Bien. Il va falloir que je m'en mêle, sinon ça va tourner à la cacophonie. Je vous préviens que je vais être obligée de mettre le doigt là où ça fait mal. Après soit vous le gardez et m'en blâmez, soit vous crevez l'abcès et vous dispensez de m'en remerciez, c'est vous qui voyez.
Reprenons les évènements (notés de 1 à 7) et leurs acteurs notés de A à J, dans l'ordre chronologique.
1 - A fait et publie un dessin
2 - B tue A pour avoir publié ce dessin.
3 - C punit B au nom de la liberté d'expression de A.
4 - D montre le dessin en question à E,F,G...
5 - H tue D pour avoir montré ce dessin.
6 - I et J disent que H a bien fait de tuer D.
7 - C condamne I et J pour apologie du terrorisme.
Moi, un peu obtuse, un peu simplette, débarquant de ma campagne, je lève le doigt l'air étonné, lequel doigt mouillé se garnit de farine apportée par le vent lorsque je fais remarquer que A, I et J ont pourtant fait la même chose, à savoir s'exprimer.
Comment se fait-il que dans un cas, lorsque A s'exprime, cela relève de la liberté d'expression, et que dans l'autre cas, lorsque I et J s'expriment, cela ne relève plus de la liberté d'expression ?
Et non seulement, mais bien plus puisque c'est devenu un crime. Comment se fait-il que lorsque c'est A qui parle, il use de sa liberté d'expression, et que lorsque c'est I, il commet un crime ?
Demandé-je.
On me répond alors que ce n'est bien entendu pas le locuteur qui est visé, mais le contenu. On me répond que 6 conduit à des choses comme 5.
Moi, toujours un peu pénible, je fais remarquer que 5 ressemble bougrement à 2, et que, si 1 cause 2, alors 5 n'est pas complètement étranger à 4. On peut dire que 1 provoque 2 comme 4 provoque 5.
C'est 4 qui a provoqué 5, lorsqu'il a répété le geste de 1.
Donc 3 et 4 font en quelque sorte l'apologie de 1 puisque le premier punit ceux qui ont commis 2 et que le second répète l'acte.
6 n'y est pas pour grand chose, disons que cette louange entérine le fait, le légitime. Incite à le renouveler, sans doute, mais de là à dire que 6 entraîne 5, c'est occulter que la cause principale en est tout de même 4... Bien.
Donc 1 et 4 provoquent directement les crimes terroristes 2 et 5 et il s'agit là de liberté bienvenue, fleuron de la démocratie, tandis que 6 y contribue éventuellement, mais ce n'est plus de la liberté, c'est devenu un crime, le chef de condamnation étant que cela entraîne le terrorisme.
Pour le dire en français, on condamne deux pauvres crétins pour apologie du terrorisme parce qu'ils ont dit que l'enseignant a eu ce qu'il méritait, et ce au motif que ça entraîne des crimes. Mais entre les deux, c'est pas plutôt la publication des caricatures qui a entraîné le crime ? Et pourtant, on condamne l'autre, puisque ces enseignants ne font qu'user d'une liberté fondamentale etc La marseillaise.
Curieux, non ?
Faudrait savoir... Faudrait savoir si on admet qu'il y a un petit problème ou pas du tout. S'il n'y a pas du tout de problème, tout va bien, on peut se rendormir. Avec les années, les émeutes prendront de plus en plus de place dans le calendrier, elles auront de plus en plus de force. Vous y allez tout droit, à un monde à feu et à sang.
Je pense que c'est la solution que vous choisirez, et avant que le coq ait chanté, vous regarderez trois fois ailleurs pendant qu'on me mettra dans trois wagons plombés.
Le problème, évidemment il est évident, c'est que la démocratie, ça se paye. La démocratie, c'est bien, mais ce n'est pas comme le troisième millénaire, ça ne s'installe pas tranquille pour un bout de temps sans qu'on y touche. La démocratie, ça se paye.
La démocratie, c'est un peu comme une piscine, c'est super sympa, on aime tous être dedans, mais alors l'entretien, c'est un boulot. Quelqu'un doit le faire, et ce quelqu'un faut le le payer. La démocratie, c'est comme une piscine, c'est cool, mais ça se paye.
