J'aurais pu dire que j'ai constaté avec grand plaisir que France Culture a recommencé sa mission humanitaire d'été. Le thème de cette campagne a pour slogan " Même les gols peuvent comprendre la philo, la preuve Michel Onfray vous l'explique".
Il en va un peu de la philo comme de la spiritualité à la Mathieu Ricard et autres moines de supermarché avec ouvrages en têtes de gondole, pour deux boîtes de sardines achetées, " Zevaibientouvabien" de Christophe André offert. Mais enfin, il faut bien des goyim pour tenir le commerce de détail, et des vulgarisateurs pour conforter le bourgeois dans ses inquiétudes.
Ce serait drôle si ce n'était pathétique, comme d'habitude, si ce brave homme avait conservé la capote du philosophe, c'est à dire la première précaution hygiénique, celle de douter avant que de véhiculer ses préjugés sur la structure de l'univers et de la réalité, au sujet desquels il n'est pas plus avancé que quiconque, rassurons nos auditeurs.
Le philosophe normal n'en sait guère plus que la moyenne, mais au moins il en doute. Le contre-philosophe, lui, a oublié le principe élémentaire qui est de se dire " Je ne connais rien de la façon dont l'univers est fait, je ne sais rien de plus que mes semblables sur ce qui se passe avant et après la vie, et donc je me tais".
Freud a rangé depuis longtemps les préoccupations spirituelles au rang des consolations, il n'y a aucun doute là-dessus, on l'a lu. Maintenant pour ce qui est du fonds, personne n'en sait rien, et là où vont les NDE, Onfray n'a rien à en dire de plus que les autres.
Bref, j'aurais pu dire cela mais je m'en fous.
J'aurais pu dire que je me demande si aimer quelqu'un, ce n'est pas avoir une immense faiblesses pour ses défauts. Amoureuse, vraiment amoureuse, ce ne sont pas les qualités de l'autre qui me fascinent mais ses failles, ses ornières dans lesquelles il tombe, obstination que j'ai moi la faiblesse de prendre pour de la grandeur.
Parce que quelque chose quelque part, l'une de leurs dimensions résonnent en moi. Peut-être parce que j'aimerais en être la cause, ou l'objet.
Ou parce que je rêve d'avoir ce défaut. C'est ce qui jette de l'huile sur le feu des scènes de jalousie, ce " mais qu'est-ce que tu lui trouves ? "
Car bien sûr quelque part inconsciemment, on voit le piège. On voit bien que ce qu'on aime est un défaut, qu'on est fascinée par le côté abîmé du fruit, qu'on envie l'abeille qui s'en repaît sans complexe.
J'aurais pu dire cela mais je m'en fous.
J'aurais pu dire que l'amour, comme le disait si bien Lacan d'autre manière, c'est quelque chose qui n'est jamais retourné. Sans doute parce qu'en première instance, la demande vise, avec une inexplicable intelligence des lieux, ce que l'autre ne peut pas donner.
Pour maintenir la tension du désir, l'amour va viser précisément cette région de faiblesse, cet endroit où l'autre, s'il donnait droit à la demande, se sentirait changé.
C'est pour cela que les religions demandent aussi que l'amour de Dieu se plie à ce " qu'Il croisse et que je disparaisse". L'amour mystique est ainsi exclusif des autres, comme l'Amour.
" Ce qu'il ne peut pas me donner ". Voilà ce que je veux, et qui sera, dans les amours de bas-étage, assimilé au sexe, et suffit à maintenir la tension bien assez longtemps pour que la fonction de reproduction y remplisse sa mission.
A la marge de cela, il y a la morale. Les Bonnie & Clyde, tout le romantisme de ceux qui brûlent la vie par les deux bouts. Et puis encore la marge, un peu plus de morale, ou un peu moins. J'ai vu des gens dénués de morale. En fait, ce n'est pas plus drôle que le reste.
Ce n'est pas de voir brûler le bâtiment qui est jouissif, c'est d'y mettre le feu. Ensuite, détruit pour détruit, que ce soit détruit par la lente déréliction de la vie convenue ou bien par la brutale abolition de la folie, aucune importance.
