Il est une mode du moment fort amusante, qui est de pondre une chronique dans laquelle on annonce que la COP21 ne servira à rien, de prédire qu'elle n'accouchera que d'une série de vœux pieux qui ne seront suivis d'aucun effet. Send the rope.
Le plus drôle est que ces articles se lisent chez les plus ardents défenseurs de la cause environnementale, ceux-là même dont on attendrait une résistance acharnée. C'est à dire que ceux qui devraient constituer rempart cèdent, non sous les coups de l'ennemi, mais sous le poids de leur propre désespoir à contempler la constance dans la conduite de l'ennemi.
Et pourtant, on ne peut pas en vouloir à un égoïste vicieux de chef d'entreprise de polluer, ni de corrompre avec détermination pour pouvoir continuer à polluer, ni de gruger la société avec cynisme pour avoir les moyens de sa politique. Il est dans son rôle, dans sa ligne.
Je dis vicieux, parce qu'exploiter ses contemporains pour se payer du cognac et des putes, c'est de l'égoïsme, mais blesser et mutiler des milliers d'enfants, rendre imbuvable l'eau de leurs enfants, et tout cela par milliers et par millions, c'est du vice.
Et là où ça devient drôle, c'est que lorsqu'on attrape un pédophile, on le juge et on le punit, alors que ces cadors de dictateurs et de chefs d'entreprises sont bénis et vénérés.
Voir qu'on emprisonne ceux qui abîment un enfant (et ce avec raison si cela peut sauver non seulement des pucelages et des rondelles, mais aussi des équilibres psychiques de vies entières, il faut le faire.) tandis qu'on achète les produits de ceux qui en bousillent des milliers, avouez qu'il y a de quoi esquisser un sourire.
Alors on me dira que la proie n'est pas de la même catégorie. Certes il est plus facile d'attraper un curé en retraite que de faire varier la politique d'un conglomérat international.
Les exploiteurs se sont donné les outils et les moyens d'une domination mondiale, les exploités, eux, ont encore leurs boucs émissaires de quartier. Et les media " Z'alternatifs " célèbrent cette victoire avec des youyous de deuil qui font froid dans le dos.
Les plus optimistes y entendent au moins une sorte de chant du cygne, célébrant le Thanatos enfin à l'oeuvre pour de vrai, puisque la grande nouveauté de cette entreprise, c'est que les pollueurs exploiteurs contribueraient à la disparition de leur propre espèce, dont la planète serait enfin débarrassée, et où pourrait repousser le paradis vert-chou des amours enfantines.
Mais ils se trompent. Comme les castes dominantes l'ont toujours fait, les pollueurs exploiteurs ont prévu les moyens de mettre leurs descendance à l'abri de l'apocalypse qu'ils préparent. Ils sont persuadés que leurs enfants riches pourront acheter à prix d'or le billet pour la navette salvatrice, qui les emmènera, dans le doux sommeil de l'hibernation, bercés par le ronron musqué des ordinateurs de veille du bord, vers quelque planète toute neuve où ils repiqueront les semences de soja transgénique mises au freezer pendant le voyage.
C'est donc une course contre la montre, et même bien fundés, les gosses-de-milliardaires-astronautes des Mayflower cosmiques vont avoir du mal à atteindre New-T avant que leurs parents aient bousillé l'actuel vaisseau. Chaque camp compte en années, mais si on a les mêmes unités, personne ne connaît la vitesse du compte à rebours de son processus.
Sera-t-il plus long de construire un vaisseau capable d'emmener des spermatozoïdes congelés vers une quelconque MT-4332, en espérant qu'ils supporteront le voyage et que l'humanité ne disparaîtra pas pour une bête histoire de DLC, que de détruire la vie humaine sur Terre en compromettant irrémédiablement nos conditions de survie ?
Avouez que vous matez un film de qualité, petits veinards, y'a un suspense du tonnerre. Enfin, pour vous spectateurs, non, mais pour les personnages.