident juste avant l'arrivée du piéton, et que le gars, dans un brusque réflexe  salvateur, a fait un écart dans la rue avant de revenir sur l'autre trottoir pour comprendre ce qui s'était passé et voir la vitrine brûlée. 

Dans le premier cas, vous n'avez pas vu que la vitrine avait pris feu, et que le comportement du type était non seulement logique et raisonnable, mais encore un exploit salvateur. Dans le premier cas vous ignoriez que ce comportement avait une cause qui en faisait une réaction logique, et cependant, vous avez classé le type dans les fous. 

Lorsqu'une bande d'individus a décidé qu'ils allaient violer les femmes, ils n'ont rien fait d'autre que de former une collectivité qui s'est donnée cette loi qu'on prend une femme quand on veut et qu'elle n'a pas son mot à dire. 

En vertu de quoi voudriez-vous qu'on doive donner son consentement avant que cette loi là ne s'applique, et pas en France en 2019 à l'ensemble du Code civil ? Pourquoi faudrait-il que des gens qui ont les moyens d'avoir ce qu'ils veulent s'embarrassent du consentement de leur victime ? Allez dire au service des impôts que vous ne donnez pas votre consentement à leurs prélèvements, vous allez voir.
Vous allez répondre que nous sommes sous la loi de la République, et pas de cette bande de voyous. Vous constaterez, si vous tombez entre leurs mains, que vous êtes dans l'erreur, et que ce qui fait la cohérence d'une loi, c'est la force dont on dispose pour l'appliquer là ou elle s'applique, et non sa beauté intellectuelle, vue de loin. 

Vous avez vu que je ne suis pas la première à démontrer l'impossibilité de prouver que le citoyen tombe sous le coup de la loi, et contrairement à ce que dit un pieux "Nul n"est censé ignorer la loi", je pense avoir montré que si chacun en fait ce qu'il veut, c'est à la mesure de sa faiblesse, ou de sa force, et qu'en tout cas, nul ne se sent concerné car nul n'est attaché volontairement à la loi. Cf. Hume sur l'histoire de l'homme embarqué ivre.

Il suffirait pourtant de faire signer, à sa majorité, à tout citoyen reconnu responsable un contrat disant qu'il adhère à l'ensemble de la loi. Cela pose le problème des mises à jour, puisqu'il faudrait faire re-signer, à l'ensemble des citoyens, la moindre modification du moindre code. 
Moyennant cet effort immense, je ne vois pas comment on peut légitiment attendre d'une personne qu'elle se sente  concernée par la loi.
Or la société, je pense que tout le monde sera d'accord avec moi pour le répéter, y a tout intérêt. 

Comment se fait-il, vont s'étonner les plus curieux, qu'à titre collectif, un groupe ait besoin que chacun respecte des règles que, à titre individuel, personne ne souhaite respecter ? C'est parce que le groupe est (dans la loi) le plus petit commun dénominateur de l'individu, la société le plus petit commun dénominateur du citoyen, et l'humanité le plus petit commun dénominateur de l'homme. C'est pour cela qu'elle peut former refuge au langage. Elle accueille le consensus, mais c'est un autre sujet.

Or la loi est ce qui fonde le groupe, comme le règlement et les statuts définissent une association, comme le consensus met ses frontières sur les classes de la taxinomie, on l'a je pense assez vu.

Pour la suite, je vais prendre une autre image : Certains médicaments aiguisent l'appétit, mais pas la faim. Ceux qui en sont victimes connaissent très bien cette sensation : vous pensez avoir faim, vous vous levez de votre fauteuil, et une fois arrivée devant le placard, tout vous dégoûte, aucun aliment ne trouve grâce à vos yeux, ce qui est le signe de ce type particulier de fin de la faim, ou de non-faim, bref, de désir qui n'est plus du besoin, et dans lequel le corps n'a pas de part. Au contraire de la vraie bonne faim, celle qui suit l'exercice physique, cette faim du corps rend délicieuse la moindre salade.



Alors, devant le placard, surgit cette idée qu'il vous manque tel cola, tel charcuterie, tel fromage que vous auriez aimé manger, que vous auriez dévoré avec appétit, cet aliment idéal qui correspond à cette faim. Aucun autre aliment ne saurait jouer ce rôle que peut-être cette pâte blanche et fraîche ou ce soda glacé, non décidément, où est-il cet aliment idéal, il faut courir les magasins d'alimentation pour le trouver.


C'est ce désir qui est à l’œuvre dans le mécanisme du fantasme. Le fantasme est un supposé remède, mais qui excite une faim que nul aliment ne saurait combler, il exacerbe un désir que l'accomplissement de nul acte ne saurait satisfaire. Il suggère en revanche des actes qui le calmeront, à défaut d'éteindre le besoin. 

Ce désir ne se satisfait d'aucun aliment qui est dans le placard, et le désir va courir les magasins de situations fantasmatiques, en espérant en trouver une qui fera à nouveau naître le vrai désir du corps, celui qui jaillit dans la chair, la gonfle et l'irrigue, tout en diminuant le besoin de trouver une bonne raison. 
Le rut, comme les stupéfiants, se passent de justification : une fois qu'il vous emporte, on ne se pose plus de question sur sa légitimité : il fonctionne, le corps  jouit.

A l'inverse, le fantasme ne fonctionne pas, le corps ne jouit pas et le cerveau doit prendre le relais. Mais le cerveau a ses dépendances que le corps ne connaît pas. A partir d'un moment, le fantasme ne suggère plus l'acte qui calmera cet impossible manque, il l'exige. Il exige qu'on lui rende son dû, ce que le corps ne lui donne plus, et dont il s'estime floué par la société. 

Ainsi se noue le pacte mortel, avec la déception (initiale et ses répliques traumatiques) de la création ratée d'un idéal du moi, dans la cérébralisation des besoins en désirs, par la dépendance envers la scène impossible censée délivrer de la frustration, de la soif éternelle où brûle le damné.

On me dira qu'à ce stade, il paraît difficile de tirer du sujet un consentement à la loi. C'est vrai. C'est pour cela qu'on peut faire des monastères, où le minimum est donné, ou la spiritualité remplace l'idéal,  et où le sevrage cure peu un peu le manque. Comme l'on dit Lacan et Alain Cavalier, cela marche bien mieux avec les femmes qu'on arrivait à persuader d'aller là-bas en cure...

Sinon, sans monastère, aujourd'hui, avec le web et tout ? Je ne vois pas, pour le moment. Il faut que je réfléchisse encore, et pour cela j'ai besoin de temps. J'aime bien les fêtes, c'est du temps masqué. Pendant qu'ils courent, ils m'oublient.


jeudi 12 décembre 2019

Au delà de la liberté et du bien (night cap) VI

Ce que je voulais ajouter par les dernières notes de cet article, c'est que c'est pétri d'amour et de bienveillance, et non d'orgueilleux savoir ou de conseils d'orientation. Je suis du côté Roussovoltairienne, c'est à dire que je pense que l'enfant naît bon, et qu'il faut l'éduquer de façon à éviter ce qu'on appelle "devenir mauvais", c'est à dire se rebeller contre l'ordre établi et l'asservissement social, avant qu'il ne prenne la "mauvaise direction", dia-bolique. Nous attribuions encore il y a peu les conduites d'aménagement de la souffrance à des divinités, c'est fou, non ?

Mais, je le répète encore lourdement, le délinquant est, comme il l'a toujours été, celui qui ne correspond pas à ce qu'on voudrait qu'il soit, du Ouigour au Rohinga, du communiste à l'anarchiste, la planète est couverte de délinquants. Mais on ne peut faire autrement que vouloir protéger l'enfant d'être dans un porte à faux, pour le coup "incontrôlable" avec son environnement social. Ce n'est bon pour personne.

Donc l'enfant naît pur parce qu'il naît intact, si l'on considère que l'ombre portée sur lui, et la façon dont il a été parlé avant la naissance ne le "touchent" pas.
Et à partir de cela, les castrations vont être, la plupart du temps, mal faites. Les rites d'initiation et de passage (baptême de ceci et cela, mariage à ceci est cela), comme par exemple le baptême de l'air, sorte de pendant du baptême, mais fait par un homme à un homme (père-fils), ont été hachés par la lessiveuse des nouvelles habitudes. Ce qu'on a raté, c'est ce qui les sous-tendait. On n'a pas vu qu'en supprimant la forme de ces rites, le phénotype, la fête, la cérémonie, on abolissait avec l'esprit qui y présidait, qui est de faciliter les castrations successives.
Autant pouvait-on laisser la primordiale, la principale, l’œdipienne à la femme, et encore, disons aux femmes du gynécée, autant la société prenait en charge les autres. Les pères, les hommes, les autres filles, les camarades, tous participaient à la fête du printemps, des moissons, du crocodile, de Pâques, du lin fleuri qu'on portait à la boutonnière à la messe pour montrer l'avancement de ses cultures, et tous disaient à l'enfant : " Tu vois, nous sommes là, et en échange de bien te conduire, en échange de ta docilité, tu seras nommé chef de récolte du lin, porteur de la statue, car tu as treize ans. L'année dernière, c'était Hans/Paco/Chang... cette année c'est toi."

Et ainsi l'identification au symbolique s'effectuait peu à peu, en douceur, sans douleur, autre que celle infligée par la pénétration du curé. Je rigole, mais c'est pour rappeler que toutes ces fêtes n'étaient pas sans revers. Bien.

