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samedi 22 août 2015

Le passé, et après ?

Non désolée, je crois que finalement je vais râler encore un petit peu.

Je reviens d'une expo considérée par tous sauf ses plus ardents détracteurs comme relevant de l'art textile, et une chose m'a frappée, c'est le silence assourdissant du verbe.

Pas une miette de conférence, pas le moindre vermisseau de débat, pas un seul échange d'idées, pas une ligne de texte, rien. Nada. Nichts, que dalle. Mondanités, on évite ce qui fâche, c'est à dire les sujets.

Je sais qu'il s'agit d'une exposition, et non d'un colloque ou de "rencontres".Je sais que mon enfance s'enracine dans les années 70, période pendant laquelle on avait le débat facile, je sais qu'artpress est difficile à trouver en kiosque, mais tout de même.

Prenons le thème de la manifestation, lié au temps. Quid de la relation de chacun des artistes au temps, ou de ce qu'il expose au temps, pourquoi ? Rien, pas un mot.

Vous, avec vos tableaux, toujours les mêmes jour après jour, un coup bleu, un coup jaune, votre petite technique à vous, votre petite propriété privée qui vous assure reconnaissance et protection, votre petite cure, avec sa prébende et sa dîme, votre petite niche que vous creusez, vous la creusez pourquoi, vers où ?

Et pour le reste. Quid de l'art textile ? Aujourd'hui, demain, ailleurs, que sais-je ? Et de l'art en général, pourquoi créer, vers quoi allez-vous, en quoi vous adressez-vous à l'humain ?

De chacune des œuvres installées, rien, pas un mot. Les catalogues : titre, technique, dimension, année de création. Point, rien, pas un mot, rien.

Chacun des artistes présentait son parcours, commentant un peu une rétrospective " Là j'ai arrêté ceci, en 1980, j'ai fait cela..." . Parlait de sa technique. Jouant avec le hasard, défiant la matière qui sèche. Pourquoi, dans quel but ? Pas, un mot, rien.

Tiens un exemple au hasard, le travail de Mme Gubitz :


Vous vous doutez sûrement de la tonne de questions à laquelle on aurait droit si par exemple la vilaine Guillemette nous pondait un truc dans le genre. Là, j'ai eu beau chercher, rien. Nada que dalle, nothing. Alors la prochaine fois ce sera quoi qui sera interrogé, un quart de rond, un fond de panier, la tresse sera jaune, le fil rouge, pourquoi pas, pourquoi ?

Alors voyons un peu :
Woven Earth is the gallery of fiber sculptor, Karen Gubitz, whose sculptures are inspired by nature "
Bien, bon début, c'est une source sûre, on y trouve de tout. Un peu pêle-mêle mais de tout.
"I am inspired by nature – by the pure, simple and beautiful forms and textures that nature presents. 
Eh bien voilà...
In weaving, twining, coiling, netting, wrapping, twisting or bending everyday objects, materials that are familiar and yet surprising, each work of art evolves into my own inner vision of the natural world. 
Oui, mais pourquoi tous ces verbes accumulés ?
As I continue to test the limits of these everyday materials, I become more assured of my own vision, 
Qui est, donc ... On pourra en avoir une idée ?
enough so as to allow for the unexpected. 

Certes...My work is an invitation to the viewer to reach out and touch and to join me in my joyful celebration of nature. "

Ah oui, non, ça reboucle, dommage ça a failli dire quelque chose.

C'est bien ce que je pensais. Des artisans à la recherche d'un peu de maîtrise, surpris par les heureux hasards de leurs tâtonnements.

Karen also hosts creative workshops for small groups at the Woven Earth Studio at Harvest Hill Prairie in western Illinois. 

Ah ouais, on a beau être retraitée, on n'oublie pas le pognon :) Pis ça permet d'avoir une petite cour, c'est agréable de prendre le thé au milieu des admiratrices.

J'ai mis cela en relation d'un coup avec le malaise que je ressentais à les côtoyer, avec cette relation étrange que j'ai avec la relation étrange qu'ils ont avec les gens qui passent.
Ils ont presque le même rapport à leur oeuvre. L'un crée, l'autre pas, le visiteur passe, " aime " ou " n'aime pas", summum de l'investissement, où nous tire un effort fou pour tenir le coup jusqu'au dîner, empêcher ce vide qui se creuse de nous engloutir avant qu'on revienne à la maison.

Mais l'artiste n'est guère plus présent. D'ailleurs, à part pour le vernissage, on s'en passe. Si : comme un artisan, il est censé expliciter la technique. Dévoiler à un peu sa niche, dans laquelle il oeuvre pour lutter contre toutes les forces qui font que cela ne donnerait pas " ce qu'il veut ".
Mais au fait, ce qu'il veut, c'est quoi ? De cela on ne saura rien. Il découvre le résultat, il aime ou il n'aime pas. Les bonheurs du hasard fournissent de belles pièces.

Mais pourquoi ? Pour rien, en fait, pour remplir les salles d'expos, les catalogues, faire tourner une machine qui tourne à vide.

Et pendant ce temps, à quelque pas de là, dans la salle des fêtes en lino reconvertie en marché, de vieilles femmes bradent ce que leur grand-mère a brodé. Les torchons,


ça accroche toi pour le faire, ça va défier les limites de ton imagination :D


et les mouchoirs


Là aussi, tu peux confronter ça à ta vision intérieure, mais déjà faut le tisser, tu vois ma grande.



Aux mêmes initiales (S.T.). N'ayant pas les moyens d'acheter les broderies, j'ai raflé quelques trucs pour le souvenir, et laissé les serviettes, pourtant vendues à la pièce, en espérant que quelqu'un achèterait le service.

Ces dames, qui m'ont remis leurs reliques de famille, m'ont dit qu'en allant à l'école, elles voyaient par les fenêtres les tisserands fabriquer ce que vous voyez là, sur votre écran.

Entre l'espace d'exposition et la salle des fêtes où l'on vend ces trésors, pas de communication. Les artistes textiles n'ont rien à voir avec le tissage. D'ailleurs il ne savent plus, ou si, on peu, les œuvres les plus anciennes, de petits formats, un petit peu.

La tisserande, la vraie, elle est encore un peu plus loin, ailleurs dans le village. Elle fait des vêtements et des accessoires: Mais en laine, de luxe. Pas les nappes et les torchons. Qui va acheter un torchon fait main ?

Autre silence assourdissant, celui de ces métiers disparus, de ces savoir-faire et techniques mortes De cela l'art textile n'a rien à faire. Peu lui importe d'être coupé de ses racines artisanales, il tourne à vide, remplit des catalogues et des galeries sans rien dire.

Sans rien dire des savoir-faire dont il hérite, qu'il pille et dont il profite encore un peu, en roue libre, pendant qu'on trouve des financements pour faire de la culture.

L'art n'est plus que de l'artisanat, et l'artisanat n'est plus que de l'animation culturelle pour qu'il se passe autre chose que la télé le dimanche. Du moins pour les quelques % d' " artisans" qui ne sont pas électriciens, couvreurs, boulangers, plombiers, charpentiers...

Le reste des jeunes bosse où ?. Au macdo du bourg voisins. L'art il s'en tape. Et l'art, il s'en tape qu'on s'en tape ? On ne saura pas. Là-dessus non plus, pas un mot, rien.

L'artiste arrive, accroche ses petits machins, fait trois ronds de jambe, boit un coup, encaisse de quoi payer son essence, et tout le monde rentre chez soi. Cela aura servi à quoi, tout ça, encore une fois à part " animer le territoire " ?
On ne saura pas, silence, interdit de parler, de réfléchir. On glisse, on patine, discrètement, on rafle ce qu'on a pu grappiller, et on repart sans refaire de bruit.

Moi j'aurais été preneuse de quelques questions du genre " Pourquoi faites-vous cela ? Pensez-vous que cela fait avancer l'histoire de l'art ? Etes-vous conscient que votre démarche a été empruntée mille fois auparavant, cela ne vous dérange pas ? Très bien. Du moment que ça vous amuse et que ça grappille quelques sous, ça fonctionne, remettez une pièce de cent sous dans la fente pour l'expo prochaine, siouplai.

Je voudrais l'entendre de leur bouche, que ce qu'ils font ne sert à rien d'autre que la cause d'embellir leur retraite assurée par le conjoint ou l'Etat. Je voudrais voir leur tête quand ils l'admettent.
Je voudrais voir leur tête quand je leur pose la question de savoir si ça les dérange, eux "artistes textiles", que tous les tisserands alentour soient morts, et que de vieilles dames bradent dans la salle des fêtes à côté des mouchoirs où il y a plus de technique que dans leurs arts réunis, parce que l'outil a été mis au point il y a des siècles, et qu'il ne sauraient même plus le faire fonctionner, et que les jeunes bossent chez Macdo pendant qu'ils exposent.

