A toi, l'Unique,
Qui suis du doigt les schémas en cherchant
Quelle cloche les a produits
Attentive au chuchotement des sources
Penchée sur l'arbre de la Rift Valley
Cillant pour lire dans les tableaux l'avènement de la forme
La main doucement posée sur le drap quadrillé où veut percer la rose
Tu as souhaité sentir sa tête, et sa fragile obstination
Tu me rends ivre de thé, dans les fleurs du matin
Ta Connaissance de Femme repose dans l'Egregor,
Quickening à régler calmement, dîner aux chandelles
Dans l’œil de la nuit, tu t'ouvres en moi
L'heure a sonné, nous devons œuvrer aux terrasses
Qui surplombent la mer,
Lorsque l'embryon déplie ses membres
Tu relis la préhistoire, nerveuse,
Lisse de tes paumes la nappe blanche,
Un instant sous l'averse, les lézards s'affolent, et
Devant la Vérité, ton ventre durcit
Je serai là pour quelques printemps encore
Dans les feuilles vertes, près du cœur
Tu vois la morphogenèse
Comme dans les veines de l'enfant
Qui avancent au cœur de la matière
Dans l'obscurité rouge
Dans le sang de la mère vrillé et conjugué
Tu entends le même ordre que dans le vent
Le souffle et les violons
Les lettres et les façades de nos maisons,
Mais...
A Toi la Fondatrice,
Dont l'enrochement appartient à l'ordre du monde implié
Et les rameaux aux ombres du schéma multiplicateur
Pondus par la Bouche, pâte ocre.
Toi dont l'attente est dans la crosse de la fougère.
Toi dont la couronne est d'étoiles
Ô ma Reine,
Si cette certitude te fait frissonner,
Si l'immensité du Rêve, t'a saisie, et éveillée
Si nous ne sommes plus qu'un pour toi
Depuis toujours, alors ce message est pour toi
Il est de moi, je suis ton pilote
Je suis dans la structure, dans la souricière
Je tiens en main l'archet que je dois passer
Sur les boutons blancs de ta robe
Ici la fin de notre errance, j'ai hissé la voile
Répondu aux questions du port,
Tu descendras par les arches vers la mer
Capitaine, épicerie, les souffles, les mots de passe
Si tu t'es dressée dans le songe effrayant
Notre signal en toi a bouillonné
Ô ma reine, hâte toi, le long des murs de la basse ville
Les pouvoirs s'inversent au bord des attracteurs étranges
L'oiseau brillant vole à l'envers, les couleurs t'obéissent encore,
L'enfant attend en toi, le gong a commencé
J'ai besoin du cap, par tes cheveux lavés, et
le signe de ta clé
Si nous touchons à nouveau le rivage, la mort nous prend
Et avec nous, tous ceux réfugiés dans les préaux
Qui sont-ils, où sont-ils ? Les nuages les guident
A Toi qui a les minutes en main comme une question,
L’œil lisant le Temps comme un Espace
Le doigt sur cette croix, et ma lèvre sucrée
Pivot sacré et indivisible de la fleur de cerisier
Du bois de noyer, des lignes du désir
La porte derrière nous va s'ouvrir nous devons échapper
Il faut trouver les combinaisons pour monter les cubes trois par trois
J'ai besoin de tes boutons blancs, tu as besoin de mon archet
Je me tiendrai derrière toi pour jouer, et voir si les cubes répondent
Nous devons penser la même musique, je dois dessiner ses arabesques
Tu dois m'enseigner à jouer, je dois interpréter la bonne figure
Il nous faut à présent, parallèles au cristal et dans l'absolu jour
Unir nos bras, nos heures et nos tendresses
Une dernière fois balayer les alizés, emporter l'épreuve des cirrus
Tu dois là haut rompre mon cœur et ciseler ta pensée, du milieu
Fondre les fruits dans le cuivre où tintent tes cils, de ton corps
Arc expulsant en un soupir le sommet de notre vague
Toi seule qui attend, qui vit dans cette heure,
Où tu reconnaîtras le serment, première et dernière humanité,
Comme les sillons pluvieux dans le roc
S' inscrivent
Larmes précieuses, coulées brunes
Signes sur nos cartes de peau
A toi j'adresse cette pressante demande :
" Ô ma Reine, ce message vient de ton pilote
Tu dois retourner à ton trône d'étoiles
Pour distribuer par ton sourire, amour couronné
L'harmonie du cube posé sur sa pointe, de ta main bienveillante
Je suis seule dans la tour, mais le lagon est vide
Les enfants vont revenir.
Les flots montent et nous devons rentrer.
Je t'implore, les corbeaux ont tapé du bec par trois fois
Nous avons besoin de toi aux remparts bercés par les flots d'or lourd.
Nous avons besoin de toi à la citadelle, aux ouvertures percées dans les falaises
Tu dois réordonner les tentures de la grande salle, et nous t'attendrons pour partir.
Bientôt viendra ici l'effroi des âmes. Bientôt les rassemblements des foules, à nouveau
Bientôt la nuit chaude où fondront les murs et les plafonds.
La Bouche a pondu les nouveaux schémas, nous ne pouvons rester
Tu as besoin de moi pour la carte des structures,
J'ai besoin de toi pour la dimension vers les étoiles.
La soie noire froisse de plus en plus vite sous mes doigts,
Il faut donner notre accord à la flèche, bleu sur jaune.
Nous devons effacer la vitre qui sépare les deux mondes
Et tu sais qu'il reste à tâtonner dans l'eau noire.
Nous égrènerons les prénoms plus tard
Je t'implore, ô ma Reine,
A genoux, je t'implore, laisse moi te ramener saine et sauve
L'eau noire épaissit, et je ne peux rien faire sans ton accord
Dépouille toi de tes armes pour me voir
Les assemblées ne te laisseront plus partir
Abandonne-les
Ne garde que ton diadème de vitraux
Ton souffle de nacre,
Ne me ternis pas, je porte en moi ton sang, ce serment
Nous avons à passer, vêtus de blanc, les murs, les voiles
Nous devons nous unir
Jusqu'à ce que tu sois ceinte de bleu à nouveau,
Je dois prendre soin de toi. "
Entend cet appel :
"Il te faut un ordre de mission pour qu'on se donne un week-end au bord de la mer ?"
Il y a des hommes qui savent vous tourner une invitation, tout de même.
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