On a moyen de limiter les frais, c'est en y mettant chacun un peu du sien. On évite d'y mettre trop de saletés, les enfants passent un peu le râteau, et puis pour les gros boulots de filtre, on appelle l'artisan ad hoc et les parents le payent.
Le niveau de démocratie, c'est la propreté de l'eau. Si on n'entretient pas la piscine, l'eau devient dégueulasse, et plus personne ne s'y baigne. Pas cool, la crasse. Enfin, il y en a qui aiment, ça sert leurs desseins. ils préfèrent se battre au bord de la piscine que de se baigner. Plus les enfants sont oisifs, énervés et crasseux, et mieux ils les embrigadent dans la bagarre.
"Le" fait religieux, crétins. |
Bien évidemment, la propreté c'est l'éducation, et la crasse c'est l'ignorance (1). Une société a le niveau de démocratie qui correspond au niveau d'éducation de ses citoyens, c'est à dire des moyens qu'elle consent à mettre pour les éduquer.
Une société donne pour limite à sa démocratie le périmètre des moyens qu'elle assigne à l'Education. C'est simple, vite vu, pas un pli. La démocratie, ça s'achète, et ça se paye en niveau d'éducation.
Mettre en place des institutions démocratiques sans y adapter les citoyens par une éducation raffinée c'est prendre le risque de... de vivre ce que nous vivons aujourd'hui, une américanisation des moeurs, tandis que les USA subissent une trumpisation de l'Amérique. Chacun avance d'un cran dans la connerie.
Mais l'éducation, ça ne se paye pas de belles paroles. Cela se paye en cash, en liquide, en bâtiments pour recevoir les élèves, en cantine pour les nourrir, surtout en personnel et en professeurs. La démocratie, ça se paye en solde de profs.
Quand on laisse l'Education dans la misère, en filant des milliards aux assassins de l'industrie de l'avion et de la bagnole, pour que leurs actionnaires puissent les jouer en bourse en achetant de l'action Google, quand on invite le privé à envahir peu à peu le terrain en laissant l'Education crever, on fait crever la démocratie.
Alors que ces gens là ne viennent pas me donner de leçon d'antiterrorisme.
Quand on refile le bébé aux assocs qui se débrouillent sur le terrain avec trois bouts de ficelle, alors qu'il faudrait rediriger les impôts, redistribuer les richesses pour augmenter drastiquement les conditions de vie de certaines banlieues, on fait le lit des fascistes.
Alors que ces gens là ne viennent pas me donner des leçons de démocratie.
Quand on refuse de dire la vérité parce qu'on a peur de fâcher les ordures qui nous achètent des armes et des avions, on fait crever nos convictions et les piliers de notre civilisation.
Alors que ces gens là ne viennent pas me parler de valeurs républicaines.
D'ailleurs, le manque d'éducation va jusqu'aux journalistes, qui tiennent des propos du genre : "Faut-il laisser libre cours à une opinion, aussi abjecte soit-elle ? " (France Infos, Informés du samedi 24/10), en parlant de ce pauvre taulard. Son opinion est "abjecte". Comme les musulmans sont "cons". En démocratie, on ne taxe pas l'opinion de l'autre d' "abjecte" avant de se demander si on l'autorise. On l'écoute, on la respecte, on tente autant que possible de la comprendre, et on y répond par autre chose que des insultes.
Organiser une rencontre où l'on désigne l'ennemi à abattre, cela ne s'appelle pas un débat mais un tournoi de boxe truqué. Donc, si vous voulez être respecté, respectez votre métier.
Donc ce pauvre taulard, ce pauvre rappeur, tous ces pauvres "cons" sont des gens comme les autres, que la République ne s'est juste pas donné la peine d'éduquer. On leur doit une écoute et un débat dignes de tous les autres citoyens.
Pardon ? Comment ? Ah il y a un pli ? Ah bon ? Eh oui, c'est que pour avoir une génération éduquée, cela prend 25 ans. Donc c'est au mieux qu'en 2050, on commencerait à respirer, si on faisait ce qu'il faut pour cela, ce qui est loin d'être le cas. Et entre temps, il faut se bouffer tous les crétins qui sont encore dans la pensée unique.
