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vendredi 27 juin 2014

Codicille d'une enfant malade

In mémorial Abdel

C'était à St Antoine, faubourg de Versailles, dans l'épicerie des Saoud,
Abdel, respectable vieillard grisonnant, et pourtant commis du magasin,
Impeccable, toujours tiré à 4 épingles sous son pull à col en V
Officiait aux pluches, et parfois en bouchait l'évier, pourtant géant.
Combien coûtait dans ce quartier la barquette de carottes râpées ?
Je ne me souviens plus, mais toujours est-il que tu couchais dans l'arrière-boutique
Il devait y avoir une douche quelque part, du moins je l'espère encore.
Tu n'avais à toi que la valise au pied du compresseur, dans la cave.

Je ne t'ai jamais connu d'autre fantaisie qu'un café et une cigarette, de temps en temps
On discutait gentiment, de tout et de rien, du temps et de la santé.
Et puis tu t'es plaint de douleurs aux dents, ça ne passait pas, tu te tenais la mâchoire.
Cela empirait au fil des jours, on ne disait trop rien, on n'y pensait pas plus que ça
On se disait qu'ils s'occuperaient de toi, tout de même.

Un soir tu es allé te coucher tôt, tu avais vraiment trop mal, et le lendemain matin
Doudja nous a dit que tu étais mort, comme ça, dans la nuit, septicémie machin.
Mort. Comme la vraie, la grande.
Il y a quelqu'un en Algérie qui a dû avoir du chagrin, pas grand bruit
Une vie sans bruit, sans tambours ni trompettes, une mort sans voile
Passé, puis effacé, Abdel, une tonne de carottes à son actif.
Bouffées.
Une vie qui trace dans le ciel comme une hirondelle,
Encore une chose que j'ai écrite, et qui ne sert à rien
Qu'à "me faire plaisir", comme disent mes ennemis.

Ainsi périt Abdel, pour n'avoir pas touché la Sécu.

mardi 3 juin 2014

(projet non réalisé)

Ce dimanche a failli voir se tenir à Fougères une expo Pierre Huyghe  comprenant les projets suivants :



 La bambina (projet non réalisé)

Dans une cabane désaffectée de la banlieue de Rome, des acteurs jouent Macbeth en costumes d'ours. Des intermittents du spectacle, venus pour un casting de la même pièce, ajoutent leurs répliques à celles des comédiens.
A 1327 (date de naissance de Shakespeare) km de là dans le Milwaukee, des arbres sont abattus à chaque changement de scène, et l'enregistrement du bruit des tronçonneuses est incorporé à la bande son du mixage, qui est diffusé dans la banlieue de Moscou, tandis que les téléspectateurs sont invités à badigeonner l'écran de sang de bœuf en souvenir de la mort de Pasolini.


Dancing around a nightpaper cup (projet non réalisé)

Dans dix localités slovènes tirées au hasard, des pompiers en feu sont tassés dans des boîtes aux lettres. Les chaussures des habitants sont reliées à des interrupteurs par des ficelles de colis abandonnés collectés à la poste centrale de New-York
Ces interrupteurs déclenchés par le saut dans la boîte aux lettres sont connectés à des tubes aux néons qui réveillent les baleines du Marineland de Cannes, remettant ainsi en cause la toute-puissance du cinéma américain sur les productions artisanales du cinéma d'auteur de l'ex-union soviétique, et nous invitant à une relecture de l'irruption de la fiction dans la réalité.



Roll my finger (projet non réalisé)

Dans un bus désaffecté de la banlieue de Pékin, des enfants jouent à cache-cache, la tête recouverte de paquets de chips qui ont été consommés par des prisonniers chinois. Le bus est filmé, et ce film est projeté dans des salles de cinéma désaffectées des camps militaires de Brindisi, tandis que des prostituées se livrent à une parodie du film Le dortoir des grandes, dans la salle, imitant non pas le personnage de l'héroïne mais la façon dont elle dort après l'amour.

 


Les photos, homemade :)

Tiens, toujours dans les signes des temps, je tombe sur ceci sur Facebook :




Je me dis : " Ah enfin une indication, on va voir à quoi ressemblent les tableaux les plus achetés sur ALM.", donc je me rue sur mon cliquoir, et je clique.




Donc, en fait oui, il y a encore, et toujours peu à espérer de ce côté là. Vous allez me dire que je n'ai qu'à peindre cela pour vendre, mais j'en suis bien incapable, hélas.

Le côté petit-fours et pince-fesses des galeries me fait sortir des plaques rouges partout, le côté gnangnan et dégoulinant des expos de copines de province me fait pleurer de tristesse, le côté embroqué mondain du microcosme me fait vomir.

Il me resterait le couvent, qui me fait suer d'avance, surtout à cause du manque de grasse mat' sous la couette (quoique, si j'arrive à simuler une prière intense, mais le doux ronflement est prompt à révéler la supercherie), et puis alors, tout le blabla convenu, non, ça soûle.


Il faut pouvoir crier n'importe quoi, tout de même, non ?


Au fait, anecdote amusante, depuis des semaines que les pauvres jeunes précaires du marketing téléphonique m'appelaient, je décrochais et criais un " God bless America " bien appuyé dans leur oreille en me disant qu'ils allaient se lasser. Point du tout.
Hier changement de stratégie, je prends une vois hyper plombée, genre Jeanne Moreau en plus grave, et je dis au mec d'un ton chelou " Et si tu m'enlevais de ta liste de numéros, chéri ? " Et là " - Oui, Madame, c'est noté ce sera fait."


Comme quoi, le call-center a une défense impénétrable, mais pas toujours par l'endroit qu'on pense.

Il me resterait le trottoir, qui laisse comme un arrière-goût de mégot, surtout avec les pépés à petite b

Il me resterait la serveuse de restaurant, ce qui revient à la case précédente assez rapidement, comme au jeu de l'oie, pour cause que je danse cela d'assez mauvaise grâce, et que ça affleure assez rapidement.