Suite donc à cet article, http://nahatzel.blogspot.com/2018/12/pas-plus-haut-que-le-bord.html vous allez cesser de me dire "Très bien mais alors qu'est-ce qu'on fait ?" après mes articles. Puisque je réponds : "On ne fait rien, parce qu'il n'y a rien faire d'une part, et d'autre part, quoi qu'on fasse, on ne fait rien". Bien.
Je vais examiner aujourd'hui un n-ième facteur de blocage qui vient rendre la transition pénible, c'est celui du consentement. J'avais abordé cette question sous le titre provocateur de "En quoi suis-je concernée par la loi ?", avant de conclure, avec Locke ou Hume, je ne sais plus lequel, que l'adhésion supposée à la loi est inique.
Mais le mot de "consentement" a connu une nouvelle vogue depuis qu'un certain nombre d'infortunées, on pourrait presque les appeler des Justine, on dû se faire violer à plusieurs reprises par un voyou connu pour ces méfaits avant de cesser de se rendre dans sa chambre. On a peu entendu parler de celles qui n'ont pas obtenu de rôle dans les films, pour s'en être abstenu. Bien.
Le consentement est un acte d'adoucissement de la relation au monde qui entre en conflit avec la vie en communauté. Si un pays demande à ses recrues leur consentement pour aller se faire trouer la peau, le succès sera sans doute mitigé. Si on demande à la plupart des gens leur consentement à aller travailler en échange de leur salaire, on risque d'instituer rapidement le revenu universel. C'est en somme le "I'd prefer not to" de Bartleby, vu du côté anticipation, et comme on dit maintenant "concertation".
Sans concertation, il se trouve que le canard n'a pas donné son consentement pour être abattu le dimanche matin pour désennuyer un ivrogne qui ne veut pas partager le ménage avec sa femme, et qui a trouvé pour seul justificatif que "ça pullule". Sans concertation, il se trouve que la société de chasse a vendu à ce brave homme un droit sur la vie de ce canard, droit qu'elle ne détient pas. Elle n'a pas créé la vie de ce canard, ne l'a pas achetée et n'en est pas héritière. Elle n'a donc pas de titre de propriété sur la vie du canard. Elle ne saurait donc le transférer, le céder ni le vendre. Donc la chasse est non fondée en droit.
En revanche, si je tue le chasseur, on me dit que la loi s'applique à moi. Or, cf. à nouveau le débat Locke-Hume, je n'ai jamais donné mon consentement à être concerné par la loi. Des pays où l'on force les filles à être mutilées sexuellement, les petits garçons à se prostituer, on dit que les coutumes sont iniques puisque les gens concernés sont manipulés avant d'avoir pu donner leur consentement. Mais il en fut de même pour nous tous, citoyens français. La loi s'est appliquée à nous à notre naissance avant même que nous puissions comprendre ce que c'était qu'y donner son consentement.
Alors ? Alors plus nous allons augmenter, à titre individuel, le droit au consentement, pour le plus grand confort de chacun, plus nous allons enrayer la mécanique du consentement tacite qui reliait le canard au porc, et le général à ses soldats, à savoir, si tu acceptes le rôle, c'est que tu couches en échange, et si tu es français, c'est que tu es d'accord pour aller te faire trouer la peau à Verdun.
On voit que ça coince. Je sens que vous avez des grains de sable dans les dents, on dirait la figue de Ponge.
On voit que ça coince. Je sens que vous avez des grains de sable dans les dents, on dirait la figue de Ponge.
Plus l'individu sera "entitled", à titre individuel, à envoyer chier son supérieur au motif "qu'il n'est pas là pour souffrir, ok ?", plus il se sentira fondé à rester sous la couette quand il est malade, légitime dans son droit au logement, droit à une alimentation saine et équilibrée, droit à l'Internet au débit, à la dernière version de Callof et à une prime binouze le vendredi, plus il deviendra dur de lui demander de se lever le matin pour aller se faire chier dans les frimas à pelleter de la terre gelée.
Demandez à certains corps de métier la peine qu'ils ont à recruter. Déjà dans les abattoirs, ce sont les tchèques ou les hongrois qui viennent faire le boulot que les français "ne veulent plus faire", comme on dit par ici.
Et un abattoir, ça pue autant que sent bon votre plat aux lardons. Non, en fait beaucoup plus.Sans compter les hangars où ils élèvent les porcs, où croupit la pisse de porc.
Alors ? Alors vous allez me dire que le terme "consentement à l'impôt " suffit à montrer que le nécessaire sacrifice peut être enseigné et accepté. Soit, alors c'est une question d'éducation, j'accepte. Je pense que le pouvoir a trop intérêt à gouverner des ignares pour risquer de les laisser apprendre quoi que ce soit en la matière. En tout cas il reste qu'on ne m'a jamais enseigné quoi que ce soit en la matière, et je dirais même qu'on s'est bien gardé de le faire.
Pourquoi ? Parce qu'il y a bien des chances que les gens répondent "non". Non, je ne veux pas aller à l'armée, non je ne veux pas payer l'impôt, non, je ne donne pas mon consentement à ce que les lois françaises me concernent. Là, on est bien embêtés. Et si on suit ce raisonnement, on ne peut demander le consentement du citoyen à s'estimer concerné par les lois.
Donc la loi doit s'appliquer de façon inique, elle doit s'abattre sur le justiciable, et ne lui laisser que de longues possibilités de recours et de modification.
Mais cela aussi s'enseigne. Disons se transmet. Jusqu'à ce que la notion de sacrifice soit intégrée. comme les marques de fouet dans la peau. Que celle de bien commun percole jusqu'à ce que l'individu se dissolve dans le collectif.
Une dissolution consentie, une humiliation de l'individu, un retour à la terre, ma disparition en tant que feuille individuelle pour augmenter l'humus, afin que le bien commun grandisse, bref, les Jésuites.
Pourquoi ? Parce qu'il y a bien des chances que les gens répondent "non". Non, je ne veux pas aller à l'armée, non je ne veux pas payer l'impôt, non, je ne donne pas mon consentement à ce que les lois françaises me concernent. Là, on est bien embêtés. Et si on suit ce raisonnement, on ne peut demander le consentement du citoyen à s'estimer concerné par les lois.
Donc la loi doit s'appliquer de façon inique, elle doit s'abattre sur le justiciable, et ne lui laisser que de longues possibilités de recours et de modification.
Mais cela aussi s'enseigne. Disons se transmet. Jusqu'à ce que la notion de sacrifice soit intégrée. comme les marques de fouet dans la peau. Que celle de bien commun percole jusqu'à ce que l'individu se dissolve dans le collectif.
Une dissolution consentie, une humiliation de l'individu, un retour à la terre, ma disparition en tant que feuille individuelle pour augmenter l'humus, afin que le bien commun grandisse, bref, les Jésuites.
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