Vous savez que je suis fan de typologie, ou plutôt faudrait-il dire, de typologigraphie, une discipline qui serait à la typologie ce que l'Historiographie est à l'Histoire.
Et puis, je suis obligé d'éviter "typographie". Un typologue vous dira : "Cette typologie du plateau de telle région est composée de types anthropomorphes, tandis que la plupart des typologies de la région comprennent des types zoomorphes (le type "oiseau", le type "quadrupède" etc.)"
Un typologigraphiste vous dira "Les typologies les plus répandues sont de type arborescent/pyramidal, et dont le mécanisme de développement est la subsumation (1) à clé hyperonymique". C'est à dire que les typologies les plus répandues consistent à partir d'un terme maître ("vivant"), à le partir en deux sous-catégories, "animal" et "végétal", les deux-sous catégories étant censées représenter la totalité du vivant, et le terme maître subsumer tout ce qui est sous lui. En d'autres termes, tout type sous "vivant" est soit animal soit végétal, et ne peut être autre chose.
Les premiers mots des Mots et les Choses, avec la remarque sur les chiens appartenant à l'Empereur, adressent la question de l'efficacité d'une telle typologie. Bien.
Dans cette perspective, on peut dire qu'on assiste à une tendance de fonds dans nos sociétés US/France, la France suivant les USA de quelques années, une tendance à l'émergence de typologie de ce type, face à une typologie en îlots, un peu genre les Caractères de La Bruyère.
Je pense que c'est une tendance de fonds qui fait elle-même partie d'un mouvement plus vaste encore, lequel est le refus de l'assignation identitaire (2). C'est à dire que individu ne peut plus être "simplement", comme ci ou comme ça, l'individu ne peut plus "avoir un caractère", libre, fou, indépendant, car l'individu est sommé par la société de rejoindre un clan, une faction, un groupe, et de porter le costume et l'étiquette du groupe.
"Pick-me girl": avez-vous déjà adopté ce comportement nocif ?
La psychologie
Qu'est-ce que cela implique ?
Puisque je suis tombé sur le mot "typique". Plutôt que de dire que certaines filles ont une tendance à être comme ci ou comme ça, on dit que ce trait de caractère a tout de la PMG. On crée une adhésion forte entre ce trait et le taxon machin, ce qui est exactement le fonctionnement de la taxinomie hyperonymique :
Une hôtesse de l'air est une femme qui a pour trait de travailler dans un avion.
Un cheval est un quadrupède qui a pour trait d'être mammifère (ou l'inverse, peu importe)
Un fruit qui a pour trait d'être orange, mou et avoir un noyau central est un abricot.
En créant une adhésion forte entre l'individu (la femme biologique) et l'étiquette PMG, c'est comme si on prenait un tas de billes de couleurs différentes et qu'on les rangeait dans des boîtes. Par exemple, si une bille est de couleur bleue, on ne se contente plus de dire que c'est un trait de caractère qui lui appartient, mais qu'elle présente un trait du profil "pickme",
C'est comme si on ne disait plus de vous que vous avez un caractère bien trempé, mais que vous présentez un symptôme du profil GMB (Grincheux Maussade Bourru).
Je pense que vous voyez les différences qui découlent de ce classement arbitraire.
Dont la floraison, comme on le voit ici, la prolifération de conseillers en mormoileprofil, nouveau clergé formé aux oracles mystérieux des divinités qui se cachent derrière les magazines d'abrutissement (la pudeur féminine sans doute).
Clergé perdu (cf en gras) entre les signes "infaillibles" et ceux qui "pourraient éventuellement".
Abrutissement par réduction de la diversité. Plus besoin d'apprendre ce qu'est une personne bourrue, maussade, un mauvais caractère etc.
Beaucoup plus simple à apprendre, GMF, GMB, TDAH, TDH, TED... vous permettent d'avoir l'air à la page auprès des copines chez le coiffeur, d'avoir l'air original disant que votre neveu est un TDAH, et non un cancre, ça fait mieux, cela vous permet d'errer dans un monde opaque sans avoir à aller nulle part, ce qui est rassurant. Le savoir a toujours eu pour image la lumière dans l'obscurité. Ici c'est le contraire, ce qu'on veut, c'est un brouillard bien épais, pour que l'on puisse errer sans que personne n'y trouve rien à redire, et pour cause, personne ne sait où l'on est.
