Rechercher dans ce blog / Find in this blog

vendredi 17 avril 2020

De la liberté d'expression II

Je voudrais avant de prolonger la réflexion initiée ici http://nahatzel.blogspot.com/2020/04/de-la-liberte-dexpression-i.html à propos de la liberté d'expression, faire quelques remarques sur sa sœur, la liberté d'écouter, de lire, de voir. Sans cette dernière, la première est inutile. Le pouvoir a d'ailleurs la tentation d'appuyer là, c'est plus facile.

Suivant la vieille tradition de la protection des enfants, l’État protège le citoyen. Pour empêcher le regard du petit enfant d'être blessé par la pornographie, on va lui en interdire l'accès. Pour éviter que le lecteur ait les yeux offensés par l'opinion des anarchistes, on va interdire leur publication (1).
Pour votre sécurité,on vous filme, on vous mate et on vous flique, la blague est bien connue. 

La liberté d'accéder à de l'information pour le lecteur est donc en prise directe avec la liberté laissée au poète de  proclamer cette parole. Elle est bien connue également des pouvoirs totalitaires, cette bonne vieille ruse : si vous voulez fermer tel journal de communistes, il suffit de l'accuser de pornographie. 

Tout le monde va vous applaudir de protéger notre société en maintenant les bonnes vieilles valeurs et en réduisant au silence ceux qui les bafouent, et ce sans prendre la peine de vérifier ce qui est "pornographique", et sans prendre la peine de mettre en débat ce fait de la nécessité de faire disparaître la pornographie de notre culture, ni donc d'examiner en préalable cette question de savoir pourquoi les gens s'intéressent au communisme, ou à la pornographie. 

De la même façon, si un gouvernement ne veut pas entendre parler d'une autre version que la sienne, il va déclarer que tel site est "complotiste", véhicule de la désinformation et des "fake news", et comme cela, on pourra faire fermer le site ou prétexte qu'il est complotiste, alors qu'en fait il est juste dans un camp opposé. Museler l'opposition communiste pour pornographie ou les pensées alternatives pour complotisme, c'est un seul et même réflexe des dictatures et de la pensée unique. 


Le problème de la liberté d'expression est donc, sous un certain angle, plus qu'une question de pour ou contre, reliée en prise directe avec le pouvoir dont dispose une classe de décider ce qui sera débattu ou pas par l'ensemble de la collectivité, ce qui aura droit de figurer sur la table, à l'ordre du jour, ce qui pourra faire l'objet de discussion ou non. C'est simple à comprendre.

Si le pouvoir dispose de faire taire les media laïcs au prétexte de terrorisme, ce n'est pas demain qu'on s'interrogera sur la nécessité d'avoir une dictature religieuse dans votre pays, voyez-vous. Et on n'a pas encore parlé de liberté d'expression ici, on parle juste d'abus de pouvoir

Mais pour que votre entreprise soit couronnée de succès, on l'a vu, il faut que la foule applaudisse. Pour cela il faut créer un réflexe "pousse-bouton". Le réflexe "pousse-bouton" est hérité des premières poupées parlantes, on appuyait sur un bouton caché dans son dos, et elle disait "Maman". Au début, c'était même un disque en plastique microsillon qui était lu !

Le pouvoir socialiste avait créé le réflexe pousse-bouton " raciste " afin de véhiculer l'idée que toute personne qui évoque les éventuels problèmes que pose le partage de l'espace d'une même Polis avec des règles de droit culturel différentes n'est motivé que par le racisme, afin d'effacer l'idée qu'un quelconque problème puisse survenir lorsqu'une communauté préfère constituer un ghetto que de s'intégrer, afin de pouvoir poursuivre ses rituels à l'abri des lois du pays. 

Le pouvoir néo-libéral, porté par l'immense espoir de sauver le monde de l'inévitable crash que même Marx avait déjà vu arriver, a créé le réflexe bouton de "terroriste", associé à sa version soft, le bouton "complotiste". 

Chaque fois que vous ne véhiculez pas la pensée du gouvernement, l'opinion correcte qu'on doit avoir, ou les consignes données par les sites en .gouv.fr sur ce qu'il faut penser, vous êtes un "complotiste", c'est à dire une personne qui vise à intoxiquer le cerveau des autres avec de fausses nouvelles. 

Heureusement, le gouvernement et ses "conseils scientifiques " estampillés par le parti vous disent ce qu'il convient de croire et ce qu'il faut penser.  Peut-être que votre site ne sera pas fermé tout de suite, mais il pourrait l'être alors, méfiance, restez dans le domaine des extra-terrestres et ne venez pas parler politique.

L'URSS a usé et abusé du truc en son temps, et toutes les bonnes dictatures de notre temps continue de le faire.

L'idée est de déplacer l'opinion depuis le terrain de jeu démocratique "Il y a une opinion A et une opinion B", vers le terrain entouré de barbelés, il y a les prestigieux et les complotistes, les bons communistes et les délinquants, les bons musulmans et les terroristes. 


Je le répète, il ne s'agit pas d'une question de contenu, mais de possibilité de débat. Que le nombre de camions partis de ground zero ait été assez élevé pour emmener tous les déchets, je n'en sais rien, c'est une question d'expert, l'un dira oui, l'autre non, on n'en sortira jamais, et ce n'est surtout pas moi qui trancherai !

