http://www.histophilo.com/epoche.php
Ce propos :
" Chez Husserl et dans la phénoménologie, l'épochè sert à désigner la «mise entre parenthèses» de la thèse naturelle du monde, c'est-à-dire la croyance à la réalité extérieure du monde. Mais il ne s'agit absolument pas de douter de la réalité du monde. Cette mise entre parenthèses a pour but de ne laisser que le phénomène du monde, qui est une pure apparition, et qui n'affirme plus la réalité de la chose apparaissant.
L'épochè est le premier pas (le second étant chez Husserl la réduction phénoménologique) qui mène à l'examen des structures universelles de la conscience, étant donné qu'on fait abstraction de tout ce qu'un vécu sert à désigner dans le monde, et qu'on étudie le vécu pour lui-même."
Et je me disais que lorsque je pratique naturellement l'epoche, j'ai tendance à faire exactement l'inverse, comme un gant retourné. C'est à dire que c'est moi que je mets entre parenthèses, je suspends ma "conscience" et le prétendu "vécu" qu'elle apporte, pour me vivre comme une partie du monde.
Considérer qu'on peut "considérer" le phénomène du monde comme une pure apparition, me paraît vraiment un des prestiges de la conscience, et pour tout dire, de sa partie la plus orgueilleuse. Ou peut-être pour le dire plus exactement, cette part de solipsisme que l'éducation ne peut éviter de verser en nous, lorsqu'elle y verse notre appartenance au collectif.
Tout se passe comme si, alors que nous sommes à 90 % constitué d'autre, nous avions besoin, pour nous sentir plus exister, de nous sentir exister seul. Mais ce qui me paraît le plus curieux à étudier, c'est pourquoi, et l'exemple de Husserl le prouve encore, nous n'avons étudié que la partie explicite de ce savoir, justement celle qui correspond à la part solipsiste de nous-même.
Considérer qu'on peut "considérer" le phénomène du monde comme une pure apparition, me paraît vraiment un des prestiges de la conscience, et pour tout dire, de sa partie la plus orgueilleuse. Ou peut-être pour le dire plus exactement, cette part de solipsisme que l'éducation ne peut éviter de verser en nous, lorsqu'elle y verse notre appartenance au collectif.
Tout se passe comme si, alors que nous sommes à 90 % constitué d'autre, nous avions besoin, pour nous sentir plus exister, de nous sentir exister seul. Mais ce qui me paraît le plus curieux à étudier, c'est pourquoi, et l'exemple de Husserl le prouve encore, nous n'avons étudié que la partie explicite de ce savoir, justement celle qui correspond à la part solipsiste de nous-même.
Ce vers quoi tendrait plutôt mon intérêt, c'est l'autre part du gâteau, c'est comment, étant enseigné par deux ou trois personnes jusqu'à l'adolescence, je peux hériter des structures du monde et de la sensation que les structures de la langue sont les structures de la civilisation. J'emploie le mot "sensation" pour éviter "savoir", car c'est un savoir implicite qui demande à être conscientisé et formalisé pour effectuer son plongement dans l'explicite.
Ce qui m'intéresse c'est la conscience du monde en tant que globalité des consciences humaines, car là est le seul Esprit, et au-delà de cette conscience, le "vécu du monde", pour respecter la symétrie. L'Esprit humain, la conscience collective est le seul monde, comme le disait je ne sais plus qui, le seul monde vécu, et l'histoire de ce vécu, c'est l'Histoire.
L'espace de ce vécu c'est la Géographie, son rythme c'est la Musique, en ceci qu'en écoutant du Vivaldi devant une forêt bercée par le vent, on sent bien qu'ils ne font qu'un. Les Correspondances appartiennent au monde entier et non à ma conscience, détachable à loisir du reste. C'est comme si en détachant un ticket de cinéma de la bande, on avait le film, la salle, les spectateurs, et puis la critique, et la fortune de l’œuvre. Non, tout cela a besoin d'un niveau de conscience supérieur pour prendre place, chacune des nôtres est trop petite pour l'accueillir.
Bien sûr il n'est pas interdit d'étudier ce qui se passe dans ce petit bout de ticket, mais il y a toute une partie de ses relations avec le reste qui n'a été qu'effleurée des soins de notre attention. Il est temps d'y venir.