Je voudrais voir leur tête quand ils me répondent que non, ça ne les dérange pas. Je crois qu'il vaut mieux que je n'y retourne pas, la prochaine fois je risque de ne pas pouvoir me retenir de gâcher leur petite fête.

Je sais qu'on va me sortir la grosse barre en or de la spontanéité de la joie de créer, du bavardage inutile sur l'art contemporain, contraint d'habiller des œuvres qui n'ont rien à dire par elles-mêmes.

En fait, comme dit Jep dans La Grande Belleza, on n'habille même plus tout cela de pensée, du blabla suffira, c'est moins cher, plus soft, plus cool.

Autre témoignage dans le filon " My work with silk began after I finished a university art school career. I had worked as a graphic designer, illustrator and sculptor until then. I was looking for a new direction with techniques to suit the time and my needs, something new and intuitively creative. I met  xxx She introduced me to the world of silk, textiles and silk painting. That is nearly a decade ago. Since that time I have drawn and painted several kilometers of line and brush work and explored the materials and textiles in a relentless manner. "

Le gars, il ne cherche pas qu'il a à dire, il cherche une technique qui va bien dans son emploi du temps, et il en fait des kilomètres. Super. Des artisans, quoi. Mais comme ils ont disparu, on les appelle des artistes.

Quant aux artistes, tout le monde se fout qu'ils n'aient plus de nom, ni qu'on s'en soit servi pour désigner les artisans, personne ne s'en est aperçu, personne n'est venu réclamer le nom, ils s'en foutent de comment on les appelle du moment qu'on les appelle et qu'on les paye.

Pour se consoler, un peu de wip


Un vert exquis, mélange de delphinium et de je ne sais plus quoi. Je l'adore, je vais en faire plein de choses.


Le violet campeche, dont je ne me lasse pas.


Cette fois avec un jaune sophora.


Veuillez noter comme l'écorce cintre différemment par rapport à la photo ci-dessus, où elle était plate


Je ne l'ai pas touchée, elle change avec l'humidité de l'air. Rien que du banal, rien à exposer. Pas de quoi en faire une expo, même en mettant quelques bouts de fil autour.

Cela n' a rien à faire ici, et devrait être publié dans le ravin du chamelier. L'art est en suspens depuis l'après-guerre, tout le monde retient son souffle, et le roi est de plus en plus nu. C'est bien de piller la nature et les techniques du passé, mais après, on fera quoi ?

lundi 3 août 2015

Google moves (bientôt sur vos écrans)

Une courte vidéo destinée à la présentation d'une application Google de traduction des langues :



La vidéo s'ouvre et se clôt par un écran qui s'interpose entre le regardeur et le monde, ce qui est le but de la traduction " See the world in your language", dit le slogan final.

Mais de quel monde s'agit-t-il, ce monde que nous " voyons" ("see") ? Nous ne voyons qu'un écran, pas le monde.

Un moment intéressant est par exemple à 0:47 lorsque le texte à traduire est réparti sur deux panneaux. Je suppose en effet qu'une des ruses principales (du moins est-ce présenté ainsi) de ce logiciel est qu'il " réécrit" le texte dans la langue cible, puis le " réinsère", police, taille et couleur comprise, dans l'image.

D'où peut-être, le rôle des petits rectangles, aux dernières secondes. Car le texte est sur des panneaux.

Ainsi à 0:47 peut on supposer que le logiciel ait eu à décider, à choisir, de mettre le " I " qui appartenait originellement à " ti ", au même endroit que le " I " de " I". On voit d'ailleurs le petit retard du au traitement de l'image.

On peut supposer que si l'initiative se prolonge, il pourrait figurer sur l'image du " texte " d'origine, des idéogrammes, qui échappent au détecteur de caractères, et qui ne soient pas traduits sur l'image cible. On peut supposer aussi le contraire.

Imaginons par exemple que dans l'image source figure un livre. Le logiciel de reconnaissance analyse les caractères de ce livre et les réécrit en texte dans la langue cible. On pourrait alors zoomer, et " lire " l'ouvrage censément posé sur la table de la personne. Et même, tourner les pages. Sans pour autant découvrir le marque-page, le petit mot manuscrit caché entre les pages.