Mais l'important c'est que ni le site de l'un, ni le site de l'autre ne soient fermés. Que tous les deux puissent s'exprimer, c'est ça qui est crucial pour le maintient en vie d'une démocratie.


Ce qui est vital aussi, c'est que les autres media jouent le jeu. C'est que lorsqu'on publie un lien sur leur site, ils laissent la publication. Faites le test avec un truc un peu sulfureux genre :

à partir de 13:07

Et essayez de le mettre dans un courrier de lecteurs d'un journal, vous allez voir le résultat de l'auto-censure, comme le crétin qui s'empresse de mentionner la "supposée résurrection", tremblant de peur qu'on l'envoie en camp de rééducation parce qu'il a eu une mauvaise pensée.

Malgré le CV de la dame, qui a passé 20 ans à dresser Ebola pour qu'il apprenne à infecter poliment une cellule humaine, son opinion n'a aucune importance, puisque c'est une complotiste qui ne dit pas comme le gouvernement a dit qu'il fallait dire, donc ce qu'elle dit est pas bien, faut pas écouter.

En revanche, les opinions conformes, elles, sont bien paisiblement relayées, on ne les embête pas :



et voilà le cœur de la question de la liberté d'expression. Si vous dites "Eh bien moi je me réserve le droit d'écouter tous les discours et de me faire mon opinion moi-même", vous appelez à ce que tous les discours soient publiés. Tous, sans exception. 

Personne n'a à décider pour vous, à trier ce qui est bon et mauvais entre ce que vous devez croire et rejeter.

Si j'ai envie d'émettre une hypothèse comme quoi la Terre est une fraise Tagada plate et carrée, j'ai le droit de pouvoir soumettre cette hypothèse à mes concitoyens. Ils ont le droit de pouvoir l'examiner, en débattre, et juger par eux-mêmes, car ce sont des gens intelligents, et pas des enfants crétins à qui on doit dire ce qu'ils doivent croire.

Tout gouvernement qui m'empêche de le faire est une dictature qui s'arroge le droit de décider de ce dont on doit discuter ou pas, et pour ce faire, de fixer arbitrairement les limites du territoire où il est possible d'avoir le droit de choisir ce qu'on pense.

Eh bien moi je revendique le droit d'agrandir le territoire des possibles de ce que je veux entendre et débattre jusque là où il me plaira à moi, et pas au gouvernement.

J"ai rien à foutre de ce que pense le gouvernement sur le coronavirus, et surtout j'ai rien à foutre de qu'il pense que je dois penser, moi j'estime avoir le droit de choisir moi-même entre les opinions, et pas entre les bonnes et les mauvaises, les sales et les propres. C'est moi qui trie, pas les commissaires du partei. Heil !

Si j'ai envie d'entendre l'avis de Mme Mikovski sur le virus, l'avis des illuminés de Rael sur la vie après la mort, et l'avis du Père Noël sur les escargot fourrés praliné, c'est mon problème que de me faire mon opinion à partir des sources que je veux, et je serai reconnaissant au gouvernement de me laisser le choix des sources que j'ai envie d'entendre, et à partir desquelles je me ferai mon opinion, merci !

Tous ceux qui me lisent le savent, mais vous n'en avez encore qu'une vague idée tant que vous n'aurez pas lu les publications du Daronian Institute, ceux qui me lisent donc savent combien je hais l'obscurantisme religieux, ses préceptes à la con, et ses directives pour décérébrés. Je maudis ces débiles qui ne savent que citer un immam ou un rabbin pour justifier leurs âneries de consignes alimentaires ou de conduites stupides. Eh bien ils ont le droit de proposer ces opinions à la con à leurs congénères, c'est un droit inaliénable. C'est à moi de faire en sorte qu'il y ait des librairies ouvertes où le disciple décérébré a le droit de rentrer, pour avoir un autre son de cloche.

Je sais, vous me direz que le disciple religieux décérébré ne mettra jamais les pieds dans une librairie puisque justement, une partie du lavage de cerveau qu'il a subi lui fait considérer la librairie comme le haut lieu de la fausse croyance. Eh bien tant pis, la démocratie ne souffre pas la moindre entaille.
Vous n'aviez qu'à occasionner une chute de cheval au drones d'Amazon, et soutenir les libraires. Si vous n'avez pas remarqué que la cyber-connerie numérique et la déculturation qui va avec finissent par une disparition de la démocratie, il serait temps de commencer à ouvrir les yeux.

A ce propos, je lance un grand appel à tous mes jeunes amis qui ont encore le bras vigoureux, achetez des lance-pierres et descendez-moi ces flicards de drones avant qu'ils ne vous flinguent.

Bien, ceci posé, on va pouvoir continuer.


(1) Cela va même un peu plus loin. Pour décourager le pédophile, on punit non seulement la détention, mais aussi le visionnage d'images pédopornographiques. L'intention ici est claire : il ne s'agit pas tant d'admonester le vilain visionneur que de faire tarir la source en privant de débouché le flux. On se dit que si on terrorise les clients des prostituées, on mettra fin au proxénétisme. De même, on se dit que si on empêche les gens d'acheter du faux Vuitton, les contrefacteurs cesseront d'en fabriquer, et si on empêche les pervers de visionner de la CP, on découragera les producteurs d'en produire, ce qui sauvera autant d'enfants de cette blessure physique et psychique.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire