Je vous recommande chaudement l'écoute de ceci.
Je me demande dans quelle mesure on ne pourrait pas transposer cela au domaine de l'art.
C'est à dire se poser la question se savoir ce qu'il y aurait de congruent entre la démarche d'un individu dans la façon dont il gère sa relation aux autres par le truchement de la création artistique d'une part, et d'autre part la façon dont une société gère en quelque sorte son rapport à l'image qu'elle veut se renvoyer d'elle même, à travers un type de mythe particulier que serait l'Histoire de l'Art.
Évidemment, la tâche est ardue car il s'agit là d'une analogie, et tant qu'on n'a pas commencé à esquisser la nature de chacun des parallèles pris isolément dans cette perspective, il est difficile définir la relation entre les deux parties, tandis que le thème du tribut de la construction individuelle au groupe est plus largement défriché.
En quelque sorte, l’œuvre serait le rêve du sujet, la critique le décodage psychanalytique, et l'Histoire de l'Art le cadre plus général, le ou les mythes servant à la fois à accueillir les démarches individuelles des artistes, et en retour, fournissant le cadre conceptuel au sein duquel se forge le rôle que l'artiste entend y jouer, lui donnant par là les fameux " possibles culturels "de l'imagination.
Historiquement, je suis partie de L'Empire de l'Erreur, mais juste après avoir lu le Visible et l'Invisible. J'ai alors en quelque sorte posé le regard sur une chose double : l'individu en tant que représentant du collectif, et le groupe considéré comme une collection d'individualités. Sur la valeur de ce double rapport, de cette double chose, chacune des parties se définissant mutuellement. en tant qu'objet d'étude.
Que vaut l'individu en tant qu'unité d'un groupe ? Que vaut une notion de groupe qui est une collection d'individus ?
Et pourtant, chacun de nous sent comme immédiat que les choses se " fondent " ainsi. Non pas en une sorte de donné de la sensorialité, mais qu'il est difficile d'introduire un acteur tiers, aussi difficile que de dénier leur existence aux deux autres.
Il semble donc que nous tenions là les parties à 100 % d'un ensemble, ce sentiment si réconfortant.
Et la brèche ouverte par Bronner sur le plan de la valeur de l'échantillon individu comme unité constitutive du groupe, disons que je l'ai étendue à ce même dialogue, mais sur le plan psychologique.
J'ai un peu la même question pour l'anthropologie de l'art. Du côté sociologie de l'art, de ses dimensions politiques, médiatiques, économiques, je comprends.
Mais la signification des productions artistiques dans leur culture d'origine, donc, se heurterait à la question épistémologique : " Qu'est-ce que c'est que l'art".
La réponse de Panofsky ne me paraît pas complètement satisfaisante. Nous avons donc affaire une fois de plus à une réentrance du langage.
Peut-être, encore une fois, parce que cette définition parle " d'objet", là où je ne vois que des sujets, d'une part, et qu'il lui manque d'être " glissante", dynamique dans le temps, et dans l'espace.
Je veux dire dans le temps des phénomènes qu'elle décrit, et dans cet espace curieux où l'objet déterminé par sa culture la définit à son tour.
Finalement, je n'arrive pas à sortir de cette espèce de bouteille de Klein dont je parlais ici. Je la sentais confusément comme un objet candidat à représenter ce sentiment, et Alain Simon m'a mis le nom sous l'oeil. :)