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mardi 19 juin 2018

Introduction au discours de la Lune

Je voulais signaler cette magnifique émission de France Culture.

https://www.franceculture.fr/emissions/la-grande-table-2eme-partie/la-grande-table-2eme-partie-du-mardi-12-juin-2018

C'est Annie Lebrun à propos de son dernier ouvrage, Ce qui n'a pas de prix, chez Stock. Rappelons que c'était chez Lévi-Strauss la définition du sacré.

D'ailleurs Annie Lebrun m'a aidée à trouver la réponse à une question. Vous savez que j'ai signalé à de nombreuses reprises cette prime au gigantisme dans l'exposition d'art. Comme si pour compter dans le monde de l'art, il fallait absolument faire dans l'hénaurme. 

Bon, j'en étais restée là quand la réflexion contradictoire me trottait dans la tête : " Il y a aussi la manie du minuscule." Et en entendant Annie Le Brun, j'ai fait la synthèse. On sait maintenant que l'art est une question d'animation du territoire. Pour le dire autrement, il faut occuper des espaces vides, et populer d'objets des endroits qu'on a dédié à cela, parfois à grand frais de rénovation, et dont il faut désormais justifier l'usage. 

Par exemple autrefois, on avait les savoir-faire nécessaires pour faire de magnifiques draps de lin. Aujourd'hui on a perdu ces savoir-faire, et on achète en Asie de magnifiques draps de merde, ce qui permet de mettre nos compatriotes au chômage, de ruiner notre pays, et de donner le système de santé aux assurances comme on a donné les routes aux vendeurs de barrière de péage. Mobilité, pour quoi et pour qui ? 

Donc on a de magnifiques maisons de marchands de draps; que ça fait mal au cœur de les voir tomber en ruines (les gens préfèrent investir dans du pav de merde, au moins y'a la télé.) donc la mairie la rachète. Elle y investit des sous, en fait L'espace Jean-Efflouzam Bavouzavem, ancien maire, et l'espace est neuf, tout vide, faut l'occuper. Alors l'adjointe à la culture publie un appel à candidatures. Une flopée d' " artistes" qui crèvent la dalle au RSA espèrent avoir une ligne sur leur CV et vendre une babiole à 5 euros pour garder la MDA et leur couverture sociale envoient leur CV, et un jury de ploucs qui n'y connaît rien trie sur les critères les plus ronflants. Il y a des spécialistes du dossier, tu as l'impression que Picasso va te faire l'honneur de venir dans la salle René-Evouze Flameflamejean.
Bon évidemment, c'est du kir de Super U, d'ailleurs on garde les sacs pour remballer à la fin de l'apéro le soir du vernissage, et tout le monde rentre regarder plus belle la vie. 

Et puis tout l'été, les "artistes textiles", qui ne savent pas faire un ourle,t exposent des trucs chiadés en enroulant des tissus de récup, incapables de sortir le moindre mot sur ce qu'ils font, ils préfèrent laisser les œuvres "parler d'elles-mêmes". Ce qu'elles ne font que trop bien hélas.

Fin août, fini les conneries on range les espadrilles et les raquettes, on remballe tout ça et on revient au choses sérieuses, c'est à dire asperger la terre de pesticides afin d'y faire pousser le maïs dont les cochons feront des lardons de super U. La boucle est bouclée.

Donc je me suis dit que le minuscule rejoint le géant en cela qu'il participe à l'animation des territoires en s'adaptant à la demande de l'adjointe à la culture. Si on a un grand espace, une installation ou une sculpture géante feront l'affaire. Si on a un peut espace, on exposera des trucs en cheveux, avec loupe fournie. L'art c'est comme les cuisines intégrées, faut que ça aille dans les dimensions.

Et l'art définitivement, est devenu de l'animation des territoires. ART = BASEL, Le Louvre, Abu Dhabi. On fait ce qu'on peut. 

 Bon, mais bref j'ai encore plus important.

Je suis désolée parce que je dois poser le décor pour pouvoir situer l'âme de l'intrigue, mais c'est important. Le point de départ est une anecdote familiale : Ma sœur benjamine vient passer quelques jours  avec des copines dans un appartement que je n'occupe que rarement, et qui me sert parfois d'atelier.Il faudrait que je lui fasse la leçon quant aux règles de sécurité et de propreté, mais je ne saurais faire cela sans prendre la voix d'un robot, enlevant toute crédibilité à l'injonction.

C'est une réplique que me servent souvent les gens lorsqu'on aborde ces questions d'autorité " Pourquoi tu ne le lui dis pas ?". J'ai longtemps rétorqué que je n'avais pas la réplique, comme un comédien qui rate le ton juste, je n'arrive pas à emprunter cette voix de père fouettard pour asséner des promesses de sanction au sujet d'évidence de la bienséance.

Tout ce cirque m'exaspére instantanément, et la seule chose que j'aie envie de dire, et donc qui sortirait avec un ton sincère, ce serait : " Tu n'as personne d'autre à emmerder ni autre part où aller passer tes vacances ?", et ce bien que je sois ravie de lui passer l'appartement malgré mes angoisses. N'ayant pas envie de lui faire de la peine, je tire la fermeture éclair de ma bouche plutôt que de l'insulter, et donc rien ne sort, ni les conseils, ni les exhortations, ce qui augmente mon appréhension bien sûr.

Lorsque j'examinais la structure de ce genre d'incident, qui se reproduit dans tous les secteurs de la vie, je me posais la question suivante : "Pourquoi, moi qui suis apte à moduler mon expression avec beaucoup de bonheur sur la majorité des sujets, ne suis-je plus capable que de binaire sur les sujets de demander ou de commander à l'autre ?" ou encore : "Pourquoi le terrain de la nuance m'est-il interdit, et pourquoi, hors le silence, ne sais-je m'exprimer que dans la violence, dans l'excès des insultes ?"

Je me sentais vraiment comme sur un œuf, en équilibre instable, incapable d'ouvrir la bouche sans déraper vers la sentence glaciale, incapable de ne pas proférer quelque chose qui ressemble à un soufflet emportant demande de séparation.
J'examinai longtemps cette question lorsqu'elle se retourna d'un coup : "Ce n'est pas que JE ne peux pas prononcer ces phrases sincèrement, c'est plutôt qu'il n'y a pas de JE à la place qui les prononcerait sincèrement". Et là, ce fut l'illumination.

Je réalisai qu'à côté de moi, depuis ma naissance, se tient un hologramme que les gens regardent et jugent. Lorsque cet hologramme parle, les gens répondent "Ce que tu dis là est méchant, pas gentil, pas correct, il ne faut pas le dire".
Parce qu'en fait, c'est comme le bâton brisé dans l'eau : c'est du fait que les paroles semblent provenir d'un lieu "méchant", à qui on attribue le critère de "méchant", qu'ils projettent à cet endroit la marionnette qui parle.

 Ee là où il parle, on l'entend et on construit la partie visible du bâton sous l'eau. de là où je parle, invisivle, ence lieu ce que je dis n'est pas méchant.

Moi, qui prononce vraiment ces paroles sans bruit, je ne suis pas méchant. je ne me tiens, ne me sens, ni ne calcule pour être à l'endroit où on est "méchant".

C'est exactement comme le buffalaxing. Les gens entendent en anglais des paroles obscènes, que le chanteur, qui chante  en coréen, n'a jamais prononcées ! 


Bon, j'y reviendrai.

Je signale aussi, décidément, cette émission de France Cul. Écoutez Dominique Meda vous redonner l'espoir. Il y a bien une alternative au credo Macrocon et néocon avec lequel on vous lessive le cerveau toute la journée en vous faisant croire qu'il n'y a pas d'autre solution que de se désendetter donc de gagner de l'argent, donc de privatiser. Elle le dit avec trop de réserve à mon goût mais bon.

Tant que vous y êtes, écoutez aussi Jack Lang la même journée, en seconde partie de La Grande Table. Là aussi alternative au discours néocon sur la culture marchandisée.

Ce n'est pas que par plaisir que je lie les deux. Écoutez en filigrane chez Jack Lang, combien le modèle culturel est porteur du modèle économique et social.

Je vais publier des vignettes néocon de la #hashtahgculturenumérique sans aucun commentaire. Le reste est sur le compte FB d'Azaïl Aydyeing.


Ah là là, heureusement que les femmes entrent dans le champ de l'art numérique, on va pouvoir élargir nos points de vue jusqu'aux paroles libérées sur le harcèlement et le viol, les monologues du vagin et les saignements de l'utérus de King-Kong qui ose sortir un god, oh là là, un gros mot, quelle libération pour le monde de l'art, enfin, la parole est libérée sur le viol et le harcèlement de Josiane par Gérard à la machine à café..










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