Ainsi les choses qui nous font se déroulent-elles largement, soit au-dessous de nous, soit au-dessus de nous, et je pense là au récit fait par G. Didi-Hubermann à propos de Warburg et les " missing links". Ces missing links qui pavent le chemin, dans le ciel et sous nos pieds.
Dans le ciel où nous pensons toujours que se situe notre avenir, où nous projetons les structures de notre causalité, quand nous aurons rejoint les bonnes divinités, les belles, les blanches. Mais les sentiers de nuit, ceux qui luisent dans l'obscurité, nous invitent à sacrifier aux démons qui soufflent le feu sous la terre.
Certains artistes se tiennent de ce point de vue là " entre deux eaux", c'est à dire entre les univers de passions. Comme si le XXème siècle avait passé un coup de gomme sur tout ce qui est passionnel, le supprimant du champ du représentable. On fait des gestes, on " effectue ". L'art est dans la performance de soi-même. L'artiste, c'est celui qui fait de l'art, comme le tonnelier des tonneaux, sans préjuger de ce qu'il a entre les mains.
La photo pourrait être cadrée sur son visage. De ce qu'il fait, on ne saura rien, et peu importe, la posture suffit. L'objet en question grossit : il faut qu'il occupe toute la place, il faut qu'il étouffe la pièce, plus de place pour les personnes, pour les discours, il faut qu'il emplisse tout le disponible.
Le vide intérieur joliment chirurgicalisé par le scalpel numérique de Mathieu Bourel.
Des collages, fixes ou animés, qui valent par ce que le regardeur est capable d'en tirer par comparaison avec son souvenir de l'original, on retient quelque chose de proche dans un lien ambigu au réel, qui touche douloureusement le même point névralgique, l'impossibilité à atteindre un jour un substrat ontologique fiable. Une couche où on attendrait le roc, le dur, le réel.
Il y a un truc qui commence à m'exaspérer, il porte le numéro 3837388, ce sont les lamentations et les pleurnicheries des faiseurs de pétitions sur Facebook, change.org, avaaz, sumof us etc, qui nous invitent trois fois par minute à nous indigner de ce le méchant Lidl affame les paysans indiens, alors que c'est nous qui nous précipitons pour acheter leurs crevettes de daube dès qu'elle font un centime de moins le kilo, et ce depuis des dizaines d'années dans une tentative plutôt réussie pour foutre le monde entier dans la misère.
Il y en a une récente qui consiste à conspuer les vilains CRS qui tabassent les militants écolo, qui virent les clodos de devant le Printemps pour que le richou puisse faire ses courses de Noël sans avoir à débourser un euro de plus pour se débarrasser de sa mauvaise conscience, il faut que cet euro aille au Printemps.
Si on avait dit aux pauvres gens qui partagent des photos de CRS bastonnant les jeunes (ces pauvres fonctionnaires ne font que leur métier pour se faire bien voir) qu'ils vivent dans un pays où seule la violence policière jugule in fine l'exploitation libérale de la classe moyenne lui permettant d'affamer la planète en toute bonne conscience, ils aurait hurlé au marxiste réactionnaire.
Rien de tel que quelques bons coups de matraque pour faire prendre conscience aux jeunes qui'ils vivent dans un Etat policier, les convaincre de venir casqués et armés la prochaine fois, et au bourgeois qui clique, bien planqué chez lui, qu'on vit en sécurité dans la démocratie chère à des auteurs qui ne seront bientôt plus en vente.
En d'autres termes, VAE VICTIS, c'est bien fait pour vous si vous vivez dans un monde nul.
Les chemises et les nuits.
Sinon un autre truc qui me travaille, c'est de voir à quel point les gentils artistes qu'on entend sur FC ont à cœur de venir parler de leur travail. C'est mignon ce travail de promo sur mon travail..
No, I don't want your number
No, I don't want to give you mine and
No, I don't want to meet you nowhere
No, I don't want none of your time and
donc je crée une agence appelée
Attention, non pas pour ceux qui n'ont rien à dire sur leur travail ou celui des autres, mais qui ne veulent pas qu'on l'entende, ni en entendre parler.
Je remplace par la page idiote gagnante du mois.
Bon sinon,
Anselm Kiefer |
Bon, je reviens sur l'autre truc intello, là.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire