Tête basse, vaincue. Pas humiliée, mais vaincue. Nous n'existons, au sens individuel, que par notre culture et nous ne sommes que ce qu'elle a su faire de nous. Au sens individuel.
" Je " ne suis que le produit de mon éducation. A part cela, rien. Une pulsion de vie, animale.
Ou plutôt les cultures. Car comme pour les vertèbres et la fontanelle, j'ai conservé des vestiges, les strates psychiques de toute l'évolution. Les plus profondes, les primitives, comprimées puis fossilisées, minces et dure comme de l'ambre. Un glacis. J'hésite à y associer le mot " archaïque".
Et plus il y a de culture dans mon éducation, d'autant plus m'est offerte la possibilité de régler les questions de mon rapport individuel aux autres-réalité par l'art, forme d'acquisition et d'expression qui est " en périphérie " de notre psychisme, individuel et collectif.
Il y a un cercle (c'est une sphère, mais peu importe). Il y a un cercle qui s'élargit doucement. Ce cercle est tout à la fois le mien (celui de moi) et celui de ma culture (de mon groupe culturel : "les Incas" et la culture Inca, c'est pareil). "Les Franciliens" ce n'est pas grand-chose, à part des horaires de trains de banlieue.)
Important de voir qu'il s'agit bien du même cercle. Vu que je ne suis que le produit de ma culture, je ne peux être qu'à l'intérieur de ce cercle, il est donc aussi ma propre limite.
Ce cercle, si mon éducation ne m'épanouit pas, je reste dans l'intérieur de sa surface. Je suis " au milieu", dans l'aire du milieu. Je n'irai jamais vers la frontière, ni la mienne, ni celle du groupe. Donc je ne grandirai pas, et je n'apporterai rien au groupe.
Plus mon éducation sera riche culturellement, plus j'irai vers le bord. Je pousserai alors cette frontière du doigt, je pousserai le cercle vers l'extérieur pour l'agrandir. Je serai moi-même plus riche, mais tout le groupe en profitera.
Dans quelle mesure serai-je capable de pousser le cercle ? Dans la mesure (in that extent) où ma culture accepte les avant-gardes. Sa capacité à admettre, à intégrer des innovations est son élasticité.
Plus le groupe a une culture souple, qui intègre les poussées, plus son cercle s'agrandit et plus elle offre à ceux qui l'approchent l'occasion d'une expérience riche.
Vous allez me donner un contre-exemple. Celui de la culture hindoue, où l'épanouissement personnel tient une grande place, tandis que les motifs graphiques de l'art sacré ont été quasi invariables durant des siècles.
L'homme de la Renaissance ne pouvait pas plus peindre avec une touche divisée que celui d'aujourd'hui imaginer ce qui se peint ailleurs ou se peindra dans deux siècles. L'avenir n'est pas encore inventé.
(Mais tout de même, ça me perturbe que personne n'ait essayé, perseverare diabolicum :)
L'homme de chagrin (Is. 53 KJ21 ),
Un mètre au dessus du monde, et le Kala Mukha
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire