Ainsi se finissait une annonce de site de rencontres, écrite par une femme, plus pathétique encore que les autres. Ayant vilipendé comme il se doit les " rencontres d'un soir ", ce qui ne se fait plus que sur les sites vieillots, intello et réacs, elle terminait par ce merveilleux paradoxe.
Car qu'espère-t-elle trouver sur un site de rencontres sinon des hommes seuls ? Et si tous les gens qu'elle rencontre s'ennuient d'elle dès le lendemain ? Mais non, c'est chaîne et banc de nage obligatoires pour le temps du mariage, the song remains the same...
Alors, en face on a ça, de la part de fins connaisseurs de la psychologie féminine (et masculine :)
Les sites de rencontres, quand ils mentionnent une vocation autre que la " elevator baise", cellei qui se fait dans les meilleurs délais sur le modèle du pitch de présentation de start-up, ont en effet hâte d'éliminer " celles qui ne veulent pas", afin de faciliter le travail à leurs membres.
On a même :
Cette fin tragique pourrait être celle d'un grand nombre d'annonces comportant des phrases telles que : " cherche homme doux, attentionné (à moi), discret, charmant, cherchant à me plaire (à moi, pas aux autres), cultivé, fin, charmant, raffiné, attentionné (surtout à moi), qui saura me charmer, ce qui n'est pas évident, parce que je vous préviens en général je déteste les hommes ces gros porcs".
Nombre d'annonces se termine par une tape sur la croupe du genre " Messieurs, à vos claviers pour qui saura me plaire". Au mieux. Au pire on a une litanie de complaintes contre les hommes méchants mal élevés, égoïstes qui veulent que baiser, qui boivent qui fument, alors qu'ils ont moi, ce trésor à découvrir, cette montagne de talents"
Talents multiples que l'homme devra aller chercher au fond de la grotte en assassinant force dragons.
L'homme est un bourrin à qui il faut faire passer un parcours d'obstacles pour éprouver sa bravoure, la dureté de ses muscles et de son sexe, l'épaisseur de son portefeuille, sa propension à ouvrir la portière de la voiture aux dames, à compatir quand elles se sentent en humeur de pleurnicher, à se souvenir des innombrables dates aux auxquelles il faut leur offrir des fleurs, ainsi que des occasions de les inviter au restaurant, à danser, au bord de la mer, qui ne manquera pas de s'accompagner de déclarations d'amour, de bijoux ou de dessous fripons, voire tout à la fois, afin d'être doux, attentionné, attaché etc.
Et tout ça pour quoi ? Pour, attention, seulement si l'étalon a bien surmonté tous les obstacles, a coché bon à toutes les cases, pour avoir accès à quoi, au graal au plus du plus si affinités, au trésor que je suis .En résumé, à leur cul. ce qu'elles ont de mieux à monnayer dans l'existence. Après, mon charme suffit, puisque mon compagnon enamouré aura la conversation qui va bien, cf. mon annonce.
C'est vraiment prendre les hommes pour les crétins qu'ils sont bien souvent, mais pas toujours. Or c'est précisément le pas toujours qu'elles espèrent pêcher, avec leur annonce bien profilée spécial crétin. Quand le gros naze encravaté avec la chevalière et le baise en ville aura suffisamment trimballé madame dans sa Clio, en lui faisant respirer sa lotion coiffante pétrole Hahan bleu, il aura le droit de lui conter fleurette derrière l'oreille avant de la fourrer à l'endroit qui convient.
Et là, basculement total. Cet homme, dont la moindre ombre de sexualité provoquait foudres et dénonciations dans l'annonce, le moine abstinent qui ne vient pas là pour ça, qui vient là pour échanger de tendres confidences, alors là, oublié fini, c'était bien gentil tout ça, mais faut qu'il se transforme en super gorille au rut ininterrompu, faut honorer Madame jouiir et nuiiiiit sinon hop, direction le sexologue, comment ça on n'a plus envie de la rombière, ferait beau voir.
Je ne suis pas idiote, je sais que certaines femmes aiment qu'on leur fasse la cour très longtemps pour " le faire attendre", c'est meilleur, qu'on parle d'autre chose, et puis, après le dessert, ou plutôt non entre le dessert et la poire, enfin bref, quand ça va bien au milieu de la nausée de fromage, voir leur mec se transformer en superman du plumard, tout ça pour se plaindre d'un orgasme qui ne va guère plus loin que de quelques minutes, au mieux.
Ce qui est marrant, c'est le côté " camp d'en face " de toute cette affaire. On peut supposer que les femmes d'un certain âge qui passent ce genre d'annonce ont eu un peu d'expérience de la vie. Et pourtant, elles en sont toujours à polir encore les clichés les plus usés, au lieu de parler de personne à personne.
A propos de " camp d'en face", je parlais récemment des lieux de parole et d'échange des femmes, depuis les chants tribaux des brodeuses jusqu'aux papotages autour d'une tasse de thé et on m'a dit " Et les hommes ? ". J'ai répondu qu'ils devaient sans doute se retrouver au bistrot pour picoler. Et là je me suis demandée où sont les lieux d'échanges entre les deux communautés ?
Et de là je me suis dit " Mais pour se dire quoi ? " Et j'ai commencé à me dire que l'échange entre les hommes et les femmes, en tant que groupes, se limite au discours amoureux.
Où entend-on " Vous les femmes", ou bien encore " Nous les hommes ", à part dans quelque roucoulade hispanisante ? Où l'entend-on de façon sérieuse, collective, décidée à partager la gestion de la Polis ? A part justement sur les sites de rencontres, où il n'y a qu'un lit à partager. Le territoire de la Polis se résume à une paire de draps et un traversin.
J'y reviendrai. Bon, ceci dit, un jour on se rendra compte à quel point les progrès de l'informatique ont apporté de crédit aux crétins des grammaires computationnelles qui n'ont rien compris à rien, et à quel point ces crétins, eux-mêmes héritiers de précédents crétins du Cercle de Vienne et autres positivisme logique, empirisme logique ou néopositivisme ont enfumé le XXème siècle.
Ces physiciens et autres " scientifiques " bornés nous ont apporté ce qu'apporte toujours la Science quand elle se mêle de philosophie : le retard mental. Des " babus " les collégiens en mettent chaque année mille nouveaux en circulation de par le monde, et ils fonctionnent aussi bien que le " cosinus" que les autres ont appris à la même époque de leur vie.