Ou pas. On pourrait aussi découvrir des choses qui n'étaient pas dans l'image source.

Je ne commente rien, je vous laisse méditer là-dessus.  Google avance.

Sinon j'ai vu Les mondes de Ralph, dans lequel un petit réparateur tombe amoureux d'une femme et lui fait des compliments sur son visage en HD. Il y a une réflexion sur les virus vivants qui fait un peu penser à Tron et à Matrix, en mode jeu pour enfants, univers de sucre et de bonbons, sans oublier la mention d'une ou deux marques. Publicitaire par nature, la création de ces choses, lè-bas. La frontière entre le vivant et le monde virtuel, qui meure lorsqu'on le débranche, débat sur la fin de vie.

Sinon j'ai lu un travail produit à l'université de Valenciennes et alentours, à l'occasion d'une expo d'Alexandre Hollan en 2000 au château Dampierre. Moins de couleurs, mais sans doute tout aussi intéressant. Peut-êtrer même plus si on exclut du champ de la comparaison de savoir si on doit se résigner lorsque le destin semble vous avoir assigné un rôle, ce qui semble être le nec plus ultra de la réflexion, là-bas...


samedi 1 août 2015

Missing link is on the way

Idem que le précédent, rien de transcendant, mais j'en aurai besoin plus tard.

Bridging the gap : you are the missing link. Cause there is no missing link, parce qu'il n'y a besoin de maillon qu'entre des choses qu'on voit séparées.

Prenons l'exemple de La jeune fille Violaine, pour situer cette oeuvre, entre d'une part l'Antigone d'Anouilh, et d'autre part la  Fin de Partie de Beckett.

A gauche les affres liées au maintien de l'ordre dans la Polis, à droite les absurdes autant que nécessaires contentions d'un crépuscule généralisé en chacun de nous, interprétations (Barbara Schulz/Hossein, Pinon/Berling) magnifiques servant un texte magnifique, et au milieu de ces deux larrons, se situer dans un dessein expiatoire pour vivre la sourde joie masochiste de l'accomplir.

La question que je me posais était de savoir si le fait d'insérer la problématique à l'intérieur de la mystique chrétienne rend la perspective étriquée, ou bien au contraire, est-ce tenter de lui faire exécuter une sorte de saut périlleux dans l'hyperbole, vers un au delà de l'au delà ?

Le sacrifice de soi, le "qu'il croisse et que je disparaisse" de Loyola, est-ce se mettre en demeure, une fois les deux larrons absous, d' inventer ce qui est à la porte ouverte ce que la porte ouverte est à la porte fermée , pour se sauver soi-même ?




Le métier à tisser à la tire, ainsi, nous invite à surpasser l'effort. Cet homme a mis vingt ans pour ressusciter une technique disparue, un savoir-faire enfoui sous les décombres du progrès. Il s'agit de faire un métier à tisser. L'ancêtre de ce qui a donné chez nous le Jacquard. Le roi des métiers à tisser, celui où l'on peut sélectionner certains fils de trame pour être levés

Vous allez me demander quel est le fil commun de tout cela. Je l'ai matérialisé quelque part dans la phrase " ce qui serait à une porte ouverte ce qu'une porte ouverte est à une porte fermée" (1). Un hyperbole de l'essence d'une chose, mais venue d'un retournement de l'intérieur, une mue de cet intérieur, en totalité.

La transformation, par inversion, de l'essence de l'unité, en totalité. Comme l'inverse de la surface intérieure d'un sous-marin, pure unité individuelle " idiote", inutile, devient une fois non pas traversée, mais retournée,  la surface intérieure de l'univers moins quelque chose. Mais ce quelque chose reste problématique. Il est encore trop à rester.

La négation de soi-même comme expansion totale de soi-même. Le mieux  du mieux comme seul ennemi possible au soi, ne se satisfaire que de l'impossible à atteindre.

C'est comme ça que je ressens la possibilité de passer d'un train à l'autre, comme évoquée par la Vilaine Guillemette.

L'expansion de soi, mais à partir de quel soi ? C'est ce que nous verrons au prochain épisode.