Et donc, cette insertion progressive de l'individu dans la société donnait l'occasion de détecter les problèmes. Tandis que nos écoles primaires sont infestées de gosses qui devraient être suivis depuis longtemps. Donc on revient à poser la question : pouvons-nous laisser perdurer un modèle de société qui détruit ses individus et les conduit à la délinquance ? La réponse est évidemment non (1)

Mais comme dans le même temps, cette société a fabriqué un monde où tout le monde se fout du problème, et ne pense qu'à son "pouvouâr d'achat", en se disant que l'important est de pouvouar acheter une télé et un SUV avec de la croâssance et de l'emploâ, je vous souhaite bonne chance. L'effondrement qui est en route va vous ramener, sous peu, au mieux, comme les Américains à vivre dans une roulotte au bord de la route, et à devoir s'endetter à vie pour acheter un dentier à crédit. 

Vous êtes en train de discuter du montant de vos retraites en 2047 alors qu'en 2047, vous vous battrez contre 285 millions d'Indiens pour un bidon de flotte. 


Je me demande la date à laquelle il aurait encore été possible de virer de bord pour éviter la falaise. 1950 ?

(1) Don't let me be misunderstood. C'est ce que vous répondriez. Moi le rôle de parasite me va bien. La bat mitsvah, ça me hérisse, le mec je le nuke avant même qu'il passe le portail du château tellement ils me cassent les ovaires avec leurs cérémonies à la con, c'est le cas de le dire. Qu'ils s'occupent de l'état de maturité de la chatte de leur sœur que je ne suis pas, voire même de leur mère. Je suis très bien toute seule, et encore y a-t'il des degrés dans la solitude : Être à deux journées de marche des cons, c'est encore bien meilleur qu'en être à une heure.






mercredi 11 décembre 2019

Un monde où tu m'aurais aimé (le n-ième verre) V

Suite à cet article, je vais prendre un exemple concret, plus romantique que le viol d'enfant, ça nous changera. Mais je choisis cette horreur parce que c'est le crime absolu, imprescriptible. Si vous soignez celui-là, vous soignerez tous les autres, et il n'y aura plus en prison que quelques enfants malheureux qui auront échappé aux soins. 

Imaginez, donc, qu'un jour vous êtes en visite chez un client, un type arrive vers vous et vous lise une page de l'annuaire téléphonique de Budapest. Vous allez le renvoyer et raconter à votre copine qu'un vicieux vous a harcelé. "Pas du tout", répondra votre copine, c'est un Hongrois, et en Hongrie, quand on est amoureux, on déclare sa flamme en récitant une page d'annuaire, c'est comme ça, c'est dans leur culture."

Du coup, le gars vous paraîtra moins antipathique. Vous aurez des remords de la violence avec laquelle vous l'avez éconduit. Quelques mois après, en visite chez ce même client, une société hongroise, un jeune et beau prince vous demandera la permission de vous réciter une page déchirée de l'Annuaire des Médecins de Budapest en 1860, sur papier d'origine. Le jeune homme vous plaît beaucoup, la page est assez courte, le hongrois sonne bien, et il a une belle voix grave et chaude.
Vous l'autoriserez à recommencer, et bientôt, la lecture d'une page d'annuaire hongrois va vous érotiser un chouilla, parce que vous avez envie du type, et que le rite a fonctionné. Vous avez ouvert le canal à la libido, vous lui avez ouvert les écluses et permis d'emprunter cette voie. 

C'est en harmonie, mais il reste que vous êtes entrée dans le fantasme. Un an plus tard, si vous dites à votre copine que ça vous excite beaucoup quand Slobodan l'autre jour vous a récité un discours de Hitler en vociférant avec des accents de dogue danois à vous rendre folle, votre copine va dire que vous êtes devenue une psychopathe perverse, va employer les mots qu'elle a lus dans Psychologies Magazine pour vous dénigrer. 

N'empêche. Peu vous importe. Cela fonctionne. Et il n'est pas impossible qu'à force, si vous tentez de faire l'amour sans lecture d'annuaire préalable, cela vous ennuie horriblement, votre corps ne fonctionnera plus. Vous aurez besoin de la lecture pour que la libido s'engouffre dans votre acte et vous envoie au ciel, vous en aurez tellement besoin que vous n'aurez plus le choix : Si vous voulez un bel orgasme, il vous faudra emporter dans votre sac une page d'annuaire. 

Mais la chance que vous avez, c'est que personne ne vous embêtera pour ça, alors que vous vous vivez exactement la même chose qu'un exhibitionniste.

 Lui, il est enfermé dans une culture non pas hongroise, beaucoup plus étroite, mais néanmoins, curieusement, assez répandue, la culture de ceux qui n'ont plus que ce moyen pour déclarer leur flamme. Lui non plus n'a plus le choix. 

Toute autre tentative ne le fait plus bander. Cela non plus d'ailleurs, mais au moins il en rêve. Il faut avoir plongé ses yeux dans le regard d'un exhibitionniste pour mesurer combien le malheur y affleure, et combien il souffre d'être "locked in" dans cette situation dégradante où il se dégoûte lui-même. Il y autant de honte chez les femmes qui mouillent et jouissent pendant leur viol que chez le pauvre type qui ne jouit plus qu'en se malaxant à s'en faire saigner un sexe qui ne répond plus pour en tirer une goutte douloureuse à la lueur de l'allumette, la main dans la poche au bord de la plage : le corps et l'esprit ne marchent plus ensemble dans le plaisir, le sujet a honte de ces jouissances déconnectées.

Ce qu'il cherche c'est une amie, une femme qui partage ses goûts. Ce qu'il espère, c'est de tomber sur une femme que cela excite et qui considère cela comme un préliminaire. Évidemment, c'est voué à l'échec, et le pauvre type ne va récolter que mépris, insultes, incompréhension, dénonciation, violence policière, condamnation, enfin le tintouin de la violence. 

Et encore, pour ceux-là maintenant il existe Internet, qui permet à presque tous de se rencontrer pour exercer leurs fantasmes chacun selon ses caprices, et c'est tant mieux. Il faut lire les forums de ceux qui mettent des couches de bébé pour faire l'amour. J'ai rarement vu de conversations aussi polies. Je ne vais pas dire "de haute tenue" pour ne pas exagérer, mais comparé au torrents d'insultes vulgaires des illettrés de Youtube, c'est le salon de Mlle de Lespinasse.

Maintenant, pour celui qui a passé un cran encore, pour le violeur d'enfant, pas de pardon, pas de clémence, que de la violence pure.

La violence qui nous ramène à ce vert paradis des amours enfantines à la poursuite duquel les violeurs en série roulent tout autour de la Terre. Il cherchent une partenaire à qui proposer un jeu qui relève de l'impossible, un jeu où l'excitation sexuelle aurait place dans l'innocence de l'enfance. Évidemment, c'est, de façon pire encore, voué à l'échec, puisque ce qui définit la sortie de l'enfance, c'est précisément la prise de conscience de la sexualité, et le cortège de tristesses qui va avec. 

Nabokov a tenté, avec la nymphette, d'inventer le personnage de la très jeune fille douée d'un grand appétit sexuel et qui initie l'homme mûr. Ce fantasme n'existe que dans les livres. Les rares exceptions concernent des jeunes filles disons précocement mûries, qui combinent une apparence disons, prépubère, avec une maîtrise du jeu de la séduction, mais il s'agit de prostitution, même si c'est très bien joué jusqu'au bout. 

Ils ont tenté cela également dans des films pendant les années 70. Les résultats sont d'une tristesse abominable, et tout cela est dominé par une absence d'excitation bien visible chez les hommes ou les jeunes garçons sommés de participer au jeu. "Heureusement", du coup, puisque leurs partenaires s'ennuient plus qu'autre chose sans être trop pénétrées. 
Enfin, disons hélas "la plupart du temps", car d'autres bourreaux se font remplacer par des objets, mais bref, ce n'est pas le sujet. 

Le sujet c'est que j'espère avoir montré que dans bien des cas le sujet ne choisit pas le crime, et que ce à quoi il est contraint n'est un crime que vu du point de vue d'une certaine partie de la société. 
Alors on me dira que c'est bien là la définition du crime, et que si on attendait le coupable pour le définir, il y en aurait bien peu. Et c'est bien là où je vais reboucler sur la culpabilité réelle de la société. 

La plupart de ces gens sont des malades qui n'ont pas été diagnostiqués à temps, et pour lesquels une partie de la société, les hommes, ont une indulgence mal placée. Ce n'est pas lorsque la victime se plaint qu'il faut pardonner à l'agresseur, le mal est fait. C'est avant, quand l'agresseur s'engage dans la spirale du fantasme, qu'il faut lui donner les moyens de guérir. 

Lui donner les moyens de guérir, c'est lui donner les moyens de comprendre les sources, les racines et le développement de sa souffrance, et des faux remèdes qu'il y apporte. Cela s'appelle la psychanalyse, ce n'est pas bien compliqué, cela implique seulement qu'on arrête de laver son linge sale en famille. Cela implique d'admettre que le fait que l'humain soit devenu un être de culture pose des questions réellement nouvelles. 

En guise de bonus, ce que j'espère avoir, non pas montré, mais peut-être suggéré en effleurant le sujet ici ou là, c'est que dans sa souffrance de malheureuse victime, l'assassin est d'abord logique et raisonnable dans sa tentative pour diminuer sa souffrance, et ensuite, oui, j'ose, dans un monde d'amour. L'amour est ce qui ne se refuse pas. Si un mendiant, un mourant, votre enfant, vous demande de quoi survivre, vous ne pouvez pas ne pas le lui donner. 

