Je m'en vais vous le commenter un peu. En effet, l'auteur est concerné au premier chef, et il ne faut pas tirer sur le lanceur d'alerte. Je voudrais néanmoins qu'on me permette de tenter de montrer que ce charmant jeune homme est peut-être, un peu, déjà endoctriné par la propagande qu'il dénonce.
1 "Tant qu'on n'a rien à cacher, on n'a rien à craindre". Faux
" Nothing to hide is not a privacy concern". Ce vieil adage de la cyber-sécurité outre-atlanticienne pourrait se traduire littéralement par " N'avoir rien à cacher n'est pas un argument du débat sur la vie privée".
En d'autres termes, les défenseurs de la vie privée doivent bien se mettre dans la tête qu'elle ne relève pas du " rien à cacher", mais du " rien à montrer". Ce qu'il faut craindre, c'est de ne plus avoir le choix de montrer. Lorsqu'on est en pleine lumière dans le projecteur de l'hélicoptère, la question ne se pose plus. Il faut comprendre que le but du totalitarisme n'est pas de vous amener à un point où vous n'êtes plus d'accord, il n'en a rien à battre, mais de vous maintenir en un point où vous ne pouvez plus discuter.
La lutte consiste d'abord sur un aspect d'ordre du jour. Si vous pensez que débat sur la vie privée consiste à laisser le pouvoir cliver le corps social entre bons gentils citoyens obéissants et méchants terroristes, vous avez perdu. Car il suffira de modifier les textes de loi, de vous les enfiler comme on fait sans discontinuer en profitant de l'effet bombinette.
L'objet de la lutte est d'empêcher le pouvoir de finir la tâche qu'il a entreprise, de vous amener tout doucement à un point où vous ne pourrez plus débattre de ce que vous avez à cacher, puisque ce simple fait sera classé dans les comportements délinquants.
Ce n'est pas vous qui n'avez rien à craindre, c'est le fascisme qui a à craindre de ce qu'il ne connaît pas encore. Par définition, la menace est inconnue (virus sans vaccin...). Pour le paranoïaque, l'inconnu est menace. Donc tout doit être connu. Donc vous, puisque vous êtes une menace potentielle.
2 " Tant qu'on est en République, on n'a rien à craindre"..Faux
D'abord nous ne sommes pas "en" république, nous en sommes "en route" vers la république. En voie de guérison des fascismes " réels" encore tout frais dont les décombres fument ici et là. Demandez aux militants cop21 qui se sont fait mettre illégalement sous contrôle sous prétexte d'attentats s' ils ont eu la sensation de pouvoir discuter de la légitimité républicaine. C'est a posteriori que la justice leur a donné raison..
Mais les fascismes réels, avec leur local de quartier qui sent la sueur de chasseur, l'anis de la française des jeux, et leur commissaire zélé, c'est du passé. Lorsqu'un drone vous surveillera, il ne s'agira plus de savoir si vous êtes en république ou pas, ou si vous avez quelque chose à cacher, puisque vous n'aurez plus rien à cacher, puisque vous serez à poil sous la caméra thermique du drone, comme le prisonnier d'un camp à poil sous la douche. Vous pourrez toujours vous gargariser avec le jet que vous êtes en république, l'étiquette vous fera une belle jambe, mon pauvre monsieur
Lorsqu'un drone vous surveillera, surveillera l'heure à laquelle vous sortez de chez vous (anormale, pas l'heure de d'habitude, ne va pas au travail ? Ah si le mercredi, c'est dans la base de données), où vous allez (itinéraire inhabituel, suivre la voiture), où vous vous arrêtez (s'arrête dans un lieu déjà répertorié suspect), vous savez que le moindre geste déviant pourra être interprété de travers, vous prendrez soin de bien allumer votre cigarette de façon visible, avec un briquet agréé, et sur l'espace réservé à cet effet de votre balcon, afin que le drone ne prenne pas ça pour un départ de feu, pour votre sécurité, n'est-ce pas.... Où en étais-je ah ben oui, pendant tout ce temps là, vous serez toujours en république.
Si vous saviez le nombre d'états totalitaires de par le monde dont le nom comme par " République Démocratique", ou " People's Republic ", cela vous semblerait un mince rempart.
3 "Tant qu'on n'a pas Marine le Pen au pouvoir, tout va bien " Faux.
Ensuite, le numérique n'attend pas de savoir qui est aux manettes pour lui fournir les outils de contrôle totalitaires. Tout ceux qui ont eu affaire à une coupure internet ou EDF par erreur de la machine savent que le numérique n'a pas d'état-d'âme, et que même si ceux qui le pilotent, eux en ont. quelque reste, ça peut leur donner des idées ou leur fournir des prétextes pour " sauter le pas"..
Tout ceux qui ont eu des contrôles fiscaux " comme par hasard, tous ceux qui savent que le logiciel qu'ils utilisent surveille leur rendement, tous ceux qui savent qu'on empêchera plus très longtemps certaines officines, au prétexte de rentabilité, de rapprocher les ordonnances des achats en pharmacie, détectant ainsi les vilains qui n'achètent pas les neuroleptiques qu'on leur a prescrits. (et à quand la puce dans la pilule, avec prière d'aller chier dans les toilettes connectées ?), bref, tous ceux là savent que le système n'est pas transparent, mais que le numérique lui fournit les outils totalitaires sur un plateau.
Le " pas de côté fasciste " à faire alors, une fois muni des outils de surveillance, devient minime, et l'argument de la rentabilité est toujours au rendez-vous pour justifier les procédures.
Un dernier mot sur la technique du portique. Bien évidemment que cela n'a aucun intérêt. Bien évidemment que les doués feront un faux badge, que les autres feront péter la bombe devant les portiques, là où les gens s'agglutinent. Bien évidemment que ça ne fait que compliquer la vie des moutons, perdre du temps et de la joie de vivre à tout le monde, et surtout, enrichir les vendeurs de barrière.
Alors pourquoi le fait-on ? Outre tous les avantages de flicage qu'on vient d'énumérer, cela permet de faire croire qu'on va augmenter la sécurité, et surtout parce que cela permet de savoir plus clairement quelle assurance devra dédommager les victimes de la prochaine bombe.
Plutôt que de gérer le risque social, on le transfère sur les assurances.
Cela permet surtout au député en campagne de sortir des phrases sur la sécurité, au député qui passe au procès des associations de victimes de plaider qu'il a tout fait, et à tout le monde de se défausser de la responsabilité du malaise social sur un tourniquet électronique.
Maintenant, cet article de PMO souligne le principal danger de cette initiative au collège, c'est celui qui consiste à " habituer les gens " au flicage numérique. Il faut dresser ces animaux rétifs à prendre l'habitude d'être suivis électroniquement en permanence.
Car tout cela n'est qu'une étape. Ensuite on vous dira que la gestion des badges coûte très cher, et que cela déséquilibre le budget du collège. Argument auquel plus rien ne résiste de nos jours. Plutôt que de supprimer les coûteux portiques, la société qui se goinfre en frais de maintenance proposera de mettre une puce dans le bracelet des élèves.
Cela vous fait hurler ? On vous dira " c'est ça ou bien votre enfant ne pourra plus entrer à la cantine". Alors vous ferez oui-oui comme des ânes, et vous cautionnerez.
J'admire cet enseignant qui envisage de démissionner, et j'espère qu'il aura le courage d'aller jusqu'au bout.
Je m'en vais vous en dire une autre bien drôle histoire de finit de vous saper le moral :)
Hier, j'étais à Paimpont, commune au coeur de la forêt de Brocéliande. L'office de tourisme remplissant bien son office, ils ont investi dans un parcours multimédia qui retrace l'histoire et les coutumes des lieux de façon sommaire mais attrayante, exactement ce qu'il faut à cet endroit pour ce public.
Comme on le voit sur la première photo, la pièce du premier épisode du parcours représente la cabane d'un garde-chasse. Le décor comprend une casquette de garde-chasse qui doit être début XXème, peu importe.
La question qui nous importe est la suivante : imaginez. que d'ici une cinquantaine d'années, vous ayez à refaire un semblable montage. Si vous cherchez la casquette d'un garde-chasse, vous tomberez sur le modèle kaki anonyme standard, que portent tout le monde.
C'est à dire que plus rien ne pourra faire signe. Dans un monde d'objets uniformisés (moins chers), plus rien ne signe la fonction, plus de repère, plus d'identification possible.
Ce que je veux dire par là, c'est qu'une caractéristique de la destruction culturelle que nous subissons est son irréversibilité.
C'est un caractère qui donne son exceptionnelle gravité au processus, et qui me motive à chaque fois pour vous sonner la cloche dans les oreilles. Tout le contrat social réelle en république réelle est basé sur la réversibilité, qui est la simple transposition technique de la liberté d'opinion.
Si vous avez un mécanisme actionné par une manette, et que la manette reste sans effet, vous pouvez toujours vous féliciter que la manette soit " républicaine", si cela vous fait du bien, tant mieux.
Mais pour avoir le choix entre plusieurs solutions, encore faut-il pouvoir les voir. En faisant disparaître, au motif de rentabilité, les signes visibles, on fait disparaître les repères qui permettent de choisir entre les choses. L'injonction d'être rentable entraîne celle de choisir le moins cher, donc l'article standard, anonyme, dépourvu de spécificité culturelle, laquelle rend visibles les choix de son contexte.
Afin de rendre critique le choix du moins cher, il faut organiser une économie basée sur etc. etc. vous connaissez le mécanisme, puisque vous y allez pousser votre caddie tous les samedis.
Je vous recommande dans le même genre ce lien sur ce qui se passe en Bourse, et ce lien, qui vous expliquera pourquoi on vous restreint de plus en plus vos échanges en liquide. Ce qui n'échappe pas à son auteur, je trouve, est une subtilité d'importance. La raison invoquée que le liquide facilite les échanges illicites est bien réelle. C'est la définition d'illicite qui n'est pas partout la même.
A partir du moment où " illicite " désigne une somme qui ne peut pas réellement être totalement démonétarisée, et donc servir de bois dans la chaudière de l'article mentionné précédemment, c'est toute l'économie réelle qui est soupçonnée de " blanchiment".
Enfin, achevons le travail avec cette belle image.
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