Et elle est bien là, la raison. En dirigeant, vous prenez une responsabilité : celle de vous tromper, et de drosser le bateau contre les rochers. Et donc d'avoir à rendre compte.Mais comme le système responsabilité/récompense est cassé, ce que veulent les élites dirigeantes, c'est s'en mettre plein les fouilles, et passer au 20h parce que ça fait chic dans le VIIème, mais surtout qu'on ne puisse rien leur reprocher. Et ce qui leur arrive, c'est qu'elles passent leur temps au tribunal.
Ils n'ont donc rien à foutre de ce qui arrivera au bateau alors qu'autrefois le capitaine se sentait responsable de ses passagers (contrepartie de son autorité), et partant, plus le brouillard sera épais, mieux ce sera. Personne ne sachant plus ni où on est ni ce qu'on fait, personne ne vous reprochera de ne pas savoir où on est, et vous pourrez toujours vous en sortir en disant : " On ne pouvait pas prévoir les rochers".
Il faut une sacrée dose d'optimisme pour oser dire qu'on ne pouvait pas prévoir l'inflation, quand tous les milieux économiques redoutent son emballement depuis des années, quand on la surveille comme "le lait sur le feu", quand les banques centrales sont assis sur la vis des taux d'intérêts pour ne pas l'aggraver. Il faut se dire "ce peuple est tellement con, ça va passer crème", mais avec une conviction...
Et ce capitaine, vous savez quoi ? Vous l'avez élu, crétins. Je ne m'en lasse pas de celle-là. Des gens qui élisent pour chef le mec qui va les exploiter, et qu'ils vont conspuer dans la rue deux ans plus tard. Mais c'est tellement drôle. On a mis en place le système pour éviter le suzerain autoritaire, en se disant "Allez choisissez votre chef, on peut pas vous dire mieux". Et plus on les laisse faire, plus le type qu'ils élisent ressemble à un dictateur. C'est à crever de rire.
Pour revenir à vos moutons, c'est ainsi que le type qui préfère les hommes est prié d'enfiler une grenouillère pikachu, que le type qui aime jouer aux échecs a intérêt à s'inscrire aux alcooliques anonymes, que la personne bourrue a intérêt à être diagnostiquée GMB, la fille qui aime picoler doit porter un badge "fière d'être vierge", etc. etc.
C'est comme lorsque vous vous inscrivez à World of Warcraft : vous êtes sommé d'être, soit un nain, soit un elfe, soit un chevalier. L'assignation identitaire vous interdit d'être vous et vous oblige à être l'un des trois, un nain OU un elfe, et dès lors, vous aurez pour toujours les oreilles pointues, la barbe rousse etc.
De même, en arrivant dans la vie active, le pauvre geek qui bosse au service informatique est prié de ne pas être lui. Il est sommé de choisir entre l'outfit de nain et le shein d'elfe, sommé d'avoir une barbe en rectangle, un étui pénien pénien en cuir bleu, une touffe de cheveux bleus sur le crâne, un short en cuir, une ceinture hype, un béret hipster, une bite dans le cul, des plumes de pan autour du pagne de bananes, de plaider la cause des noirs russes communistes immigrés, fils d'indiens pawnees et de déportés juifs, d'aller au resto swiss cheese pour inviter sa cruche à un date le 18 de 20h à 24 h, de la limer 18 jours après en suivant le protocole de non consentement des gouines vegan, et d'acheter un gel douche qui rase le dessous des bras. (3)
Il est sommé de défiler gentiment entre les murs des banques, sans se mêler ni aux casseurs d'ultra gauche, ni aux antisémites d'ultra droite, il est sommé de rire à la série mormoileflix qui décrit la vie d'un geek barbu hipster qui a choisi un parapluie jaune et bleu en soutien aux minorités opprimées et autres connards qui se foutent sur la gueule partout sur la planète.
Et tout ceux qui ne peuvent plus supporter ce cirque, et se shootent, se shootent au crack, à la coke, à la vodka, à l'herbe, qui se shootent, qui se shootent à tout, au fentanyl, enfin, bref, je vous la souhaite bonne et longue, en partenariat avec la vaseline TDAH spéciale pour transgenre au cul sensible et milf à l'anus douloureux.