Je vais prendre un autre exemple qui peut sembler éloigné, mais qui est bien au cœur de la question. Je suis tombée un jour sur cette image :
Bien sûr il n'est pas interdit d'étudier ce qui se passe dans ce petit bout de ticket, mais il y a toute une partie de ses relations avec le reste qui n'a été qu'effleurée des soins de notre attention. Il est temps d'y venir.
Je vais prendre un autre exemple qui peut sembler éloigné, mais qui est bien au cœur de la question. Je suis tombée un jour sur cette image :
Bon, alors, procédons par ordre. Le site d'où est extraite cette image est un forum FB de blagues salaces, bref un truc de garçons ayant de l'enfance conservé cette croyance que l'emploi de gros mots vous aide à passer pour un homme. Intellectuellement, c'est assez sale, ça recouvre allez, 80 % de la tranche des des 20-35 ans, cette cohorte de gentils gars qui travaillent dans des garages, à réparer des voitures, et connaissent le classement de foot par cœur.
Vous me direz que je suis bien contente de les trouver quand il s'agit de réparer ma voiture, et c'est tout à fait vrai, je ne suis alors pas avare de minauderies.
Il y a 3 choses étonnantes dans cette image.
La première, c'est l'association entre a femme et la voiture. je passe sur l'abyssale imbécillité du synoptique pour en venir à la seconde, c'est les qualités de la comparaison. Sans un mot de convention, la BM est associée à une femme plutôt épaisse et molle, et la Ferrari à une femme nerveuse et sportive.
Par où ce consensus est-il passé ? Comment ont-ils acquis ce savoir de la réputation d'une voiture, au point de le mobiliser sans hésiter lors de l'association à un corps de femme ?
Le troisième qui prouve que c'est bien une culture, c'est que l’échelle est si bien intégrée que l'ajout d'un échelon intermédiaire se fait également de façon tacite : la Mercedes.
On trouve au-dessous du premier beaucoup d'autre commentaires du genre " Oui, moi aussi la Mercedes".
A priori , tous les gens qui ont écrit ces commentaires ne se sont jamais rencontrés. C'est donc un véritable consensus de langage et de civilisation que de dire que la Mercedes constitue un intermédiaire. Sans revenir sur le fait qu'une Mercedes peut être associée à un physique féminin, il faut noter que c'est un cas encore plus implicite puisque seule la voiture est ici mentionnée, il n'y a même plus de synoptique.
Encore une fois, par où est passé ce consensus, comment, par quels canaux s'est il faufilé jusqu'à la conscience de tous ces gens ?
Comment, pour reprendre l'image des navibotellistes, s'est-il constitué, entier, dans quel espace collectif, et par quel col de bouteille, par quels canaux est-il passé pour aller imprégner la conscience de tous ces jeunes hommes ?
Mon divin maître John Moullard l'avait bien remarqué : des structures psychologiques complexes passent par cete voir, bien avant que les règles de la grammaire soient explicitement formalisées.
Sinon comme l'automate qui règne en maître là-bas : https://www.marianne.net/politique/laicite-abandonnee-accusations-de-clientelisme-indigenisme-en-banlieue-parisienne-les ne veut à aucun prix me laisser accès aux commentaires, je le mets ci-dessous :
"
Évidemment, comme ça, au départ, j'aurais tendance à dire des choses sur le temps qui passe... C'est primesautier à cet âge là. On arrive sur un forum, on dit ce qu'on pense de ce fatras de mots, ça paraît logique. Oui, mais voilà, c'est interdit. Si on fait ça on est insulté d'incitation au pain rassis antiphobique et toutes les dégoûtations possibles.
Ce qui est autorisé, c'est de dire qu'on trouve ça formidable, que c'est vraiment génial. Et là on vous étale sur les murs. Alors, que faire ?
Mmmm, allez, j'ai bien envie qu'on me publie, alors je ne vais pas dire ce qui est interdit, je vais dire ce qui est autorisé, et même, recommandé, oui encouragé, de façon enthousiaste, comme ça je serai du côté des bonnes gens.
Alors moi je trouve ça génial ces élections à Aubervilliers et tout. D'abord les mosquées, c'est génial, je pense qu'il faudrait en mettre une tous les cent mètres, avec une dizaine de mètres d'espaces verts entre, avec des massifs de fleurs, et puis des étals de gandouras, et des conserves et de quoi manger, qu'on puisse se servir. Et attention, de la belle mosquée, en verre coloré, ou en marbre, mais que des beaux matériaux qui brillent au soleil et qui font de l'ombre. Et à l'intérieur, de magnifiques pavages de tesselles, avec des motifs géométriques, dans des courbes ahurissantes d'audace, pour honorer la grandeur d'Allah, et écraser la misère de la poussière de cette racaille de Voltaire et sa bande de rationalistes qui mène l'homme à un monde sans âme, un monde de traders zombies.
