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lundi 17 mai 2021

La paix des ménages

 Une fois de plus j'enfonce une porte ouverte, c'est à dire que je viens de réaliser une chose évidente. En fait, l'humain vit essentiellement dans un monde symbolique. je dis "essentiellement", car bien que cette vie symbolique ne soit pas celle où l'humain cherche à manger, disons bien qu'elle ne se déroule pas dans le monde "réel", elle occupe une place centrale dans sa vie psychique. 

Et c'est là que des disciplines comme l'astrologie, par exemple, prennent leur place. Ce qui sépare les deux camps de ceux qui "y croient" ou n'y croient pas, c'est justement cette frontière qui sépare ceux qui reconnaissent que l'humain vit pour l'essentiel (degré d'"importance") dans la vie psychique et ceux qui pensent que l'humain vit pour l'essentiel (degré de ... disons, allez place dans la pyramide de Maslow) et de chercher à manger dans le monde réel.

Il n'est donc pas étonnant dès lors que les femmes, qui ont un psychisme plus développé et plus complexe que les hommes, soient plus versées dans l'astrologie. Il n'est pas étonnant que les hommes, qui vivent près de la terre et de gazon (remarquez l'insistance qu'ils ont à le raser) ne comprennent pas de quoi parle l'astrologie.

Prenons un exemple. Vous êtes natif du Taureau, on vous dit que vous aimez la bonne chère et les "plaisirs de la vie". Pour vous, le week-end en amoureux, c'est idéalement un bon dîner dans une auberge cosy au fond des bois. Bien.

Un jour que votre bien-aimée rentre de voyage, vous lui faites remarquer que vous avez acheté son plat favori, on peut discuter tranquillement, tout est prêt. Elle n'y prête pas trop attention, de son côté, en bonne native des Gémeaux, elle attend des mots manifestant l'extase que vous éprouvez de la voir revenue. Mais vous ne savez pas trop comment tourner ce genre de compliment, à coups de grands "aaaah enfin", "aaah, quel bonheur"...

En lui achetant un bon petit plat, vous avez exprimé, et c'est bien normal, ce qui vous aurait fait plaisir à vous, si de retour de voyage votre bien-aimée vous avait préparé votre petit plat préféré avec une bonne bouteille.

Vous avez appuyé sur un bouton où les fils ne sont pas branchés, donc le voyant de ce bouton ne s'allume pas, elle n'est pas emballée par votre petite plat. Elle c'est le voyant "Comme je suis content de t'avoir retrouvée, c'est merveilleux" qui est câblé. Mais vous n'appuierez pas sur cette réplique que vous trouvez un peu ridicule, malgré le fait que c'est ce bouton auquel les fils du voyant sont raccordés, et qu'elle vous câline en vous secouant comme un ours en peluche. Ce qui fait que ce voyant ne s'allumera pas non plus chez elle.

Résultat, vous êtes tous les deux contents de vous retrouver, vous le manifestez, mais personne n'a perçu les signaux de l'autre. Qualité ressentie très faible, malgré de bons sentiments de part et d'autre. 

Je vous laisse imaginer le plan d'actions pour améliorer la situation.


Cela me rappelle l'histoire de l'âme sœur de Socrate, et cette idée que nous passons notre vie à rechercher la moitié dont nous avons été séparés à la naissance, pour reformer l'unité originelle.

 Je vais vous prendre une de ces merveilleuses images dont j'ai le secret. Je suis la reine de la métaphore, comme la petite reine est celle du vélo. Imaginez donc un engin de guerre, genre petit char. Un char est équipé de une prise pour y mettre un radar, et deux prises pour y mettre deux canons.

Le problème c'est que pour couvrir la gamme des longueurs d'ondes visibles, il faut deux radars, l'un qui couvre de 0 à 500, l'autre de 500 à 1000. Lorsque vous équipez votre char, vous devrez donc choisir entre l'un ou l'autre des radars. C'est ennuyeux.

Idem pour les canons. Pour bien faire, il faudrait quatre canons pour couvrir l'ensemble des besoins. Alors votre char ne sera équipé que de deux, armé soit trop léger, soit trop lourd, il sera mauvais dans la moitié des cas d'attaque sur le théâtre des opérations. Avec son radar inadapté, il se fera repérer plus vite etc.

L'idée est vite venue à la Nature : accoupler deux chars qui communiquent. Avec une unité composée de deux véhicules accolés, on a un engin qui voit sur toutes les fréquences et qui a un système d'armes complet, puisqu'il est équipé des deux radars et quatre canons qui forment l'équipement total. 

C'était génial, mais cela supposait que les deux chars communiquassent. Et c'est là que le bât blessa, que les Athéniens peignirent à s'atteindre, et que les Satrapes ne s'attrapèrent guère hélas que pour la galipette.

La femme avait un œil sur la scène, parlait des affects et des blessures, des impacts symboliques. La femme remarque que tel homme est Taureau, et conseille à sa fiancée de cuisiner. Elle sait qu'une dignité offensée n'a point d'oreille, que l'homme caresse la branche pour avoir l'oiseau, qu'on n'attrape pas le mouches avec du vinaigre, tout ce qui gouverne les forces qui nous meuvent, et comment godiller fluide dans le fleuve des vies et des morts, entre les écueils des dégoûts et les courants des désirs des femmes, des enfants et des vieillards.