Il y aurait bien un couple de divinités, se perdant dans cette damnation. Le désir nous domine, la tension du fantasme nous tire toujours plus loin, comme le coureur de Marathon, il nous livre à une course qui nous épuise.
Le désir est un poison dont on se verse à soi-même de grandes lampées, parce qu'on aime aussi son défaut, cette capacité de nous brûler la gorge, de réduire notre temps en cendres, notre vie à néant. Il tire le miroir que nous suivons hébétés.
J'aimerais avoir tes défauts, et ta compagnie me donne l'illusion que je vais devenir toi, illusion de l'identification, mimesis, mais quelle alchimie secrète a présidé à cette adhésion ? Quelle décision nous y pousse ? Pourquoi ressembler à ce qu'il y a de mal et de faible en toi, à ce que je sais être mal et faible ?
Comme si le secret état caché là, dans tes yeux clairs, dans une défaite toujours plus prononcée. Comme si la vraie victoire était ma propre destruction, que je m'humilie pour qu'il augmente, quoi ? Le dieu Amour.
J'aurais pu dire cela, mais je m'en fous.
Suite à une émission d'Adèle Van Reeth (1), j'aurais pu dire que le débat sur le transhumanisme est décidément bien délicat. On pourrait dire que ce qui manque à un robot, c'est la conscience, au sens où, si l'on vous demandait de blesser un enfant, vous répondriez quelque chose comme : " En conscience, je ne peux faire cela", ou bien encore " Je ne peux pas, j'ai une conscience". La conscience morale, donc.
Le robot nous survit dans bien des circonstances, et on ne sait pas qui le contrôle, voilà les deux racines de la peur qu'on peut légitimement éprouver à son égard. Quelqu'un qui vous survit vous contrôle quelque part. Donc vous ne savez pas qui contrôle celui qui vous contrôle et cette sujétion est anxiogène.
Comme d'habitude, le problème se réglera par un manque de régulation, et les robots seront là avant qu'on nous ai donné le loisir d'en discuter.
J'aurais pu dire cela, mais je m'en fous.
J'aurais pu dire que je viens d'apprendre à l'occasion de la rentrée que, dans les collèges, les enfants peuvent demander à déplacer les cours si cela les arrange. Comme d'autres personnes ont aussi ce pouvoir, le bureau du proviseur adjoint est transformé en salle des réclamations, en bureau des plaidoiries pour manque de respect et autres faits de délinquance mineure.
Les locaux de l'administration servant à gérer les doléances de chacun en matière de confort (rappelons au passage que les élèves ont maintenant la possibilité d'exprimer des choix quant à la présence de tel de leur camarade dans leur classe lors de sa composition...) se transforme en cour des miracles.
Ce que je veux dire par là, c'est deux choses. La première c'est que les moyens techniques ouvrent la voie aux changements de mœurs. Si le proviseur ne pouvait pas, via les réseaux électroniques, diffuser la nouvelle de changement d'horaire de cours, que les élèves consultent à l'heure où ces derniers devraient dormir, le proviseur n'aurait pas le loisir de changer les horaires de cour la veille.
La seconde, c'est que lorsqu'on les interroge sur les raisons de ces changements d'horaire, les élèves répondent que c'est pour tasser les cours lorsque des trous se créent. Cela me permet de revenir au gain de temps procuré par le progrès et ses techniques.
Les vendeurs de progrès ont toujours vanté le gain de temps apporté par leurs technologies. Ce qui m'intrigue, c'est que si on mettant bout à bout le temps que nous ont fait gagner la voiture, l'ascenseur, le téléphone, l'ordinateur, Internet, le smartphone, le déplacement de cours express propagé par Twitter, on devrait avoir un tel temps libre cumulé qu'on verrait les gens dormir toute la journée sur la pelouse.
Or il n'en est rien. Ils sont toujours à la bourre sur tout. Que font-ils donc de tout ce temps libre ?
Eh bien ils regardent des Youtubeurs leur expliquer par le menu pendant des heures les quelques conseils qu'un manuel de morale expose en quelques lignes. Mais cela évite d'apprendre à lire, j'avoue. Encore du temps de sauvé.
Ces chamanes des temps modernes, qui dictent aux jeunes filles la couleur de leurs pompes et de leur maquillage, qui disent aux garçons ce qui craint et ce qu'il faut faire domestiquent à eux seuls, gentiment dans leur coin sans qu'on s'en aperçoive, des millions d'ados planqués sous leur couette la nuit.
Ces semi-crétins sortis de rien distillent leurs précieux conseils sous forme de banalités qui se veulent décontractées, d'opinions convenues qui ne véhiculent que les préjugés du temps, c'est pas cool d'être homophobe, faut avoir les mocassins à la mode et les cheveux courts, pien tékachés zur la nuqueee et les danbeee, genre jeunesse hitlérienne, si ce n'était la barbiche proprette.
Ils décident qui est beauf et qui ne l'est pas, ce qui se fait ou pas, tout en restant soigneusement dans le conforme sans un poil qui dépasse pour ne pas se faire virer de Youtube. Les pseudo-guerres de clash ne sont que des conflits d'audience, jamais d'idéologie, puisque le conformisme règne.
Ces crétins regardent sagement sur leur smartphone des vidéos leur expliquant que leurs joujoux technologiques détruisent leur planète mais peu nous chaut, n'est-ce pas, l'important est d'avoir ces fameuses basket chinoises au bout des pieds. (2)
J'aurais pu dire cela, mais à ma grande honte, je n'ai rien à foutre de cette génération de décérébrés caresseurs de coltan qui se font lessiver le cerveau, qu'ils crèvent.
Non, j'ai plus drôle, en fait :
J'aurais pu dire que je me demande si aimer quelqu'un, ce n'est pas avoir une immense faiblesses pour ses défauts. Amoureuse, vraiment amoureuse, ce ne sont pas les qualités de l'autre qui me fascinent mais ses failles, ses ornières dans lesquelles il tombe, obstination que j'ai moi la faiblesse de prendre pour de la grandeur.
Parce que quelque chose quelque part, l'une de leurs dimensions résonnent en moi. Peut-être parce que j'aimerais en être la cause, ou l'objet.
Ou parce que je rêve d'avoir ce défaut. C'est ce qui jette de l'huile sur le feu des scènes de jalousie, ce " mais qu'est-ce que tu lui trouves ? "
Car bien sûr quelque part inconsciemment, on voit le piège. On voit bien que ce qu'on aime est un défaut, qu'on est fascinée par le côté abîmé du fruit, qu'on envie l'abeille qui s'en repaît sans complexe.
J'aurais pu dire cela mais je m'en fous.
J'aurais pu dire que l'amour, comme le disait si bien Lacan d'autre manière, c'est quelque chose qui n'est jamais retourné. Sans doute parce qu'en première instance, la demande vise, avec une inexplicable intelligence des lieux, ce que l'autre ne peut pas donner.
Pour maintenir la tension du désir, l'amour va viser précisément cette région de faiblesse, cet endroit où l'autre, s'il donnait droit à la demande, se sentirait changé.
C'est pour cela que les religions demandent aussi que l'amour de Dieu se plie à ce " qu'Il croisse et que je disparaisse". L'amour mystique est ainsi exclusif des autres, comme l'Amour.
" Ce qu'il ne peut pas me donner ". Voilà ce que je veux, et qui sera, dans les amours de bas-étage, assimilé au sexe, et suffit à maintenir la tension bien assez longtemps pour que la fonction de reproduction y remplisse sa mission.
A la marge de cela, il y a la morale. Les Bonnie & Clyde, tout le romantisme de ceux qui brûlent la vie par les deux bouts. Et puis encore la marge, un peu plus de morale, ou un peu moins. J'ai vu des gens dénués de morale. En fait, ce n'est pas plus drôle que le reste.
Ce n'est pas de voir brûler le bâtiment qui est jouissif, c'est d'y mettre le feu. Ensuite, détruit pour détruit, que ce soit détruit par la lente déréliction de la vie convenue ou bien par la brutale abolition de la folie, aucune importance.
