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mercredi 12 décembre 2018

Perinde ac cadaver

Si, si, j'entends les rumeurs dans la foule. Si, si j'entends ça et là les murmures de réprobation qui courent comme la risée sur la crête de la vague. Si, si vous dodelinez. Tout ça parce que vous vous dites "La Natacha, elle nous fait sa vieille réac, y'a un fonds de facho qui sommeille en elle, le cachalot, la cachottière, le clan la cagoule, les Jez, et puis quoi encore".
Eh bien non. Non, vous vous méprendez. Au contraire, c'est une théologie de la libération que je vous vante, et sans faire ma Zarathoustrate, faut que je vous en repasse une couche sur l'éducation non-sentimentale. 
Il faut bien garder présente à l'esprit une sorte de mètre-étalon : De même que l'eau n'ira pas plus haut que la plus petite planche d'un baquet, de même, le niveau de démocratie d'un pays n'ira pas plus haut que le degré d'éducation de ses citoyens.
Et par éducation, j'entends évidemment les humanités. On n'a rien à foutre de la physique, et il fait meilleur vivre dans une démocratie d'aborigènes que dans un Reich des stations orbitales. D'ailleurs il n'y a qu'à s'aventurer dans la jungle de la Gnose de Princeton pour voir le degré de déconnade que peuvent atteindre des scientifiques incultes qui se piquent de philosophie. On a le bon goût des gueules de bois des partouzes immondes que sont devenues leurs fêtes d'étudiants.
Bien.

Ces saines bases posées, disons que plus un citoyen est éduqué, plus il est en mesure de prendre en compte finement les enjeux de la démocratie. Je le redis. Plus un être est civilisé, plus fine est sa mesure des enjeux de la démocratie. Et notamment du plus précieux d'entre eux, l'endroit où se situe la frontière entre moi et les autres. Voilà, ça y est, je vois des têtes qui se relèvent, des regards qui s'illuminent. 

Ah c'est sûr qu'il fallait suivre depuis quelque temps, c'est pas comme la saison 45 de Games of Gondorf, où le magicien protège des nains contre les vilains musclés qui veulent leur foutre leur bouclier sur la gueule, tout ça pour leur voler la pierre violette, qui leur avait été confiée il y a 25 millions d'années, et qui donnera à l'élu qui saura la retirer de la gueule du dragon le pouvoir de congeler l'univers comme un paquet de haricots de chez Picard, le tout dans des grognements de gourf, des ahanements de Rank.. Ben non...

Donc on se répète encore, parce que je ramasse la guimauve comme un Hulot à la plage. Plus un individu est éduqué, et mieux, conscient de cette frontière, d'où elle passe, de qui sont les autres et pourquoi, de ce qu'on lui demande et pourquoi, de qui est ce "on", et ce qu'il a en échange, de là plus et mieux il s'engagera dans le contrat social, et mieux la démocratie fonctionnera. Voilààààà, on y arrive, voilààà.

J'ai donc d'abord montré en quoi la frontière entre moi et les autres est problématique. Je n'ai pas résolu la question, j'en ai soulevé les bords hors du sable pour qu'on la voie mieux. Ensuite j'ai montré en quoi le problème du consentement à la loi est un problème de démocratologie en soi, une question interne dont la démocratie doit s'emparer pour survivre hors des répits de glorieuses post-war à croissance à deux chiffres, car il n'est pas sûr qu'il y en ait de nouveau.

Alors, allez-vous me dire, on fait quoi ? Eh bien on ne fait rien, ou on faiblit, comme vous voulez. Je vous ai montré également qu'on ne peut rien faire, mais il faut expliquer pourquoi, c'est le paradoxe de la souche, de la pelle et de la motte, que je m'en vais vous narrer tout à l'heure. Encore une question d'échelle.


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