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mardi 6 octobre 2020

Quand les bobos performent dans la feuille d'or.

 Vous n'êtes pas sans savoir qu'un des principes directeurs de l'art aujourd'hui est le pillage (avec les nouvelles technologies, le trompe-l'oeil, et le gigantisme entre autres), et ce courant vient de porter jusqu'aux orteils étonnés de mon île déserte cet article https://lunettesrouges1.wordpress.com/2020/10/02/les-extraordinaires-lettres-ordinaires-dadrianna-wallis/ où l'on apprend que :

Quand une lettre est mal adressée, la Poste la traite dans un centre spécialisé, à Libourne, où l’enveloppe est ouverte et la lettre lue pour tenter d’identifier expéditeur ou destinataire. Si c’est impossible, ou si l’adresse est fantaisiste (à l’exception des lettres au Père Noël), ces lettres perdues sont désormais confiées à Adrianna Wallis, qui les lit, les conserve, les retraite et les ressuscite. Devenue récipiendaire de tous ces secrets anonymes, elle les laisse mûrir en elle, 

Je ne vois pas pourquoi on les lui donne, elles ne lui sont pas adressées. Ce n'est pas que je sois jaloux, mais je ne vois pas pourquoi un service public confie des courriers personnels à une personne privée...

Moi je n'aimerais pas que mes courriers tombassent entre leurs mains. Comment peut-on faire cela sans demander leur avis aux gens ? Et si on ne peut pas, eh bien on s'abstient. Notre époque ose tout, c'est même à ça qu'on la reconnaît.

>> et parfois, elle évacue ce trop-plein, cette ivresse, cette possession en allant hurler dans le désert brumeux du Vercors (vidéo Les cris

Oh là là, ça doit être furieusement chouettard, heureusement qu'elle en a fait une vidéo, qu'on ne loupe pas ça.

ou en froissant rageusement du papier photographique pour en faire un cyanotype (plus bas).

Mon Dieu, la bourgeoisie des Archives en est toute retournée, quelle créativité débridée, quelle audace, un cyanotype, mais où va-t-elle chercher tout ça ?

De tout cela, Adrianna Wallis, dont tout le travail repose sur la mémoire et l’oubli, 

Comme 95 % des "artistes" du temps, qui n'ont rien d'autre à reposer ni sur quoi se reposer.

 

>>sur l’intimité et le partage, 

Ah ouais, d'accord, l'intimité et le partage.. ben dis-donc, avec la mémoire et l'oubli, ça fait 4 choses... Mais comment fait-elle pour mener tout ça de front ?

>>a fait un livre, une exposition (de manière fort appropriée aux Archives Nationales,

Appropriée en quoi ? Ben, euh non, justement, les Archives c'est national, c'est du bien commun, tandis que le courrier, c'est privé. C'est devenu pareil, ils ne comprennent plus la différence ?


>>dans les magnifiques salons de l’Hôtel de Soubise, 

Ben tiens, pas folle la guêpe, elle l'a pas fait à Deuil-la-Barre...  

J'y ai été, là-dedans, les valets qui t'introduisent, les doubles portes en cuir, genre pour pas entendre ce que dit Richelieu aux Mousquetaires, la ministre, 95 ans, pas vu la France depuis 1683, étant donné qu'elle navigue entre son appart de fonction, ses potes dans le VIIème, le palais Garnier et son manoir en Sologne, comprend que dalle à ce qu'on lui dit, elle avait un mec genre conseiller indépendant contractuel payé une blinde, la planque du siècle, un mec de 75 ans censé faire la traduction technique, qui ne panait rien non plus. Elle nous a proposé du thé et des gâteaux, on a posé une fesse au bord de fauteuils Louis XXII à un million pièce, et puis on s'est serré la louche.

>>au décor en complet décalage avec la pâte tragique de ces courriers,

Et en complet décalage avec tout le reste de la France, mais on est mieux là que dans les cités du quatrevinzetré...

>> jusqu’au 13 décembre) et une performance. 

Aaaah, la voilà, la "performance". 

Quand on pense à ce qu'est une performance d'Esther Ferrer comparé à cette niaiserie... Quand je pense qu'elle est encore en vie, et qu'on pourrait en profiter, lui demander de nous faire quelque chose, au lieu de regarder se brosser ces courtisanes et leurs "liseurs"...

>>L’après-midi, cinq jours par semaine, 

Oui, on a demandé les horaires ?

>>des liseurs volontaires piochent au hasard dans les boîtes de courrier et lisent. Si on rit parfois, on est surtout pris par l’émotion, et il est rare que quelques larmes ne coulent pas.

