Le casse du siècle II (incise)

  Je reviens avec l'exemple de la dentelle, sur le casse du siècle, le XXème, à savoir l'élimination de l'humanité dans l'Humanité. Suite à cet article :

https://nahatzel.blogspot.com/2021/09/le-casse-du-siecle-i.html

 

Pour préciser un détail : qu'appelez-vous cette "humanité" qu'on aurait volée à l'Humanité ?

 

C'est ce qui fait que quelqu'un de pourtant intelligent peut tenir des propos racistes, par exemple, et j'y pense en ce moment à cause de l'épisode Zemmour/Camus. Mais cela fait longtemps que ça m'étonne. En fait, depuis la montée du nazisme.

 Lorsque j'étais enfant, il y avait une sorte de jeu pervers entre les psys, qui disaient que les assassins avaient eu une enfance malheureuse, et les bons bourgeois, qui disaient que c'est la bonne excuse. On en faisait des gorges chaudes, "Oui, mais il a eu une enfance malheureuse", pouffaient les bourgeois nantis en guise de sarcasme pour excuser par antiphrase le coupable, et attirer les rires sur les psys par l'ironie du propos. 

Les sociologues savent très bien ce que veut dire cette phrase. Il n'est que d'écouter les propos des proches des "terroristes", les deux qui ont tué un prêtre au couteau par exemple. L'un est allé de taudis en foyer pendant son enfance. L'autre a été hébergé par son père la veille du meurtre. Le père a foutu dehors son fils et son ami, qui ont passé leur dernière nuit sur un banc dans un parc. Ils ont voulu emprunter le couteau au père, car ils n'avaient pas de quoi s'en acheter un. 

 L'humanité, c'est ce qui manque à des gens pourtant intelligents et cultivés pour les empêcher de se préoccuper de l'ethnie de ces gens, et de fondre en larmes devant tant de "misère humaine".  

Pour voir que "humain" revient à tous les coins de rue dans ces questions. Et dans "humain", il y a éducation. On ne naît pas humain, on le devient. Comment des gens intelligents et cultivés peuvent-ils continuer de penser ainsi et de véhiculer de tels propos ? 

En fait, c'est parce qu'ils sont encore suffisamment ignorants pour être incapables de "recevoir" la vérité, et du coup, étant moins éduqués, ils sont moins humains.

Exactement de la même façon que la génération de mes parents ne pouvaient pas entendre qu'un assassin doit la fin de sa vie, en prison, pauvre et malade, aux débuts de cette même vie, celle de ses parents; de la même façon, les fils de ces parents là, qui ont grandi dans le culte de l'obéissance et du sacrifice nécessaires, dans la culture de l'intégration au mérite "profil bas", ne peuvent pas entendre qu'on ne choisit pas la damnation, la descente aux enfers sociale.

Il est d'ailleurs assez amusant de constater que c'est exactement le même courant qui aspire vers le haut la progression de l'Islam et celle de Zemmour. L'aspiration à recadrer la société, l'appel à une rigueur morale, à la "reprise en main", ce vide laissé par la disparition de la morale chrétienne et disons, les retentissements de cette morale, bien entendue, en matière de structuration des idéologies politiques et des valeurs, ce vide aspire tout ce qui prétend garantir un cadre moral fort, les religions "dures" et les père-fouettards.

 Face à une montée, l'autre. Personne n'a envie de se plier aux règles d'une culture dans laquelle il n'a pas grandi. Les règles de la dite culture lui paraissent illégitimes, ce qui est évident puisque c'est l'enfance qui sert de période de dressage, pendant laquelle on est docile.

 A l'inverse, les règles et contraintes de la culture dans laquelle vous avez grandi, qui vous ont été inculquées sans votre consentement, vous paraissent non seulement légitimes, mais "allant de soi". Il est donc aisé pour les gens qui vous manipulent de faire passer ces règles pour "naturelles" (sexualité...), divines ou "éternelles".

Et donc de les faire respecter, par la force s'il le faut.

En France, pays où l'on inculquait encore il y a peu des règles de morale, donc de savoir-vivre, et non de "vivre ensemble", ce qui est un objectif et non un comportement, le consensus tient encore la route par endroits. Mais c'est une question de génération. La prochaine risque fort de vivre dans un pays corrompu jusqu'à la moelle, et ceci

du haut

en bas comme c'est parfois le cas ailleurs.

 La règle de l'exemple marche dans les deux sens. Un jeune se dit "Cela profite aux autres, pourquoi pas moi ?", et ceci qu'il regarde un saint homme dans le dénuement et sa joie pure, un exploiteur qui a réussi à voler de l'argent aux travailleurs, ou un pauvre qui pille un magasin.

 Mais il ne faut pas attendre d'un adulte qui, enfant, a suivi le modèle du voleur, qu'il donne à son tour l'exemple du saint homme à ses enfants. Donc c'est déjà foutu pour deux générations. 

A moins que l'Islam gagne ici aussi ? Non, l'opium, ça ne ravage que les peuples pauvres...

Pour tuer un homme à coups de couteau, fût-il membre du clergé, point n'est besoin d'être immigré ou terroriste, ou quoi que ce soit, il suffit d'être ignorant, et ça on en trouve partout, de toutes les couleurs. Comes in all flavors. Je suis prête à parier que l'expression "casser du X" (comme "casser du bougnoul) existe dans toutes les langues avec les voisins en X, hélas. 

Cela se produit déjà entre parisiens et provinciaux. J'ai même entendu un type dire "Ah, je ne les aime pas, les gens de St X...". Je lui dis "Mais tu habites St X ?". 

- Non mais je veux dire ceux du bourg. Nous ici au hameau des machins, ça va....

Alors vous allez me dire, in fine, toute la question est de savoir si lorsqu'un type tient des propos racistes, il le fait par ignorance ou en conscience, par calcul populiste. Alors là, bonne chance. C'est comme si vous disiez quelle est la part prise par le rôle joué à mon insu par mon inconscient lorsque je "prends la décision de craquer " pour une pâtisserie trop riche ?

Je pense que de ce point de vue, mélanger avec l'antisémitisme est une façon de prendre les choses qui ne fait qu'apporter de la confusion. J'y reviendrai.