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dimanche 19 mai 2019

Alors, on l'exploite ou pas ?

Évidemment non. Mais la seule autre solution, pour que le peuple soit armé contre tous ceux qui cherchent à le mener là où on veut comme un troupeau, c'est de l'éduquer.
Et alors là on tombe dans le rousseauisme comme les gamins dans leur piscine, avec un toboggan. Decayiing in a cesspool of pride... On nage dedans. 

Éduquer, au sens noble du terme, c'est boucher les tous, combler les manques, apporter des contraires, tamiser les éclairages, mettre des zones d'ombre, des transitions. Or, on l'a vu, le dictateur n'a comme le despote éclairé n'a d'autre choix que de les occuper. Le consumérisme a résolu le problème avec une élégance rare : il les occupe le matin à travailler pour acheter la voiture avec laquelle ils rentreront le soir s'occuper à regarder la télé qu'ils ont achetée  en travaillant l'après-midi, ainsi également occupée. Ainsi, au gré des changements de la frontière croissance positive/négative, occupe-t-on les bipèdes à travailler ou bien çà la télé.

Une partie du bon peuple de gauche, universitaire en cours de finition, pense que l'éducation consiste à apprendre à un enfant à se pâmer d'office devant de l'art qui dénonce le racisme et l'esclavage, à hurler à l'obscurantisme dès qu'il voit un prêtre, à tirer la sonnette d'alarme du wagon si le réac de la banquette n'est pas prêt à mourir pour défendre les droits des trios d'homos voulant se marier après l'opération qui les a enfin pourvus d'un vagin, pour pouvoir enfin élever des gosses sans avoir à faire l'effort de parler aux autres qui n'ont pas le même avis que moi sur ce que doit tolérer la tolérance du vivre ensemble. Il n'est pas impossible que, si ceux-là souhaitent avoir le droit à l'avortement, ce qui est arrivé dans une affaire récente, on se retrouve à tuer un fœtus qu'on aura préalablement implanté à grand frais dans l'utérus greffé à grand peine à un homme, oh que j'ai hâte d'y être.

Ils pensent, comme tout le monde d'ailleurs, que le bien étant de dire le contraire de ce que leur milieu leur a enjoint de détester, ils font le bien. C'est le même problème que la science. "L'autre diffuse des fake news, moi la vérité".et le pire c'est que les borgnes qui nous servent de roi tombent dans le panneau comme les chevaux à Solutré.

Éduquer c'est dire : "Vous êtes pour l'homophobie, parfait, qu'est-ce qu'un homosexuel ?", "Vous êtes contre, parfait, qu'est qu'un homosexuel ? " On peut ainsi tout débroussailler calmement, et on a l'espoir d'arriver à un consensus (sur le sens des mots), ce qui est un préalable pour négocier.

Éduquer consiste à donner aux gens les outils leur permettant de décider de leur sort par eux-mêmes. On voit que c'est contraire au bon sens et à tous les sains principes de gouvernement. Et de fait, cela n'a jamais fonctionné, parce cela nécessite plusieurs générations, et que le capitalisme arrive toujours à mettre une carte "guerre" avant qu'on ait terminé.

Donner aux gens les moyens de choisir, suppose 1 l'éventail de choix, et 2 les outils pour choisir. L'éventail de choix c'est à dire qu'on permet à l'élève de lire tout ce qui s'est dit en philosophie politique depuis l'aube de l'humanité, en histoire sur les systèmes de pouvoir, ne serait-ce qu'en Europe sur les vingt derniers siècles avec aperçu sur les autres.

Cela se heurte à deux gros problèmes. Le premier évidemment, je l'appelle l'effet Butor, c'est qu'appliquer ce programme, c'est éliminer les études de toutes les autres matières jusqu'à 20 ans. Je propose de supprimer les maths et la physique, ou du moins de ne les commencer qu'à titre de spécialité après 40 ans. Pour construire des fusées qui ne vont nulle part, ça ne sert à rien, non je rigole c'est une pointe vers certains des membres de la famille.

Le second, et là on a affaire à un gros inconvénient, et là je rejoins ma remarque "La difficulté, ça va être de combattre la drogue". 

Sous ce terme de "drogue", je rassemblais tout ce qui comble un cerveau passif (télé, jeux vidéo...) et qui double ce péché de celui d'être addictif. Mais c'est un peu un pléonasme. Rien n'est addictif comme le confort, surtout quand on n'a rien à faire pour l'avoir.

L'inconvénient, disais-je, la difficulté, c'est que tous ces préjugés, morceaux de pensée toute faite, le "prêt à penser", structure l'individu. Les stalactites de l'identification comme les mâts du bateau, ou du chapiteau du cirque, tiennent, étayent l'espace psychique.

L'individu pense qu'il a des convictions, il estime qu'il a des valeurs, il croit qu'il a des convictions. Mais toutes ces illusions fondent les raisons qu'il a de se lever le matin pour faire plus ou moins ce qui était convenu, au lieu de rester sous sa couette à jouer à Fortnite en attendant que l'ADMR ou sa mère vienne lui amener à manger.



Tout ceux qui ont eu à gouverner des peuples savent que l'oisiveté est la mère de tous les vices, et que si vous voulez tenir une troupe, il faut avant tout les occuper. Donc les "diriger", au sens propre du terme, au sens de la boussole. Il faut les envoyer au gymnase, puis les diriger vers les douches, puis les orienter vers le réfectoire etc. 
Si vous laissez le troupeau sans chien, ou les pelotons sans un sous-officier pour les occuper, vous allez vite les retrouver ivres dans les buissons, ou écrasés au pied des falaises. Les "gouverner" aux deux sens du terme, c'est donc en premier lieu leur dire vers où courir.

Si on vous apprend à penser correctement, c'est à dire à penser qu'on ne sait rien de ce qu'est le monde, ni du désir, mais que le principal est qu'on soit d'accord sur ce qu'on fait en attendant de le savoir, le risque est que les gens vous disent :" Bon, ben moi en attendant je me pose et vous viendrez me chercher quand on saura où on va".

Et c'est bien la chose dont ces phobies scolaires sont le signe. Puisque rien n'existe, autant ne rien faire et profiter de ce qui nous reste à vivre. Le problème se double évidemment de la conviction que nous avons sans doute engagé un processus irréversible de destruction de notre propre habitat, et qu'il est désormais possible que notre espèce doive faire face à une échéance  toujours plus courte à la destruction qu'elle a mise en place.

Cette conviction, qui galope comme une peste, n'est pas de nature à encourager nos bambins à abandonner leur Fortnite pour accomplir une tâche qui, quelle qu'elle soit, contribue à accélérer le processus.

Cette sensation d'une apocalypse dont plus rien ne saurait contrecarrer l'imminence est peut-être ce qui a tué la "libido", la volonté de se battre pour survivre, d'autres peuples avant nous.

Alors, peut-on imaginer une issue ? C'est ce que j'examinerai dans mon prochain cours au Collège de France, que j'ai retranscrit ici (si vous lisez ceci en mai 2019, c'est en cours de rédaction, le lien arrive).


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