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mardi 22 septembre 2020

Le journal d'Anne Freeze I

 L'affaire Freeze Corleone #jesuisfreezecorleone m'oblige à reprendre la plume pour enfoncer le clou sur la liberté d'expression. La liberté d'expression ne se monnaye pas, elle ne s'accorde pas "sous condition", à condition que le contenu convienne, et "jusqu'à un certain point"... Point que moi, je définis, bien entendu. La liberté d'expression, c'est un pilier de la démocratie, et comme tel il n'appartient à personne, et encore moins de se le tailler sur mesure. Hardie, celle-là. 

 

Dire "La liberté d'expression, d'accord, mais là, non",  ça n'importe quel état policier est capable de le faire. 

"La liberté d'expression, oui, à condition que ce soit pour louer le pouvoir en place, mais ces critiques, là, ces réflexions sur le Parti/ Le Dictateur Maréchal Président à Vie/ Mahomet / Le fils du Maréchal président de la société pétrolière Nationale, sa belle-soeur à l'énergie, son beau-frère au Gazprom /les opposants écrasés sous prétexte de terrorisme/ les drones saoudiens au Yemen/ la Shoah, Jésus, les maîtres Jedi, les Ouigour fichés génétiquement les nazis en ont rêvé... là non", ça la Chine est capable de le faire aussi.

Il faut comprendre qu'il y a une tension radicale entre la liberté d'expression et son contenu. C'est sa définition même qui est en jeu, tant la formule est une réduction de "Liberté d'exprimer... des choses qui déplaisent". 

Ce qui est en jeu dans la liberté d'expression, c'est justement de recoudre cette plaie entre la liberté et l'expression. La liberté d'expression appelle par essence une expression qui choque celui qui lui accorde liberté.

Il n'y a aucun mérite à aimer ses amis, disait Le Christ à ses disciples, ça tout le monde sait le faire, ce que je vous demande c'est d'aimer vos ennemis. De même il n'y a pas grand mérite à donner toute liberté à vos louanges, et il y a peu de chances qu'on vous admire pour avoir eu le courage de laisser libre cours. aux flatteries qui vous encensent. 

La fierté d'une démocratie, c'est justement de laisser l'expression à ceux qui choquent. La liberté d'expression, elle ne se revendique pas pour les regrets sur Annie Cordy, Johnny, l'Abbé Pierre et  les remerciements aux soignants, mais bien pour les gens qui disent des gros mots, comme "Mahomet", "Hitler"...

Et c'est précisément pourquoi, car ils viennent là tous marcher en plein dedans, l'argument : "Oui mais c'est pas pareil" ne tient pas. La liberté d'expression ne se mesure pas au contenu de ce que vous publiez mais à la tolérance de ceux qui, tout en étant sa cible, décide de vous laisser parler. Si vous commencez à dire que c'est moins grave de critiquer X que Y, vous retombez exactement dans l'ornière chinoise, et demain on ne saura plus si on peut parler ou non des orchidées, du clitoris du prophète, des reliques d'Hitler ou du gode de Jésus, du pain de mie ou des sandales en cuir, selon qui est au pouvoir et donc qui a établi la liste des trucs graves et pas graves.

Si demain le Parti décrète que c'est grave de nier l'existence des orchidées, alors après-demain, chaque Chinois va affirmer en avoir vu cent depuis le matin pour ne pas devenir négationniste. La liberté d'expression ne concerne pas le contenu mais le dictateur qui la met en oeuvre.  Elle ne dénote rien, elle connote le pouvoir.

J'aime à dire que s'il y avait un organisme genre Amnesty qui nommait des responsables de la liberté d'expression, j'aimerais avoir le poste pour les Balkans et l'Afrique du Nord. Ne parlant pas un mot d'arabe ni de croate, je suis la candidate idéale. Je n'ai aucun moyen d'évaluer le contenu, donc j'autoriserai toutes les publications, in extenso, d'où qu'elles viennent, et avant même qu'elles paraissent. Je suis le champion imbattable de la liberté d'expression de mon secteur : le contenu est intouché. Non regardé.

Intact. Comme une neige virginale, ou une vierge neigeuse. Voyez, point de goutte de sang au bout de l'épine de la rose.

Autoriser la publication a priori, avant même la parution, voilà le seul mode pour la liberté d'expression. 

Moi directrice de la liberté d'expression, et la meilleure encore, je n'ai rien à foutre de savoir quel Dieu à la con est insulté dans le journal, et ça ne m'intéresse même pas de l'ouvrir pour savoir si on salit la mémoire des Juifs, des Druzes, des Babounians, des Ben Brwnie, de Hitler, Mickey Mouse, Peter Pan, l'Apôtre Paul ou les frères Jacques, Pierre Paul Juif, bougnoule, druze pakistanais, caporal arménien, inouite en goguette, ou de quelle minorité ethnique à la con, on bafoue les droits à l'image ou le souvenir ou quoi que ce soit, je m'en fous. 

Moi directrice de la liberté d'expression, et la meilleure encore, mon boulot, c'est qu'ils aient le droit de le dire.

Et je vais vous expliquer pourquoi j'ai rien à foutre qu'on peigne De Gaulle en Drag Queen, Jésus en flic, Hitler en pingouin en train de fourrer Mahomet à Auschwitz, je vais vous le dire, c'est parce que toute la bande de trocadéros que vous êtes, occupés à ces conneries, vous ne valez pas mieux les uns que les autres. Il faut être aussi con pour dire qu'on n'a rien à foutre de la Shoah que pour dire qu'il faut s'en souvenir, ce sont des problèmes symétriques soulevés par des débiles, pour des débiles (2). Si vous aviez une civilisation digne de ce nom, vous n'auriez pas ces problèmes, et donc, c'est ce à quoi il faut s'employer.