De ces quatre chefs de tribu, un seul ne mange pas de poulet aux hormones écrasé, sauras-tu trouver lequel ?
Autre exemple issu de Biba : au lieu de dire "Lors du sommeil, les phases de désinhibition peuvent inclure une agression sexuelle", ou mieux encore : "A force de spooning, un mec a parfois envie de tirer un coup la nuit, pas de quoi en faire une maladie", on se croit obligé d'inventer la "sexsomnie".
Au lieu de dire que la personne "dit" ne pas se souvenir du rêve, on dit qu'elle ne s'en souvient pas, ça ajoute au croustillant du petit viol. Comme si le mec allait dire "Ben ouais, j'avais la bûchette suite à un rêve et j'ai essayé de la serrer dans un demi-sommeil, mais bon, elle m'a joué l'Auberge du Cul-Tourné", non au lieu de ça faut aller consulter une sexsomnologue pour aller l'exciter à 50 balles de l'heure pour payer sa licence de psycho.
La force pour arriver à ses fins. Whououououououou, ça fait peur, en même temps, ça fait envie à pas mal de rombières, que ça prenne Henri de temps à autre, la sexsomnie. Faudrait céder, tout ça...
"Bestial". 😂 Manière assez courante de voir le sexe au masculin ainsi décrit par des dames :D
Se masturber "frénétiquement" 😂
Tu compenses à commandre le systèle ? C'est bien, tu seras pas dernier de la culasse.
Tout cela a pour corollaire que, à partir de l'âge de 4 ans, l'occupation essentielle d'un jeune américain est de savoir :
1 - S'il n'aurait pas des ancêtres amérindiens, sioux, apache, enfin, un truc qui le fasse ressembler à quelque chose.
2 - S'il est plutôt lesbienne tendance bi, ou nosex tendance grenouillère licorne, ou bien drag ascendant queer.
3 - S'il est, donc, un peu solitaire, plutôt romantique, un brin asocial, ce qui se traduit maintenant par s'il est plutôt ADHD, AD, Schizo-parano, ou TDAH, ce qui se détermine en passant des heures à mater les vidéos YT, pour savoir à qui on s'identifie le plus, et qui se traduit concrètement par le fait de pousser des hurlements stridents si on est côté fenêtre dans le bus ou si on trouver une brin de gruyère râpé dans son sandwich. Pardon, d'Emmencool.
Ah, évidemment, après on a plus de temps que pour le maquillage du matin et la routine outfit de schizo, donc, ben...
(1) La légende dit que Kant hurlait toujours "subsumer" cinq ou six fois dans son hurloir, pour s'éclaircir la gorge avant de commencer à chanter.
(2) Là j'avoue que le raccourci est un peu hardi. Le refus de l'assignation identitaire consiste à refuser une étiquette "à la papa", pour préférer une étiquette "à la mode". On refuse l'appellation "Vieille fille", on lui préférera l'anglais "incel". L'anglais avec son inégalable capacité de synthèse, gagne à tous les coups.
On refusera d'être étiqueté garçon ou fille, mais on revendiquera le droit des Butch femme à porter des vêtements masculins taillés pour lesbienne.
Le but est de brouiller, à travers l'assignation identitaire, les droits et les devoirs qui allaient avec. Là je n'ai pas besoin de vous faire de dessin. Dire que je suis un homme, c'est m'exposer à ce qu'on me demande ce que je fais dans la vie. Dire que je suis une licorne invite à ne pas me faire confirmer que je joue sur ma PS2 toute la journée sur le canapé.
(3) Car, ne vous y trompez pas, il s'agit là d'un seul objectif, une seule idéologie, un seul but, un seul et même mouvement qui soulève ce système, et sans lobby. Les gouttes d'eau n'ont pas besoin de comploter pour former une vague. Elles ne font que se suivre. Ici le but, c'est d'avoir des consommateurs dociles qui achètent et la ferment. Qui échangent le plaisir d'acheter contre le fait de la boucler. C'est tout le dilemme du POUVOUARDACHA
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