Il y aurait bien un couple de divinités, se perdant dans cette damnation. Le désir nous domine, la tension du fantasme nous tire toujours plus loin, comme le coureur de Marathon, il nous livre à une course qui nous épuise.
Le désir est un poison dont on se verse à soi-même de grandes lampées, parce qu'on aime aussi son défaut, cette capacité de nous brûler la gorge, de réduire notre temps en cendres, notre vie à néant. Il tire le miroir que nous suivons hébétés.
J'aimerais avoir tes défauts, et ta compagnie me donne l'illusion que je vais devenir toi, illusion de l'identification, mimesis, mais quelle alchimie secrète a présidé à cette adhésion ? Quelle décision nous y pousse ? Pourquoi ressembler à ce qu'il y a de mal et de faible en toi, à ce que je sais être mal et faible ?
Comme si le secret état caché là, dans tes yeux clairs, dans une défaite toujours plus prononcée. Comme si la vraie victoire était ma propre destruction, que je m'humilie pour qu'il augmente, quoi ? Le dieu Amour.
J'aurais pu dire cela, mais je m'en fous.
Suite à une émission d'Adèle Van Reeth (1), j'aurais pu dire que le débat sur le transhumanisme est décidément bien délicat. On pourrait dire que ce qui manque à un robot, c'est la conscience, au sens où, si l'on vous demandait de blesser un enfant, vous répondriez quelque chose comme : " En conscience, je ne peux faire cela", ou bien encore " Je ne peux pas, j'ai une conscience". La conscience morale, donc.
Après Frankenstein, la série des Terminator avant abordé cette question. Si on lui tourne l'interrupteur sur " kill", le robot tue sans se poser de question, et sans possibilité de regard. Il ne peut se changer lui-même. Un robot peut-il décider de désobéir s'il estime que ce qu'on lui demande de faire n'est " pas bien " ? Mais les soldats nazis dans les camps de la mort le pouvaient-ils ?
Et plus près de nous, un policier anti-émeute dans une dictature le peut-il ?
Le robot nous survit dans bien des circonstances, et on ne sait pas qui le contrôle, voilà les deux racines de la peur qu'on peut légitimement éprouver à son égard. Quelqu'un qui vous survit vous contrôle quelque part. Donc vous ne savez pas qui contrôle celui qui vous contrôle et cette sujétion est anxiogène.
Comme d'habitude, le problème se réglera par un manque de régulation, et les robots seront là avant qu'on nous ai donné le loisir d'en discuter.
J'aurais pu dire cela, mais je m'en fous.
J'aurais pu dire que je viens d'apprendre à l'occasion de la rentrée que, dans les collèges, les enfants peuvent demander à déplacer les cours si cela les arrange. Comme d'autres personnes ont aussi ce pouvoir, le bureau du proviseur adjoint est transformé en salle des réclamations, en bureau des plaidoiries pour manque de respect et autres faits de délinquance mineure.
Les locaux de l'administration servant à gérer les doléances de chacun en matière de confort (rappelons au passage que les élèves ont maintenant la possibilité d'exprimer des choix quant à la présence de tel de leur camarade dans leur classe lors de sa composition...) se transforme en cour des miracles.
Ce que je veux dire par là, c'est deux choses. La première c'est que les moyens techniques ouvrent la voie aux changements de mœurs. Si le proviseur ne pouvait pas, via les réseaux électroniques, diffuser la nouvelle de changement d'horaire de cours, que les élèves consultent à l'heure où ces derniers devraient dormir, le proviseur n'aurait pas le loisir de changer les horaires de cour la veille.
La seconde, c'est que lorsqu'on les interroge sur les raisons de ces changements d'horaire, les élèves répondent que c'est pour tasser les cours lorsque des trous se créent. Cela me permet de revenir au gain de temps procuré par le progrès et ses techniques.
Les vendeurs de progrès ont toujours vanté le gain de temps apporté par leurs technologies. Ce qui m'intrigue, c'est que si on mettant bout à bout le temps que nous ont fait gagner la voiture, l'ascenseur, le téléphone, l'ordinateur, Internet, le smartphone, le déplacement de cours express propagé par Twitter, on devrait avoir un tel temps libre cumulé qu'on verrait les gens dormir toute la journée sur la pelouse.
Or il n'en est rien. Ils sont toujours à la bourre sur tout. Que font-ils donc de tout ce temps libre ?
Eh bien ils regardent des Youtubeurs leur expliquer par le menu pendant des heures les quelques conseils qu'un manuel de morale expose en quelques lignes. Mais cela évite d'apprendre à lire, j'avoue. Encore du temps de sauvé.
Ces chamanes des temps modernes, qui dictent aux jeunes filles la couleur de leurs pompes et de leur maquillage, qui disent aux garçons ce qui craint et ce qu'il faut faire domestiquent à eux seuls, gentiment dans leur coin sans qu'on s'en aperçoive, des millions d'ados planqués sous leur couette la nuit.
Ces semi-crétins sortis de rien distillent leurs précieux conseils sous forme de banalités qui se veulent décontractées, d'opinions convenues qui ne véhiculent que les préjugés du temps, c'est pas cool d'être homophobe, faut avoir les mocassins à la mode et les cheveux courts, pien tékachés zur la nuqueee et les danbeee, genre jeunesse hitlérienne, si ce n'était la barbiche proprette.
Ils décident qui est beauf et qui ne l'est pas, ce qui se fait ou pas, tout en restant soigneusement dans le conforme sans un poil qui dépasse pour ne pas se faire virer de Youtube. Les pseudo-guerres de clash ne sont que des conflits d'audience, jamais d'idéologie, puisque le conformisme règne.
Ces crétins regardent sagement sur leur smartphone des vidéos leur expliquant que leurs joujoux technologiques détruisent leur planète mais peu nous chaut, n'est-ce pas, l'important est d'avoir ces fameuses basket chinoises au bout des pieds. (2)
J'aurais pu dire cela, mais à ma grande honte, je n'ai rien à foutre de cette génération de décérébrés caresseurs de coltan qui se font lessiver le cerveau, qu'ils crèvent.
Non, j'ai plus drôle, en fait :
http://france3-regions.francetvinfo.fr/occitanie/ariege/foix/ariege-village-du-carla-bayle-repaire-artistes-pas-seulement-1309187.html
Ce site servira de martyre pour les millions d'initiatives de ce genre, et particulièrement celles qui fleurissent l'été dans les villages. Il est très curieux que lorsqu'un village se meurt, ce soit à l'art et à la culture qu'on demande de crier " Non, regardez, je ne suis pas mort, je bouge encore", après que des décennies de conseils municipaux agriculteurs-chasseurs se soient échinés à couper les vivres à la culture, au profit de l'épandage de pesticides et autres poisons sur le maïs à cochons.
Encore heureux. Sinon ce chiendent qu'est la sous-culture de province eût prospéré dans des proportions inimaginables. La sous-culture de province, c'est comme les nichoirs à oiseaux : si on en construit, des oiseaux finissent par s'y installer. Les salles des fêtes, c'est pareil. Si on organise des expos, cela finit par attirer des " artistes".
Le problème de tout programmateur de culture, c'est de trouver des gens suffisamment originaux pour produire quelque chose d'inhabituel pour les incultes qui viendront, mais suffisamment conformistes pour ne choquer personne. Ce sont les " artistes".
De l'autre côté on a " le public". Des gens tellement décérébrés qu'ils s'étonnent sur le mode : " mais où allez-vous chercher tout cela", à la moindre entorse au ronron quotidien, mais assez incultes pour ne pas voir que cela a été fait cent fois.
Et c'est là que le bât blesse. Si " l'artiste " avait pris la peine de lire un petit Que sais-je d'histoire de l'art...
Alors, on me rétorque que peut-être, sans doute, mais que cela lui fait du bien à lui, dans sa problématique à elle et son parcours de vie à elle, ça lui fait du bien de le refaire à sa sauce.
Certes...