L'amour est inconditionnel et vous presse,  vous contraint, et vous n'avez plus le choix. On voit ce qu'il a de commun avec les addictions à l'alcool, la drogue, et le crime de fantasme.C'est plus fort que vous et vous vous détesteriez de ne pas le faire, vous ne pouvez pas ne pas le faire. C'est une obligation morale, et une compulsion physique positive. 
Et ce que je veux dire c'est que le violeur vous fait entrer, hélas de force et à votre corps défendant, dans son monde d'amour. Parce que personne n'y entre jamais, et qu'on lui dit toujours non, à toutes ses demandes non, à tous ses projets, non, et qu'il en meure de ne pas aimer et de ne pas être aimé.

La pression de cet univers est si forte que les hommes et les femmes tombent amoureux au parloir, s'épousent à leur sortie de prison, mais encore que les jurés d'assise en font autant, pendant ces jours où ils siègent dans une ville de province. La force d'attractivité de la chaleur humaine est si forte qu'elle ouvre les vannes de la libido, elle autorise les transferts entre détenus, visiteurs, soignants, et que tout le monde doit se garder d'une empathie excessive.

Un monde où tu m'aurais aimée, toi la joggeuse que j'ai violée, au lieu de me mépriser, un monde où tu m'aurais aimé, toi l'auto-stoppeuse que j'ai étranglée, au lieu de tes insultes et de tes cris. Un monde où tu m'aurais aimée toi la petite fille qui ne sait que dire non, dire la terreur, toujours non, toujours le mépris, la haine, les insultes, les menaces. Alors que je ne commets d'autre crime que de vous aimer. Mais je le dis mal sans doute, pas en hongrois, pour ça il existe encore des dictionnaires, non, dans une langue dont personne ne veut. Je me tais, alors, je montre ma souffrance en écartant les pans de mon manteau. Et si j'ai la force, je vous force. 

Je sais à quel point je vous dégoûte, je sais que jamais on ne me dit oui, que mes propositions sont infâmes, dégoûtantes. Jusque dans les prisons, les autres détenus s'instituent juges, condamnent et exécutent la peine, eux qui demandent qu'on prenne tant de précautions pour eux-mêmes. Mais moi je suis le monstre absolu, comme le héros de M le maudit, le film de Fritz Lang, n'a pas droit à un procès, celui qui marque la limite de la justice. Là où elle s'arrête pour faire demi-tour et céder la place à la loi du talion. 

Ainsi l'homme fait demi-tour, en l'honneur du violeur d'enfant. Pour lui seul il renonce à la règle du procès équitable, et le tue sur place sans jugement. Il fait exactement la même chose parce que, comme les italiens qui admirent et jalousent en secret leur cavalier Sua Emittenza de faire des orgies avec des putes de 16 ans et le réélisent pour le lui montrer, ils le jalousent en secret. Ils le punissent pour l'or que le vrai guerrier a eu l'audace de voler, là où ils n'ont que le vin pour oublier qu'ils ont abdiqué de leur liberté de le prendre.

La vraie question c'est pourquoi il y en a autant, de ces violeurs solitaires, de ces branleurs des plages, de ces jeunes étrangleurs, de ces vieux qui en restent aux attouchements libidineux avec leur petite nièce, déjà suffisamment loin de l'inceste, de ces contrôleurs qui percent des trous dans les toilettes des trains, de ces étudiants qui mettent des caméras dans les vestiaires des filles, qui voudraient un monde où on entend les chants de la fée, et qui n'ont que les cris de la sainte ? 

Pourquoi dès qu'ils ont un pick-up et des mitraillettes, il font des razzias pour voler des lycéennes, pourquoi dès qu'ils ont un yacht et du champagne, ils s'en payent de nouvelles ? Parce qu'ils n'ont jamais validé le contrat social, jamais. Parce qu'ils font semblant de l'accepter, prennent le fric et les honneurs, et puis prennent quand même les petites filles, parce que c'est trop bon. 

On leur demande de signer un contrat dont on sait qu'ils ne le respecteront pas, parce qu'ils se sentent floués depuis que l'aube ne tient pas sa promesse. Mais les plus riche s'en sortiront en étouffant les affaires. Les pauvres iront en prison. Faut dire que les riches n'ont pas à étrangler les putes, ils les payent pour leur silence. C'est une guerre où les vainqueurs ont le yacht, les putes, le champagne et l'or, et les vaincus l'alcoolisme, la dépendance, l'hôpital et la prison.

Tout ça parce que lorsqu'ils sont encore enfants, à l'école, et qu'il y en a un qui tape sur l'autre, on ne corrige pas le violent, et on ne soigne pas le violé. Au contraire, on admire le vainqueur et on se moque de la victime. Être "une victime", au sens que ce mot a récemment pris dans les collèges et les lycées, est un crime en soi. 

Autrefois, comme dans tous les régimes nazis, on encense le vainqueur, on prie pour ne pas être attrapé, on ferme sa porte, on ferme les yeux, et on cherche des coupables à jeter en pâture aux loups et aux porcs du parti, qui ont pris le pouvoir. 

Dans la guerre qui enfle, les victimes s'organisent, et cherche des coupables, des boucs émissaires, des porcs à balancer aux loups. C'est pas encore mûr, M le maudit date de 1931, et fut inspiré par l'affaire Kürten, qui date de 1929.
"Né dans une famille pauvre de Cologne, troisième d'une fratrie de dix enfants, Kürten eut une enfance marquée par la délinquance et de fréquentes fugues du domicile familial. Il prétendit plus tard avoir commis son premier meurtre à l'âge de 9 ans : il aurait noyé deux jeunes chiots pendant une baignade.[...]
Pendant son interrogatoire, il avoue près de 80 crimes. Il reconnaît même avoir bu le sang d'au moins une de ses victimes. Mais, à son procès qui débute en avril 1931, l'accusation retient contre lui neuf meurtres et sept tentatives de meurtre. Il tente d'abord de plaider non coupable, mais change rapidement de tactique. Il est jugé coupable et condamné à mort. Il est guillotiné le  à Cologne. Sur l'échafaud il demande "Dites-moi, quand ma tête aura été coupée, pourrai-je toujours entendre, au moins un instant, le bruit de mon sang jaillissant de mon cou ? Ce serait le dernier des plaisirs."
(Wikipedia)

Traduction du début de la chanson de l'Opéra de Peer Gynt, sifflé par l'assassin dans M le Maudit :
" Tuez-le! Le fils du chrétien a tenté
la plus belle fille de notre roi!
Tuez-le! Tuez-le! "

Quant à Petiot, on ne peut pas dire non plus qu'on l'ait vraiment "pris en charge" :
"
Né le 17 janvier 1897 à Auxerre, il est le fils d'un fonctionnaire des postes ; son oncle, Gaston Petiot, est professeur de philosophie au collège d'Auxerre. Dès son enfance, il manifeste des signes de violence, allant jusqu'à étrangler un chat après lui avoir plongé les pattes dans l'eau bouillante ou tirant au revolver sur ceux-ci. Toutefois, il manifeste une grande intelligence, à 5 ans il lit comme un enfant de 10 ans, et une forte précocité, distribuant des images obscènes en cours dès l'âge de 8 ans. Internée à Saint-Anne pour une pathologie psychiatrique, sa mère meurt lorsqu'il a 12 ans, il sera par la suite renvoyé de plusieurs écoles pour indiscipline. À dix-sept ans, il est arrêté pour avoir fracturé des boîtes aux lettres, non pour voler les mandats mais pour y lire les lettres et cartes postales. Il n'est pas condamné, un psychiatre l'ayant déclaré inapte à être jugé, estimant qu'il a une personnalité que l'on qualifierait aujourd'hui de « bipolaire », inadaptée socialement et anormale.[...]

En 1936, il est arrêté pour vol à l'étalage à la librairie Gibert Joseph, dans le Quartier latin. Il affirme à ses juges qu'« un génie ne se préoccupe pas de basses choses matérielles ». Déclaré aliéné mental, il échappe à la prison mais est interné d'office à la Maison de santé d'Ivry pendant sept mois. La question de son état mental se pose alors : est-il fou ou a-t-il simulé la folie pour éviter la prison ? Un premier expert psychiatre le déclare « délirant et irresponsable » mais un second conclut à « un individu sans scrupules, dépourvu de tout sens moral ». Rendu à la liberté le 20 février 1937, il reprend tranquillement ses consultations. [...]
Jugé du 18 mars au 4 avril 1946 pour vingt-sept assassinats, il en revendique soixante-trois lors de son procès."


(Wikipedia)


mardi 10 décembre 2019

Et les cris de la fée (troisième verre) IV

Nous sommes donc, suite à cet article, en chemin pour montrer comment le criminel est un malade qui, accablé par la souffrance, va prendre des positions pour aménager sa souffrance, et que cet acte est logique et raisonnable, tout comme le vôtre lorsque vous changez de position sur votre canapé, pour soulager un membre ankylosé. 

Et que ce qui est logique et déraisonnable, c'est d'associer ce changement de position à un quelconque choix pour le mal vécu comme une option consciente (1)

Et nous en étions au poids de la dette. La dette, c'est un déséquilibre dans le contrat social. Un déséquilibre qui donne au sujet l'impression qu'il est perdant à l'échange, que c'est un contrat de dupes, et qu'il ne cesse de sacrifier ses pulsions sans aucun retour, et que la société ne lui donne rien en échange.

Ce poids va donner ôter à la pulsion de la libido le frein qu'il devrait être, et va ajouter son élan au mouvement de la pulsion au lieu de la freiner. Normalement, lorsque vous avez adhéré à la proposition identificatoire avec le symbolique, vous acceptez le marché que vous propose la société : En échange de votre obédience, de votre renoncement à discuter l'ordre établi, et à cautionner le consensus, vous aurez un poste de professeur à l'Université, ce qui vous donnera accès à des étudiantes, et la société fermera les yeux sur vos "frasques", en disant "Attention ma fille, c'est un coureur", mais celles qui voudront avoir de bonnes notes prendront le risque de se faire caresser les cuisses.

Mais en échange, vous ne violez pas les petites filles dans les bois. Les privilèges que vous avez obtenus vous semblent "couvrir" le sacrifice, et vous vous réfrénez en disant que vous y perdriez largement. Sur l'autre versant, pour un sujet qui a l'impression d'être floué en permanence par le contrat social, le fait de "se payer sur la bête" est un encouragement à passer à l'acte. Il ne fait que récupérer un peu de son dû, il rééquilibre, il calme la souffrance, il apaise le conflit, il aménage.

Mais à quelle pulsion le poids de la dette va-t-il ajouter son élan ? A la pulsion de la libido, toujours mise au service de la fonction de reproduction, mais que le corps ne comprend plus. Lorsque la psyché met la libido au service de la fonction de reproduction, on appelle sexualité ce qui se passe, mais le corps, lui ne connaît pas de "sexualité". Il est poussé compulsivement par un instinct. C'est en quelque sorte le premier verre, celui auquel tout le monde a droit, ou presque.



Du point de vue de l'identification au symbolique, les rites de passage tel que le mariage, fortement inséré dans le filet des autres mitsvoth, heirat, temps fort de la vie, plus beau jour de ma vie, celui qui n'arrive qu'une fois, l'indénouable, les noces, la lune de miel, bref, l'insémination socialisée, ces rites de passage avaient pour but de garrotter l'individu dans son rôle d'homme marié, de façon supportable mais sans qu'il puisse y échapper, le préparant à celui de "père", et comblant la femme d'honneurs et de cadeau pour lui faire avaler le " statut d'épouse " avec la semence.

Mais voilà, une fois le corps comblé, l'esprit a encore faim, et on est passé du besoin au désir, de la bête à l'homme, de l'être de nature à celui de culture. L'homme a envie de retrouver ce plaisir, et les règles, la Loi, la culture, sont des freins, des liens, qui retiennent plus ou moins le Gulliver qui commence à en avoir marre des Liliputiens. 

L'esprit veut jouir encore, au delà du corps. On entre alors dans le fantasme, c'est à dire une mise en scène de l'acte sexuel, dite "érotique", en ce qu'elle a le pouvoir de conduire à nouveau le courant de la libido pour atteindre un orgasme qui, de cérébral qu'il à l'origine, s'efforcera de devenir physique. En effet, le fantasme, comme remède de l'esprit à une extinction de l'attrait du devoir conjugal, partage avec les médicaments physiques le phénomène d'accoutumance : avec le temps, il faut augmenter les doses pour obtenir le même effet. 

Une autre similitude avec les molécules est la dépendance. Au bout d'un moment, c'est l'idée de la prise de produit qui est en charge de provoquer le plaisir, puisque le produit lui-même s'use. La dépendance psychique pousse à consommer à nouveau le fantasme pour provoquer "l'effet allumette" des visions de la petite fille du conte d'Andersen.

La boucle est bouclée et le cercle vicieux est en place : le sujet est contraint de recommencer la cérémonie de soumission à la prise de produit, ici le fantasme. Et l'accoutumance le conduit à imaginer des fantasmes de plus en plus efficaces, c'est à dire de plus en plus transgressifs par nature. Ici encore, le mouvement uniforme est comme rien, comme le dit la Physique. La transgression étant constitutive de la libération dans nos sociétés de contrainte religieuse, la prochaine étape du fantasme, le troisième verre, celui pour lequel on aurait encore le choix, va se situer dans une zone de plus en plus criminelle. 

Et à y bien regarder, tous les criminels sexuels ont, au moment où on les arrête, derrière eux une longue histoire de passage des frontières de transgression Depuis des années, des dizaines d'années, le sujet égratigne les lois de la bienséance, et les coups de canif au contrat sont de plus en plus profonds, jusqu'au scandale final.
Mais lors de ce dernier passage à l'acte, le sujet est ancré depuis longtemps dans la dépendance. Comme l'alcoolique de longue date, il est installé depuis longtemps dans une histoire de non-choix qui le mène, d'étape en étape, à des crimes de plus en plus violents, simplement pour s'épargner la violence de la souffrance du sevrage, pour retrouver l'espace d'un instant le paysage clair, le doux paysage de printemps de la vie normale, quand on avait encore des satisfactions.

Ou des satisfactions envisagées, ce qui est le principal. L'espoir fait vivre, et c'est l'espoir de gagner qui pousse le joueur de Loto à reprendre un billet, pour enfin vivre dans l'espoir d'un changement. Le violeur ne peut plus vivre sans billet, il faut qu'il achète à nouveau cet espoir, quel qu'en soit le prix, il lui faut cette vie qu'on lui doit, celle où il va renouer avec le scénario d'une libido qui débouche enfin dans le réel, comme un abcès qu'on vide. La consommation de l'acte sera une triste liturgie, comme le toxicomane qui constate, une n-ième fois de plus, de trop, que le produit n'apporte rien, que c'était l'espoir du plaisir qui l'a poussé à la cérémonie, et qui pendant quelques minutes, pense qu'il ne recommencera pas.

Dire que le criminel a le choix de ne pas le faire, c'est comme dire à un employé d'une mine de sel qui vient de gagner le gros lot qu'il a le choix retourner à la mine demain, qu'il a le choix de s'infliger à nouveau le supplice qui lui est insupportable depuis des années, autant lui demander le suicide. Comme si la petite fille aux allumettes avait le choix de renoncer à renouer avec une vie normale, à voir sa grand-mère, à retrouver les jours heureux de l'enfance, sans responsabilité ni culpabilité, sans souffrance. C'est impossible, il faut craquer l'allumette, faire réapparaître la vision d'un monde sans souffrance, faire taire cette souffrance pour quelques temps, le temps qu'on imagine ce qu'on fera avec les millions du gros lot, ce qu'on fera avec une fille avec qui on pourrait tout recommencer à zéro, qui ne pose pas de question, comme si on était une personne normale, avec une partenaire qui coopère.

Évidemment non, elle ne le fera pas, mais pendant quelques minutes, les premières, le conte de fée commencera, les lumières du monde s'éteindront dans la salle de cinéma et on pourra se tasser dans son fauteuil et tout oublier pour s'abandonner au film. La neurobiologie a établi maintenant que cela met en jeu de puissants mécanismes chimiques dans le cortex.
Je sais qu'ils disent pour se dédouaner, pour diminuer la portée de l'acte, que leurs victimes n'étaient pour deux que des jouets, pas des êtres humains. Mais c'est dire à la société ce qu'elle a envie d'entendre, et je pense qu'à l'inverse, ils espéraient vivre une réelle histoire d'amour, sans histoire, sans obstacle, sans ces soucis matériels qui rendent la vie de couple trop compliquée à construire, et d'ailleurs une chose jamais vue et qu'on n'a pas appris à faire.

Tout recommencer avec quelqu'un qui ne vous sert pas les habituelles répliques de l'emmerdeuse, de la chieuse de société qui vous rebat les oreilles de votre culpabilité, de ce que vous devriez faire, de ce que vous faites, pas du tout, pas bien ou peu, ou mal. Comme d'ailleurs dans leurs amitiés, ou le peu qui en tient lieu. Faire taire ces crétins et retrouver la puissance originelle de celui qui décide de l'ordre des choses. Un monde redevenu si simple, ordonné, calme, raisonnable, logique (2), où je suis le seul à parler dans un monde qui obéit.

Et dans le tas, il y en a qui aiment à obéir.

La suite.

(1) Le pire (pour ma démonstration) c'est que cela peut arriver.

(2) Je vais y revenir

lundi 9 décembre 2019

La terre où elle gît (le deuxième verre) III

La terre où elle gît, la petite fille dont le corps a été abandonné là, c'est le territoire de l'échec, de notre échec à tous, et c'est pour ça qu'on le retrouve pour les reconstitutions, la liturgie du sacré de cet échec.

Ce que je vais tenter de montrer ici, c'est que lorsque vous vous installez dans la chaise haute du magistrat, vous êtes l'avatar d'une illégitimité. Ce que je veux dire par là, c'est que vous êtes un fantôme qui irait là où la vraie personne ne peut aller, mais ce qui est plus important, c'est que cet acte d'aveuglement est dû à l'ignorance, et je vais maintenant filer la métaphore de l'alcoolique qui me servira de support.

C'est une façon de répondre à votre (supposée) deuxième question :"Comment passer de l'image de la dépendance alcoolique, dont j'ai compris la dimension de non-choix, excluant la responsabilité individuelle, à d'autres crimes ?"

Il vous est aussi peu loisible d'accéder à la connaissance de l'acte, que l'assassin a eu la possibilité d'accéder au lieu de ne pas le faire. Ce qui vous prive de la possibilité de juger, puisque ce manque de connaissance ne vous permet pas d'évaluer la part de "responsabilité individuelle" qui a été mise en œuvre dans l'acte.
En d'autres termes, si vous êtes libre et innocent, vous devriez dire en voyant un crime sexuel : "Je suis témoin mais je ne peux pas juger car je suis étranger à ce pays où cela s'est déroulé". Si vous êtes coupable, et incarcéré, alors vous direz : "Je suis de ce pays, et je comprends ce qui s'est passé, mais je ne peux pas juger car ce n'est pas un crime de mon point de vue. Ce que je vois, c'est une personne qui a commis la folie du toujours plus, qui a cédé à cette idée fantasmatique que la solution est dans le vomi du n-ième verre. Or vous me demandez de juger un crime". 