Mon dieu, c'est que c'est émouvant, de piller la vie affective des autres, ça remue, hein ?

A propos de pillage, il est amusant de noter que notre époque a industrialisé le pillage du passé, mais elle ne déteste pas l'autopillage. En effet, non contente de piller les cultures (mythes, contes...), une production se doit de piller son propre épisode 1 dans le 12.

Les "séries" produites à répétition pour les crétins ne proposent pas dans leurs fameuses "saisons" de vraies suites mais des recombinaisons d'éléments des épisodes précédents, frauduleusement proposés comme des conséquences ou des péripéties. C'est un peu comme si au sudoku, après vous avoir fait avaler les lignes 1 et 2 comme saisons 1 et 2, on vous proposait la ligne 3 comme saison 3. : Ah il est pas mort à la guerre, alors il revient dans son château (si le 9 est déjà pris, on met le 6).

Encore plus fort, elle a inventé le pillage du futur, à travers les épisodes genesis, qui se situent dans une époque antérieure au premier épisode, sorti depuis longtemps. A ma connaissance, Starwars avait été un des premiers à le faire, et nous avons aujourd'hui l'histoire du grand-père de Harry Potter, demain on aura les aventures de ses ancêtres faisant des tours de magie dans la grotte Chauvet.

Mais il y a  encore mieux : après avoir érigé le pilage de l'avant et de l'après en machine à saucisses, elle a inventé le pillage du "pendant" avec les fan fictions.

Alors la fan fiction, c'est pas triste, d'abord c'est produit par les fans. Donc des abrutis qui n'ont aucun talent littéraire, mais peu importe . Le plus frôle c'est qu'ils basent leur production sur une hypothétique alternative à ce qui aurait pu se passer autrement dans le roman ou le film. 

Par exemple, vous êtes fan de Jean de la Fontaine, donc vous allez écrire une fan fiction où le loup se pointe vers l'agneau, discute avec lui puis s'éloigne sans le manger etc. Inutile de dire que ça n'a aucune intérêt. D'ailleurs, personne ne sait où ils les mettent.

Et ce n'est pas fini, accrochez-vous, certaines fan-fictions parlent de ce qui pourrait arriver à des contemporains. Oui, oui, des gens vivants dont on va piller la vie ou la carrière. Exemple certains fans ont basé des fictions sur des relations amoureuses fictives entre les membres du groupe One Direction. Vous avez aimé la Sonate A Kreutzer ? Alors vous aussi, écris ta fiction, imagine Karajan qui tombe amoureux du premier violon et l'embrasse fougueusement dans les vestiaires, ça doit être bougrement génial comme histoire. 

Et ça ajoute des choses intéressantes à l'Histoire de l'Art ! Cela permet surtout de pondre des pages en se raccrochant à de l'existant sans rien créer, sans rien inventer, juste des combinaisons.

 Cest comme ces ordinateurs, pardon ces IA dont le public s'esbaudit, qui recomposent des tableaux avec des touches de Rembrandt et des morceaux de musique avec des notes "qu'on dirait des Beatles". 

Recombinaisons, pillage, recombinaison, pillage, recombinaison, du boulot de machine... Que leurs algos soient capables de retrouver les traits pertinents, bon, c'est bien. Le souci c'est qu'ils sont incapables de les décrire. 

Il n'y a pas de meta-savoir permettant de passer de l'implicite à l'explicite, car ces algos sont en "boîte noire" : ni la machine ni le concepteur ne sait les circuits de décisions construits et empruntés.

Donc cela imite et reproduit, comme un mainate, ou même moins, sans aucun retour possible. Il ne s'agit donc pas d'intelligence artificielle, mais d'interface d'acquisition sensorielle, ce qui est déjà énorme. On pourrait par exemple s'en servir pour reconnaître des chants d'oiseaux. 

Vous vous promenez en forêt et le budule vous dit "c'est un rossignol". Evidemment, c'est beaucoup plus amusant à faire entre humains, mais ça il ne faut pas leur dire, ils ne sauraient plus quoi faire.

Il vaut mieux qu'ils fassent joujou avec leur machine que de fabriquer des armes. A ce propos j'ai entendu ce matin à la radio des réfugiés du haut karabah, qui vivent dans leur cave pour se protéger "du déluge de bombes et de roquettes" qui leur tombe dessus, se demander "mais pourquoi ils nous bombardent, il n'y a que des retraités et des chômeurs dans ce quartier. "

C'est vraiment la honte de l'humanité. J'ai honte d'appartenir à l'humanité. Se palucher avec des âneries pareilles pendant qu'on laisse des gens se faire massacrer..

 

 

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