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mardi 30 juillet 2013

Construction du réel (comme dans "la construction de l'ennemi")

Cette émission (Laure Adler, France Culture) rejoint une autre, mais de cette dernière je ne sais si je l'ai mentionnée, qui parlait du déclenchement des révolutions.

On y disait comment un peuple peut supporter indéfiniment un état de joug ou d'esclavage, disons aussi longtemps qu'il ne s'est pas trouvé un idéologue pour mettre en formules cette souffrance, afin en quelque sorte de pouvoir la symboliser, la représenter dans la mise en mots.

On retrouve dans les propos de Slavoj Zizek, philosophe slovène, des commentaires et illustrations d'une idée présentée comme Lacanienne que le réel ne fonctionne (comme réalité) qu'une fois qu'il a pu être symbolisé. (J'ai parfois repensé au Paulhan des Fleurs de Tarbes).



On comprend aisément que ce mécanisme de construction, vu cette fois du côté de ses lacunes, de ses ombres provenant de la contre-forme, peut engendrer un déni de réalité.



C'est ici que grâce à ce que Lydie m'a dit des travaux de Kühn, je peux réintroduire la psychanalyse, ou plutôt le peu que j'en connais.


L'idée serait de dire qu'on peut transposer le modèle de la personne unique à un groupe social, et étendre le malaise du déni de réalité à une population, et une époque.


Dire par exemple que notre époque serait comparable à une période de guerre, si traumatisante que malgré les évidences que nous avons sous les yeux, celles-ci ne  forment pas pour le groupe social un "réel collectif", non intégré comme une réalité extérieure, cette distorsion générant un malaise grandissant et impossible à dissiper.

Comme un joueur compulsif qui s'endette, en pensant toujours se refaire plus tard, comme un mauvais commerçant qui s'entête en rêvant à des lendemains qui chantent, de même une mauvaise société refuse de voir les leçons à tirer de ses erreurs par peur des changements qu'il faudrait préparer, entretenant via ses media l'illusion toujours plus impossible à soutenir contre la réalité, que tout va bien, qu'il suffit de garder le cap et qu'on va s'en sortir dès que le vent de la chance tournera.

Ce qui explique qu'au lieu de pouvoir gérer les migrations dans une sérénité disposant de ressources, on se retrouve dans une situation de " pompiers", gérant les changements nécessaires par crises et révolutions.

Hélas ce n'est pas aussi simple car pour circonvenir le déni de réalité, faut-il de prétendre pouvoir définir ce que serait une " réelle réalité " contre laquelle la précédente ferait défaut.
Devant cet obstacle, je passe la main, et je ne conserve que ce questionnement de la validité des transpositions de l'individuel au collectif dans l'analyse. Ou pour être précis, de la pertinence de prendre le sujet comme unité de compte du groupe, étant donné le peu que nous connaissons du premier, et que nous n'analysons le second qu'en termes de langage.