Mais dans un sens beaucoup plus strict, beaucoup plus littéral que " donner des verges pour se faire battre", si l'on admet que ce n'est là que fournir à l'adversaire des arguments, ou même des armes contre soi-même.
J'ai donc forgé ce néologisme latin afin de désigner cet art.
A force de lire les écrits de cet énergumène, j'ai remarqué qu'il ne goûte rien tant que d'exécuter une volte-face de pensée au sein d'un même texte.
Intellectuellement, le tour consiste à pouvoir asséner à la fin de l'article une conclusion inverse aux prémisses. L'art, lui, consiste bien évidemment dans la façon dont c'est exécuté, c'est à dire où les petites pirouettes sont placées, comment elles sont amenées, si les coutures sont bien dissimulées etc.
Je finis même parfois par me demander si la démarche entière de John Moullard n'est pas inscrite dans ce parcours final. C'est à dire si les prétendues œuvres d'art qu'il crée, les publications qu'il en fait, ne sont pas que des prétextes, le but réel étant d'avoir une toile de fonds, un support sur lequel ce dernier délire se détache.
En fait lorsque John Moullard crée une oeuvre ou peint un tableau, il ne fait rien d'autre que ce que font les roadies qui montent la scène et tirent les câbles, il prépare le décor dans lequel le show pourra se dérouler, afin que son programme de patinage artistique s'exécute sur un fonds crédible, que ce fonds ait suffisamment de réalité pour qu'un mythomane puisse s'y raccrocher, que la glace soit suffisamment épaisse pour que la figure de retournement s'y puisse inscrire.
Ce que les gens prennent pour les œuvres d'art de John Moullard ne sont pas ses œuvres d'art. Ils regardent encore l'index, et c'est ce qui explique l'apparent détachement de John pour ses propres œuvres, son manque d'ego d'artiste.
La lune, son œuvre au noir à lui, c'est les conneries que John va pouvoir raconter au sujet de ses créations, les "œuvres d'art", ce ne sont que les objets dont il a besoin pour le faire.
John Moullard crée ses œuvres sur mesure pour lui même, en vue des conneries qu'il a à dire (et non pas qu'il a à en dire, puisqu'elles ne préexistent pas au discours). Il va sur la piste, il crée la glace, moule ses repères dedans, prend ses marques, et revient sur le bord.
Une fois là, tandis que personne ne remarque le lien entre les deux, il exécute son programme, et danse sa danse.
Ce que personne ne remarque, c'est le rapport exact entre les repères dans la glace, les objets réels qu'il a lui même fabriqués, non pas qui donnent sens à son discours, mais qui fondent ce discours. Non que ça lui donne vérité, ou tort, ou vacuité, non ça lui donne simplement l'appui de la réalité. Ce qui explique également que John semble toujours si satisfait de ses œuvres immondes, lui dont la modestie n'a d'égale que d'intelligence. c'est qu'elles sont parfaites en ce qu'elles servent un discours qui préexiste en secret à l’œuvre.
On peut critiquer la Joconde parce que le tableau existe. Comme les tableaux correspondant au discours critique de John Moullard n'existaient pas, il a dû les peindre.
Ce qu'on a du mal à imaginer, c'est la solitude dans laquelle vit cet artiste aux multiples facettes...
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