Cette image pose un petit problème. L'assertion " 6 million people in 110 countries can't be wrong ", notamment.
Hélas si, 6 millions de gens peuvent avoir tort. Fussent-ils 110 millions dans 600 pays différents, on peut enfumer sans problème tous ces gens, leur faire avaler des couleuvres, les persuader du contraire, et les faire lever le bras bien tendu tous ensemble, ça s'est vu.
Quelle tentation pour le marchand que d'appuyer sur ce bouton, jusqu'à défoncer le tableau de bord !
Que faire si le socle de la démocratie, ce sacro-saint plus-grand-nombre, est vesé ? Gerald Bronner a évoqué cette question. Que faire si nous sommes en présence de millions de gens décérébrés ?
Que leur opposer ? Le goût d'une élite ? L'oasis de l'expertise après le désert de la lecture ?
Point besoin de théorie du complot : il est évident que la pente naturelle de qui voudrait étendre son empire marchand consumériste au sein d'une démocratie le conduirait à prendre la précaution liminaire de déculturer les citoyens, afin de mieux s'emparer du système par son propre principe.
Il suffit que le bénéfice des cent premiers clients fournisse de quoi faire de la publicité auprès des mille suivants, que le système s'amplifie, pour que le principe qui veut que ce que tous désirent devienne la loi qui s'impose à tous, ce qui je le rappelle est le fondement de la démocratie, pour que ce principe, donc devienne programmatique pour ce qu'il convient de faire, ce qui augmente en boucle les moyens donnés au publicitaire pour augmenter le plébiscite.
Il suffit de remplacer les outils de conviction destinés à des individus éduqués par des outils de propagande à destination d'ignares !
Je me souviens de ce diffuseur de musique qui m'avouait mettre, en début de mois 5 facings de chaque chanson au catalogue. La semaine suivante, celui qui se vendait un peu mieux * que les autres se voyait offrir une exposition double, augmentant mécaniquement ses ventes. Au bout d'un mois, le titre était présent partout, surtout en tête de gondole, et tout le monde l'achetait. Il entrait alors au top50, et de plus en plus de gens l'achetaient. Il devenait alors le hit préféré des français, tout le monde l'achetait.
Ce qui est coopté par tous est bien, devient le bien, tel est le principe qui n'est satisfaisant que si le niveau d'éducation des citoyens leur permet de choisir. Le grand nombre de cooptations parmi des individus éduqués est un signe de qualité, mais pas si le phénomène est mécaniquement amplifié.
Plus les citoyens seront déculturés, mieux la démocratie fonctionne, puisqu'ils adopteront d'autant plus rapidement le principe directeur de la démocratie, et mieux ils s'uniformiseront.
* Bien sûr, il suffisait d'aller acheter quelques disques ici ou là pour déclencher le phénomène. Ou d'avoir un ami chez le diffuseur...
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