Je dis que cette personne ne soit pas être punie, elle doit être soignée. Soignée d'elle-même, débarrassée et guérie de ce malheureux qui la torture, quand bien même ce malheureux avouerait ce que vous voulez, pour que vous lui foutiez un peu la paix. Et enfermer quelqu'un, ce n'est pas lui "foutre la paix". Lui foutre la paix, ce serait commencer par payer la dette que la société lui doit, en lui permettant de se soigner dans des conditions de vie dignes.


Reprenons la chronologie des événements.


Elle démarre très tôt, dans l'enfance de la personne, quand, déjà, on retrouve cette caractéristique : il n'y pas de responsabilité individuelle puisqu'il n'y a pas encore d'individu. Vous ne vous souvenez pas, et pour cause de ce temps où vous n'étiez pas une personne. Pour cause puisqu'il n'y avait pas de personne pour s'en souvenir.



Et pourtant, vous étiez une enfant qui courait, qui jouait et qui apprenait des leçons. De l'extérieur vous étiez une enfant comme les autres, mais à l'intérieur, rien encore.

Et il y a eu la promesse de l'aube, selon l'expression de Romain Gary : La vie à son commencement vous fait, avec l'amour maternel, une promesse qu'elle ne tiendra pas. Ainsi nous le verrons beaucoup plus tard, l'amour, c'est ce que tu ne peux pas me donner.

Il y a donc une frustration d'amour, une promesse non tenue. Le sujet a l'impression que le monde lui doit quelque chose qu'il devait lui donner. Le monde extérieur a une dette envers lui, qu'il ne cesse de repousser. Et c'est précisément le moment que le monde extérieur va choisir pour faire au sujet la proposition symbolique.
Là il faut revenir à Freud qui dit très expressément que le sujet abdique d'une partie de ses revendications sur le monde, à condition que la société lui fournisse des compensations. A ce prix, il acceptera les sacrifices de sa puissance que la vie en groupe exige de lui. Je ne te tuerai pas pour prendre ta nourriture, je ne violerai pas ta femme, bien que je puisse le faire.

Je renonce à le faire, mais en échange il faut me donner quelque chose. Cette chose peut être du pouvoir, de la gloire, de la renommée, de la distinction, des médailles, bref, ce qui vous attire du bien et l'admiration des femmes, donc vous "récupérez votre mise". Ce n'est pas précisément ta nourriture et ta femme que j'aurai, mais peu importe, j'en aurai d'autres.

L'humain reste encore largement de nos jours une monnaie d'échange. Mais les machines remplaçant l'homme, c'est la femme qui subsiste comme principal objet de la substitution sexuelle à la monnaie.

En effet, tout cela est une question de libido. La libido est le nom de l'élan, de l'énergie qui vous pousse à vous investir en vue de satisfaire vos besoins (1). Lorsque la libido se met au service d'une fonction, par exemple la fonction de reproduction, alors cet élan est investi dans des manœuvres permettant de satisfaire la fonction de reproduction, et on l'appelle un désir. En gros la libido recouvre tout ce que nous appelons "amour", et elle est en effet principalement au service de la fonction de reproduction.
Même lorsque vos enfants sont grands, vous espérez toujours rester en vie pour les protéger, ou bien en avoir de nouveaux, on peut donc dire que la libido est depuis l'enfance au service de la fonction de reproduction.

Au cours de la vie adulte, des élans de désir vous pousseront à effectuer diverses manœuvres vous permettant de satisfaire les besoins physiques de confort de votre corps, ainsi que choisir le plus possible de partenaires sexuels selon vos inclinations. Vous faites la guerre pour avoir de l'or, et avec cet or vous achetez du vin et des femmes, et un lieu pour les entreposer, ce qui les rend plus désirables et prolonge l'effet de gratification de vos efforts.

Voilà posé le cadre de la demande. Il est évident que pour un grand bourgeois, à qui la vie va donner un beau métier, beaucoup d'argent, une femme et des enfants dans une grande maison, et des garçonnières pour caser ses maîtresses, le renoncement a payé. La vie lui a rendu son sacrifice au centuple, et il y a fort à parier qu'il est plutôt satisfait de l'organisation de la société.

Que ce bourgeois ait fait une grande école, de brillantes études, que sa famille ait appartements et maisons de vacances où passer d'agréables moments ponctués de repas bien servis et de loisirs grassement payés, ou bien qu'il soit fils d'industriel, de serviteur de l’État, bref, quel que soit le secteur de l'élite où il évolue, du moment qu'il habite dans les beaux quartiers, a de belles voitures et des domestiques, il y a fort à parier que cet homme ne commettra jamais de crime.

On ne retrouvera jamais derrière les barreaux celui qui content de son sort, pense avoir été comblé par l'existence, et jouit paisiblement de sa résidence secondaire, dont il paye toutes les factures et taxes pour le plaisir d'y retrouver ses enfants l'été.  Mais examinons maintenant le cadre de la demande dans l'autre cas.

L'histoire commence mal pour celui qui souffre de la promesse de l'aube, la non-tenue. Dès le début de sa vie, il a contre le monde extérieur du ressentiment : ça ne se passe pas comme prévu, quelque chose ne tourne pas rond. Moi le sujet, je devrais être au centre d'un univers peuplé de serviteurs qui n'ont d'autre hâte que de satisfaire à mes désirs, de les devancer même, tant ils me connaissent.


On me dira qu'il resterait alors à examiner le cas de l'orphelin. Celui qui n'a pas eu l'amour maternel n'a pas eu de déception, puisqu'il n'attendait rien de la vie. Mais dans ce cas, le sentiment de dette inversée peut prendre le dessus. La société lui "doit une mère". Mais peu importe à ce stade de la réflexion, ce n'est pas vraiment le sujet. Ce que je veux tenter de faire comprendre ici que les attitudes ne se répartissent pas entre ceux qui choisissent le bien et ceux qui choisissent le mal, mais entre ceux qui ont le choix de le faire et ceux qui n'ont pas le choix.

Je pense que ceux qui peuvent choisir le bien le feront. Je sais, cela relève de la profession de foi et non de la démonstration. Mais laissez-moi finir. Ce que je veux dire, c'est que sur les bipartitions :boire le deuxième verre ou pas, amener cette gamine dans sa voiture ou pas, venir à l'obligation de soin ou pas, vous superposez un calque bien/pas bien. Et que si la personne le voyait ainsi, il ne le ferait pas. Mais il ne le voit pas ainsi, et si il ne choisit pas tel côté, ce n'est pas qu'il choisit le mal, ou évite le bien.

On va prendre un petit exemple tout bête. Vous êtes en week-end chez vos beaux-parents dans leur propriété en Normandie. Le dimanche matin, plus de pain. Votre belle-mère suggère d'aller au village, et vous refusez, prétextant que ces petits trajets avec des voitures diesel froides sont un crime contre l'environnement.
Pour les enfants qui s'en foutent du pain, vous avez choisi le bien, pour votre belle-mère, vous avez choisi le mal. Mais ces deux camps ont en commun de superposer à votre choix une grille blanc-noir, bien/mal.

Or ce n'est pas le cas, ils se trompent tous les deux. Vous avez refusé parce que vous savez que votre belle-mère aurait profité du trajet pour remettre sur la table le sujet de ce poste qu'on propose à votre mari, que vous devriez le pousser à accepter etc. Et que vous n'avez pas envie de lui dire que vous n'accepterez jamais de venir habiter à 5 km de chez elle.

Vous avez donc pris une décision qui n'a rien à voir avec un choix moral, mais simplement logique et raisonnable. Il faut bien se mettre dans la tête que ce que fait le criminel, il n'a d'autre choix que de le faire, et s'il n'a d'autre choix, c'est parce que cela lui permet d'aménager sa position de souffrance.

Comme l'alcoolique avec son second verre, et comme vous dans votre canapé : Vous vous êtes assis dans votre canapé, mais au bout de cinq minutes, la position s'avère ankylosante. Au bout de 7 elle est douloureuse, au bout de neuf insupportable, et vous obéirez avant la dixième minute à votre souffrance, pour trouver une position moins douloureuse.

C'est cela, l'horizon de l'alcoolique et de l'assassin, le retour en arrière n'est pas possible. Il lui est aussi peu loisible de regagner la zone froide de la souffrance qu'à vous de rester dans la position douloureuse. Il faut qu'il avance vers là-bas, vers le prochain épisode du fantasme et du crime.

C'est le fantasme qui fait le lien entre l'alcool et le sexe. De la même manière qu'un toxicomane dépend de son produit parce qu'il charge son produit de lui apporter le bonheur, de même, un criminel sexuel charge le fantasme de lui apporter la jouissance dont le manque s'est répandu à toute sa vie. Le toxico cherche le répit, la paix qui s'installe quand cesse la douleur de sevrage, et de même le criminel sexuel cherche cette paix quand l'allumette de la préparation illumine la scène fantasmatique, quand il pense encore qu'elle va lui demander de faire l'amour et qu'il va pouvoir à nouveau (2).

Car en la matière, comme avec les drogues physiques, le fantasme provoque une accoutumance. La vie n'est pas un statu quo, les jours passent. Vous pouvez vous masturber en pensant à la voisine, un jour ça ne suffira plus, la position deviendra douloureuse, puis insupportable, car le poids de la dette va entrer dans la balance un jour il faudra bouger vers la prochaine position pour que ce soit moins douloureux il faudra la toucher.




Tiens, le revoilà, le poids de la dette. C'est lui qui est à l’œuvre, qui donne l'énergie pour garder le mécanisme en route.

La suite.