Cela n'apporte rien en soi, et cela ne dialogue avec rien de précédent dans l'histoire de l'art. On est pas obligé de le regarder, d'où le public de retraités désœuvrés de ces lieux de sous-culture.
Que répondre à de tels arguments ? Les jeunes se font lessiver la tête sans se poser la moindre question, mais si c'est important pour eux, il n'y a rien à redire. Les vieux déballent leurs intimités banales sans référence, mais si ça leur fait du bien, il n'y a rien à redire.
D'un côté on a l'art de maternelle produit par des vieux, je ne sais rien mais je m'exprime, et de l'autre des activités d'EHPAD produites par des jeunes, je ne comprends rien à ce que je fais mais c'est important pour moi.
Alors on me dit que l'art ce n'est pas forcément la nouveauté. On me dit qu'à preuve, l'art contemporain est plein de fous qui tentent n'importe quoi, du moment que cela comble une case vide, et que ça n'a aucun sens. C'est même à ça qu'on les reconnaît.
Certes... Que répondre à un tel argument ? Rien de nouveau sous le soleil. Le mieux est donc de se dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, et de les laisser vivre.
Voilà, laissons les vivre et faisons un texte texticide, ça va nous ambiancer. Hier soir j'ai vu Bianca de Nanni Moretti. Il fait partie de ces cinéastes qui ne font de films que sur lui-même. C'est une longue autobiographie que son œuvre. Soit on l'aime, soit on déteste son œuvre.
Cela m'a consolée du Vous allez rencontrer... de Woody Allen, que j'ai trouvé un peu au-dessous de la normale de ses films.
(1) Que je descends peu à peu de son piédestal. C'est sympa de voir des jeunes femmes discuter cybernétique alors qu'on invite toujours des vieux birbes sur ce sujet, mais enfin, il ne faut pas que ça tourne à la conversation de salon non plus. Le transhumanisme est un vrai sujet philosophique qui mérite plus que du thé et des petits gâteaux.
La problématique dans Frankenstein n'est pas seulement ce qu'une vague tradition populaire a retenu, à savoir la créature qui se retourne contre son créateur, mais bien la question du bonheur.
C'est une question qui se pose à tout parent, de robot ou autre.
(2) Ce qui est en effet saisissant dans tout cela, c'est bien sûr que tout se déroule dans une hémiplégie cérébrale totale.
Je m'explique. Je ne sais plus qui dans les écrivains ou philosophes français avait un frère. Jeunes lui et son frère se demandaient qui dans sa vie prendrait la voie matérielle et la voie spirituelle.
Aujourd'hui la question n'aurait plus sa place. La moitié spirituelle ayant disparu, un jeune se demande s'il va choisir entre la voie matérielle et la voie matérielle.
Bien sûr cette hémiplégie n'est pas vécue en tant que telle. On croit toujours que notre portion des possibles représente l'ensemble de l'univers. Un jeune choisit aujourd'hui entre chef de produit yaourt et chef de produit savon en pensant qu'il a parcouru l'espace des possibles.
Et c'est ça le drame de ces jeunes Youtubers ignares, c'est qu'ils véhiculent dans l'esprit des jeunes la vision d'un monde qui se limite aux rayons d'un Prisunic.
Ce site servira de martyre pour les millions d'initiatives de ce genre, et particulièrement celles qui fleurissent l'été dans les villages. Il est très curieux que lorsqu'un village se meurt, ce soit à l'art et à la culture qu'on demande de crier " Non, regardez, je ne suis pas mort, je bouge encore", après que des décennies de conseils municipaux agriculteurs-chasseurs se soient échinés à couper les vivres à la culture, au profit de l'épandage de pesticides et autres poisons sur le maïs à cochons.
Encore heureux. Sinon ce chiendent qu'est la sous-culture de province eût prospéré dans des proportions inimaginables. La sous-culture de province, c'est comme les nichoirs à oiseaux : si on en construit, des oiseaux finissent par s'y installer. Les salles des fêtes, c'est pareil. Si on organise des expos, cela finit par attirer des " artistes".
Le problème de tout programmateur de culture, c'est de trouver des gens suffisamment originaux pour produire quelque chose d'inhabituel pour les incultes qui viendront, mais suffisamment conformistes pour ne choquer personne. Ce sont les " artistes".