Les débiles qui agitent ces problèmes sont de trois catégories. 

La première, c'est l'exploiteur, qui fait des sondages, comme un chercheur de pétrole. Il tape sur la société, il la choque, pour connaîtres les lignes de clivage. Une fois qu'il a réussi à frapper sur une ligne de clivage, à trouver une question clivante, les juifs les arabes les noirs, les arabes juifs, les noirs roux, les noirs roux homosexuels, les noirs non roux mais homosexuels, le prépuce de Marie, la prostate de Mahomet, YHWH à la con, Jésus de merde, donc une fois qu'il a trouvé une ligne clivante, qui fracture la société, l'exploiteur géologue se transforme en exploiteur homme politique, compte le nombre de voix dans chaque camp, et dit la bonne chose dans le bon micro pour  dresser une partie des imbéciles de la société contre l'autre moitié. et faire 51 % aux élections pour jouir enfin du prestige et des avantages accordés aux vainqueurs.

La seconde c'est l'exploité. C'est le crétin de base, qui a intégré une des catégories de pensée que l'exploiteur lui a imposé dans sa grille mentale. Après avoir été un enfant qui n'a rien à faire de ces âneries, mais qui devra en être imprégné sans son consentement, l'exploité se fait embobiner par l'exploiteur et il se met à penser qu'il ya des Juifs, des Noirs... C'est exactement la Chute. L'innocent mange le fruit du savoir et prend les mots pour des choses. Le crétin exploité se lève comme un seul homme dès qu'on appuie sur le bouton qui insulte la communauté à laquelle il pense appartenir. 

Le crétin pense qu'en tant que tchétchène il doit faire ceci ou cela, sans se rendre compte que c'est l'inverse, et qu'en fonction de la communauté X ou Y  par laquelle il a été endoctriné étant enfant, il doit commettre le crime débile de X ou Y (truc d'honneur, peine de mort, mutilation des enfants...)

La troisième enfin, c'est le journaliste peut regardant, qui véhicule une opinion sur un sujet qu'il n'a pas examiné, il tranche pour les autres, il prend parti, ce qui est non seulement un manque de professionnalisme mais aussi hélas vu la circonstance une faute lourde.

Moi je serais la Licra, je demanderais qu'on arrête d'employer ce mot tout le temps, ça finit par être contre-productif. FC n'est pas un rappeur mal élevé, c'est un nègre inculte qui essaye de se faire un nom, comme c'est l'usage dans le monde du spectacle vivant si on veut gagner sa vie, comme la plupart des miséreux des cités. Ils n'ont que Ronaldo ou lui comme espoir de s'en sortir.

Mais ce qui m'importe, c'est que, quel que soit le débile qui a pondu le journal, quel que soit le contenu pour débiles qu'il a a concocté, pour les gens que ça va ravir ou faire hurler comme tous ceux qui bêlent dans le bon tune dans le micro au bon moment (Vous devez dire : "c'est génial/affreux", selon votre camp), donc ce qui m'importe, nonobstant tout cela, c'est qu'il ait le droit de le dire.

Et voilà, là vous allez hurler. Vous allez me dire :" Quoi, quel que soit le contenu ?. Vous rigolez ? Il y a des choses qu'on ne peut pas publier ". Et moi de répondre : "Ah oui ? Et quoi par exemple ? Une petite fille en train de se faire mutiler les organes génitaux au couteau de cuisine, ou bien sodomiser par Mahomet dans le camp de Sobibor ? "  Ah non, ça on a le droit, ben alors, voyons...

Et là, chacun va défiler sa litanie de bienséances et d'outrances, de choses-qui-vont-encore, et de choses-qui-vont-trop-loin etc. Et comme chacun a une liste différente, on n'en sortira jamais. 

Alors, allez-vous me dire, comment protéger nos concitoyens de ce déferlement de haine ? Mais il n'y a pas à les en protéger, il faut le faire cesser. Et c'est la dernière raison pour laquelle il faut laisser toutes les haines s'épancher, comme on laisse ouvert un robinet avant l'hiver, c'est pour vérifier que la source du flot d'injures se tarit toute seule, et non pas ce que vous faites, à savoir serrer le robinet jusqu'à ce que l'eau se fraye d'autres chemins.

Les meilleurs d'entre vous s'étonneront que je laisse la victime d'insultes ainsi exposée. Mais ce n'est qu'une apparence qui a pour but de mettre en évidence qui est la vraie victime. En attendant de passer aux solutions, je vais donc dans un second volet de cette trilogie, exposer le fonds le plus douloureux du problème. 

 

 

 

(2) S'il est vrai que les intégristes se recrutent hélas souvent parmi des gens peu instruits et à qui on a peu donné l'occasion de s'épanouir intellectuellement, c'est d'ailleurs pour ça qu'on les a recrutés, il faut être sacrément imbu de soi-même pour les traiter de cons, c'est à dire penser qu'on est mieux qu'eux, et que son lectorat vaut mieux que les musulmans. Personnellement, autant j'abhorre quand le religieux sort de son rôle d'opium, autant je trouve leurs caricatures laides et vulgaires, et surtout pas drôles, 

La connerie est la chose du monde la mieux répartie, et il n'y a aucune fierté à tiré d'avoir été élevé dans un milieu qui a pris soin de vous. Au contraire, tout ce qu'on a contracté à l'égard de ceux qui n'ont pas eu cette chance pour laquelle on n'a aucune mérite, c'est une dette, celle de mettre en oeuvre la patience pour leur expliquer avec les moyens qu'on a eu la chance d'avoir, et surtout pas le droit de les traiter de cons.


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