(1) Je ne suis pas assez calée pour dire si Freud limitait cela aux besoins du corps et si je trahis l'emploi du mot. Mais toujours est-il que  je me l'approprie pour désigner tout ce qui sous-tend l'action. Pour ce qui est de la nature, cela va de la faim au désir le plus frivole, et pour les cibles, de la nourriture à la sécurité en passant par le sexe et la chaleur. Mais j'y adjoins les projets, y compris l'identification et l'adhésion au symbolique.

La libido pour moi c'est ce qui pousse le militaire à avoir des galons, l'académicien ses palmes, une plus belle voiture, la légion d'honneur, une augmentation, ce pour avoir une voiture, ce pour attirer la femelle, etc.
Même l'envie de monter un train électrique pour occuper sa retraite. Même d'aider les pauvres, c'est l'ego qui vous brosse un portrait flatteur etc.

Pourquoi si large ? Parce que lorsque la libido manque, tout s'effondre. Ce n'est pas seulement le désir sexuel qui disparaît, c'est tout le reste aussi. On n'a plus envie de rien, on n'est plus motivé par rien. La clinophilie nous guette, on se couche et on se lève pour mendier. Le reste, on le vit à l'intérieur. Ce qui a disparu, c'est le carburant, la poussée, l'envie, la motivation, et par là la force et l'énergie disponible. La libido, pour moi, c'est cette énergie sans quoi rien n'est possible.

(2) Je n'ai aucune info là-dessus mais je serais prête à parier que tous les mecs qui violent des gamines, et Dieu sait s'il y en a, il en sort tous les jours en ce moment, ont du mal à baiser leur femme, une fois de retour du stage de patin à glace. Ils ont poussé le curseur plus loin, ils ont pris de la drogue dure, l'ordinaire n'a plus de saveur, l'accouplement banal leur paraît un truc bon pour les chiens.

samedi 7 décembre 2019

De l'autre côté de la ligne (le deuxième verre) II

Suite donc à cet article http://nahatzel.blogspot.com/2019/12/de-lautre-cote-de-la-ligne-le-deuxieme.html , nous allons nous intéresser à la question de la responsabilité individuelle dans le crime, celle qui est requise afin d'être punie. 

Elle suppose, elle sous-tend, elle appelle de ses vœux, que le coupable ait un choix. Il avait le choix de ne pas faire le mal, et il a fait le choix de le faire, donc il est bien coupable, et donc il faut assouvir notre besoin de le faire payer, et de lui faire à notre tour ce que nous pensons qu'il a fait. La Justice ne fait qu'accomplir une soif de vengeance, nous l'allons montrer tout à l'heure.

Je vais tenter de montrer que si nous avons le choix de punir, il n'en est rien pour le criminel, et donc, à travers un petit exemple, puis un plus long développement, que nous sommes plus coupables que lui, puisque les seuls à commettre vraiment le mal en conscience, comme tous les gens qui prennent l'avion alors qu'ils savent que c'est un crime qu'on ne peut décemment plus commettre.

Le petit exemple c'est celui du deuxième verre de l'alcoolique. Prenons au départ une personne qui n'est absolument pas alcoolique. Elle a le choix entre boire un verre d'alcool, ou pas. Elle exerce ce choix.

Alors vous allez me dire deux choses : la première, c'est : "Que signifie alors la ligne qui va de un verre à deux verres, puis à trois, si elle n'est celle dessinée par des choix successifs ?". La seconde chose relève de la thérapie possible lorsqu'on étend l'exemple depuis l'alcoolisme vers d'autres crimes.

Nous allons maintenant en venir à la première.

"Qu'est-ce qu'est cette ligne que l'alcoolique franchit en buvant le deuxième verre, celui pour lequel vous nous dites qu'il n'a pas le choix alors que nous la voyons comme telle ?" me direz-vous. 

Je répondrai par une image, car cela me semble bien illustrer la situation telle que vous la représentez.

La personne avance sur un chemin : 

 

Elle a bu un premier verre d'alcool. 


Elle fait maintenant face à un choix matérialisé par la ligne : soit elle fait le choix de ne pas boire son deuxième verre,

 

Elle fait alors demi-tour, et c'est vert : c'est considéré comme la bonne attitude


Soit elle fait le choix de passer outre l'interdiction, elle fait le choix de boire son second verre, elle passe à l'acte et vous la condamnez parce qu'elle a fait le mauvais  choix.

Je pense que ce schéma représente de façon honnête votre raisonnement.

Ce qui me semble pécher dans cette représentation, c'est une chose qu'on pourrait matérialiser en disant que votre erreur vient du fait que vous voyez le paysage comme homogène des deux côtés de la ligne.

Lorsque je dis "votre erreur", je veux dire que vous vous faites une représentation de l'intériorité de la personne qui est inexacte, c'est à dire qui ne correspond pas à ce que la personne dépendante vit intérieurement. 

Vous pensez que, intérieurement, le paysage est homogène pour la personne en avant et en arrière de la ligne, et c'est normal, vous pensez ainsi parce qu'il l'est pour vous. En d'autres termes, vous projetez sur une personne dépendante les choix dont dispose encore une personne qui n'est pas malade. Mais c'est exactement comme si vous pensiez qu'une personne en fauteuil a le choix de sauter la ligne.

Le paysage est homogène pour vous des deux côtés de la ligne, en avant et en arrière, cela signifie qu'en avant comme en arrière, la situation est la même : vous avez encore le choix. On pourrait matérialiser ceci ainsi :

 

Vous vous déplacez dans un espace homogène avant et après la ligne, et, à la place de la ligne vert clair, vous auriez pu faire la courbe vert foncé : après le second verre, vous avez encore le choix.
Voici ce que je vous propose comme représentation de l'intériorité de l'alcoolique :


C'est un alcoolique "bénin". Il n'a pas le choix de boire le premier verre, il en a trop besoin. Mais il a encore le choix de ne pas boire le second. Je vais donc représenter la ligne de choix bordée de deux zones différentes. En amont, la zone froide de l'hiver est compulsive : il faut boire le premier verre pour pouvoir passer dans la belle zone chaude et confortable de l'été que constitue la période d'après le premier verre. Donc on n'a pas le choix, il faut quitter l'hiver pour l'été, c'est trop inconfortable. 

Et donc, il a encore le pouvoir de faire demi-tour après le second verre. 


Quelques mois, ou années plus tard selon le cas, le piège de la dépendance s'est refermé : la personne n'a plus le choix pour le premier verre, mais plus pour le second non plus, ni pour le troisième. 

 

Et au troisième, la volonté est suffisamment annihilée par l'alcool pour que la question ne se pose plus jamais. Il n'y a plus de choix. 


Après le troisième verre, la personne est vaincue, l'ennemi a gagné une fois de plus, et demain sera pareil. La seule solution pour ne pas trop souffrir est de boire beaucoup à nouveau, et la zone de choix s'est enfuie loin dans le paysage, là où on n'ira jamais que muni des n verres précédents, c'est à dire infiniment vulnérable au n+1ème...

"Impossible" n'est pas le nom d'un choix récusé, c'est le nom d'un endroit où il est n'est plus possible de se tenir, celui où l'on choisit. Et c'est de cet endroit que vous jugez le criminel, que vous le jugez responsable de ne pas prendre la bonne voie. C'est comme si vous reprochiez à une personne en fauteuil de ne pas faire le choix de prendre un couloir qui part du premier étage. Son problème n'est pas de faire le mauvais choix, c'est de ne pas avoir accès à ce choix.

Mais grâce à mon plaidoyer, maintenant je l'espère, votre empathie pour cette personne s'est mise en route. Vous admettez qu'elle ne peut faire autrement que de boire ce verre, et vous admettez qu'elle ne pourra vraisemblablement y arriver seule. Il lui faudra une aide chimique pour le sevrage, et une aide humaine pour l'accompagner sur ce chemin.

Et maintenant que cette empathie s'est mise en route, nous pouvons poursuivre le chemin dans le crime. Mais vous comprenez que boire n'est plus depuis longtemps un acte dont la culpabilité peut être relié à une quelconque responsabilité, mais au contraire un acte dont la compulsivité est relié à une vulnérabilité.

C'est un acte qui tente de réparer une impossible blessure, acte de réparation dont l'échec approfondit la blessure, comme une personne qui tenterait de cicatriser une plaie en y passant un papier abrasif. Jour après jour, la plaie s'enflamme et sa soif augmente. Elle veut de plus en plus d'eau et on lui passe de plus en plus de papier de verre.

Un jour elle devient béante, un braiser si intense, elle veut qu'on la noie dans la paix réparatrice, et pour étancher cette soif, pour éteindre cet incendie, le malade devra prendre le risque de se tuer en buvant jusqu'au coma.

Il n'a plus d'autre choix



mercredi 4 décembre 2019

De l'autre côté de la ligne (le deuxième verre) I

Voici un article qui prolonge une conversation avec Mme. Camille P., où je n'ai pas eu le temps de développer. Le sujet était la responsabilité individuelle dans la culpabilité (ce qu'on aurait appelé au XVIIème la question de la Grâce, en quelque sorte, ou du moins un de ses descendants).

En d'autres termes, lorsque quelqu'un est reconnu coupable d'un crime, dans quelle mesure peut-on lui opposer un "Tu aurais pu ne pas le faire", qui est une autre facette d'un : " Tu as choisi de le faire". La "conscience dans le mal" est le nom donné semble-t-il à ce problème, mais je me refuse à l'employer à cause de la proximité baudelairienne. 