De l'autre côté on a " le public". Des gens tellement décérébrés qu'ils s'étonnent sur le mode : " mais où allez-vous chercher tout cela", à la moindre entorse au ronron quotidien, mais assez incultes pour ne pas voir que cela a été fait cent fois.
Et c'est là que le bât blesse. Si " l'artiste " avait pris la peine de lire un petit Que sais-je d'histoire de l'art...
Alors, on me rétorque que peut-être, sans doute, mais que cela lui fait du bien à lui, dans sa problématique à elle et son parcours de vie à elle, ça lui fait du bien de le refaire à sa sauce.
Certes...
Cela n'apporte rien en soi, et cela ne dialogue avec rien de précédent dans l'histoire de l'art. On est pas obligé de le regarder, d'où le public de retraités désœuvrés de ces lieux de sous-culture.
Que répondre à de tels arguments ? Les jeunes se font lessiver la tête sans se poser la moindre question, mais si c'est important pour eux, il n'y a rien à redire. Les vieux déballent leurs intimités banales sans référence, mais si ça leur fait du bien, il n'y a rien à redire.
D'un côté on a l'art de maternelle produit par des vieux, je ne sais rien mais je m'exprime, et de l'autre des activités d'EHPAD produites par des jeunes, je ne comprends rien à ce que je fais mais c'est important pour moi.
Alors on me dit que l'art ce n'est pas forcément la nouveauté. On me dit qu'à preuve, l'art contemporain est plein de fous qui tentent n'importe quoi, du moment que cela comble une case vide, et que ça n'a aucun sens. C'est même à ça qu'on les reconnaît.
Certes... Que répondre à un tel argument ? Rien de nouveau sous le soleil. Le mieux est donc de se dire que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, et de les laisser vivre.
Voilà, laissons les vivre et faisons un texte texticide, ça va nous ambiancer. Hier soir j'ai vu Bianca de Nanni Moretti. Il fait partie de ces cinéastes qui ne font de films que sur lui-même. C'est une longue autobiographie que son œuvre. Soit on l'aime, soit on déteste son œuvre.
Cela m'a consolée du Vous allez rencontrer... de Woody Allen, que j'ai trouvé un peu au-dessous de la normale de ses films.
(1) Que je descends peu à peu de son piédestal. C'est sympa de voir des jeunes femmes discuter cybernétique alors qu'on invite toujours des vieux birbes sur ce sujet, mais enfin, il ne faut pas que ça tourne à la conversation de salon non plus. Le transhumanisme est un vrai sujet philosophique qui mérite plus que du thé et des petits gâteaux.
La problématique dans Frankenstein n'est pas seulement ce qu'une vague tradition populaire a retenu, à savoir la créature qui se retourne contre son créateur, mais bien la question du bonheur.
C'est une question qui se pose à tout parent, de robot ou autre.
(2) Ce qui est en effet saisissant dans tout cela, c'est bien sûr que tout se déroule dans une hémiplégie cérébrale totale.
Je m'explique. Je ne sais plus qui dans les écrivains ou philosophes français avait un frère. Jeunes lui et son frère se demandaient qui dans sa vie prendrait la voie matérielle et la voie spirituelle.
Aujourd'hui la question n'aurait plus sa place. La moitié spirituelle ayant disparu, un jeune se demande s'il va choisir entre la voie matérielle et la voie matérielle.
Bien sûr cette hémiplégie n'est pas vécue en tant que telle. On croit toujours que notre portion des possibles représente l'ensemble de l'univers. Un jeune choisit aujourd'hui entre chef de produit yaourt et chef de produit savon en pensant qu'il a parcouru l'espace des possibles.
Et c'est ça le drame de ces jeunes Youtubers ignares, c'est qu'ils véhiculent dans l'esprit des jeunes la vision d'un monde qui se limite aux rayons d'un Prisunic.
Ah oui ça fait du bien de saines indignations pour commencer l'année scolaire. Je souscris d'autant plus que je ne saurais aussi bien le dire.
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