Et à la porte d'entrée, des exemplaires du Coran, des beaux, sur parchemin, ou au moins un beau papier fin, un peu jaune, et une encre bleu marine, pour faire ressortir l'étincelante sagesse des sourates.
Mais ça, c'est l'aspect matériel. Ce n'est que le décor. Le plus important c'est l'esprit, c'est ce vers quoi notre désir est tendu, c'est à dire l'idée de la transcendance. Donc mettre une mosquée tous les cent mètres, c'est bien pour prier, mettre des vêtements gratuits pour les pauvres, et des exemplaires du Coran à disposition pour élever son esprit et son âme, c'est bien, mais il y a plus important.
Ce que je voudrais surtout c'est qu'on ne parle plus que de ça à longueur de temps. Que les hommes rassemblés à l'ombre des palmiers, ou dans les conseils municipaux, dans les écoles, dans les entreprises, dans les maisons, partout, parlent à longueur de journée de mosquées, de Coran et d'Islam, que tous on ne discute que de ça, que les places et les rues bruissent de discussions sur les mosquées et le Coran, ça ce serait enfin l'avènement, enfin l'aboutissement et le bonheur.
Qu'on se lève le matin en se demandant où l'on va construire la prochaine mosquée, qu'on déjeune en discutant des indications données par le Coran pour bien mener sa vie matérielle, et qu'on passe les après-midis et les soirées à se demander si on a bien suivi tel ou tel précepte, c'est cela le bonheur à venir.
Alors toutes ces mairies, ces salles de réunions et ces conseils municipaux auront leur raison d'exister. Et à longueur de journée, ce n'est pas encore assez. On fera des conseils de quartier, où les travailleurs de réuniront le soir, et on parlera de l'Islam, ce sera le sujet idéal pour faire de beaux rêves en approchant la divinité. Oh oui, parlons d'Islam, parlons du Coran jour et nuit, soir et matin, et notre cœur sera en paix.
Voilà. Pas d'incitation à la haine, que de l'huile d'olive et de la miguenne pour que ça tienne la tarte, ça passe crème, pas de phobie, c'est tout doux, c'est bon esprit, c'est vraiment une brise de printemps, un post consensuel comme ça, non ? "
Voilà le contraire de ce que je pense, mais c'est le seul truc autorisé à dire, alors je le dis. Sinon évidemment, il y a l'autre solution, que je ne dis pas, c'est qu'ils se prennent leurs ouvrages de référence, qu'ils se les roulent bien serrés dans le porte-parapluie, et qu'ils aillent prêcher là-bas, ce sera plus sportif.
C'est facile de raconter n'importe quoi ici, c'est facile de faire chier le conseil municipal à Aubervilliers, où on a le droit de dire les pires horreurs sans être censuré (sauf évidemment quand il s'agit de religieux qui niquent notre beau pays, là c'est interdit), dans notre belle république des droits de l'homme.
Ce serait autrement plus courageux d'aller conquérir ce droit dans leurs royaumes religieux où, dès que tu l'ouvres, tu te retrouves sur la paille humide des cachots avec d'autres terroristes en attente de jugement depuis dix ans.
Ce serait admirable, j'applaudirai de mes quatre mains le courage de ces gens qui, au lieu de se laisser aller à la facilité de foutre la merde ici, irait conquérir les droits de la démocratie dans leurs pays...
C'est facile de raconter n'importe quoi ici, c'est facile de faire chier le conseil municipal à Aubervilliers, où on a le droit de dire les pires horreurs sans être censuré (sauf évidemment quand il s'agit de religieux qui niquent notre beau pays, là c'est interdit), dans notre belle république des droits de l'homme.
Ce serait autrement plus courageux d'aller conquérir ce droit dans leurs royaumes religieux où, dès que tu l'ouvres, tu te retrouves sur la paille humide des cachots avec d'autres terroristes en attente de jugement depuis dix ans.
Ce serait admirable, j'applaudirai de mes quatre mains le courage de ces gens qui, au lieu de se laisser aller à la facilité de foutre la merde ici, irait conquérir les droits de la démocratie dans leurs pays...
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