Il semble donc que tout un pan de la population soit d'accord, et la Justice avec, pour penser que si un assassin a tué, c'est parce qu'il a choisi de le faire, et qu'un autre aurait choisi à sa place de ne pas le faire. D'où l'acharnement de la Justice, suivant en cela la société, pour obtenir des violeurs des aveux de culpabilité "bien sentis" : il faut qu'il avoue qu'il a mal fait, mais pas pour faire semblant. Il faut qu'il en soit persuadé, qu'il le sache, qu'il en soit convaincu, qu'il le pense.

"C'est pas bien ce que j'ai fait, c'est pas bien, c'est vilain c'est mal, je  suis un vilain, je dois être puni, c'est normal qu'on me punisse" doit se répéter jour et nuit le prévenu pendant tout le temps qu'il purge sa peine. 

Cette dernière phrase dit assez ce que je pense du procédé, de la procédure, et des pensées qui sous-tendent le fait qu'on envoie le pauvre type en prison, jusqu'à ce qu'il intériorise la punition et demande qu'on l'enferme pour ne pas recommencer. 
Ce que cette dernière phrase ne dit pas, c'est que ce pauvre type a fait moins de " mal " que vous lorsque vous vous resservez votre deuxième verre de vin, et je vais m'expliquer. Le mal, il ne l'a pas fait, il l'a subi. C'est de la souffrance qu'il a convertie en violence, contre lui et les autres.
Et vous le jugez, le condamnez, et le saisissez encore par la violence, du haut de votre chaise confortable. Quelle audace... quelle audace, dis-je car je crois au Jugement Dernier, et ce jour-là, ce que vous avez fait vous paraîtra bien audacieux. Il en faudra, du bien à mettre en face...

Hélas oui, ce sont toujours les mêmes pensées, que dénonçait déjà Foucault, ça n'a pas servi à grand chose, le pauvre. On bat toujours les fous, mon pauvre Michel, on bat toujours les fous. 

Il a eu le courage de pondre de gros pavés, et je n'aurai jamais ce courage, mais par solidarité avec mes frères malades qu'on enferme au lieu de les soigner, je vais me fatiguer à écrire. Pour en finir avec ma position, je vais la dire une bonne fois pour toutes, et je n'y reviendrai plus.

Je pense que la société doit à l'enfant de l'épanouir, par tous les moyens, et notamment en repérant très tôt les souffrances qui créeront chez l'enfant des conflits qui donneront la violence interne qui générera un comportement antisocial. Elle ne le fait pas et c'est une dette qu'elle ignore superbement. Qu'on me dise à qui ce devoir incombe, si ce n'est à la société.

Je pense que la société échoue dans cette mission, et dans une très large mesure, par aveuglement et par bêtise, parce qu'elle y gagnerait à le faire. Elle économise un sou pour perdre mille euros. Je pense que la société envoie en prison les malades qu'elle a créés, alors qu'elle a envers eux la dette d'avoir échoué.

Pour tout remerciement, c'est eux qu'elle enferme et maltraite. C'est le même problème que la drogue. Dans sa faillite à donner le bonheur aux gens, elle met les dealers en prison, au lieu de se reprocher de rendre ses citoyens malheureux.

Dans son incapacité à prendre les enfants correctement en charge, elle met un point d'honneur à finir cet échec par une honte, elle les maltraite et les met en prison.

Cette honte sera regardée exactement comme nous regardons les gens qui, au moyen-âge, mettaient les fous contre un mur pour les arroser d'eau glacée, et leur donner le fouet. Vous êtes complices de cette honte.

Mais je vais tenter de vous apporter un peu de lumière sur tout ce que vous ratez.



Prosélytophobie

 D'abord, une putasserie qui m'a terrassée, et que j'ai trouvée dans ce blog. Je ne sors pas souvent dans le monde, et grand fut mon choc en constatant que la Mairie de Paris n'hésite plus à accrocher en guise de banderoles de Noël, des calicots publicitaires aux arbres des avenues. 

 
La putasserie a tellement tout envahi qu'on ne la voit plus là où elle est. Ils ne la voient plus. Une marque de merdes industrielles en chocolat peut défigurer à loisir un lieu public de son logo, et ce avec la bénédiction des autorités. C'est proprement sidérant...
Ils ont eu quoi en échange ? Les banderoles gratuites, une boîte de chocolat et un doigt ? Crétins...
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On connaît aujourd'hui le conjoint violent, il est très à la mode. Presque aussi fashionable, le père violent, qui frappe ses enfants. Assez bankable aussi, le terroriste violent, djihadiste radicalisé, qui agresse les gens au couteau, pauvre type n'ayant trouvé que l'islam comme chapelle à sa folie.

La violence est le nom d'une limite qui vous est transmise par vos gènes et votre éducation. Cette limite est à peu près aussi indéplaçable que celle où s'arrête votre cuir chevelu. Le phénotype en fut déterminé une fois pour toutes pendant votre enfance conformément aux écritures du génotype, vous êtes né avec, cela vous est consubstantiel, et vous aurez un mal fou à la faire bouger.

La violence est le nom de la limite qui sépare  l'exercice de la force de celui de la raison, c'est à dire qui délimite le territoire de l'usage déraisonnable de la force, pour le dire sous forme de pléonasme.

Le territoire de la raison est celui où vous vous comportez en bon citoyen, où vous respectez lois et règlements, et où les choses que vous souhaitez avoir sont demandées poliment et en argumentant votre demande.
Le territoire de la force est celui où vous frappez aveuglément l'ennemi jusqu'à ce qu'il meure, ou qu'il devienne inoffensif. Il n'y a plus ni autorisation ni justification autre que la survie; faire cesser la menace à la survie devient le seul objectif restant. 

La violence ne connaît pas la notion de réponse proportionnée : on peut répondre très violemment à une toute petite offense.  La violence n'est pas sur un mode linéaire, mais en mode trigger. Deux fois plus de provocation n'attireront pas deux fois plus de violence, c'est une fois ce seuil dépassé que la violence arrivera sans considération de l'offense.

Une fois ce seuil dépassé, le cerveau laisse libre cours à ses parties archaïques, et la raison est priée de s'écarter au passage des éléphants de combat. La personne violente va même commettre des actes contre ses propres intérêts, qu'elle ne commettrait pas à froid. La raison n'a plus cours.

Mais quelle raison ? - Mais la raison voyons.

Alors le citoyen qui est frappé par la police, on ne lui demande pas poliment de rentrer chez lui, gentiment, en argumentant. Le discours feutré des chambres, basse et haute, gouverné par la raison, cède la place au dialogue direct avec le citoyen, à la démocratie participative à coups de matraque. 

Dans nos contrées, un peu plus évoluées, on admet désormais que le citoyen ne saurait plus se contenter de sa représentation pourrie comme le poisson, et on le laisse donc organiser assemblées et colloques plus ou moins libres d'où il sort des "idées", des "propositions". 

Le citoyen débat le samedi, il est calmé, il pense participer, que ça va changer, on peut continuer le business. Comment peut-on qualifier la différence entre le niveau de corruption à Haïti et celui de la France ? Quantitativement, qualitativement.

N'empêche. Moi je retiens mon souffle. Vont-ils se contenter de leurs 100 balles et retourner au boulot ? On est avant Varennes...

A propos de changement de société, il faut écouter cette émission, https://www.franceculture.fr/emissions/lsd-la-serie-documentaire/les-champignons-sortent-du-bois-34-champignon-ouvre-moi-les-portes-de-linvisible 
mais surtout à partir de 47:00, le reste est connu pour ceux qui ont un peu approché ce monde.

Comment les drogues ont été pressément retirées du marché, messire. On a failli les laisser aux mains des vilains, qui en aurait fait mésusage.

Quant à la violence faite aux fous, je vais y revenir dans l'article intitulé, De l'autre côté de la ligne (le deuxième verre).

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Cf. ce qui se passe au Chili avec la viande, non je rigole avec l'augmentation des tarifs des transports qui fait descendre tout le monde dans la rue à l'arrêt suivant : On a atteint une sorte de point limite où toute ombre de projet d'atteinte au porte-monnaie déclenche l'ire de la foule.

D'ailleurs, quand on voit le Chili, La Bolivie, le Burkina Faso, Haïti, l'Iran, l'Algérie, Hong-Kong, et j'en oublie, on se dit que les gens en ont marre. Mais de quoi ? Eh bien qu'on ne leur offre pas le niveau de confort qu'ils ne veulent pas payer.

Les gouvernements reculent après quelques poubelles brûlées, il en résulte une asphyxie progressive des ressources dans les budgets publics, donc un assèchement des finances publiques (dépenser, pour un gouvernement, devient le comble de la honte), donc une dégradation des services que ces finances soutiennent et alimentent, d'où un ras-le -bol de la populace, qui redescend dans la rue pour protester contre la mauvaise qualité du service public, tant du point de vue agent que utilisateur. La foule descend protester contre un meurtre dont elle est coupable.

En embuscade, les capitalistes et néo-libéraux de tout poil l'attendent au coin du bois pour lui vendre l'idée qu'on peut faire tourner un hôpital sans payer le personnel, sans payer les fournisseurs ni l'énergie, il suffit de "mettre en concurrence", et on fera tellement baisser les prix que tout deviendra gratuit.

La foule gobe le discours capitaliste qui veut qu'on puisse faire devenir un service public rentable en le privatisant, et on la pousse vers là, afin qu'elle y aille. Bien sûr, seuls les actionnaires encaissent et le public trinque, malgré qu'il y passe toute sa paye. Mais c'est pas grave, ça continue. Cela fait un siècle qu'on baise la foule avec ce schéma, mais elle aime ça, elle en redemande, alors on va lui en servir une grosse louche.