L'homme sait comment faire une maison, un toit étanche et des lits douillets, des jambons et du vin pour les fêtes, ce qui rend la vie rudement belle.

La femme dans la psyché, l'homme dans la technè. La femme a la maîtrise d'ouvrage, l'homme à la maîtrise d’œuvre, c'était parfait. Mais la Nature a commis une erreur. Elle ne savait pas que qui est ignorant est bête, et que qui est bête fait des bêtises. 

Et l'homme a commis la bêtise de prendre une partie du pouvoir à la femme, histoire de ne pas avoir sur le dos cette redresseuse de tort et de pouvoir faire le con sur un cheval et partir guerroyer et festoyer avec les copains, et toutes les rigolades à la clé. Brûler des huttes, violer de jeunes prisonnières, et plus tard piller les caravanes, massacrer ses contemporains, leur ouvrir le bide à coups d'épée, bref la vie de Bohême. 

Si les femmes avaient été laissées au pouvoir, on aurait eu des ententes cordiales, des traités de paix, des récoltes abondantes, des pays prospères, des écoles enveloppantes, des structures de soin affectifs, des toboggans et des échelles en bois, des cerisiers, des artistes payés à faire les plus belles étoffes et les mises en scènes d'opéras enchanteurs, des bals et des cinémas où draguer et des dancings où s'amuser.

Avec les hommes au pouvoir, on a eu la tondeuse, le barbecue, la télé, le foot et les règlements de compte entre bandes rivales, la barre de toit, le triangle de signalisation, le baudrier fluo, la sirène clignotante, la débroussailleuse, la tronçonneuse, tout ce qui fait du bruit et tue la vie, la corruption et l'égoïsme, le souci de la piscine pour attirer les putes, et quelques musées pour attirer les rares à qui la piscine n'a pas suffi.

Alors vous me direz qu'il y a des hommes qui ont plus ou moins un côté antennes et canon qui peut faire un équipage. Certes, la tendance est montante, et la tarlouze est l'avenir de l'homme, et de la femme. 

Mais c'est comme le reste, comme les baskets à scratch pour enfants qui n'arrivent pas à faire les lacets, comme les pizza surgelées pour ceux qui ont la flemme de cuisiner, les objets Ikea pour ceux qui n'ont pas les moyens d'acheter de vrais meubles, ça le fait vaguement, mais c'est moche même si faut pas le dire. Faut l'encenser, même, pour être sûr. 

Toutes les dictatures ont pigé ce truc. Ne pas dire du mal du souverain c'est bien, faire chanter ses louanges, c'est mieux. Ainsi, celui qui ne chante pas se dénonce comme opposant et on le repère facilement. C'est pour ça qu'on a érigé la mode en hurlement. Celui qui ne hurle pas la profession de foi à la mode, qui déclare qu'on pourrait examiner le cas, est immédiatement identifié comme suspect de sédition, c'est génial comme ruse.

Edouard Leclerc avait comme argument de vente qu'il mettait la bijouterie à portée de toutes les bourses. En fait il arnaque les pauvres avec de la daube. Ainsi notre civilisation qui n'a plus le temps ni les moyens de se payer des tisserands, des brodeuses, des cuisiniers, des peintres, des musiciens, argue-t-elle de la démocratisation pour étouffer le monde sous des merdes en plastique qui n'ont plus de vêtement, de meuble, de musique, que le nom, usurpé, volé détourné pour vendre la merde fabriquée par les Chinois qui acceptent de se faire exploiter. C'est comme ça qu'ils prennent leur pied.

Donc qui ne hurle pas son amour de la connerie passe pour un suppôt du complotisme fasciste survivaliste giletjaune raoultiste. 


  Tiens, un bon exemple. La famille Mulliez, anciens fileurs, ont ruiné la filière textile dans le Nord, et avec le pognon, ils ont acheté Auchan. Bien. Donc ils ont détruit également la filière de l'épicerie. Il paraît qu'il vont mettre vingt millions d'euros dans une machine géante qui fabrique des jeans toute seule. Tu rentres le denim à un bout, il ressort des falzars à l'autre. On se croirait dans un Tati. 

Tu crois que le peuple, qui se fait une fois de plus avoir jusqu'à la gauche, irait foutre le feu à tout ça en disant "Vous vous êtes assez foutu de notre gueule avec votre machine à fabriquer du chômage qu'on doit payer avec nos impôts. Votre machine, elle ne paye pas nos infirmières, elle ne cotise pas pour nos ehpad".

Bon, tu crois que le peuple irait foutre le feu ? Noonnnn, au contraire, c'est crétins vont aller lécher la baguouze de Mulliez en disant "Merci patron pour la machine qui vous rembourse votre crédit d'impôt, merci pour les 60 emplois intérimaires de surveillants de machine que vous créez parce que le gouvernement vous les finance, prenez-moi, pas l'autre, exploitez-moi, pas mon cousin, moi j'accepte de travailler jour et nuit moins cher que les Chinois, je suis compétitif, et de coucher par terre au pied de la machine".

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