Au passage, c'est exactement la même chose pour les autres problèmes de société : "Disney fait désormais précéder certains de ses films d'un avertissement sur la présence de "descriptions culturelles démodées""
Si le public de ces films n'était pas décérébré, il n'y aurait pas besoin de le faire pour l'inciter à resituer. Mais on préfère fabriquer des crétins avec les films Disney, et surcharger la pellicule de commentaires idiots pour les crétins. Sans parler du fait qu'ils refont les films pour que ça fasse moins raciste. Crétins...
Vous savez quoi je vous dis en conclusion ?
Bravo, je vous dis, continuez comme ça, enfoncez-vous dans l'imbécillité tel un tique dans la peau d'un cochon, vous faites un joli petit couple. Mais ne venez pas pleurnicher avec vos commissariats en feu sauvés par le couvre-feu comme un boxeur par le gong et blablabla, vous n'avez en matière de civilisation que ce que vous avez acheté. On en a ici, comme pour le reste, pour son argent.
Vous ne devez qu'au coronavirus de ne pas vous faire dévonfer au prochain round, vous avez acheté un répit à crédit, mais la gueule de bois au réveil va être cossue. Mais c'est bien fait, vous me dégoûtez.
Parce que les salauds qui font crever la démocratie, c'est vous qui les élisez depuis 1950, parce que la gauche (la vraie), celle qui propose de mettre du fric dans l'éducation, elle vous aurait pris de quoi vous offrir votre belle télé et votre belle bagnole.
Alors depuis 1950, vous votez pour les salopes de droite qui achètent des télés aux Chinois pour que le différentiel vous évite de payer des impôts. Mais maintenant que c'est fini, maintenant qu'on est tous au chômage, et que le manque d'éducation commence à produire ses effets, vous pleurnichez.
Et pendant ce temps là, vous avez creusé la dette pour pouvoir acheter une grande télé et un SUV à mettre dans l'allée de votre pavillon et regarder Kolanta le soir, pour ne pas voir ce qui se passait dans les rues.
C'est vous tous, qui refusez d'éduquer les immigrés et les enfants comme il faudrait, parceque vous votez depuis 1950 pour des ordures qui mettent la merde sous le tapis pour votre pouvouar d'achâ, c'est vous tous qui avez tué Samuel Truc.
C'est vous tous qui le tuez depuis des années avec des programmes pas faits sur Internet, des classes où tout le monde s'en fout parce que Wow c'est plus drôle, où ils ne savent pas écrire le français, ni même le parler, et non pas ce pauvre imbécile qu'on est tout fier d'abattre, comme s'il était la cause du problème, alors qu'il en est le produit.
Son assassin il est né en 2002. Sous Jacques Chirac. Il vous en parlé Chirac, du problème ? La télé vous en parlé ? Nonnnnn, vous avez voté pour des émisssions de divertissement. Vous avez été voir du côté des partis politiques qui disaient la merde à venir, pour la combattre ou s'en repaître ? Non, c'était moins fun. C'était plus sexy de mater les candidates de the Voice sous la douche. Erk, vous me dégoûtez, allez crever.
Ah si, une dernière chose, j'ai même des amis enseignants qui commencent à en avoir assez de l'Islam. Je les comprends. Je leur dis, ne vous trompez pas d'ennemi. Votre ennemi, ce sont les gens qui font les budgets de l'Education Nationale, pas les pauvres crétins qu'elle n'a pas eu les moyens d'éduquer. Regardez ceux qui dirigent votre haine et vous désignent l'ennemi.
Vae Victis
(1) Je n'ai pas voulu alourdir avec des considérations, qui viendront, sur le fait qu'il est marqué : "l'histoire de l'art " sur la pancarte de l'image, mais c'est notable.
Cet article est grandiose, je vous remercie de mettre les choses à leur place. Je regrette bien sûr l'amertume du constat final, et l'impuissance contre "l'insurrection qui vient". Est-il trop tard pour bien faire ?
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