Sinon, ce qui me gêne un peu avec ce genre d'article, https://www.anemf.org/blog/2018/05/17/les-lgbtphobies-en-france/ c'est le sentiment d'injonction à aimer, que je ressens tout au long de la lecture. Je les prends eux comme exemple mais c'est parce qu'ils me sont tombés sous la main, il y en a des milliards comme ça, de toute façon, ils cancanent tous la même chose.

Tout le monde s'accorderait à dire qu'on ne peut pas forcer quelqu'un à vous aimer, et que c'est le meilleur moyen de s'en faire détester. En revanche, pas mal de gens s'accordent maintenant sur l'idée qu'il faut vous forcer à aimer leurs idées, et qu'il faut passer une loi pour vous faire taire au moins, si ce n'était pas le cas. 

Que l'on accorde aux personnes les mêmes droits sans regard à leur sexualité, ok. Que l'on mette dans le même panier de nécessité le fait que d'autres expriment leur gêne vis à vis du droit à tout, pas d'accord.

On me dira : "Vous avez le droit de le penser, mais l'obligation de vous taire". Ok alors là on tombe dans une autre chose, et justement, c'est de cette chose que je sens le désagréable parfum de loin : l'injonction à dire que telle chose est bien, avec réprobation et punition si on ne se plie pas à l'injonction.

Avec une caméra qui détecte les comportements délinquants, on arrive, en une génération, à des jeunes qui pensent comme il faut, mais coincés dans l'obligation qu'on fait à la société d'avaler toute attitude, de la considérer avec bienveillance, sous prétexte que soi-même on a décidé de l'adopter.

Moi j'estime aussi qu'il relève de ma liberté d'avoir le droit de décider de ce que je trouve bien, et je ne vois pas pourquoi on me forcerait sans cesse à trouver ça bien. 

Je ne suis pas emballée par la tarte au citron, c'est pas pour ça que je suis citrophobe et que doive suivre un programme en camp de rééducation, et je n'ai pas envie qu'on me fasse non plus une campagne de propagande contre ceux qui n'aiment pas le citron. Je n'aime pas respirer derrière une voiture, je ne suis pas autophobe, j'aime pas me faire enfumer, c'est tout, et je n'ai pas envie que des lois m'empêchent de le dire.

J'aime pas Magritte, j'aime pas Dubuffet, je ne suis pas peintrophobe, je ne suis pas obligé de trouver génial tout ce qu'on me dit de trouver génial, c'est tout. J'aime pas que la pluie me coule dans le cou je ne suis pas météorophobe, j'aime pas la pluie parfois, c'est tout.je n'ai pas besoin qu'on passe une loi pour m'empêcher de dire que je n'aime pas l'eau froide dans le cou.

Et si c'est pour dire que je n'aime pas les gens qui baisent dans le bus, c'est pareil.

Ces imbéciles sont vraiment pénibles. Crétinogroupophobe, ça oui, je suis. Et on va y revenir, parce qu'on fait, le nœud du problème est là.

Exemple de l'injonction à penser :

Pourquoi le journaliste a-t-il écrit "enfin" légalisés (1), et pas Okami va "enfin" avoir droit à une suite, ou l’État islamique utilise "enfin " Tiktok pour faire sa propagande ? La pression est tellement forte que le journaliste ne peut s'empêcher de qualifier positivement cet événement.
Enfin l'humanité voir une nouvelle aube de prospérité se lever... grâce au mariage homo qui freinait cette grande avancée, enfin le bond en avant va avoir lieu, s'enculer légalement avec réversion des aides au logement, quel aboutissement pour notre civilisation. Voilà comment à longueur de temps, l'injonction à bien penser est distillée par les crétins pour les crétins, et ça me dégoûte, voilà.

Encore une fois, que les gens s'embroquent jusqu'à la garde par tous les trous, grand bien leur fasse, mais qu'on ne vienne pas me demander de me prosterner devant pour faire semblant d'y voir un progrès de la civilisation. On s'encule comme les singes, point barre. Après, qu'on y mette les formes, qu'on fête ça au champagne avec un nœud papillon rose, c'est bon, y'a pas de quoi crier "enfin" !

Quant à l'avortement, ce n'est que le volet "darwiniste" de l'eugénisme. On clone des gosses de tube à essai dont le génome va être sponsorisé par Airbnzboub, pendant qu'on tue les enfants naturels qui ne nous conviennent pas.

Finalement, le plus curieux là-dedans, c'est qu'on demande aux gens d'encaisser de la part des autres les comportements les plus inusités, tout en leur intimant d'être comme les autres, et c'est là que je reviens à mon dada : ce qu'on leur demande en fait, c'est d'appartenir à un groupe, le groupe de ceux qui font comme les autres, quelle que soit la forme que cela prendra.

Et on le voit très bien dans les corporations qui se portent partie civile : l'association de ceux qui aiment élargir le cercle de leurs amis, les amis des porcelets, c'est eux qu'on trouve en première ligne.

On ne dit pas à l'individu : "fais-ce que tu veux mon ami, sois libre". On lui dit "Rejoins la gay pride". Rejoins le groupe de ceux qui agissent ainsi, le lobby de ceux qui soutiennent telle cause. Rejoins nous, rejoins ceci, rejoins cela, regroupe-toi. mais surtout marche derrière mon drapeau.Ce qu'on demande aux gens, c'est de se classer dans un groupe, de se mettre dans une case, de se masser avec les autres dans le coin de la cour sous la pancarte LGBT.

C'est pour cela que le fascisme de la bien-pensance invente les cases "raciste", "homophobe", "islamophobe", "antisémite", c'est pour pouvoir vous y faire tomber d'un coup de patte quand nécessaire, à chaque fois que vous osez prononcer un de leurs slogans en dehors des réunions qu'ils ont organisées.

C'est donc bien une lutte de pouvoir, une fois de plus déguisée en excommunication, en exclamations horrifiées,

Et c'est pour ça que les associations et les cabinets d'avocats poussent comme de la moisissure sur un paquet de champignons. On le voit dans les urls, ce n'est jamais jeandupont.com qui appelle à ce qu'on respecte ses droits, c'est l'anemf, l'abcd, l'assuscemab, l'a tout ce qu'on veut qui te demande de la rejoindre pour lui donner du poids, pour donner du pouvoir à son groupe à l'assemblée.

Donc pour se résumer, l'injonction qui passe en filigrane est une sorte de tenaille. On leur intime ces ordres contradictoires de différer des autres tout en ressemblant aux membres de leur groupe, d'une part, et d'autre part une sorte de contradiction symétrique qui est d'appartenir à un groupe tout en les menaçant en permanence de les faire basculer dans cette case.

On leur intime de se mettre dans le camp de ceux qui hurlent adorer les Juifs et les homos d'arborer  le T-shirt et de secouer l'étendard, mais avec l'épée de Damoclès de pouvoir les dénoncer aux services comme prosémites radicalisés et homophiles intégristes si le vent tournait. 

Les politiques ont compris que les idéologies sont mortes, et qu'il fallait désormais cliver la société en pédés acheteurs d'oreillers Ikea, en défenseurs des T2 de Bourgogne, en amateurs d'escargots, en amis de la terre tendance vegan rouge buveurs de porto et membres d'une assoc de pétanque. Cela fait trois voix à récupérer, et c'est par là qu'on les aura.

Cela rejoint ce que je disais sur le cosplay.





Dans le genre, pour faire un film maintenant, il faut parler du malaise des migrants, mais surtout laisser carte blanche à des collégiens de banlieue afin qu'ils puissent réaliser le chef-d’œuvre que tout le monde attend,  il n'y a qu'à voir ce bijou récemment primé. La bande annonce donne une idée de l'ampleur des dégâts, un film dramatique, comme on s'est empressé d'écrire sur l'écran à sa suite.

Déjà être payé une misère pour les garder pendant les TAP c'était pénible, mais alors payer pour les écouter débiter leurs fadaises (de leur âge, les pauvres pitchounes *) pendant 59 minutes, non.

Et ça ira de pire en pire. Bientôt les scènes nationales seront envahies par les CP (pré-gay colombiens islamophobistness(e)(suceu(s)es')zs neonazes bien sûr), qui feront des représentations de zombies en couple avec un vampire mort, (quoi t'es tombeauphobe ?), en pleurant pour qu'on change leur couche. Les garçons feront une pièce où ils seront Ronaldo avec une culotte n'arc en ciel, pour effacer les bites genrées, et les filles une autre pièce où elles sont la gagnante de The Voice voilée qui dénonce le président du jury qui l'a tripotée en lui promettant le premier prix. Leur performance sera livrée en direct sur Youtube.

C'est un peu comme le pétrole. Moins il y en a, plus il faut forer profond pour en trouver. La connerie c'est pareil, quand on a utilisé toute celle des adultes, faut aller taper chez les plus jeunes. Et il y a des gisements énormes.

D'autant plus que ces crétins n'étant plus éduqués, ils ne sauront pas qu'ils font des choses qui ont déjà été faites cent fois. Ils réinventeront un éternel présent, en cela en phase avec leurs parents alzheimer en ehpad, finalement, la boucle est bouclée.

* C'est ça le pire en fait, c'est qu'eux ils ne font rien de mal. Les criminels sont bien sûr les adultes sommés de trouver ça fantastique, et qui ne disent pas que le roi est nu pour toucher leur salaire à la fin du mois. Et ne me dites pas qu'il y a des voix libres. Allez mettre un commentaire sur Youtube et on vous ferme votre compte pour incitation à la haine des jeunes crétins.

(1) Je sais qu'il a écrit "enfin" parce que les associations le demandent depuis des lustres. Mais c'est pa parce qu'une poignée de folles griffent à la porte qu'il faut céder à tous leurs caprices.