 (1) Citation erronée d'un article de John Moullard. (lien vers la porte ouverte)

Signs of times

Je vais râler une dernière fois. et puis on va passer à autre chose. Ce n'est pas très intéressant en soi, mais je pose quelques éléments auxquels je ferai appel par la suite en tant que référence.
  • J'ai vu ma première casquette YMCMB sur une table d'élève dans une école primaire en France. Idéologie bling-bling du sexe macho, du fric par la drogue et de la bagnole pour décérébrés, tout pour plaire. Et des gamins d'école primaire du fond de ma campagne demandent à leurs parents de financer cela. Bravo les dealers.
  • Je me suis entendu proposer ma première consultation de médecine " pour riches", un rendez-vous soit début 2016, soit novembre 2015, mais avec dépassement d'honoraires. Fini le temps du médecin de famille qui rappliquait au pied de mon lit pour mes rhumes de petite fille... Bien bien bien...
  • Je trouve que la blonde sur la gauche, , elle ressemble un peu à Jane Asher dans Deep End. Et c'est marrant, je trouve qu'elles ont aussi quelque chose de Bulle Ogier.
Plusieurs figures concourent en ce moment à un même mouvement, dans lequel sont entraînés les objets créés.

Dit autrement, les productions para-artistiques subissent des mouvements de diverses origines et de diverses directions, mais qui les entraîne dans une spirale dont le tourbillon a globalement la direction d'effondrement des trous noirs.

Voici quelques uns de ces mouvements :
  • L'envahissante progression du titre-jeu-de-mots comme ressource pour les titres. Qu'il s'agisse d'une manifestation, d'une oeuvre, il faut que le titre fasse jeu de mots, clin d'oeil, ludique, complice, décoincé, pas prise de tête.
Exemples en vrac :
- La route du rock (la route du rhum ?)
- Exposition Ori-Peaux à la galerie l'Antre-temps.
- Un emploi nommé désir (un tramway nommé désir ?)
- Carré d'art (carré d'as ?)
- "Un parcours au long cours"
- La fanfarfelue,


1980


alzheimart

35 ans que vous radotez les mêmes bulles de singes, les gars.

On peut d'ailleurs se poser la question, le nombre de lettres étant fini, s'il arrivera un jour où on ne pourra plus nommer une exposition d'un mot qui n'ait déjà été utilisé. D'où peut-être le recours croissant à des solutions comme " fanfarfelue".

  • Le reyclage comme pratique "artistique", autre manière de camoufler son impuissance et son manque de moyens, entre également dans une seconde phase, celle d'une mise en abîme plus ou moins consciente. Comme les recettes que s'échangeaient les prisonniers dans les camps, substituts à l'indigence et au manque de nourriture réelle.



    Les marques des produits sur les boîtes d'emballage sont déjà des pillages : comme " Ben-Hur", film pillant les ressources des légendes antiques, elles chipent l'aura de tel ou tel personnage de légende. Sans forcément le savoir, l'artiste qui recycle, ou " upcycle" régénère ce détournement.

    A côté des manifestations artistiques, la communication dans le secteur culturel a de quoi se régaler.

    Ici par exemple, le motif des étoiles est donné par le nom de l'Abbaye " La Trinité", elle même nommée d'après la Sainte Trinité.


    Scan et détourage sont les mamelles de l'infographie.


    Ad nauseam,



    La profondeur artificielle créée par le procédé de citation emboîtée, plus ou moins masquée, révélée, avouée, assumée, a pour but de masquer le vide de l'inspiration. Ces mouvement ont tous un même but, et tous un même moyen, la notion plus générale de " pillage ".

    L'art d'un temps s'est toujours nourri de celui des prédécesseurs, et l'imitation est la racine de l'épanouissement pour les formes nouvelles. Mais recomposer n'est pas renouveler. Disposer autrement, découper et coller est en même temps qu'une recomposition, un brouillage kaléidoscopique. Il faut trouver une nouvelle cohérence.

    L'effet donne une sensation de " jamais vu", mais le jamais vu n'est pas le nouveau. L'innovation n'est pas la paraphrase, la citation et le jeu de mots ne sont pas deviennent pas automatiquement création tant qu'ils restent réarrangement sans jaillissement. On a déjà beaucoup espéré du hasard en la matière.

    Dans les deux cas, la référence est réintégrée dans le champ de l'art, la première fois en tant qu'objet d'art, la seconde en tant que produit dérivé, que le musée achète parce qu'il fait référence à sa propre histoire, et se reflète dans le miroir de son histoire réactualisée, comme dans les fragments d'un miroir. Comble du narcissisme, il achète les travaux de l'illustrateur qui lui permettent de s'aimer dans une image " modernisée " de lui-même, mais qui ne peut se résoudre à ne pas accompagner sa vocation, ie. montrer les vieilleries de sa propre histoire.

