" Il faut être passé par l'endroit pour arriver à l'envers. "
Il faut avoir eu longtemps sous les yeux un tissu, l'avoir brodé, cousu, plié, retourné, pour se dire tout à coup que l'envers est aussi beau, voire plus beau que l'endroit.
Celui qui voit le tissu, ou la broderie pour la première fois va immédiatement retourner le tissu si par mégarde il le pose à l'envers.
Immédiatement. La médiation n'a pas eu le temps d'opérer. Le doute de s'immiscer.
Il ne se donne même pas la possibilité d'apprécier l'envers, en fait il s'en empêche de facto puisqu'il se l'interdit a priori.
L'inverse est aussi vrai. Pour que la main suspende son geste, pour que la contemplation commence, il faut que le doute ait fait son oeuvre, il faut qu'il ralentisse, puis arrête la main qui retourne le tissu.
Rien donc ne se fera d'un coup d'un seul. Il faudra de nombreux retournements, des coups d'oeil d'une fraction de seconde, des histoires de persistance rétinienne, que l'image perdure un peu, ait le temps d'être appréciée, pour que la fois suivante le geste soit plus long, et une dernière fois s'arrête.
Que te dirai-je à toi mon enfant ? Rien. Je poserai par mégarde le tissu à l'envers et je t'observerai, espérant en secret.
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