    Maintenant selon ma bonne habitude, je vais critiquer ma propre pensée.

    Dire quelque chose de nouveau, c'est plus que le dire d'une façon nouvelle. Ce postulat se discute. Quelle serait donc cette chose au delà de la nouvelle forme, que le propos devrait découvrir, démasquer comme un oublié des tentatives précédentes ?

    Archives du pillage

    “I love being part of a global movement that supports small businesses.” –Yana G, founder of Supamoimoi, an Etsy shop in Montreal, Canada that sells women's and children's clothing inspired by vintage Russian fairy tales.

    Right. How do you support Russian Fairy tales writers today ? Tu te fais du fric sur le dos de leurs ancêtres, mais comment soutiens-tu la création russe contemporaine ? En rien. Tu prends le pognon et tu te barres. Après moi le déluge.
    On s'est toujours inspiré de canevas narratifs, et on s'est toujours reposé sur le patrimoine culturel. Le problème, c'est que cela fonctionne désormais à sens unique. On pille sans trop rien comprendre, mais hors de question de se " prendre la tête" à travailler pour enrichir le patrimoine, en comprenant de quoi il est fait. Je prends le pognon et je m'achète une voiture avec.
    Autre truc dans la même veine :

    For the non-runners, a 5K is a five kilometer race (approximately 3.1 miles) and is a popular format that generally takes 20-30 minutes to complete. C25K prepares the non-running "couch potato" for a 5K in about nine weeks.
    Fitness and running aspects aside, C25K is a model of a transformational initiative that's been successful around the world, and provides an instructive example of how to design your own transformational initiatives.

    What's in a name?

    The mere name of the program, Couch to 5K, is profound in that it articulates the starting point and objective of the program clearly and obviously, unlike most transformational initiatives. If a typical consultant or middle manager had been tasked with naming the program, we'd probably end up with meaningless words and numbers like "FAST FEET 2020" or "Project ABE: ACHIEVE! BELIEVE! EXCEED!"
    While it may be fun to pretend to be a government operative or consumer product developer and create cute codenames, initiatives that don't convey any meaning are not helpful. How do you expect interested parties to remember that "Project Redwine" is your ERP modernization, and "APOLLO X" is an updated mobile app? Like Couch to 5K, your program should strive to have a name that clearly articulates what it's about and what it's meant to accomplish.

    C25K est aussi un " meaningless word", basé sur une confusion maintenant établie entre "two" et " to". Il faut expliquer " 5K" aux "non runners". Quant à l'abréviation de " Couch" en " C"...  La foi bouge les montagnes, même dans leur canapé.

    On passe d'une connivence de l'association à une connivence de l'acronyme.

    Les mouvements, pillage et excès de directivité se rejoignent en un territoire superposant les deux versions d'un " efficace". Etre compris  pour vendre sans tierce référence, d'une part, et empiler d'incompréhensibles références culturelles pour " faire comme si" on vendait de la culture, d'autre part.
    L'un décomplexé, l'autre pas encore. Vendre. Avant tout : vendre. Vendre aux déstructurés, aux consciences molles, déculturées, sans plus aucun squelette culturel, et qu'il faut convaincre de croire en un programme de gymnastique, dans le goût d'un poulet, de visiter tel musée ou tel expo. Non pas guidé par son propre itinéraire culturel mais " convaincu " par le marketing, " teasé " par le jeu de mot. Peu importe le contenu, il faut que l'affiche vende, que le nom attire. On verra après. D'abord vendre, vendre, vendre.

    • Pour finir, je ne regrette pas de m'être abonnée au flyer publicitaire de Saatchi Art, cela permet de lire des choses comme " Meet the Portland Artist Turning Everyday Life into Poetry "
    Quid de ceux dont la vie quotidienne EST une poésie ? C'est l'artiste pour bourgeois dont la vie quotidienne est un plan-plan où on s'emmerde à cent sous de l'heure, et qui va mettre juste un peu de couleur pour que ça devienne une féérie, comme les DVD de Disney. 
    Et le pire c'est que c'est vrai. L'artiste proprette, avec ses gants de vaisselle pour ne pas salir son mobilier, qui " try to give visible form to the emotional aspects of experience ".
    Je vous relaierai l'info s'il y a d'autres choses à pleurer comme celle-ci. De rien.